lundi 30 novembre 2009

Les surprises de la démocratie

Le résultat du référendum suisse fait hurler d'effroi le monde politico-médiatique de Kouchner à Libé. On crie au scandale et à la honte, tout en jubilant sournoisement de la bonne occasion qui s'offre de flétrir une prétendue dérive de la démocratie. Je dis démocratie, mais les squatters de la République —qui s'en voudraient propriétaires sous prétexte d'en occuper palais et fonctions depuis la Révolution—, l'appellent démocratie directe. Comme si le régime dévoyé qu'ils nous imposent en était une sorte de sœur jumelle, quand il ne s'agit que de l'enfant bâtard de la monarchie et de la grande bourgeoisie.

On apprendra bien quelque jour les motivations des citoyens suisses qui ont rejoint la droite populiste… Il se peut que celles-ci traduisent de l'intolérance religieuse. Il y a d'autres explications possibles, comme l'exaspération engendrée chez eux par l'affaire Kadhafi et la mollesse de leurs autorités, mais retenons cette éventualité de l'intolérance religieuse, la plus antipathique à mes yeux. Cela signifierait simplement que les Suisses voient dans les minarets des symboles d'une religion perçue comme conquérante, à tort ou à raison. Pourquoi auraient-il tort, si personne n'a été capable de leur démontrer le contraire? Pourquoi un gouvernement devrait-il leur imposer une chose qui les heurte?

De tous les billets de blogs et les commentaires ayant fleuri aujourd'hui sur cet éclat qui embarrasse tant de monde, c'est le point de vue d'Hermes dont je me sens le plus proche. Faute de temps pour m'exprimer vraiment là-dessus, c'est donc ses deux billets, Vive la Suisse, et La fin de la démocratie que je recommande à vos lectures.


dimanche 29 novembre 2009

Ni Jeanne d'Arc, ni Marc Blondel

Le rébus de ce dimanche ne me semblait pas plus difficile que le «gaz thon de fer» de la semaine dernière, mais ce n'était ni Jeanne d'Arc ni Marc Blondel.
Il y a pourtant moins de gagnants, parmi lesquels Epamin' et Fidel Castor ont été les seuls à fournir les éléments donnant la réponse (abstraction faite d'un anonyme, chez Nicolas, qui avait amicalement relayé le rébus, ainsi que Falconhill).
La solution a donc été également trouvée par Rimbus, Berthe, MathRo7i, Falconhill (qui l'avait devinée sans déchiffrer le prénom), Éric citoyen.
Bravo à tous!


Un rébus pour le dimanche


Trouvez dans ce rébus le prénom et le nom d'une personnalité politique —d'une quelconque région du monde et de n'importe quelle période historique… (cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Solution dans la soirée, la modération des commentaires est activée.



vendredi 27 novembre 2009

Changer ou pas?

Mercredi dernier, Nicolas s'interrogeait: est-ce que ses brillants résultats aux divers classements Wikio avaient influencé sa manière de bloguer. Je n'ai pas très bien compris si la réponse est non, oui, ou plutôt non… En tout cas, il prenait notamment l'exemple du classement Européen, où mon Coucou a l'honneur de figurer ce mois-ci, pour me poser la même question: en quoi ce classement change-t-il ma manière de bloguer? Eh bien, rien n'a changé sur mon blog.

Ma réponse serait la même s'il s'agissait de l'effet psychologique produit sur moi par ma dernière progression à la 3e place des politiques… Dépasser, même provisoirement, des blogueurs plus connus, m'a mis franchement mal à l'aise. Quelques jours ont été nécessaires pour que s'estompe un sentiment d'imposture involontaire, et que je tourne la page. Les blogs politiques plus pertinents que le mien et jouissant d'une meilleure audience doivent se compter par dizaines: le petit jeu de chaises musicales qui se déroule en tête du Wikio n'a guère d'importance.

Donc, en dépit de ce malaise passager, je n'ai rien changé à ma façon de bloguer. Je réagis à l'actualité politique de la même manière, sans m'interroger sur les attentes du lecteur, comme je le fais depuis toujours pour écrire. En 21 mois de fréquentation de la blogosphère, j'ai par contre appris quelques règles, notamment chez Nicolas, et j'ai essayé de m'y adapter, en particulier sur la forme. Sinon, j'enfourche les mêmes chevaux de bataille, m'amuse aussi souvent que possible, et digresse du politique à ma fantaisie. C'est notamment le cas ce soir, pour contourner un fâcheux manque d'inspiration.

L'envie me manquait de revenir sur la polémique récente du Téléthon, bien que la lecture d'un billet de Déchiffrages m'ait fait hésiter un moment. Son auteur, Jean-François Couvrat, y soutient avec de solides arguments que la collecte des dons par le téléthon, revient 20 fois plus cher que si elle était assurée par l'impôt…

De façon contradictoire —mais je ne suis pas à une contradiction près—, la prochaine journée mondiale de lutte contre le sida, dont on vient de me communiquer la date, Mardi 1er décembre, aurait pu aussi faire l'objet d'un billet de ma part. Mais les mots ne me viennent pas, et je ne raconterai pas non plus ma séance de vaccination, avec ma femme, contre la grippe H1N1, hier. Ça doit être parce qu'il n'y a rien à en dire: pas d'allergie fulgurante ni la plus petite démangeaison. Et pourtant, ma tentative appuyée de nous éviter le Pandemrix de GSK —des fois qu'il ressemblerait à son équivalent canadien—, est restée vaine. Nous avons eu droit à ce croque-mitaine. Seul effet secondaire observé au bout de 32 heures: une panne d'inspiration.

P-S, je me joins à Homer pour souhaiter un bon anniversaire à Marge!

jeudi 26 novembre 2009

Pardon, avez-vous vu la démocratie?

S'il fallait démontrer que toutes les personnes utilisant les mots démocratie ou démocratique, pour qualifier notre régime politique, sont soit naïves, soit de très mauvaise fois, c'est fait. La preuve vient d'en être apportée par Bernard Accoyer, président de l'Assemblée Nationale, qui a rejeté comme irrecevable la demande des élus socialistes d'une commission d'enquête sur les dépenses et l'utilisation des sondages payés par l'Élysée.
M. Accoyer a tenté de justifier cette fin de non-recevoir au nom de deux principes: l'un, institutionnel —la séparation des pouvoirs— «qui serait remis en cause», et l'autre, «celui de la responsabilité politique du chef de l'Etat qui s'exerce devant le peuple et en aucun cas devant l'Assemblée».

On peut donc en tirer l'enseignement que les députés sensés représenter le peuple ne le remplacent pas. Nicolas Sarkozy étant soupçonné d'avoir abusé du budget de la présidence en multipliant des sondages, qu'il utilisait pour manipuler l'opinion, il semblerait indispensable de tirer l'affaire au clair. Le soupçon est peut-être infondé, néanmoins comment le savoir? Si le peuple seul est théoriquement habilité à demander des comptes au président, ce serait de quelle manière?

Il n'a jamais été prévu dans nos républiques [sauf par la première Constitution, qui fut la fille mort-née de la Révolution], et singulièrement l'actuelle, la Ve, de donner au peuple les moyens de s'occuper de ses propres affaires. Le personnel politique, sans doute unanime là-dessus, nous rétorquera que la parole nous sera octroyée pour l'élection présidentielle. Fort bien, mais ce sera dans deux ans, et alors, qui rendra public pendant la campagne électorale tous les documents permettant de juger le président sortant? Personne évidemment: cela deviendra tout au plus un sujet de polémique vaseuse, et le candidat-président ne rendra pas plus de comptes au peuple demain qu'aujourd'hui.


