dimanche 28 février 2010

Sept chats passent à table

Le rébus de ce dimanche n'était pas particulièrement difficile, je le croyais même facile —je l'ai dit à je ne sais plus qui… À l'arrivée pourtant, il y a peu de bonnes réponses, par rapport au nombre de personnes qui semblent avoir jeté un coup d'œil au dessin. Sept visiteurs ont trouvé la solution, avec par ordre d'entrée en piste: Epamin' , Captaincossard (au pseudo bien trouvé puisqu'il ne s'est pas donné la peine d'indiquer sa lecture du rébus), le duo des fameux Castor, Madame.b, évidemment, Colibri, et enfin Mona, qui s'est avisée de justesse de la différence entre le pou et le morpion, qui, s'ils aiment l'un et l'autre le couvert pileux, ne fréquentent pas la même auberge.
Ceux et celles qui ont donné leur langue au chat sont priés de servir…
Bravo aux gagnants et merci à tout le monde!

Rébus



Dans ce rébus se cachent le prénom et le nom d'une personnalité politique —d'une quelconque région du monde et de n'importe quelle période historique… (vous pouvez cliquer sur l'image pour l'agrandir) Solution dans la soirée, la modération des commentaires est activée.

vendredi 26 février 2010

Merlin l'enchanteur contre kadhafi l'emmerdeur


Si j'étais breton, ces jours-ci j'irais me balader dans la forêt de Paimpont, qui, comme aucun blogueur ne l'ignore, est un vestige de l'ancienne Brocéliande. Je m'y mettrais en quête de cette grotte, ou de cet arbre creux pour le moins millénaire, on ne sait, ce lieu en tout cas facile à trouver puisque marqué de neuf cercles, où la fée Viviane emprisonna Merlin l'enchanteur pour l'éternité.

Pourquoi faire? D'abord par humanité, pour délivrer ce brave homme qui doit trouver le temps long depuis l'époque d'Uther Pendragon. Je n'ignore pas qu'un tel geste aurait pour moi de lourdes conséquences, puisqu'il me faudrait ensuite prendre ce vénérable vieillard en charge. Lui obtenir un titre de séjour, le statut de réfugié politique, ce qui devrait pouvoir se faire, en l'ayant tout juste tiré de geôle. Ce serait bien le diable s'il n'obtenait pas la nationalité française à la fin, à moins que messieurs Besson et Sarkozy ne lui demandent de prouver une filiation gauloise impeccable, ou que les Anglais ne veuillent le récupérer…

Bon, il serait toujours temps de voir ça, une fois l'homme ramené dans le monde et qu'il m'aurait rendu le petit service motivant mon intervention en sa faveur. Je ne crois pas qu'il me le refuserait, pour lui ce serait si simple: un claquement de doigts, une formule magique, et hop!

Hop quoi? Dès cet instant, Mouammar Kadhafi, ce lièvre de Mars tombé sur la terre, ne pourrait prononcer une phrase sans cracher trois petits boudins noirs en ponctuation. Oui, oui, je trouve ça plus adapté à son cas que les crapauds. Nul doute que plus d'un lecteur (dans la mesure où il y en aura plus d'un, ce qui n'est jamais gagné), trouvera ce sortilège bien cruel pour un musulman. C'est un fait, et que l'on me comprenne bien: je n'ai rien à reprocher ici aux musulmans, mais au tambour-major Kadhafi, si.

Des années après avoir commandité des attentats contre les pays occidentaux —comme l'explosion d'un Boeing 747 au dessus de Lockerbie, dans laquelle disparut, entre 270 autres, une jeune fille amie de ma fille—, on le croyait rangé des voitures. Il avait fait amende honorable et les chefs d'entreprises à la tête de nos républiques, voulant croire à ses bons sentiments, à son pétrole, à ses dollars, l'avaient réintégré dans leur club.

Comme il arrive avec certains grands nerveux, M. Kadhafi rechuta, hélas, à la suite du traumatisme que fut pour lui le bref emprisonnement de son fils Hannibal à Genève. Il prit deux otages suisse en représailles. Les Suisses répliquèrent en empêchant 180 personnalités libyennes d'entrer sur le territoire européen jusqu'à nouvel ordre.

Et là, Mouammar péta les plombs une fois de plus: il appelle désormais à la guerre sainte de l'islam contre la Suisse, se référant à l'interdiction de construction de minarets que l'on sait. Bien entendu, c'est une plus belle cause à présenter à ses coreligionnaires enflammés, que l'interpellation de son voyou de fils… Et cela vous donne après coup, une drôle de coloration guerrière à l'affaire des minarets: voilà que par le verbe djihadiste du quartier-maître Kadhafi, ces malheureuses constructions vous prennent un air d'invasion venue du désert. Kadhafi est une plaie du monde: s'il vous plaît, qu'on lui fasse cracher des boudins afin que son propre peuple se détourne de lui avec dégoût!

source Merlin et Viviane dans Brocéliande

P-S comme moi sur l'annexe, M. Poireau se risque dans le concours de billets d'amour lancé par See-Mee… Après Dedalus et Gauche de combat, Rimbus fait le point sur la journée du No Sarkozy Day…

jeudi 25 février 2010

Frédéric Lefebvre au secours de la morale politique

Avec la querelle à propos d'Ali Soumaré, l'UMP a voulu prendre par les mauvais sentiments une opinion publique qui n'en est jamais avare, pourvu qu'on l'y aide un peu. Son attaque s'est révélée si mal armée, que la défaite a dévoilé sa nature: un vulgaire coup bas, très éloigné de la vertu dont prétendaient se parer ses initiateurs. Mais on sait que l'UMP tient beaucoup à porter l'étendard de la vertu en matière d'ordre public, malgré les cascades d'échecs et de bavures dont elle peut se déshonorer depuis que la sécurité est aux mains de son chef, Nicolas Sarkozy.

Aussi, son porte-parole Frédéric Lefebvre s'est-il dépêché de repartir à l'assaut sur le front de la morale. Xavier Bertrand peut bien juger la situation «clarifiée», pour M. Lefebvre «il faut qu'il y ait un avant Soumaré et un après Soumaré»… Il propose que le casier judiciaire des candidats devienne public, et que soient écartés des fonctions électives les gens condamnés en raison de «violences contre des personnes».

C'est d'une part faire bien peu de cas de l'idée de justice rendue, qui prévoit rarement de faire peser toute la vie le poids d'une faute passée et payée, sur les épaules d'un coupable. D'autre part c'est dénier par avance aux fauteurs de violences toute possibilité de changer. La violence des jeunes a toujours existé, cela ne la rend certes pas excusable, mais plus d'un politique est vraisemblablement passé par là… Dans les années 50-6O, que j'ai connues, ce sont les «blousons noirs» qui alimentaient les fantasmes anti-jeunes. Avec leurs chaînes de vélo, leurs bagarres, ils effrayaient, et remplissaient souvent les commissariats. La quasi totalité de ces terreurs des cités finissait son adolescence, trouvait du boulot, une femme, faisait des enfants… Et l'on n'entendait plus parler des anciennes terreurs.

Chez Nicolas, qui a traité ce sujet avant moi, comme d'autres, on évoquait aussi le cas des condamnations de politiques pour des malversations commises dans le cadre de leurs fonctions. Et là, je persiste à penser ce que j'écrivais dans un ancien billet dont j'ai perdu la trace: les actes d'un élu doivent être irréprochables. Si M. Lefebvre voulait réellement faire entrer la morale dans la politique, c'est en ce domaine qu'il y aurait à légiférer, et à purger sérieusement les rangs de nos élus. Un maire, un député, un sénateur, un ministre…, convaincus un jour de la moindre corruption sont soupçonnables pour toujours, quand un jeune homme ayant déraillé un moment conserve toutes ses chances de devenir un type bien.