Les gens qui nous représentent confisquent de fait au peuple le droit de se faire entendre à tout moment, et cependant ils ne peuvent rien faire de ce pouvoir arraché à notre souveraineté. Il y aurait là une colossale anomalie, si l'on omettait de prendre en considération que nous ne sommes pas une démocratie. Certes, avec l'autocrate agité qui occupe l'Élysée, tout le monde a conscience que l'on vit une présidence plus proche d'un régime autoritaire que de l'idéal républicain, mais Nicolas Sarkozy à lui seul ne suffit pas à expliquer notre dépossession de la démocratie.
Prenez n'importe quel autre présidentiable et mettez-le à sa place…

Tenez, au hasard, Dominique Strauss-Kahn… Qui pourrait croire que, s'il est choisi demain par le PS, et s'il est élu, il changera fondamentalement la nature de ce régime? Il n'est assurément pas du genre à vouloir bouleverser les institutions du pays. Pas du genre à nous donner sans y être forcé une nouvelle constitution. Celle d'une république où le président serait responsable pour la totalité de ses actes de gouvernement devant le parlement —qui dispose seul de la compétence technique pour le contrôler. Celle d'une république où un million de Français, sans intervention du moindre député, pourraient exiger l'organisation d'un référendum national sans exclusive du domaine concerné.
DSK est encore un de ces hommes brillants dont nos écuries politiques ne sont pas avares, mais c'est très loin, vraiment loin d'être suffisant pour susciter l'envie de voter pour lui.


P-S. À lire sur Le Pavé, un hommage mérité rendu au CNRS et à Recherche publique… À redécouvrir, si nécessaire, le blog intergalactique de Dr No… Si vous aimez Pearltrees comme moi, c'est le moment de leur donner un coup de main!

mercredi 25 novembre 2009

Nicolas 1er en banlieue

Ma chère femme,
je rentre d'une mission périlleuse, et comme tu vois, ma chambrée et ses punaises à peine retrouvées au corps de garde du palais, c'est vers toi que se tournent mes pensées. Ça n'est pourtant pas facile, crois-moi, de me transporter vers ta fraîche personne qui sent bon le Nina de chez Bibalchy que je t'ai offert, avec le maréchal-chef Furet qui vient de se déchausser à côté . Je ne sais plus si je t'ai déjà mise au courant, mais il sent des pieds.

Donc, on était hier en mission de protection de l'Empereur, qui est complètement génial comme c'est écrit sur les affiches, affirmatif, mais aussi des fois d'une témérité effrayante. Figure-toi qu'il avait décidé de faire une visite surprise officielle en banlieue. Bien sûr, le bon Saint Henri et le Sapir des choses du dedans avaient pris, depuis quinze jours au moins, les mesures d'urgence qui s'imposaient : interdiction de vendre, d'acheter, et de transporter des œufs et des tomates dans la zone, sélection d'une foule pour l'arrivée, avec plusieurs répétitions au stade du coin, etc. N'empêche, on a beau savoir que personne n'a le droit de porter des chaussures dans notre pays, on n'est jamais à l'abri d'un kamikaze qui balance un œuf de contrebande ou une pantoufle au dernier moment. C'est traître, la pantoufle, ça échappe au détecteur de cuir et au flair des chiens.

Heureusement, quand le cortège de l'Empereur est arrivé, tout s'est passé nickel, pas une bavure. Nicolas 1er était très calme, souverain comme il dit l'autre du Journal. Pendant que la télé filmait, Sa Majesté a échangé quelques mots avec la foule que commandait l'adjudant Duval en costume de père de famille.
Après ça, il est entré au commissariat de police où étaient convoqués les représentants de la population qu'il voulait rencontrer. Rien que des Franchois de première qualité, des commerçants, des propriétaires. Ce genre, tu vois… Il fallait que j'ouvre l'œil, alors je ne l'ai écouté que d'une oreille, ma mauvaise, la gauche comme tu sais, mais je l'ai entendu dire qu'il fallait développer encore plus la visusurveillance.

«Dans tous les endroits qui ont la visusurveillance, la sécurité progresse, qu'il a dit. Y a des pays comme la Chine qui ont un soldat de visusurveillance pour 10 habitants. Mon objectif, c'est qu'on arrive au plus vite chez nous à un homme de garde, nuit et jour, pour deux Franchois. Ils prendront le train avec leurs suspects…, non, leurs protégés. Et si c'est des enfants qu'ils surveillent, eh bien, ils iront en classe avec, ça les fera réviser!» Quel type, quand même, hein, Sisi?
Il est temps pour moi d'inspecter le lit avant de dormir, les punaises en profitent pour pondre chaque fois que je m'absente. J'espère que tu écoutes mes conseils et que tu n'ouvres à personne, surtout pas au facteur: y a pas pire pour refiler la grippe cochonne à tout le pays! Je t'apporterai de quoi renouveler le stock de conserves à ma prochaine permission.
Ton Loulou qui t'embrasse.

P-S. À propos du débat sur l'identité nationale, que j'ai effleuré hier, c'est en définitive chez Hypos que j'ai trouvé les réflexions les plus revigorantes…

mardi 24 novembre 2009

Nicolas Sarkozy fait campagne

Les Français sont capables de tout, le meilleur comme le pire. Au nom de la règle du jeu et d'une main placée je ne sais où, au cours d'une partie de foot, ils s'enflamment. À côté de ça «au nom du symbole, les Français peuvent renverser le pays», rappelait Nicolas Sarkozy en personne. Tout dépend de la façon d'apprécier le meilleur et le pire, bien sûr, mais on peut s'interroger.

Les gens seront-ils assez couillons pour se laisser prendre aux gesticulations du Français-en-chef, lancé dans la campagne électorale des régionales? Vont-ils gober sa promesse de reconquérir les quartiers sensibles, et de réaliser ce qu'il a raté en sept longues années et plus de responsabilités —comme ministre de l'intérieur, puis comme président?

C'est toujours sur le ressentiment de la population envers les fauteurs de désordre, réels ou supposés, que M. Sarkozy espère fonder une victoire électorale. Il y a réussi plus d'une fois, gonflant les rangs d'une droite à peu près immuable avec ces flux d'électeurs gagnés sur Le Pen et le marais des sans opinion. Son retour au discours sécuritaire va de pair avec le débat sur l'identité nationale lancé par Éric Besson, dans l'espoir évident que la sourde xénophobie véhiculée par cette démarche lui sera profitable.

N. Sarkozy devrait plutôt apparaître aujourd'hui davantage comme un facteur de désordre et de mal-être que de sécurité, ce n'est plus forcément le meilleur terrain pour lui. En revanche l'affaire de l'identité nationale pourrait avoir des effets plus pervers qu'il n'y paraît, bien que la majorité des Français semble accorder moins d'importance à la nationalité qu'aux Droits de l'homme, d'après un sondage.

Le guide à l'usage des préfectures destiné à la conduite des débats locaux, recèle des propositions qui visent lourdement les étrangers, quelle que soit leur situation par rapport à la loi. Si le débat voulu par M. Sarkozy et son ministre de la honte s'instaure réellement, la gauche ne pourra se contenter d'y parler de la seule régularisation des sans-papiers. Le discours officiel est biaisé, mais le fait que notre pays comporte une proportion importante de candidats à la nationalité, ou de Français issus de l'immigration, invite à régler un jour ou l'autre cette question «identitaire».

On l'a dit et redit: la France est le produit de multiples mélanges de populations, de cultures, qui se sont fondues dans une seule Histoire. C'est de celle-ci qu'est sortie en 1789 la République et ses valeurs: tout cela doit aussi devenir impérativement un bien en partage avec les nouveaux arrivants. En d'autres termes, notre pays doit rester une terre d'accueil, mais y prendre racines, implique de s'ancrer dans son Histoire.


lundi 23 novembre 2009

Le LHC va bien, le collisionneur de dons est menacé

Le LHC va bien, le CERN se frotte les mains. Pour ceux qui n'ont pas suivi les aventures du capitaine CERN et de sa monture LHC, dans le Coucou comme ailleurs dans la presse (la dernière option est recommandée au débutant), il me faut dévoiler ce qui se cache sous ces pseudonymes… Le CERN, comme le sigle ne l'indique pas, est l'Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire. Ses premiers prénoms: Conseil Européen, ont en effet été changés. Quant au LHC, c'est le Grand Accélérateur de Particules, dont personne, je pense, n'ignore les fâcheux déboires qui ont suivi sa mise en route.

Eh bien, le LHC va bien, c'est une affaire qui roule comme disait Charles Pasqua, avant qu'à rouler trop bien, il ne finisse au bord du trou. Les scientifiques s'en réjouissent, et les vulgaires amateurs de science-fiction de mon espèce aussi. Il a même redémarré plus vite que prévu, gagnant neuf heures sur l'horaire officiel. Du coup, des chercheurs qui étaient rentrés chez eux ont dû revenir au box de la bête, fissa.

Normal pour un super-accélérateur, vous me direz! En tout cas, un faisceau de particules a été injecté dans l'énorme anneau de 27 kilomètres de circonférence à 22h, Vendredi. Il a tourné dans le sens des aiguilles d'une montre franco-suisse, et à minuit, un second faisceau est parti en sens inverse. Rien n'a grillé, cette fois, et même si la vitesse de rodage est bien loin d'approcher encore celle de la lumière, comme ce sera le cas lorsque le LHC fonctionnera à plein régime, on peut s'en réjouir. On ne sait si le mystère de la matière noire et des premiers instants de l'univers sera percé à terme, mais les particules circulent, c'est déjà pas mal. Voilà au moins une circulation trans-frontière qui ne me chagrine pas.

En revanche, la libre circulation des capitaux humanitaires, ou au service de l''intérêt général, m'embarrasse. Je ne sais pas si j'ai raison, mais en ce moment où, justement, on se chamaille chez nous sur la concurrence «déloyale» qui pourrait exister entre associations faisant appel à la générosité publique, l'idée d'affaiblir l'impact de cette générosité en la dispersant davantage me déplaît. Je suis loin d'être un supporter enthousiaste du téléthon, mais jusqu'à nouvel ordre, il est particulièrement utile à la recherche médicale, comme son parent pauvre, le Sidaction…

Or, c'est ce qui va prochainement arriver, puisque la Commission européenne intime à la France de modifier le régime fiscal en faveur des organismes sans but lucratif, œuvrant pour l'intérêt général. Actuellement, ces organismes sont exemptés d'impôts et les donateurs bénéficient eux aussi d'allégements fiscaux, du moment que les premiers agissent en France. Pour la commission européenne il s'agit là d'un «obstacle injustifiable à la liberté de circulation des capitaux» en Europe. Si je comprends bien, il s'agit pour la France, soit de supprimer les avantages fiscaux qui mettent de l'huile dans les rouages de tant d'associations caritatives, soit de les étendre à tous les organismes européens.
Pour l'Europe telle qu'on nous l'a bâtie, il n'y a pas d'argent de la solidarité nationale, il n'y a que des capitaux. Et des capitaux, ça doit circuler: il y a un trou noir à remplir quelque part.

P-S. Peu de lectures, faute de temps, mais j'ai tout de même apprécié aujourd'hui le billet du Privilégié que je vous recommande.

dimanche 22 novembre 2009

Ce n'était pas les frères Lumière

Les frères Lumière n'ont jamais fait de politique, M. Poireau joue les navets, mais j'ai bien aimé son «faux thon» pour éclairer sa réponse…
En tout cas, il y a davantage de bonnes réponses au rébus du dimanche que d'habitude. Roulements de tambours…
Voici dans l'ordre d'arrivée ceux qui ont trouvé la solution: Berthe, Nico93, Poison-Social, Céleste, Madame.b (qui n'a pas oublié de valider son commentaire, cette fois!), M. et Mme Castor, Edmonde, Eric citoyen (on l'applaudit bien fort), Epamin', Bérénice, et Philzone à la dernière minute…

Roulements de tambours, trompettes…
Pour la première fois sur le Coucou, il faut noter la prestation de Nicolas, parfaitement réussie, quoiqu'en coulisses (Nicolas étant administrateur du blog pour des raisons techniques, il ne peut pas déposer de commentaire sans qu'il soit aussitôt publié, même si la modération est activée)


Rébus du dimanche



Dans ce rébus se cachent le prénom et le nom d'une personnalité politique —d'une quelconque région du monde, et de n'importe quelle période historique… (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Solution dans la soirée, la modération des commentaires est activée.


samedi 21 novembre 2009

La grippe mute, et alors?

BA est une personne qui commente régulièrement mes billets, ainsi que ceux de pas mal d'autres blogs. Je dis une personne, parce que j'ignore ce qu'il y a sous son pseudonyme, qui dissimule peut-être des gonades comme un un kilt, ou un sexe féminin caché par une seule syllabe, brève comme une minijupe. Ses commentaires sont souvent hors sujet, mais lorsqu'ils ne sont pas trop longs, je les aime bien pourtant. BA, c'est une sorte de matou errant qui vient miauler ou ronronner, selon les jours, à la fenêtre de la maison.

Tout ça pour dire qu'aujourd'hui, BA m'a un peu énervé en venant répéter chez moi, sur le mode alarmiste, une information que tout le monde connait déjà: la mutation du virus de la grippe H1N1, chez des malades Norvégiens. Le message de BA, concluait en effet à l'inefficacité du vaccin, du fait de cette mutation.

J'ignore d'où lui viennent ses informations, mais pour ma part, j'ai entendu à la radio, Hélène Cardin, spécialiste des questions médicales sur France Inter, assurer que les adjuvants entrant dans la composition du vaccin, sont précisément destinés à surmonter ce genre de problème. Je ne connais rien à la médecine, BA non plus, d'après ce que j'ai appris. J'ai donc personnellement tendance à accorder une confiance raisonnable aux propos de Mme Cardin…
Le virus de la grippe saisonnière, mute lui-même allègrement chaque année, c'est l'une de ses caractéristiques. Cela n'empêche pas les vaccins existants d'être plutôt efficaces, non?

Quoi qu'il en soit, quel peut être l'intérêt de sonner l'alarme? Les personnes fragiles, pour lesquelles le virus H1N1 représente une grave menace, ont-elle une alternative?
Oui, bien sûr, dès lors qu'elles possèdent un abri anti-atomique dans leur jardin, ou dans la cave de leur immeuble. Si elles ont pensé à faire le plein d'eau, de conserves, et de Beaujolais, c'est le moment de s'y enfermer jusqu'au printemps.

Pour les autres, comme j'en connais, je ne vois pas d'autre solution que se faire vacciner, en espérant que tout se passera pour le mieux, comme avec les produits éprouvés. Le risque d'être victime d'effets secondaires fâcheux, comme le syndrôme de Guillain-Barré, existe bel et bien, mais celui de recevoir une météorite sur le crâne aussi, de même que l'éventualité de louper une marche en se retirant dans son abri anti-atomique.

P-S. À ne pas manquer: la semaine de Sarkofrance!

jeudi 19 novembre 2009

Politique à la maison

Le métier politique se corse, ces derniers temps. Normalement, ce n'est qu'avec des pincettes que j'associe le mot «métier» à celui de «politique», tant cet assemblage me choque. Pour plagier la dernière lubie du mangeur de honte de la République, M. Besson, ministre de l'immigration et de l'identité nationale, je dirais volontiers qu'il s'agit là d'un mariage gris. Une escroquerie démocratique à but carriériste, comme il parle «d'escroquerie sentimentale à but migratoire» dans le dessein de stigmatiser les couples d'origines mixtes Français / étrangers… Mon intention n'est pourtant pas de m'en prendre ce soir à ceux qui fondent une carrière sur la politique, mais presque de les plaindre, pour une fois.

Imaginez: l'idée médiatique à la mode en ce moment, c'est de faire inviter un responsable politique par une famille française. La Chaîne Parlementaire et Dailymotion, s'y mettent déjà… Bientôt TF1 peut-être, puis les chaînes du service présidentiel? Oui, franchement, je les prends un peu en pitié, nos hommes et femmes politiques qui, après une journée chargée, passée à remplir les obligations de leurs mandats, sans compter les participations aux débats et interviews inévitables, vont devoir s'appuyer une soirée questions-entre-quatre-yeux (ou plus).

Ça me rappelle certaines fins de journées héroïques de mon petit métier à moi, lorsqu'on va gaiement à la rencontre de jeunes lecteurs… Trois classes le matin, trois classes l'après-midi, à répondre aux questions, à parler, parler jusqu'à la limite de l'extinction de voix… Eh bien, il arrive après ça, alors que vous êtes à des centaines de kilomètres de chez vous, que l'on vous loge chez l'habitant plutôt qu'à l'hôtel. Ah, les braves gens! Ils sont toujours sympas, accueillants, avec des enfants géniaux qui adorent la lecture… Et vous vous tapez la dernière «animation» de la journée, alors que vous rêvez de plumard et de silence.