P-S pour une fois, je fais ma propre pub: Romance, c'est à lire sur l'annexe… Et Martine nous parle théâtre à nouveau, de «Tori no Tobu Takasa» pour être précis… Jeffanne souhaite joliment un bon anniversaire à Gaël (ce que j'ai déjà fait chez lui)…

mercredi 24 février 2010

Le chômage à la hausse, la parole de N. Sarkozy en faillite

Nicolas Sarkozy nous l'avait annoncé en 2007: «Chaque fois qu'une femme sera martyrisée dans le monde, cette femme devra être reconnue comme citoyenne française…»… Ces jours-ci, comme le rappelait Didier Porte sur France Inter aujourd'hui, une jeune femme marocaine maltraitée par son frère a été expulsée de France, où elle vivait…

Nicolas Sarkozy nous l'avait annoncé en janvier: «dans les semaines et les mois qui viennent, vous verrez reculer le chômage». Il avait accompagné cette promesse d'une sentence sans appel sur le choix «catastrophique» des 35 heures: «le travail ne se partage pas, la richesse crée la richesse»…

Moins d'un mois après, le destin, souvent sans pitié pour les baratineurs de sa trempe, nous dévoile l'inconsistance de sa parole. À la différence de ce qui avait été annoncé, le mois de décembre 2009 a été mauvais en matière d'emploi. Le mois de janvier 2010 aura même été pire avec une forte hausse du chômage. Sur une année, on compte désormais 34400 demandeurs d'emplois en plus, nous apprend le Figaro

P-S, deux textes à recommander: «Solution hydroalcoolique» de Balmeyer, et «Ne doute pas quand…» sur Ruminances, signé par Lediazec.



mardi 23 février 2010

Monsanto et l'étique scientifique

Au mois Octobre 2008, Contre Info nous informait que Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne venait de constituer une commission de travail secrète, chargée d'imposer les OGM aux opinions publiques de nos pays… On n'a plus entendu parler de cette commission de travail, mais il est peu probable qu'elle soit restée inactive. Ces temps derniers, M. Barroso étant toujours à la tête de la Commission de l'UE, on parlait à nouveau d'autoriser les OGM en Europe… Et voilà qu'aujourd'hui, le site de Contre Info, encore lui, nous apprend qu'un ancien directeur de Monsanto, la firme tristement connue, en pointe dans la fabrication d'OGM, d'herbicides, et autres gourmandises, falsifiait ses données scientifiques à l'intention des autorités. Cela s'est passé en Inde, où M. Jagadisan vient de faire ces révélations. L'Inde, c'est loin, cela ne veut évidemment pas dire que les autres filiales de Monsanto recourent aux mêmes pratiques ailleurs dans le monde. Évidemment?

P-S: Mrs Clooney s'adresse à son ado, mais c'est valable pour beaucoup d'autres. Rébus a perdu une liste précieuse. Après avoir apporté mon soutien à Hélène Mandroux, sur l'appel de PMA, j'ai lu chez Romain d'étonnants éclaircissements sur la position de certains dans les Frêches régionales en Languedoc-Roussillon…

lundi 22 février 2010

Caricatures scandaleuses, ça suffit!


C'est toujours au bout du monde que ces sales coups se font… Vous vous souvenez des caricatures de Mahomet (que Dieu le garde bien, près de lui)? Ça s'est passé à l'origine au Danemark, presque au pôle nord. Les impies se croyaient à l'abri, tellement au frais dans leurs neiges qu'aucun musulman intégriste n'irait les embêter. Ils se gouraient, il y a des croyants en parka polaire qui ont tout vu.

Chez nous, il y a des petits malins qui ont cru bon de soutenir les dessinateurs danois, et vous avez vu le résultat? M. Sarkozy, ministre de l'intérieur, vole au secours de Charlie. Le directeur de ce journal est tellement ému qu'il en vire quelques années après le vilain Siné, agresseur de cet autre Mahomet de la République, Nicolas Sarkozy. Total: on se retrouve aujourd'hui avec Philippe Val aux commandes de France Inter, prêt à couper à la première occasion toutes les langues qui déplaisent au château…

Je reviens à mon début: c'est toujours au diable vauvert que les profanations se perpètrent. La dernière, la pire de toutes à mes yeux, vient de se produire en Inde. Où va se nicher le vice, dans l'état de Meghalaya! Figurez-vous, amis lecteurs, amies lectrices de pieuse obédience, que sur ce territoire assurément livré au démon, on vient d'attenter à l'image du Christ.

C'est arrivé dans des écoles primaires catholiques, caché dans un manuel scolaire d'apparence studieuse … Au détour d'une page, que découvrent les innocentes têtes brunes de là-bas? Une illustration du mot «idole», représentant Jésus-Christ. Et comme si l'association du terme idole au Sauveur du monde (parfaitement, ils nous a tous sauvés, même les Danois et les Meghalayens. Pour les Libyens, je ne sais pas), comme si cela ne suffisait pas, le mécréant dessinateur a rajouté une couche… Jésus-Christ est représenté avec une cigarette dans une main, et une canette de bière dans l'autre! Tel qu'il aurait pu apparaître aux fidèles de comptoir du Kremlin-Bicêtre, oui.

C'est pourquoi nous devons nous aussi réagir, et réclamer du Pape qu'il prononce une fatwa de chez nous, ça doit bien exister dans les grimoires. Tout pratiquant intègre pressé de rejoindre les saintes du paradis, doit pouvoir se mettre en route sans retard avec sa ceinture de dynamite, son coutelas, son suppositoire de nitroglycérine. La cible? Les éditions Skyline de New Delhi pour commencer, le dessinateur infâme ensuite, dès qu'il sera identifié —l'enquête est en cours. Et que Dieu accorde au martyr le même divan que Mahomet.

Source: Le Matin.ch

dimanche 21 février 2010

On ferme!

Le rébus n'était pas difficile, aujourd'hui, mais il y a eu nettement moins de visiteurs que dimanche dernier. Cinq personnes seulement ont proposé une solution. MahtRo7i, la plus vive, Madame.B, championne olympique de la discipline, Mtislav, autre habitué de ce podium à une seule marche, tout comme la Mère Castor et son époux… Tous les cinq ont donné la bonne réponse, on l'aura compris. Avec mes félicitations, je leur adresse un chaleureux merci pour leur fidélité!

Le rébus du dimanche


Trouvez le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique, cachés dans ce rébus (vous pouvez agrandir l'image en cliquant dessus).
Rappel: cette personne peut appartenir à l'Histoire de n'importe quel pays, et de n'importe quelle époque.
Pour tenir les réponses secrètes, les commentaires seront modérés jusqu'à 20h30, environ…

samedi 20 février 2010

Une semaine de coucou

Lundi, la France publie en fanfare SA liste noire des paradis fiscaux, réduite à 18 pays, sur les 71 épinglés par les organisations anti-corruption. Bibi en commentaire ici, regrette notamment l'absence de Chypre et du Luxembourg…

Mardi, en écho à un article publié dans Courrier international, mon billet parle de l'Afghanistan et des Talibans… C'est M. Poireau, cette fois, qui en tire la morale en commentaire: «C'est une règle de base,face à un reportage, de s'interroger pour savoir d'où parle le journaliste»… Nous sommes d'accord.