Donc, il se pourrait bien que pendant quelque temps au moins, certains grands élus des deux sexes aient à rajouter le dîner chez l'habitant à la palette de leurs activités. Pour l'heure, il ne semble pas prévu de remake des fameux repas en famille de M. Giscard d'Estaing, avec Nicolas Sarkozy dans le rôle-titre, mais ça viendra… En attendant, Vincent Peillon a inauguré ce nouveau style de téléréalité pour Dailymotion, dont l'émission «Politique à domicile» est diffusée sur internet.

C'est toujours un peu périlleux d'essuyer les plâtres, et de servir peut-être à mettre en lumière certains défauts du concept qui seront corrigés par la suite, au bénéfice d'un adversaire politique. D'un autre côté, il a tout de même de la chance: le genre démarre, on ne se bouscule pas encore pour s'attabler chez les gens. Et puis, on lui a déniché une famille d'intellectuels aptes à tenir le débat à un niveau valorisant. Imaginez que ce soit déjà la cohue, que les vedettes politiques se retrouvent à courir la gamelle pour toutes les chaînes de télévision…

Les aléas de l'organisation auraient pu conduire à ce que M. Peillon fût invité au second étage d'une HLM, par Dailymotion, cependant que Ségolène Royal dînait au troisième pour France 2. J'entend d'ici les éclats de voix, les rires stridents de celle-ci, peut-être ses trépignements de talons, juste pour embêter son rival au-dessous. Et celui-ci, rouge de colère, qui finit par taper au plafond avec un manche à balai! Ça ferait de l'audimat, mais pas sûr que l'image de nos élus y gagnerait…

On peut évidemment concevoir des conjectures moins tragiques pour la gauche, et trouver une table pour Mme Aubry au premier, tandis que Frédéric Lefevbre devrait se contenter d'un sixième sans ascenseur, essuyant les quolibets de tout l'immeuble. Quoi qu'il en soit, si la mode s'installe, nos politiques finiront par la trouver saumâtre.

P-S. D'autres billets à lire à propos de la chaîne «Qu'est-ce qu'un blog», c'est sur Tes reins et terroirs, et chez Rimbus

mercredi 18 novembre 2009

Si on parlait blog, pour changer?

Yann Savidan et Nicolas se sont demandé ce qu'est un blog, et le premier, qui est un professionnel du blogage, m'a invité à vider mon sac à ce propos. C'était la semaine dernière, il faut que je me dépêche de gratter les restes d'intérêt qu'ils ont abandonnés pour combler mon manque d'inspiration aujourd'hui. Non, je n'ai pas envie de parler de l'actualité politique, particulièrement rébarbative en ce moment. Rébarbatif ne veut pas dire sans importance, notez bien, simplement je trouve les derniers événements trop rudes et ennuyeux.

Prenez le clash entre Ségolène Royal et Vincent Peillon… Il me navre comme si je voyais après un accident grave, deux éclopés de ma famille se bagarrer à l'hôpital avec leurs béquilles. Pas envie de parler de ça, j'ai un peu honte. Ce qui me ferait plaisir et me stimulerait sans doute, ce serait que le PS nous annonce qu'il va livrer bataille pour bâtir une 6e République, complètement différente des précédentes. Aussi gouvernable que l'ancienne, mais réellement contrôlée par les représentants du peuple, et lui reconnaissant le droit d'avoir le dernier mot. Je parierais que la paix reviendrait vite entre les candidats à l'investiture pour la présidentielle. Et si ce n'était pas le cas, cela n'aurait aucune importance: on s'en ficherait, vu que n'importe qui ferait l'affaire.

Donc je ne parle pas de ça, ni du grand emprunt qui sera réservé aux marchés, parce que je n'ai pas encore compris à quoi il va servir et qui va le rembourser, étant donné le niveau actuel de la dette nationale. Les enfants des enfants des enfants de nos enfants?

Un moment, j'ai cru entrevoir une lueur d'espoir du côté de François Fillon au congrès des maires de France. C'était hier, du réchauffé certes, mais il y avait de quoi en tirer peut-être une fiction amusante. Nos magistrats municipaux priés de se déchausser avant d'entrer dans la salle, pour éviter au premier ministre de succomber sous des tirs nourris de tatanes… Et pendant ce temps, l'autocrate qui s'est mis au vert —enfin, au sable plutôt… Inutile de m'étendre: l'idée s'est étiolée à peine envisagée. Comment restituer les affres de ces braves maires, affolés de devoir encore augmenter nos impôts locaux, après la disparition de la taxe professionnelle? C'est souvent sympathique, et en principe toujours utile, un maire.

Ce n'est pas par hasard, d'ailleurs, que j'ai parlé de maire à ce point de mon billet: ce blog est né en réaction à l'élection contestable de celui qui fut à la tête de mon village jusqu'au printemps dernier. Pendant quelques mois, après les municipales, je dois reconnaître qu'il a été la cible privilégiée de mon ironie, tandis que je m'étais joint à ceux qui voulaient obtenir sa démission. Je ne regrette pas d'avoir fait ce choix, mais lorsque je regarde en arrière, il y a une justice que je voudrais rendre à cet homme…
J'ai perdu des amis avec mes premiers billets, des fossés se sont creusés avec certaines personnes, des gens ont cessé de me saluer du jour au lendemain: rien d'extraordinaire, au fond, mais cela engendrait quelquefois une tension éprouvante. Il y avait pourtant quelqu'un qui ne détournait jamais la tête sur mon chemin, qui offrait à l'occasion une poignée de main, répondait à mon bonjour, et rendait sourire pour sourire, une lueur malicieuse dans le regard: c'était l'adversaire, le maire.
Il se trouve qu'il choisit plus tard de démissionner, mais c'est la maladie qui l'y poussa, car le conflit s'était assoupi depuis longtemps…

Pour moi, un blog c'est d'abord ça, un outil pour ouvrir sa gueule, dire ce que l'on pense de la marche des choses: celles de sa commune, celles du pays si l'on se passionne pour la politique, celles du monde, quand on a un gros appétit.
C'est accessoirement un endroit pour m'obliger à écrire quotidiennement ou presque, en m'amusant autant que possible, mais c'est une autre histoire.
Puisque je suis revenu à la chaîne de Nicolas, il me faut dire aussi la différence que je vois entre un blog, et un site comme LePost… Et je vais botter en touche: ce n'est pas comparable. Le Post est une grosse machine avec une équipe de vrais journalistes produisant du contenu, au même titre que les blogueurs qui y sont hébergés. J'ai moi-même une page chez eux, et chaque article y trouve apparemment beaucoup plus de lecteurs que sur le Coucou… Néanmoins, ici, je gère le blog, le décore comme il me plaît, j'applique ma propre charte morale. Je suis chez moi.

P-S. Puisque je suis dans une chaîne, je vous invite à lire le billet de Constance, sur le thème de mon billet d'hier…

P-S du 19 novembre: l'une des personnes évoquées sur un ton de plaisanterie dans la première version de ce billet, ancien maire de Claviers, est décédée ces jours derniers. Je l'ignorais ce matin encore, et du coup, j'ai modifié un paragraphe qui me paraissait soudain malvenu. Je présente mes excuses et mes condoléances à la famille.

lundi 16 novembre 2009

Vous prendrez bien une page d'édulcoré?

Cela vaut-il la peine de polémiquer sur la manière de s'opposer au pouvoir actuel avec le média populaire qu'est internet? Non, parce qu'il s'agit généralement de se renvoyer des monologues à la figure, et que le blogueur moyen est une personne hautement inflammable. Qu'il soit jeune ou vieux, il est en effet, le plus souvent, un écrivassier brutal envers le contradicteur, et d'une sensibilité exquise pour tout ce qui le concerne —comme l'on parle en médecine de douleur exquise. Car le blogueur qui se respecte n'a pas que lire à faire, il doit commenter, et mener aussi une vie hors du web. C'est pourquoi, même lorsqu'il sait lire un peu, il saisit une intention au vol, butine quelques mots, avec un goût prononcé pour des épithètes jugées significatives, et dégaine aussitôt. Avez-vous effleuré par dessein ou inadvertance le siège de sa vanité? Il vous fusille, et tant pis si vous cohabitez dans la même famille de pensée: sur le web comme en Chine, il est capital de sauver la face.