Mercredi, Bernard Kouchner de passage en Suisse, vole au secours du grand démocrate Kadhafi et fait la morale à nos voisins. Interdire de séjour dans l'espace Schengen 180 Libyens, alors qu'on pourrait conclure de si juteuses affaires à Tripoli, cela ne se fait pas!

Jeudi, mon billet parlait encore de la Suisse, de l'Europe et de Kadhafi, mais j'aurais mieux fait de m'intéresser à la visite du dalaï lama en Amérique. Ce jour là, en effet, il a rencontré Barack Obama, tandis que les dirigeants chinois s'étranglaient de rage à Pékin. Un jour où l'autre, les Chinois quitteront le Tibet avec armes et bagages. Voici ce qu'écrivait le Père Huc, voyageur français, dans les années 1840:

«A toutes les époques, les Chinois et les Thibétains ont eu ensemble des relations plus ou moins importantes; souvent ils se sont fait la guerre, et ont cherché à empiéter sur les droits des uns et des autres (…) La dynastie tartare-mandchoue, comme nous l'avons déjà remarqué ailleurs, a compris, dès le commencement de son élévation, combien il lui était important de se ménager l'amitié du talé lama, dont l'influence est toute-puissante sur les tribus mongoles. En conséquence, elle n'a jamais manqué d'avoir à la cour de Lha-Ssa deux grands mandarins revêtus du titre de KinTchai, c'est à dire, ambassadeur ou délégué extraordinaire…»

Il est regrettable que les Tibétains, lors de l'occupation de leur pays, n'aient pas été mieux armés, pour battre à plate couture des envahisseurs qu'ils avaient si souvent repoussés dans leur histoire. L'armée chinoise n'est redoutable que pour écraser son propre peuple, on aurait du mal à lui trouver quelques victoires significatives à travers les siècles —l'invasion du Tibet à l'époque contemporaine, mise à part. Sa dernière défaite ne date pas de très longtemps: tout près de nous, en février 1979, les soldats de «l'Armée populaire de libération» envahissent le Viêt Nam… et se retirent piteusement après moins d'un mois de combats.

Vendredi, je me suis bien amusé avec les ancêtres de Nicolas 1er. Personne ou presque n'est venu le lire, tant pis.

Aujourd'hui samedi, j'ai appris qu'Hubert Védrine, ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, est intervenu dans un colloque consacré à l'Afghanistan. J'ai été soulagé de lire sur Mediapart.fr l'essentiel de ses propos et pourquoi il faudra prolonger la présence militaire des occidentaux. Au moins a-t-il une vision claire de la situation, à la différence de M. Sarkozy qui n'a pas grand chose à nous dire sur le sujet. La position de M. Védrine me rassure quant à l'idée que je me faisais, simple citoyen, de l'utilité de notre engagement là-bas, pour notre sécurité ici.

vendredi 19 février 2010

De l'ail dans le berceau de Nicolas 1er

Je suis abonné au Journal pour plusieurs raisons… D'abord parce que c'est obligatoire, l'abonnement fait partie de la redevance médiatique sur ma feuille d'impôts. Ensuite, j'aime bien lire, c'est distrayant, et puis ça m'aide, vu que j'ai l'habitude de le faire aux toilettes, avant de partir au boulot. Quand je dis lire, bien sûr, je parle surtout de regarder les images, et pas de me taper les douze pages d'articles du Journaliste! C'est un canard copieux, dans les l20 pages, par là… C'est vous dire qu'il est bourré de pub, avec de la belle bagnole, des femmes extraordinaires, des photos de petits coins du paradis sur terre où je n'irai jamais… Bref, Le Journal, j'apprécie.

La deuxième raison de mon abonnement, c'est que je l'achèterais même si je n'y étais pas obligé. Vous vous demandez pourquoi? Eh bien! c'est mon côté rebelle, voyez-vous. Avec Le Journal, je peux m'informer tout seul, quand je veux, comme je veux, aux chiottes. Par contre, on est tous obligés de regarder les informations officielles de Télé-Nicolas à heure fixe, avec un soldat de l'empereur dans la salle à manger qui vous surveille. Pas question de baisser le son ou d'aller pisser un coup pendant la retransmission du discours quotidien du Bien Aimé! Ma femme et moi, on fait semblant d'être attentifs, mais en réalité, on pense à plein de trucs plus marrants. Je ne vous dirai pas lesquels.

Je suis abonné au Journal, et ce matin, en ouvrant le dernier numéro à droite (chez nous les WC, c'est la première porte à droite dans le couloir, qu'on sorte de la salle à manger ou de la chambre)… Donc, en ouvrant Le Journal, j'ai failli m'asseoir à côté de la cuvette: tous les articles du Journaliste étaient consacrés aux origines de l'empereur. Vous pensiez peut-être comme moi, que le Bien Aimé était un pur Franchois de père en fils depuis Vercingétozy, mais pas du tout!

Son grand-père Viktor était un immigré de Transylvanie, jeune et brillant diplômé en vampirologie. Amoureux de notre pays et plein d'ambition, il espérait bien se faire chez nous une place au clair de lune… Il demanda donc sa naturalisation franchoise, ainsi que l'autorisation d'exercer son art…

Ceux qui se plaignent aujourd'hui des difficultés qu'il y a pour un étranger à devenir sujet de l'empire, feraient bien de méditer sur son exemple. En effet, à cette époque, les vampirologues franchois étaient fort jaloux de leur spécialité, ainsi que d'une clientèle plutôt réduite, car le vampirisme était loin d'atteindre le niveau actuel. Leur lobby, très influent au parlement de la Gueuse, luttait contre l'installation de confrères venus de Transylvanie, dont ils redoutaient les talents.

La demande de Viktor fut donc rejetée à de nombreuses reprises. Il aurait probablement fini par se décourager, s'il n'avait rencontré un jour chez des amis la fille d'un gros producteur d'aïl de Basse-Gaule. Ce fut le coup de foudre, et ils se marièrent dans l'année… Je n'ai pas encore eu le temps de lire la suite, mais je la devine: la petite graine était dans son sillon, d'où rejaillirait un jour lointain notre génial Nicolas 1er!

Source lointaine: Le Nouvel Observateur n°2363

P-S. mes vœux de parfait rétablissement à Didier Goux! FalconHill part en guerre contre les radars…

jeudi 18 février 2010

La Suisse entre l'Europe et Tripoli

S'il faut en croire Rue89, «c'est la saison des foires à Tripoli»… Le maréchal Mouammar Kadhafi a 70 milliards de dollars à dépenser dans la reconstruction de son pays. On devine la fébrilité des gens d'affaires dans le monde, et en Europe particulièrement. Voilà sans doute pourquoi ces jours-ci, Franco Frattini, diplomate en chef d'Italie, d'abord, puis Bernard Kouchner, ministre de Nicolas Sarkozy pour les choses étrangères, se sont irrités contre la Suisse.

Les Suisses, se prévalant des règles de l'espace Schengen, dont ils font partie, ont en effet interdit de séjour en Europe 180 personnalités Libyennes. En particulier, nos voisins se sont opposés récemment à la visite privée à Berlin de l'un des fils chéris du capitaine-général Kadhafi. Chaque fois qu'un Suisse ose toucher si peu que ce soit à sa progéniture sacrée, le lieutenant-colonel de Tripoli voit rouge.

Dans le temps, quand il était un peu plus jeune, pour une offense de ce genre, il vous aurait fait sauter en vol un aéroplane de la Swiss International Air Lines. Souvenez-vous de la destruction d'un appareil de la PanAm au-dessus de Lockerbie, en 1988, et de la destruction d'un DC-10 français d'UTA dans le désert, en 1989. Bilan: 270 morts dans le premier cas, 170 dans le second.