D'un autre côté, oui, cela vaut la peine de polémiquer, dès l'instant où l'on aimerait qu'au moins la blogosphère amie, plus gribouille que sauvageonne, ne lui en déplaise, devienne une compagnie présentable à la ville…

Ces jours-ci, j'ai supprimé de ce blog un commentaire dont la dernière partie était à l'évidence d'une hargne assassine (autant par mesure de prophylaxie destinée à m'épargner d'éventuelles poursuites, que par désaccord profond avec l'idée exprimée).
Le lendemain, la question de la censure étant récurrente dans la blogosphère, j'ai apporté mon soutien à Nicolas qui s'exprimait précisément sur le sujet dans un article. Une polémique en découla sur l'opportunité de se «lâcher» vis à vis du président de la République, afin de le ridiculiser dans l'esprit du lecteur par des mots visant son physique.

C'est une vieille arme que le pamphlet, et l'on pourrait, remontant le temps, en trouver de particulièrement grossiers. Il faut se souvenir qu'ils s'attaquaient à de réels despotes, à la différence de notre autocrate d'opérette appelé à disparaître de la scène à l'issue du deuxième acte électoral, au plus tard. Leurs auteurs risquaient la Bastille, quand on ne les saignait pas au coin d'une rue. Le châtiment encouru, l'iniquité absolue du régime en place, inclinent à respecter jusqu'à la bassesse de certains propos.

C'est aussi une ancienne tradition dans certains milieux politiques ou cercles de pensée que de railler les particularités physiques de l'adversaire ou du bouc émissaire. Une spécialité d'extrême droite pour caricaturer les juifs, notamment. Se retrouver à partager le plat de merde de ces gens là dénote pour le moins un manque de flair navrant. C'est pourtant ce que font nombre de blogueurs qui m'inspirent par ailleurs de l'estime, avec lesquels du moins, je crois avoir en commun certaines espérances.

Lorsque l'on veut épingler les ridicules de Nicolas Sarkozy, puisqu'il est notre cible favorite, on doit le faire en situation, lorsqu'il prête lui-même le flanc au trait blessant, et non pas en émaillant des billets plus ou moins bâclés de perles injurieuses dont la répétition finit par lasser le lecteur. Je n'ai jamais manqué pour ma part les occasions de le caricaturer, puisque la satire m'amuse. Cependant, qui peut croire que l'opposition l'emportera parce que quelques poignées de convaincus incultes et à l'appétit peu délicat, se seront tapé sur le ventre devant leurs écrans, en déchiffrant la prose haineuse du taulier? Certains imaginent que la chute de Nicolas Sarkozy à 39% de popularité sonne sa défaite trois ans à l'avance, mais avec 39% de voix au premier tour, il l'emporterait encore largement devant n'importe quel adversaire. Il faut convaincre bien au-delà de nos minuscules cercles de sympathies, si l'on veut que l'opposition l'emporte demain. Faire des blogs de gauche des médias citoyens de meilleure qualité peut modestement y contribuer.

C'était un essai de réponse à la chaîne sur «l'édulcoré», lancée par Poison-Social. Ah! Ce n'était pas une chaîne? Alors je ne tague personne, sauf Wallen, Jeffanne, Constance, et M. Poireau, qui de toute façon s'en fichent…


dimanche 15 novembre 2009

Nicolas Sarkozy n'est pas joueur

On sait que notre président, lorsqu'il ne court pas, et n'a rien de particulier à annoncer aux médias, s'assoit volontiers au salon, près de sa romantique épouse qui caresse sa guitare d'une main gracile car romantique, en fredonnant une chanson forcément romantique. Le président a le sourire bénin d'un homme qui s'apprête à savourer une heure ou deux d'intense bonheur romantique, bercé par la voix de la première dame de France, tandis qu'il mettra de l'ordre dans sa collection de timbres. Eh bien, sachez-le: jamais Nicolas Sarkozy n'a profité de ses loisirs pour se pencher sur les rébus de ce blog! Il n'est pas joueur. Ou bien, il a eu peur de signer une bêtise? En tout cas, vous ne trouverez pas son nom dans les commentaires laissés par les joueurs de cette semaine. À moins que ce ne soit lui, l'Anonyme dont j'ai supprimé la réponse —exacte au demeurant, mais l'anonymat n'est pas accepté ici. C'est pourquoi, je vous informe sans regret que vous ne trouverez pas Nicolas Sarkozy parmi les gagnants de ce soir, qui sont, par ordre d'arrivée: la Mère Castor et monsieur, Fidel Castor, qui se sont associés pour résoudre le rébus, suivis de Céleste, puis de Macao, et enfin Epamin'


Le rébus du dimanche




Trouverez-vous dans ce rébus le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique —qui peut être vivante ou décédée, et appartenir à n'importe quelle région du monde? Si nécessaire, cliquez sur l'image pour l'agrandir… À vous de jouer!
(les commentaires sont modérés pour tenir les réponses secrètes jusqu'à ce soir)…


samedi 14 novembre 2009

La République de Nicolas Sarkozy

Cette semaine notre président, qui n'est jamais aussi grand que lorsqu'il monte sur les épaules de Charles de Gaulle, et n'a d'aussi hautes vues qu'en s'exprimant à la montagne, notre président a livré sa conception de l'identité nationale. C'est du moins le sentiment que ses conseillers en communication voulaient sans doute nous transmettre, mais la réalité fut décevante.

On s'en doute, de Gaulle aurait mis sa maîtresse, la France, au sein de cette identité nationale, un idéal désincarné, réceptacle du génie de notre peuple. Je n'ai jamais eu l'impression, de son vivant, que sa France était pétrie de Français, il n'avait qu'une médiocre opinion de la masse de ses compatriotes.
De ce point de vue, je me sens un type dans son genre, en plus petit, bien sûr, mais je m'égare.… D'autant que ma France idéale est très Suisse —raison pour laquelle je ne me suis guère étendu sur le rêve français, sujet de mon billet d'hier.

Donc, Nicolas Sarkozy, dont la relation à la mère patrie est vraisemblablement moins passionnelle que celle de son illustre prédécesseur, place pour sa part «la République» au cœur de l'identité nationale. S'il s'agissait des valeurs républicaines, et de l'héritage de la Révolution que l'on peut résumer par notre devise: liberté, égalité, fraternité, on pourrait presque applaudir. Presque, parce qu'il ne faudrait tout de même pas oublier que M. Sarkozy mène une politique qui met peu ou prou à mal chacun de ces termes. Cependant, la République se résume pour lui à autre chose: la souveraineté de la nation, l'autorité, l'égalité des chances, le travail, la laïcité…

On remarque d'emblée qu'il place un repeint de pudeur sur la souveraineté du peuple, en collant la nation à la place de celui-ci, un concept impeccable, certes, mais un peu glacial et de connotation ombrageuse, qui ne parle guère à l'esprit des gens.
C'est qu'il ne s'agirait pas que les Français se prennent pour les vrais patrons.

L'autorité: on ne sait où il a été pêcher cette valeur républicaine, mais incontestablement, M. Sarkozy sait en user et en abuser.
Sur l'égalité des chances, on connaît aussi sa ferveur: ce n'est pas parce que l'on est trop bien né que l'on a moins de droits que les autres.
Le travail: la république appartient à ceux qui font des heures supplémentaires, surtout le dimanche.
La laïcité: après l'avoir voulue positive, et considérablement diminué le nombre et les moyens de ceux qui sont les premiers en charge d'en inculquer les principes aux jeunes Français, les enseignants, M. Sarkozy s'est soudain avisé qu'il existe un phénomène ultra minoritaire, le port de la burqa, à dénoncer. De quoi recouvrir d'une mousse épaisse le renforcement continu de l'enseignement privé religieux au détriment de l'Education nationale.