Bon, l'adjudant Mouammar a vieilli, ce n'est plus le fringant démiurge de ses débuts putchistes, quand il voulait remodeler l'Afrique, et faisait battre le cœur des femmes au rythme de ses longs cils —si, si, j'en connais! Maintenant, il a des poches sous les yeux, même quand il voit rouge. C'est pourquoi il a simplement bloqué l'octroi de visas à tous les résidents de l'espace Schengen. Privés de foire, les hommes d'affaires italiens, les français, les belges, les allemands, les espagnols, et j'en passe…

Intolérable! La Suisse, ce pays minuscule, tout juste plus grand que Monaco ou le Luxembourg, et même pas membre de Union Européenne, nous empêcherait de conclure de juteuses affaires avec le major Kadhafi? Ben oui, les accords internationaux sont faits pour être respectés, et j'espère qu'il tiendront bons, les petits suisses!

Les hommes d'affaires sont fâchés? Que diraient-ils s'ils étaient retenus en otages à Tripoli depuis plus d'un an, comme le sont deux autres hommes d'affaires, suisses?
Souvenons-nous qu'à l'origine, comme je le rappelais dans le billet d'hier, c'est l'interpellation à Genève de l'autre fils adoré du caporal Kadhafi qui alluma le conflit entre la Libye et la Suisse. Hanibal Kadhafi s'était conduit dans une démocratie comme un fils de dictateur brutal. On l'avait fichu au trou… Espérons que l'Europe saura garder sa dignité et qu'elle ne fera pas pression sur la Suisse pour s'incliner devant un despote criminel.


P-S Abadinte s'intéresse à: «10 propositions pour améliorer le bien-être au travail», Jean nous offre deux vidéos rafraîchissantes, Hermes a publié deux très bons billets, je ne sais lequel choisir, enfin Balmeyer nous ouvre un abîme d'incertitudes avec «Vétérinaire pour les poissons»…

mercredi 17 février 2010

Quand Bernard Kouchner sert le couscous à Kadhafi


Je viens de lire ça dans la Tribune de Genève, et je balance entre dégoût et accablement. L'homme qui inventa un jour au Biafra l'humanitaire laïque et entreprenant, moderne, mais en contracta le mal des dents longues, l'homme au sac de riz, l'homme du dos officiellement tourné au dalaï lama, le commis aux petites affaires étrangères du président, Bernard Kouchner enfin, en est la cause…

C'était hier soir sur TSR, la télévision suisse romande, on venait de lui demander si la France ne devait pas faire preuve de solidarité dans le conflit qui oppose la Suisse à la Libye. B. Kouchner le prit de haut, ironisant sur le mot solidarité et le fait que la Suisse n'appartient pas à l'Union européenne.

Par contre, avec un culot digne de son maître Nicolas Sarkozy, M. Kouchner a dénoncé les restrictions de visas que la Suisse impose aux Libyens. «Cela ne peut pas durer», a dit le prince de l'opportunisme, comme si sa parole bénéficiait encore du moindre crédit où que ce soit. De la situation des deux otages suisses du colonel Kadhafi, il n'a rien dit, passant donc sous silence l'origine du différent qui empoisonne les relations Suisse-Libye depuis plus d'un an.

Rappelons les ici, ces origines: en 2008, Hannibal Kadhafi, digne rejeton du dictateur son père, est interpellé pour avoir maltraité deux employés de maison dans un grand hôtel de Genève. Détenu un moment, ainsi que sa femme, il sera libéré après versement d'une forte caution. Hannibal le voyou est un habitué des violences contre les faibles —comme son épouse qu'il frappa en 2005 à Paris, dans un hôtel déjà. La nuit de Noël 2009, c'est encore dans un palace, londonien cette fois, qu'il dérangea la police, et que sa femme partit sur une civière, le visage ensanglanté à cause d'une «mauvaise chute»

Kadhafi père, le grand Mouammar démocrate et pacifiste bien connu du monde, retira de l'humiliation infligée à son fils par les genevois une rancune tenace. Deux hommes d'affaires suisses en firent les frais, retenus de force à Tripoli sous des accusations de fantaisie. Depuis lors, les relations entre les deux pays passant par les hauts et les bas de la diplomatie sinueuse de Kadhafi, et ses renvois d'aigreur, cette affaire des otages traîne.

Kadhafi, on le sait, cherche à isoler la Suisse en Europe ; va-t-il y réussir, avec l'aide d'une France servile ? On se doute que ce ne sont pas les frasques du fiston Hannibal qui choqueraient le locataire de l'Élysée. Dans le fond, et toutes proportions gardées, ils sont un peu du même monde.
source image

P-S. j'ai lu et bien aimé: «Sacré MEDEF» chez Gaël, ce billet d'Éric de Mulhouse, et puis un texte de Zoridae, découvert aujourd'hui seulement: «Il faudra décrocher le père Noël»

mardi 16 février 2010

Les talibans, chiendent inextirpable?


Comme tous les affrontements, le conflit d'Afghanistan donne lieu au bourrage de crâne tous azimuts. Chaque camp déploie au moins autant de moyens dans l'intoxication médiatique qu'au combat. Personnellement, cela m'importerait peu, pourvu qu'au bout du compte ce qui constituait le but initial de cette guerre, l'extirpation d'Al-Qaïda de ses sanctuaires afghans et frontaliers, soit atteint. Ensuite, si la paix doit se faire tôt ou tard avec les talibans et les pieux brigands des montagnes, eh bien, que l'Histoire passe… En attendant, il n'est tout de même pas sans intérêt de savoir ce que pensent de la situation des observateurs locaux se disant sans parti-pris…

«Si les déclarations des talibans sont à prendre avec des pincettes, les reportages des médias et surtout ceux des Occidentaux sur les forces de coalition qui occupent actuellement l'Afghanistan ne sont pas paroles d'Evangile non plus.»

Ainsi débute un article du Frontier Post, un quotidien pakistanais, qui rappelle à ses lecteurs que la plupart des informations viennent de journalistes intégrés dans l'armée occidentale. Le tableau de l'offensive de Marjah, brossé par l'auteur de l'article, est sans complaisance pour les alliés de son pays, le Pakistan. Il n'oublie pas de souligner que les talibans ont un avantage précieux: «cette terre est la leur»… Ce qui en fait ces poissons dans l'eau que l'on évoquait autrefois en parlant des partisans du FLN dans Alger. Et cela change beaucoup de choses, en effet.

En dépit de la neutralité affichée, l'article dont je parle ne déborde pas de sympathie pour la coalition, je crois. Néanmoins, c'est un regard tout à fait saisissant qu'il porte sur les réalités du terrain et l'avenir de cette guerre. La traduction est à lire lire absolument, sur Courrier International!

Taliban in Herat: source photo

P-S en complément, je signale quelques jolis portraits de Seigneurs de la guerre, à découvrir chez Rimbus.

lundi 15 février 2010

Paradis fiscaux : la France accouche d'une liste naine

Après une longue, longue réflexion, la France vient d'adopter sa liste noire des paradis fiscaux… Les ministres de l'Économie et du Budget, Christine Lagarde et Éric Woerth, en ont communiqué le contenu. La liste est moins étoffée que celle de l'OCDE, qui compte 23 pays —elle-même très éloignée des 70 territoires évoqués il y a peu par Eva Joly.

Au tableau noir à la française, on relève donc 18 paradis de la corruption fiscale:
Anguilla (Caraïbes), Belize (Amérique centrale), Brunei (Asie), Costa Rica (Amérique centrale), Dominique, Grenade (Caraïbes), Guatemala (Amérique centrale), Iles Cook, Iles Marshall (Océanie), Liberia (Afrique), Montserrat (Caraïbes), Nauru, Niue (Océanie), Panama (Amérique centrale), Philippines (Asie), Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines (Caraïbes).

Le gouvernement Français donne quelques raisons de son choix restrictif, comme le fait d'en écarter les pays ayant signé des accords d'échanges d'informations avec le nôtre. C'est en effet un bon argument, mais cela n'empêchera sans doute pas les adversaires de la corruption internationale de grincer des dents. Pour ne prendre qu'un exemple: où sont donc les Îles Caïmans, chères au cœur et au coffre fort de nos voisins britanniques? Ces îles qui ont servi pourtant d'abri à tant de magouilles infectes de nos grands délinquants d'affaires.

P-S «La botte secrète», un billet à ne pas manquer, chez Arf! Et j'ai envie de recommander aussi la lecture de «Stiglitz, la crise et les bulles», chez Seb Musset…

dimanche 14 février 2010

Fidel Castor emporte la palme

Eh bien, je croyais que ce rébus plutôt facile n'aurait aucun gagnant, mais je me trompais… Fidel Castor est arrivé en sifflotant, après la dispersion des joueurs déconfits…, avec la bonne réponse s'il vous plaît. On se lève pour acclamer M. Castor, merci!

Le rébus du dimanche

En franglais

Trouvez le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique cachés dans ce rébus (vous pouvez agrandir l'image en cliquant dessus).
Rappel: la personne en question peut appartenir à l'Histoire de n'importe quel pays, et de n'importe quelle époque .
Les commentaires seront modérés jusqu'à 20h30, environ…

samedi 13 février 2010

Quiz de la semaine


Le week-end est propice aux divertissements, même si certains, comme Yann Savidan, qui lance un concours de contrepets, n'hésitent pas à s'amuser dès le mercredi. Plus conventionnel, j'attends personnellement le dimanche, quoique j'aime bien rire de l'actualité, s'il se peut, toute la semaine. C'est pourquoi je propose de temps à autre aux visiteurs fidèles un petit retour sur les billets de la semaine en forme de quiz…

Ainsi hier, Vendredi, il était question ici de «zones spéciales» projetées par Éric Besson, qui présentent la particularité d'être mouvantes sur le territoire, au gré de l'urgence des situations. Quelle sera la destination de ces zones?
1— permettre aux agents des forces de l'ordre d'uriner sur la voie publique dans un espace où il sera interdit de les photographier?
2—remplacer les actuels centres d'attente des immigrés clandestins, afin d'accélérer les procédures d'expulsion?
3— créer des réserves de Français de pure souche, dont l'identité nationale sera sans faille depuis au moins dix générations?

Le billet de jeudi rapportait un cas de censure insolite dans le monde de l'art, émanant d'une autorité, la direction de l'École des Beaux arts, que l'on imaginait encline à aimer les artistes et leurs insolences… L'objet de cette censure était une œuvre:
1— de Siu Lan Ko, deux bannières noires avec des inscriptions formant la devise: «travailler moins, gagner plus»?
2— de Nefisa, un croquis couleur de sang, représentant «un parfait inconnu, nu, assis sur une chaise de bar»?
3— de Dimitri Ploucho, une banderole immatérielle accrochée de part et d'autre de la rue, sur laquelle ne figurait rien.

Mercredi, j'évoquais l'affaire de l'adolescente de 14 ans, placée en garde à vue dans son jogging de nuit. Cette mésaventure a entraîné de fortes réactions:
1— des avocats, qui réclament une profonde réforme de la garde à vue?
2— des policiers, qui se disent en position de boucs émissaires et craignent d'être dépouillés de l'une de leurs armes favorites?
3— de Nicolas Sarkozy, qui annonce une loi pour interdire aux mineurs le port du jogging au lit?

Mardi, 176 lecteurs seulement, pour un billet sur loppsi 2… Le sujet était pourtant d'importance, puisque tout le monde sait à présent que cela concerne:
1— une loi destinée à régler globalement le problème de la burqa, du 8 mars, et de l'accès à la machine à laver pour toutes et (surtout), tous?
2— une loi sur la sécurité intérieure, qui rapprochera un peu plus la France de l'idéal d'un monde orwellien dont semble rêver notre président?
3— le projet de construction d'une navette spatiale capable d'effectuer un double looping hors de l'atmosphère?

Lundi, il s'agissait ici de répondre à une chaîne sur les élections régionales, lancée par Mathieu… Il posait trois questions parmi les suivantes:
1— Voterez-vous lors de ces élections?
2— Si non, avez-vous une idée de ce que vous ferez ce jour là?
3— Si oui, savez-vous déjà pour qui vous voterez au premier tour?
4— Avez-vous une idée de l'entre deux tours?
5—Avez-vous une idée de vote pour le second tour?

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vendredi 12 février 2010

Éric Besson invente la zone spéciale

Les dernières annonces d'Éric Besson sur l'immigration clandestine m'apparaissent comme une nouvelle pièce d'un puzzle illustrant le sarkozisme. Avec le recul du temps —le temps de l'Histoire, qui aura emporté ma génération—, la parenthèse constituée par ce régime sera largement fermée, et une définition satisfaisante en sera donnée. Je me demande ce que l'on retiendra de cette période à la fois grotesque et dramatique.

Un président mélangeant allègrement républicanisme et autoritarisme, buté dans ses désirs, mais toujours disposé au discours populiste. Car il est très peuple, ce président —c'est à dire qu'il est crasse, par ses goûts, sa manière de jouir du pouvoir comme s'il l'avait gagné au loto, son sans-gêne dans l'abus… Bref, après son passage la Ve République en restera tellement défigurée, que je n'imagine pas comment on pourrait se passer de la répudier.

À tout ce que l'on reproche à M. Sarkozy, M. Besson, bon serviteur, vient donc d'apporter sa contribution. Dans son projet de loi destiné à instaurer un «régime d'exception» pour les étrangers (selon les mots du président du Gisti*), j'ai été frappé par la création d'une «zone d'attente spéciale».

C'est une trouvaille tarabiscotée, qui ne se laisse pas décrire aisément. En gros, pour faire face à d'éventuelles arrivées d'immigrés en nombre, ceux-ci seront parqués à l'endroit même où ils seront surpris, et non plus transférés vers un centre d'attente. Une particularité de la zone en question, subtile comme une complication d'horlogerie, c'est qu'elle s'étendra du lieu où se trouveront les clandestins interpellés jusqu'au point où ils seront censés avoir passé la frontière…

Ce bazar n'a qu'un seul but: court-circuiter les magistrat. Et pour cela, ne plus laisser de failles exploitables en justice dans les procédures d'expulsions, afin de régler le sort des immigrés en 4 jours, quand 30 sont nécessaires avec la législation actuelle.

Ce n'est pas le retour des camps de rassemblement des étrangers du régime de Vichy, évidemment. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de faire le rapprochement. Vivre sous Nicolas Sarkozy, ce n'est pas subir une dictature, je l'ai dit souvent ici, mais décidément, c'est de moins en moins vivre dans une république héritière de la grande Révolution.