Si l'on se rappelle ses précédents propos sur les valeurs de la famille et de la terre, mon entrée en matière est déplacée. Ce sont les mânes de Pétain qu'il faudrait plutôt convoquer ici.

P-S. Comme le temps m'a manqué pour lire des blogs, je vous conseille une visite chez Yann, qui nous propose une revue de la semaine, sans oublier Défaut d'entrain, le dernier texte de Marie-Georges, de retour au clavier.


vendredi 13 novembre 2009

Rêvez-vous Français?

Depuis quelque temps, j'ai sur un coin de bureau un sujet de chaîne que m'a collé le sympathique Boris. J'ai beau lorgner de temps à autre vers la note qui me rappelle cette attente, en espérant que l'inspiration vienne: c'est le calme plat. Il s'agit rien moins que de donner ma version de ce que pourrait être le rêve français, en écho au rêve américain, dont Boris s'est inspiré au départ. Nicolas a déjà livré à sa suite son Rêve de France…, et moi je suis bien embêté.

Ils sont jeunes, ils ont des idées bien précises de ce qui embellirait leur vie, ou de ce dont le reste des Français pourrait avoir envie. Que pourraient bien désirer les Français qu'ils n'ont déjà?
Un logis, un bon boulot, des sous: soit, mais on reste dans le terre à terre indispensable, même si je sais bien que le cœur de quantité de gens s'emballe, à juste titre, à l'idée d'être enfin propriétaire de leur maison.

Cela ne répond pas vraiment au rêve américain, qui est la réussite, soit une chose d'une toute autre envergure. Leur réussite comporte nécessairement le gîte et le couvert, si je puis dire, avec une idée d'éclat et de puissance en plus, me semble-t-il. Et comme on sait, la plupart d'entre eux n'y accèdent pas, mais là n'est pas la question: c'est un rêve qui leur permet d'aller jusqu'à la tombe sans perdre confiance dans la mère patrie.

Chez nous, il me semble difficile de définir une ambition typiquement française. La mondialisation, passée par là, me semble avoir contaminé la planète du fantasme américain: nous l'avons simplement adapté avec la cagnotte du loto en guise de couronnement. Pour ma part, je rêve d'une société qui n'est pas pour demain, ni après, hélas. Je me sens donc trop singulier dans cette attente pour avoir la prétention de la faire partager de fait à mes compatriotes.

Mais de quoi peuvent-ils rêver, en plus d'avoir un béret neuf, une baguette de pain croustillante, un logement sans traites à payer, un emploi stable, une retraite à soixante ans à taux plein? De passer à la télé? Sinon, je ne vois pas.

Je vais passer le bébé à M. Poireau, qui est presque Belge —j'ai dit presque—, à Gwendal, et à Elmone.

Un communiqué contre la censure

La SGDL, Société des Gens de Lettre et l'ATLF, Association des Traducteurs Littéraires de France, ont publié un communiqué auquel s'est associée La Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse…

Paris, le 13 novembre 2009
Communiqué
« Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. » 
Déclaration universelle des Droits de l’homme, 1948 (article 19).
Dans une lettre adressée à M. le Ministre de la Culture, un député inscrit au groupe UMP de l’Assemblée Nationale, Éric Raoult, a affirmé qu’un « devoir de réserve » s’imposait aux écrivains ayant reçu des prix importants en France, au motif que « le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays. »
Au-delà de l’absurdité de cette exigence et de l’ignorance dont elle témoigne, c’est, à notre connaissance, la première fois depuis des décennies, qu’un homme politique élu réclame publiquement la restriction de la liberté d’expression des créateurs.
D’après la loi dite Le Pors de 1983, portant droit et obligation des fonctionnaires il est stipulé que « la liberté d’opinion est garantie aux fonctionnaires » (article 6). Est-ce à dire qu’un simple citoyen écrivain se verrait refuser un droit fondamental que l’on a pourtant jugé nécessaire d’octroyer aux agents de l’état ?
L’idée même de subordonner l’expression d’un écrivain à la défense de « l’image » de son pays renvoie aux heures les plus noires de notre histoire. Elle fait de l’écrivain un simple agent destiné à servir un pouvoir. Va-t-on introduire en France la notion d’écrivain « national » ?
Les associations d’auteurs et de traducteurs littéraires tiennent à exprimer la très vive inquiétude que leur inspirent ces propos. Elles considèrent pour leur part que leur « devoir » est de protéger et d’entretenir la liberté d’expression en France, mission qu’elles ont remplie et rempliront encore à l’avenir.

SGDL, Alain Absire

ATLF, Olivier Mannoni



mercredi 11 novembre 2009

La république du rire

Ces jours-ci, le sarkozysme semble s'enfoncer avec son chef dans le ridicule. Après le mensonge puéril de Nicolas Sarkozy à propos de à sa présence à Berlin lors de la chute du mur, qui stimula l'imagination satirique des internautes, ce sont les zélateurs du président qui s'y mettent. Hier, je vous parlais d'Éric Raoult, Ubu de sous-préfecture, qui voudrait soumettre la lauréate du Goncourt à l'obligation de réserve.

Cette sottise tonitruante a fait passer presque inaperçue une saillie, pourtant potentiellement aussi comique de Jean-François Copé. Le chef du groupe UMP à l'Assemblée, a en effet annoncé son opposition à la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les sondages de l'Élysée. À première vue, ce n'est guère étonnant, s'agissant d'un homme qui est là pour faire marcher la troupe présidentielle au pas. À seconde vue, lorsqu'on regarde les raisons de cette prise de position, l'envie de sourire vous prend, car c'est au nom du «principe intangible de la séparation des pouvoirs», qu'il parle. Le parlement, émanation du peuple et représentant de sa souveraineté dans notre système, n'aurait donc aucun contrôle à exercer sur l'usage que le président fait des moyens financiers qui lui sont accordés? Rappelons d'autre part que sous le règne de M. Sarkozy, l'indépendance de la justice, autre pouvoir en principe émancipé des autres, est particulièrement malmenée.

C'est avec la suite des propos de M. Copé que le fou-rire vient: «Si ce principe n'est pas respecté, c'est la confusion des pouvoirs et c'est le début de la dictature»
Nous vivons sous l'autorité d'un homme, Nicolas Sarkozy, qui veut décider de tout, nomme à tous les postes d'importance ses proches, intervient en faveur de sa famille, fait revoter les lois quand les choix du parlement ne lui conviennent pas. Un homme qui s'obstine à imposer à la société des bouleversements que les Français réprouvent massivement. Un homme qui se met en scène à la moindre occasion, dans une version modernisée du culte de la personnalité…
Cela ne ressemblerait pas à l'amorce d'une dictature, par hasard ?


P-S. Gaël publie la 6e livraison de l'Autoroute, dont on peut lire les premier épisodes sur Caméléo. Rappel: sur le même site, vous pouvez aussi découvrir Le Roman d'Arnaud

mardi 10 novembre 2009

Encore un mur qui tombe!


Une petite information, lue sur le site du Nouvel-Obs, m'a laissé d'abord bouche bée devant mon écran, avant de me donner envie de rire ou de mordre. Plutôt de mordre, il y a des jours comme ça. Nous vivons en ce moment dans le symbolisme des murs qui tombent, ça doit expliquer pourquoi Eric Raoult, député de Seine-Saint-Denis, a voulu fracasser à lui seul le mur de la connerie. Et il a réussi, en invoquant un fantasmatique «devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt», parce que des propos tenus par Marie NDiaye sur la France de Nicolas Sarkozy, l'ont choqué.

C'est bien d'un fantasme de gaudillot encouragé par des temps d'autocratie hyperbolique, qu'il s'agit. Mme NDiaye s'est exilée à Berlin par dégoût de la France sarkozyste, c'est son droit, à partir du moment où elle a la chance de pouvoir le faire. Elle l'a dit, c'était sa liberté de parole, l'un des plus précieux pouvoirs du citoyen, qui, pour l'heure n'a pas encore été totalement aboli.