*Gisti: Groupe d'information et de soutien des immigrés

P-S Hypos annonce un dernier billet, espérons qu'elle se trompe… Dedalus réagit aux propos d'Elisabeth Badinter: Lait maternel implication paternellePonsieur Moireau rend hommage à Jean-Saul Parte… Bibi invente un abécédaire de blogueur

jeudi 11 février 2010

Censurer plus pour craindre moins

Rue89 nous informe de la mésaventure d'une artiste chinoise, Siu Lan Ko, à l'École des Beaux-Arts de Paris. Dans le cadre de sa participation à une exposition collective, «Un week-end de sept jours», Siu Lan Ko avait installé sur la façade des Beaux-Arts deux bannières reproduisant recto-verso quatre mots : travailler, gagner, plus, moins

Comme on pourra le voir sur Rue89, la devise chère à Nicolas Sarkozy, qui a inspiré l'artiste, pouvait se décliner de bien des façons. La plus caustique s'imposait au regard à descendre ou remonter la rue devant l'école: travailler moins, lisait-on dans un sens, gagner plus, dans l'autre… La direction des Beaux-Arts a fait démonter les bannières quelques heures après leur installation, sans avertir Siu Lan Ko.

On pense ce que l'on veut de cette forme d'expression artistique, mais dans un pays, quand on en vient à censurer préventivement une œuvre jugée impertinente, il y a quelque chose qui ne tourne plus rond. Autant qu'on le sache, aucune autorité de l'état n'avait encore demandé que l'on fît disparaître les mots offensants. Non, mais quelqu'un a eu peur de déplaire, tout simplement. Nous vivons dans une république où le fait de froisser la susceptibilité du pouvoir est perçu comme un risque.

Guy Verhofstadt, ancien premier ministre Belge, a dit qu'il «y a quelque chose de pourri en république française». Ses propos évoquaient le débat sur l'identité nationale, «défouloir au remugle vichyste», et non cette censure presque anecdotique. Néanmoins, un tel regard porté sur nous, est révélateur de tout ce qui peut grouiller de minuscules indignités dans la pourriture…

P-S Humeur de Gauche fait le point sur le No Sarkozy Day aujourdhui… À voir chez Romain: une remarquable intervention de D. Cohn Bendit au Parlement européen… Si vous vous posez des questions sur Buzz de Google, PAd, vous livrera quelques réponses (pas toutes)… Poison-Social s'enflamme pour la défense d'Ilham Moussaïd… Le dernier billet-théâtre de Martine, avant les vacances, est sorti!

mercredi 10 février 2010

Menottes aux menottes: nouvelle image sécuritaire

L'histoire de cette adolescente de 14 ans placée en garde à vue, m'a choqué comme tout le monde. Cela m'apparaît comme une aberration, dont la responsabilité incombe d'abord à la personne ayant décidé d'utiliser une telle procédure. Je n'ai rien lu ni entendu à ce sujet. On peut évidemment élargir la responsabilité au ministre de l'intérieur et au président, dont le rôle conjoint est certainement déterminant dans l'explosion des gardes à vue.

Il n'empêche qu'il y a quelque chose de tordu dans la manière dont la police a accompli son boulot. J'ai beau me douter que les galères à subir jour après jour dans le maintien de l'ordre ne prédisposent pas à la bénignité, je n'en suis pas moins étonné du manque d'initiative et de mesure des fonctionnaires en cause. Toutes les étapes de la procédure sont définies clairement, je suppose, et ils sont tenus de les respecter, mais un règlement doit-il être suivi à la lettre lorsqu'il est manifestement abusif?

L'anecdote du pyjama ou du jogging ne me choque pas outre mesure: la fillette a été jugée dans une tenue convenable pour sortir, et les policiers pouvaient éventuellement craindre qu'elle ne profite de l'habillage pour compliquer la situation. Le jeune âge ne signifie pas obligatoirement que l'on perd la tête dans une situation dramatique.

Tenez, j'ai connu une fillette surprise au réveil en petite tenue, comme toute la famille, par un incendie menaçant. Sa mère lui dit: «enfile vite quelque chose et va te mettre à l'abri chez les voisins…» La gamine jeta un regard dépité aux nippes du porte-manteau et répliqua d'un ton buté: «j'ai rien à me mettre, ici!» Placée en état de légitime brusquerie, elle partit furieuse en serrant sur sa poitrine les pans d'un vieux ciré fendu dans le dos, toute de dignité outragée par devant, les fesses à l'air par derrière…

Cette digression close, je trouve en revanche d'une brutalité inutile le fait d'avoir menotté l'adolescente dont il est question dans ce billet, ainsi que ses amies, lors du transfert chez un médecin. C'était rajouter une humiliation gratuite à celle de l'arrestation. Quel danger pouvaient représenter trois adolescentes pour les policiers? Le règlement le prévoyait? S'il leur est impossible de prendre une initiative, c'est que la garde à vue est une procédure excessive dans toutes les situations de ce genre.

À lire, sur «Police et cetera», les actions prévisibles dès le mois prochain, du fait de la réforme constitutionnelle, contre le maintien de la garde à vue dans ses formes actuelles.

mardi 9 février 2010

Loppsi 2 : le bonheur est pour demain

Demain, bientôt, nous allons enfin pouvoir vivre dans une France sûre. Un nid qui aura un peu l'austère apparence de l'aire de l'aigle, mais dont le sein, capitonné par la laine des moutons, sera réconfortant. Toute l'Europe nous enviera. Que dis-je! Le monde entier en béera d'admiration, comme il le fait déjà devant notre génial président.

Les caméras pulluleront dans nos rues, à un point tel que le fameux avertissement légal: «zone ou établissement, placé sous vidéo-surveillance», sera devenu sans objet. C'est à l'aéroport que les visiteurs étrangers recevront avis qu'ils sont entrés dans un «pays placé sous vidéo-surveillance». Il n'y aura pas que l'état, bien entendu, pour veiller sur nous, n'importe qui pourra implanter ses caméras sur la voie publique. J'espère que ma municipalité en posera une près des bennes à ordures, au bout du chemin. Comme ça, le policier municipal pourra pincer le saligaud qui abandonne régulièrement des gravats.

Comme les pouvoirs de la police municipale auront été augmentés, ils pourront flanquer le saligaud en garde à vue, enfermé dans la remise de la mairie. Et si le pauvre bougre de super-garde-champêtre est débordé, qu'à cela ne tienne: nous aurons la «réserve civile», une milice légale réunissant les citoyens les plus sourcilleux sur la paix publique. Ça sera bien le diable si on ne coince pas le salopard.

En ville, évidemment, ça risque d'être plus remuant… Les interpellations devenant plus nombreuses un problème se posera, au moins pendant le temps qu'il faudra aux petits délinquants pour comprendre que la fête est finie. Que faire de tous ces prévenus, comment les juger, alors que notre justice est déjà si lente? Va-t-on constituer une «réserve civile» de juges volontaires bénévoles? Non, c'est très simple: les magistrats siégeront en vidéoconférence. Le justiciable pourra comparaître du centre de détention, s'il est un sans papiers, du commissariat peut-être, ou, qui sait, de chez lui, par le biais d'internet… La peine sera ainsi prononcée au plus bref: il ne restera plus au contrevenant qu'à payer son amende, à rendre son permis, ou à rejoindre la prison au jour dit, par exemple…

Il ne sera pas question de prétexter une absence à l'audience par une soi-disant panne d'ordinateur qui vous aurait privé de connexion avec le tribunal. La police spécialisée, qui aura toute latitude pour filtrer le web, s'installer dans votre ordinateur à distance, lire vos mails, écouter vos chats parlés, sera parfaitement au parfum. Peut-être même qu'elle observera votre indécision devant l'écran…

Dans un avenir un peu plus lointain (mais faisons confiance à Nicolas Sarkozy pour presser le mouvement du progrès lors de son second quinquennat), les problèmes de financement de la justice seront résolus. Le corps des magistrats de toutes postures, debout comme assise, sera dissout. À la place, un super ordinateur installé au ministère, sous la direction d'un Garde du code informatique, instruira en temps réel, tiendra audience jour et nuit, du nord au sud, d'est en ouest.
Et nous serons heureux, enfin.

Les syndicats de la Magistrature et des Avocats de France ont publié un communiqué commun sur Loppsi 2…

lundi 8 février 2010

La chaîne des régionales

Mathieu a concocté une chaîne intéressante, sur «Avec nos gueules», et m'invite à la poursuivre, ce que je fais volontiers. Voici mes réponses aux trois questions qu'il nous pose à propos des élections régionales…


—Voterez-vous lors de ces élections ? Merci de justifier votre réponse.
Comme pour tous les scrutins, qu'ils soient jugés importants ou non, j'ai la ferme intention de voter. Je suis d'une époque où la majorité et les droits qui vont avec, ne s'obtenaient qu'à 21 ans. Il y avait déjà pas mal de temps que je ne vivais plus chez mes parents quand cette date tant attendue est arrivée. Si je me souviens bien, je l'ai fêtée dans une boite du 17e arrondissement, à Paris, mais je ne me suis senti vraiment majeur que lorsque, enfin inscrit sur une liste électorale, j'ai pu voter pour la première fois.

Depuis, j'ai participé à presque toutes les élections, sauf à trois reprises où des déplacements m'en ont empêché. J'ai souvent dit ici tout le mal que je pense de notre régime strictement représentatif et mon désir de démocratie. Le seul moment où un Français peut se sentir, non plus un sujet, mais un citoyen, se cache dans les trop rares occasions qu'il a de glisser un bulletin dans l'urne. À ce moment, l'ange de la démocratie passe chez nous en boitant. Je ne veux surtout pas le décourager.

—Si oui, savez-vous déjà pour qui vous voteriez au premier tour ? Pourquoi ?
Dans une région où la droite est particulièrement forte, je voterai socialiste sans hésiter, bien qu'accorder ma voix à Europe Écologie me soit apparu un moment un choix possible.
Mes raisons? Aux dernières nouvelles, si le PS se porte toujours plutôt bien, il perdrait des plumes au profit d'E.É… La même chose semble se passer entre l'UMP et FN, mais je n'ai aucune envie de prendre le risque d'affaiblir le PS, qui porte tout de même mes espoirs.

—Avez-vous une idée de vote pour le second tour?
Le second tour, sauf très mauvaise surprise, devrait laisser en présence une liste d'opposition nationale PS-EÉ. Mon choix ne devrait poser aucun problème…

Je propose à Gwendal, Seb Musset, Elmone, Epamin', Suzanne (pourquoi pas?), et Le goût des autres, de prendre la suite…

dimanche 7 février 2010

Fin de partie

代达罗斯看到图纸毛泽东或蒋介石, malheureusement il se trompait! Ce n'était pourtant pas un rébus particulièrement difficile, me semble-t-il. Enfin, tout est relatif: à la maison, nous avions du mal à comprendre la prononciation du nom faisant l'objet de l'énigme d'aujourd'hui. J'avais presque renoncé à l'illustrer, lorsqu'un mail de l'ami POIREAU est tombé, porteur d'une suggestion lumineuse: le zen et la guerre!
Il manquait encore des bricoles, mais grâce à une énonciation du nom à la française, dénichée sur internet, la solution est arrivée… Celle trouvée d'abord par Hermes, puis par Mitslav et la Mère Castor —toujours précis à leur habitude. MathRo a donné également la bonne réponse, quoique incomplète, tandis qu'Epamin' enfin, interprétait l'image à la perfection. Bravo!

P-S, j'allais oublier une vidéo que je voulais vous recommander, sur NeVeRLand

Rébus du dimanche

(francisé)

C'est dimanche : trouvez dans ce rébus le prénom et le nom d'une personnalité politique —d'ici ou d'ailleurs, d'hier ou d'aujourd'hui… (Cliquez sur l'image pour l'agrandir).
Solution dans la soirée, la modération des commentaires sera activée jusqu'à 20H30.

[une co-production du coucou et de la Maison Filaplomb]

samedi 6 février 2010

Le visa pour le paradis se complique

C'est du ciel que m'est tombé l'inspiration du billet de ce soir, hosanna! Du ciel, via leParisien.fr, pour être précis, puisque c'est sur le site du second que j'ai appris l'histoire…

Ça s'est passé à Evry, où un jeune couple et ses enfants se rendaient à la cathédrale pour s'enquérir des formalités de baptême du petit dernier. Me mettant un instant à leur place, comme vous peut-être, j'imagine qu'ils s'attendaient à ce qu'une secrétaire baptismale —une religieuse aux joues roses derrière un guichet—, leur fixât un rendez-vous et voilà tout. Quelle naïveté!

Il me faut avouer que j'ai un peu perdu de vue la procédure depuis la lointaine époque où je fus baptisé. Je n'en garde d'ailleurs aucun souvenir, je devais être trop jeune. En tout cas, à Evry, il n'y avait apparemment pas de secrétariat, et c'est un prêtre qui leur posa quelques questions…

Pour en venir directement aux faits (les détails sont à lire dans l'article d'origine), il apparut que les parents, bien que catholiques, étaient de médiocres pratiquants. Leurs bambins plus âgés ne vont même pas au catéchisme! Bref, le père Emmanuel refusa de baptiser l'angelot. Il semblerait toutefois que sa décision ne soit pas sans appel: si les aînés étaient inscrits au catéchisme, par exemple, la situation pourrait évoluer…

Vous vous dites que c'est là une bête histoire d'inscription à un paradis virtuel, sans rapport avec le réel? Vous avez tort: les officiants de la vie publique gagneraient à s'en inspirer. Imaginez un maire de la majorité recevant un père qui vient déclarer la naissance d'un enfant…

«Je ne vous ai pas vu souvent aux messes aux meetings de l'UMP…
—Heu, je ne suis pas pratiquant militant, M. le maire.
—Ah! c'est fâcheux. Inscrire un nouveau né à l'état civil implique un engagement républicain de la famille, voyez-vous…
—Je vote à toutes les élections, M. le maire, ma femme aussi!
—Oui, mais personne n'entre avec vous dans le confessionnal l'isoloir, vous péchez votez peut-être pour l'opposition…
— Ça, jamais!
—Enfin, si vous aviez notre carte, ce serait plus simple… Réfléchissez, et revenez me voir: donner une identité nationale à son rejeton, ça se mérite!»

Là, le père a deux solutions: il prend sa carte de l'UMP, ou il déménage pour aller dans une autre commune, socialiste par exemple. En espérant que ce billet n'aura pas donné des idées au maire du coin.

P-S mon billet est déjà publié, mais j'ajoute en conseil de lecture le dernier article sur le théâtre de Martine, que je viens de découvrir…

vendredi 5 février 2010

Préhistoire de la réforme hospitalière


On s'imagine naïvement dans l'hexagone, que la rationalisation du système de santé découle d'une intuition fulgurante du génial Nicolas Sarkozy. Remettons un peu les choses à leur place. Pour commencer le fameux forfait hospitalier existait avant son élection, M. Sarkozy est simplement le président qui a eu l'audace de le porter à un niveau suffisant pour décourager les gens démunis de se faire soigner. Comme on va le voir, c'est dans l'étude des méthodes de gouvernement de nos grands anciens que cet homme de culture a puisé l'inspiration de ses réformes: réduction du nombre d'hôpitaux, soins à la chaîne, renforcement de l'autorité administrative, etc.