L'Académie Goncourt est actuellement composée d'une dizaine d'écrivains, et, que l'on sache, il ne s'y trouve aucun représentant de l'état, pas plus qu'il n'est exigé de ses membres la qualité de fonctionnaire. Peut-être faut-il craindre, si M. Sarkozy voyait son mandat renouvelé en 2012, son amour de la littérature aidant, une profonde réforme de ce cénacle? Il faudrait alors nous attendre à l'irruption, au palmarès du Goncourt, d'une lignée d'écrivains sarkozystes, dont quelque proche parent du président pourrait bien ouvrir la liste.

Toutefois, pour l'heure nous n'en sommes pas là, et pour prestigieux qu'il soit, le Prix Goncourt reste un événement culturel privé, échappant aux attributions du ministre de la culture, auprès duquel M. Raoult vient de se plaindre. Invoquer un «devoir de réserve» attendu des auteurs primés est une bouffonnerie. Il se trouve que Marie NDiaye s'était exprimée sur le sujet qui blesse aujourd'hui le patriotisme de M. Raoult, bien avant que son roman, «Trois femmes puissantes» soit couronné, mais là n'est pas la question. C'est l'honneur d'un écrivain, homme ou femme, de savoir rester libre. C'est parfois son privilège de ne rien devoir à personne et de rester couvert devant le roi, si ça lui chante.

Éric Raoult, dont les principaux faits d'armes parlementaires visaient à rétablir la peine de mort, estime pour sa part que le «message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays». Avec de tels propos, dont la balourdise l'abaisse au niveau d'un Frédéric Lefebvre, M. Raoult fait accomplir un petit pas de plus dans l'autoritarisme à un régime disqualifié. Certes, s'agissant d'un simple troupier de la garde, le pas n'aura guère de portée et glissera sans doute sur une bouse, mais il en dit long de l'état d'esprit qui prévaut dans la mouvance du pouvoir. Aujourd'hui il s'agit de faire rentrer les têtes qui dépassent, taire les voix qui portent, et demain, on dotera chaque Français d'une muselière.

P-S. À lire chez Gwendal: Non le communisme n'est pas mort

lundi 9 novembre 2009

La vérité sur le Collisionneur de Hadrons

Un événement d'importance m'incite à réveiller la rubrique scientifique de ce blog, assoupie depuis plusieurs mois. Le Grand Collisionneur de Hadrons est à nouveau en panne. Et cette fois, le doute n'est plus permis: il s'agit bel et bien d'un sabotage, mais inutile de porter vos regards vers Julien Coupat et ses amis, ils ne sont pas en cause. En effet, une analyse rigoureuse de cette dernière péripétie permet de déceler indubitablement une cause métaphysique à la source de l'intention malveillante.
Une fois de plus, suis-je tenté d'écrire, car le lecteur assidu du Coucou se souviendra sans doute que j'ai vainement tenté d'alerter la communauté scientifique lors de la panne précédente. Les faits, dès cette époque, ne laissaient pourtant place à aucun doute: Benoît XVI et Nicolas Sarkozy, premier du genre, s'étaient concertés quelques jours auparavant à Paris, les journaux de septembre 2008 en font foi. Il crevait les yeux et assommait la raison qu'il y avait collusion d'intérêts anti-collisionneur entre ces deux là.

Pour le lecteur profane, rappelons que le LHC se propose rien moins que de recréer les conditions de l'univers, environ un dix-milliardième de seconde après le big bang. Pour nos comploteurs le risque bien réel existait qu'à un poil de milliardième de seconde près, la belle mécanique du CERN crevât d'enthousiasme le mur de la singularité première… Pour découvrir quoi, de l'autre côté, l'œil de Dieu? Rien? C'est l'hypothèse de ce Rien porté à incandescence qui terrifiait nos hommes. Imagine-t-on le pape obligé de mettre la clef du Vatican sous la porte, M. Sarkozy remballant sa laïcité positive, couverts de honte l'un et l'autre?

Je dois cependant avouer que le sabotage de Mardi dernier apporte de nouveaux éléments des plus troublants. L'exécuteur du sabotage fut un oiseau armé d'un croûton de pain: on ne peut ignorer la trace symbolique laissée par cette attaque. Le volatile n'était pas kamikaze, et n'a donc pu être formellement identifié, tout porte cependant à croire qu'il s'agissait d'une colombe blanche, agent biblique s'il en fut. Le choix d'un quignon de pain comme vecteur du court-circuit fatal n'est pas innocent non plus —c'est à la sueur de notre front, que nous devons gagner le nôtre.

Bref, un esprit scientifique ne doit pas craindre de remettre sa meilleure théorie en question à la lumière de l'expérience. Il est probable que c'est l'œil de Dieu, ou son fondement, que le Grand Collisionneur de Hadrons est en passe révéler. Or, Dieu est notre passé et notre futur en même temps. D'où il nous attend, il n'aime pas qu'on aille le chatouiller où il était, et il prend des mesures pour nous inculquer la politesse. Il commença par nous envoyer Nicolas Sarkozy dès qu'il eut vent du projet de LHC. La communauté scientifique dégusta, et pour faire bonne mesure, le peuple aussi —souvenons-nous des sept plaies d'Egypte: Dieu a toujours eu la main lourde. Comme le signe n'était pas compris, il inspira la rencontre que l'on sait entre son représentant sur terre, Benoît, et le collisionneur des taxes et réformes…

Et le LHC fut en panne.

Les scientifiques s'obstinèrent cependant contre toute morale à réparer l'appareil du diable. Alors, il dépêcha son oiseau (lequel, soit dit en passant, put fort bien partir du colombier de l'Élysée, puisque l'agenda présidentiel était vide ce mardi-là).
On le voit, il faut prendre très au sérieux ces avertissements du ciel, et en cela je rejoins sans hésiter les hypothèses d'un physicien comme Holger Bech Nielsen, qui théorise une intervention du futur dans notre présent, afin d'empêcher la quête du hadron. Cela me semble venir en renfort de ma propre contribution: d'où il nous attend [le futur], Dieu n'aime pas qu'on aille le chatouiller où il était, et il balance des Sarkozy ou des croûtons de pain dans le présent.

sources d'inspiration: En quête de sciences, CNRS

P-S. Ce soir, je vous conseille de lire chez Arf: L’arena di bella ragazza, et L’âme est ce gaufrier…, par Lediazec, sans oublier de voir le portrait d'Eva Joly, par Peuples…

dimanche 8 novembre 2009

Ils ont trouvé la solution

Cette semaine, le rébus était assez facile, il y a d'ailleurs huit bonnes réponses à ce petit jeu, données par: la Mère Castor, Poison-Social, Éric, Madame.b, Epamin', Celeste, Mtislav, et Philzone…
Bravo aux gagnants et merci à tous ceux qui ont participé!


Le rébus du dimanche



Dans ce rébus se cachent le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique —qui peut être vivante ou décédée, et appartenir à n'importe quelle région du monde. Si nécessaire, cliquez sur l'image pour l'agrandir… À vous de jouer!
(les commentaires sont modérés pour tenir les réponses secrètes jusqu'à ce soir)…


vendredi 6 novembre 2009

Nicolas 1er : bilan provisoire

Le journal
La voix des ans pires


À l'approche du troisième anniversaire de l'accession au trône Franchois de l'Empereur Nicolas 1er, votre journaliste a recueilli les impressions de l'une des plus proches collaboratrices de Sa Majesté. Qui d'autre, mieux que Mlle Adèle, camériste du couple impérial, aurait pu nous confier les éléments d'un bilan sincère de ce début de règne?

Le journaliste: on peut dire que vous partagez l'intimité de l'Empereur?
Mlle Adèle: ça oui ! C'est moi qui fais le lit tous les matin et la couverture le soir… Je sais tout.
—Comment se porte le Bien Aimé?
—Sur ses pieds, toujours bien droit.
—Mais sa santé?
—Excellente, malgré qu'en ce moment, il flippe un peu. Comme il dit souvent: c'est du gros travail, la charge d'un empire!
—D'où vient cette mélancolie?
—De nulle part, vous alors! Sa Majesté, il est fidèle à Sa Gracieuse Lala, je peux jurer: moi, j'ai jamais vu de Mélancolie dans son lit.
—Je voulais parler de ses soucis, pas de sa vie privée…
—Ah, ça! C'est rapport aux rumeurs, que soi-disant y a des Franchois mécontents.
—En effet, il est question de sondages clandestins qui indiqueraient une légère baisse de popularité de Nicolas 1er. Qu'en pense-t-il?
—Que les Franchois sont des cons. À cause d'eux, il a donné un coup de pied au petit chien de Lala, et cassé exprès une potiche… Ah! et puis, il a traité le bon Saint-Henri et M. Cloclo le Béant de connards incapables… Si vous voulez mon avis, c'est le coup du prince Janou qu'est la cause de tout ça. Il a pas pu le nommer au poste qu'il voulait, à cause des médisances internationales et tout. Alors, il trouve que c'est la faute aux conseillers qui ont pas trouvé le moyen de vendre le truc à l'opinion, comme il dit. Faut dire que c'est un monde, quand même! Ça sert à quoi d'être empereur, si on peut pas faire ce qu'on veut dans son chez-moi? En plus, avec tout le mal qu'il s'est donné pour qu'on soye un pays moderne: la taxe sur les souliers, l'injustice fiscale comme des américains, l'industrialisation de l'hôpital, les parcs à chômeurs, et la prospérité qui revient, grâce au «faire travailler plus pour gagner plus»… C'est pas rien, ces choses! Il les répète tous les jours à Lala en ce moment, alors je les sais par cœur.
—En somme, est-ce un bilan positif, plutôt positif, ou très positif, que vous tirez des deux premières années de règne de notre maître à tous?
—Hyperpositif! Grâce au Bien Aimé, on est devenu un vrai pays de conte de fées: y a des gens qui rappliquent de partout pour nous voir. Vous pouvez l'écrire!
—Mlle Adèle, je vous remercie.
Propos recueillis par Le journaliste.

Muses innocentes: Rue89, Sarkofrance, PMA, Section socialiste de l'île de Ré, Je voulais vous dire…


jeudi 5 novembre 2009

Le juge Bruguière n'a rien à dire

Ce matin, Nicolas Demorand recevait sur France Inter un invité de marque en la personne de l'ancien juge Jean-Claude Bruguière. On sentait M. Demorand particulièrement d'attaque, persuadé qu'il était de nous donner à vivre un grand moment de radio. Pensez: l'homme qui a été la première vedette de la section anti-terroriste du Tribunal de grande Instance de Paris !

Aujourd'hui, alors que le voici libéré de ses fonctions de magistrat, et donc de la part la plus étouffante de son obligation de réserve, on pouvait attendre de lui qu'il jetât un nouvel éclairage sur les affaires qu'il avait eu à instruire, sinon des révélations sensationnelles. On attendait notamment des éléments solides permettant de comprendre son instruction de l'attentat de Karachi, une affaire remise en scène par l'actualité, et que ses implications politiques possibles rendent brûlante… Las! C'était oublier que l'ancien juge est devenu un adhérent actif de l'UMP, candidat malheureux à la députation, mais soutien éminent de Nicolas Sarkozy. C'était aussi sans compter avec le fait que M. Bruguière venait à la radio vendre sa salade, en l'occurence un livre intitulé «Ce que je n'ai pas pu dire»…

Disons-le tout net: inutile d'acheter le bouquin et d'apporter des droits d'auteurs en complément de retraite à M. Bruguière. Ce qu'il n'a pas pu dire hier, il ne le dit pas davantage aujourd'hui, s'il faut en juger par ses propos de ce matin, émaillés de «je le dis dans le livre», «mon livre», «le livre». Des généralités vaseuses, destinées à défendre mine de rien la prise en main de la justice par Nicolas Sarkozy, oui, il y en eut. Sur Karachi, on l'entendit confirmer qu'à ses yeux, il ne pouvait s'agir que d'un attentat d'Al-Quaida, et concéder que des questions pouvaient se poser sur les commanditaires.

«Vous êtes dur à accoucher», constata Demorand, dont tous les efforts, et ceux de ses co-interviewers furent vains à obtenir des réponses claires aux questions. M. Bruguière se défendit de pratiquer la langue de bois, et sans doute était-il sincère. Le timbre fâcheusement pâteux de sa voix aidant, c'est plutôt de la langue de mastic, glissée dans les moindres failles d'un discours de bois, qu'il nous fut donné d'entendre.

P-S. Lectures du matin, chez Juan: Affaire Coupat, qui est coupable? À voir chez Rimbus: une critique d'un autre livre, celui de Jacques Chirac… Et la contribution de Me Eolas au débat sur l'identité nationale… Enfin, le coup d'œil de PMA sur le demi-mandat de Nicolas Sarkozy…

mercredi 4 novembre 2009

L'ouverture à droite pour demain?

Quand une idée est dans l'air, quelqu'un finit toujours par l'attraper. J'avais pensé, la semaine dernière, un soir de panne d'inspiration, suggérer au PS de rendre à Nicolas Sarkozy la monnaie de sa pièce en pratiquant l'ouverture à droite. Et pour cela, offrir à Rama Yade de rejoindre les rangs de l'opposition, puisqu'elle semble en disgrâce au sein de la cour.

Évidemment, s'agissant d'une ministre, forte d'une belle popularité, il n'aurait pas été question de lui proposer une place debout parmi les militants, non plus qu'un strapontin dans les instances départementales… Il eut fallu autre chose, mais quoi? Je me heurtai à mes lacunes dans la politique de haut niveau, où il est nécessaire d'avoir au moins des notions de parachutisme, ce qui n'est pas mon cas. C'est la raison pour laquelle je renonçai finalement à m'amuser sur ce sujet.

Pour être franc, je dois ajouter que la crainte des critiques acerbes qu'un billet aussi désinvolte aurait pu me valoir, a aussi joué. On m'aurait dit, avec raison, que le PS et le peuple de gauche ont besoin de gens de conviction, pas d'opportunistes. Je sais bien que la tentation aurait été grande pour moi de rétorquer en demandant combien de personnes, dans l'appareil dirigeant du PS, ont choisi d'adhérer à ce parti pour défendre l'idéal socialiste, et combien par carriérisme? Les nomades de la blogosphère étant pour la plupart des jeunes gens encore attachés à des illusions, mon objection aurait peut-être choqué.

Quoi qu'il en soit, cette suggestion d'apparence farfelue a gagné aujourd'hui droit de cité, puisque la presse prête à Michèle Sabban, vice-présidente du PS en Île-de-France l'intention «d'accorder l'asile» à Rama Yade. Les détails sont à lire dans le Canard Enchaîné de cette semaine, ou sur le site du Nouvel-Obs, sans garantie d'y trouver mieux qu'une présentation de la dernière blague anti-sarkozyste.
À l'heure où j'ai lu l'article on pouvait noter des réactions indignées, conformes à ce que j'envisageais plus haut: certaines condamnant le peu de cas fait des convictions de Mme Yade, d'autres fourrant celle-ci dans un sac d'exécrations sarkozystes, d'autres enfin lui ouvrant les bras par avance. On comprend ces derniers, la dame étant des plus séduisantes. J'ajoute que je ne puis me défendre d'une vraie sympathie à son égard, depuis son arrivée au gouvernement. On ne lui confia que des rôles ingrats de potiche, auxquels elle parvint à donner parfois un peu de relief, et, ces derniers temps, certaines de ses prises de position ne manquaient pas de courage. Je fais allusion aux affaires F. Mitterrand et J. Sarkozy, non aux histoires de niches sportives qui m'indiffèrent.

Quant à l'immoralité de ces jeux de chaises musicales, même théoriques, elle me semble trop évidente pour mériter de s'y étendre. Restaurer les valeurs de notre république n'est pas une question de casting, mais de démocratie. On y viendra peut-être un jour?

P-S. «Il n'existe probablement aucune société qui ne traite ses morts avec égards», écrivait C. Lévi-Strauss dans Tristes tropiques. Lui même vient de mourir, mais Didier Goux juge que la blogosphère ne lui accorde pas la place qu'il méritait… J'ai trouvé ce soir au moins un autre article qui lui est consacré, chez Ferocias, un blog littéraire, il est vrai —sans compter le billet d'Olivier Bonnet, plus politique.

P-P-S. À ne pas louper chez Seb: un très bon article sur La peur du déclassement