À l'appui de cette analyse, nous n'hésitons pas à livrer ici un texte venu du fond des âges, dont le classement «secret défense» a empêché jusqu'à ce jour la divulgation. Le président le connaît, son auteur se morfond dans la vaine attente d'une publication officielle… Ce savant, véritable Champolion du XXIe siècle, l'a traduit d'une fresque d'art pariétal ornant la voûte d'une vaste grotte-hôpital de la fin du néolithique. Bien qu'il souhaite rester anonyme, nous lui rendons ici un hommage mérité, car ce n'est pas son moindre mérite que de livrer enfin une explication cohérente de ces peintures sublimes, mais hier encore très mystérieuses.

«Srkzi a cassé la tête du chef Crk et il a été chef. La deuxième lune après, chef Srkzi a dit que la tribu devait se férociser plus pour garder sa place au grand rassemblement des tribus féroces de Dvs.
—Nos cailloux sont mieux polis que ceux des Chni, mais un petit grattoir de chez nous s'échange contre un mammouth, il dit. C'est trop cher! Les Chni, eux, ils donnent deux grattoirs pour un lapin, vous vous rendez compte, il demande? Alors, faut s'organiser autrement. Ce qui fait perdre des lunes, des grattoirs, des mammouths, c'est d'abord la médecine aux blessés et aux malades, il dit. Y en a trop, un peu partout, il dit.

À la quatrième lune après qu'il est devenu chef, Srkzi a décidé qu'il faudrait désormais apporter deux cuisseaux d'antilope au sorcier, en plus d'un lézard, pour se faire soigner. Du coup, beaucoup de Frns se soignaient plus, y en a qui sont morts, les autres allaient bien et la tribu était plus belle. Puis chef Srkzi a dit que c'était inutile que chaque village ait une grotte à soins. On a trouvé cette grande jolie caverne d'ici, gloire au chef Srkzi, et les sorciers les plus jeunes sont venus y habiter. Les vieux on les a mangés.

Dans la caverne-médecine, le sorcier-crânologue ouvre dix têtes par lune avec des couteaux chnis. L'esprit du mal s'envole comme la corneille noire. Et six malades sont guéris à la lune d'après! On a mangé les autres. Il y a aussi le sorcier-jambologue, il coupe des jambes et les mains. Presque tous les blessés restent en vie, on en mange à peine un de temps en temps. Et le sorcier-ventrologue, le sorcier-mon-œil font merveille à côté des autres.

Chef Srkzi a mis Bcho, l'ancien tailleur de pierre, pour commander dans la caverne. Avec celui-ci, ça traîne pas: dès que les malades sont soignés, ils les fait sortir. Notre caverne-médecine est connue partout maintenant. Les tribus voisines apportent leurs blessés et leurs malades. On leur prend un mammouth pour la tête, un auroch pour les membres, un sanglier pour tout le reste. Chef Srki est très juste: si un blessé meurt et qu'on le mange, on rend le mamouth à la famille. Longue vie à chef Srkzi!»
sources des illustrations

Plus sérieux à lire…

jeudi 4 février 2010

Le droit à la pissotière pour tous: une cause oubliée


Ce matin, en montant au village chercher le pain, j'écoutais France Culture. Le jeudi, dans «Métropolitains» on y parle généralement d'architecture à cette heure-là, aux approches de midi. Je regrette d'avoir pris l'émission en cours, parce qu'il y était question du «droit de pisser», un sujet qui va droit à la vessie du citoyen concerné que je suis. Malheureusement, j'ai donc loupé l'analyse des évolutions de l'architecture d'aisance, du rocher percé de Néandertal à la vespasienne et à la révolution des sanisettes —une réforme qui préfigurait le sarkozisme, puisqu'il fallut payer du jour au lendemain pour pisser un coup ou déféquer en urgence.

J'ai appris néanmoins pas mal de choses, comme le fait que dans plusieurs grandes villes, les sanisettes sont devenues gratuites, ce qui m'a réjoui. L'abandon de la taxe sur l'urine et les fèces faisait-elle partie du paquet fiscal? Il semble plus probable que ce geste authentiquement généreux soit à mettre à l'actif des municipalités.

Il a également été porté à ma connaissance que les statistiques démontreraient que les femmes restent plus longtemps aux toilettes que les hommes. Un état de fait regrettable, car source d'encombrement des locaux appropriés, et par voie de conséquence de retards divers…

Plaisanterie facile mise à part, les problèmes de pissotières sont associés à un réel souci sanitaire dans le monde, en particulier dans les pays en développement. L'absence de lieux d'aisance, on le comprend aisément, est incompatible avec l'hygiène élémentaire. Aussi a-t-il paru utile à l'ONU de parrainer une Journée Mondiale des Toilettes, organisée par la World Toilet Organization (WTO). La troisième édition de cet événement s'est déroulée le 19 novembre dernier, dans une quasi-confidentialité. Un scandale. Nos ministres de la culture et de la santé réunis sont décidément en dessous de tout. C'était pourtant l'occasion rêvée d'une opération conjointe avec TF1 ou le Service public. Un Pipithon où les Français, invités à sortir pisser dans les rues et sur les places auraient versé des dons pour la création de toilettes dans les pays pauvres.

L'invité de l'émission, Julien Damon, relevait que la raréfaction des lieux d'aisance publics dans nos villes, allait de pair avec la volonté à peine dissimulée d'éloigner les indésirables, les sans-logis en particulier. Le comble de la cruauté de notre société envers les démunis de tout n'est-il pas atteint ici? On fait en sorte de les placer dans l'incapacité de pouvoir satisfaire leurs besoins les plus élémentaires, dans le but de les repousser à la périphérie. Vous me direz que c'est loupé, puisque cela n'empêche pas nos villes de se remplir de miséreux. Je vous répondrai que c'est normal, ils ne sont pas vraiment gênés: ils n'ont rien à bouffer…

source urinoir

P-S. je me suis abstenu de lier mes collègues blogueurs de crainte d'en vexer —à l'exception d'Homer, sur un billet tout à fait en harmonie avec le mien… Mais je voudrais tout de même attirer votre attention sur Zoridae, de retour au clavier avec «Pile ou face», et sur la 2e partie du texte argentin de Lediazec

Karachi : ouverture d'une enquête pour corruption

L'affaire de l'attentat de Karachi franchit un nouveau pas, limité, mais qui constitue néanmoins un progrès. Me Morice, l'avocat des six familles de victimes a en effet annoncé que leur plainte pour «corruption et entrave à la justice» va faire l'objet d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris.
Ce même avocat n'avait pas hésité à souligner en décembre le rôle trouble joué par Nicolas Sarkozy dans le drame, à l'occasion d'une conférence de presse.
« La difficulté qu’il y a dans ce dossier, c’est que M. Sarkozy est au cœur de la corruption parce qu’elle a été validée lorsqu’il était au ministère du Budget»…
L'Élysée de répliquer alors que de tels propos étaient diffamatoires, et de menacer Me Morice, de poursuites.

Au journal de treize heures de ce jour, France Inter donnait à entendre les mêmes paroles de l'avocat: les menaces de M. Sarkozy se sont apparemment dégonflées entre temps.

Il faut dire qu'une enquête préliminaire menée par la Division nationale des investigations financières de la police nationale, se déroule nécessairement sous les regard impartiaux du parquet et du ministère de l'intérieur. Il n'y a pas encore le feu à l'Élysée…

[Qui ignorerait encore l'origine de l'affaire Karachi en trouverait tous les détails sur le blog des familles de victimes: verite-attentat-karachi.org (attention: les informations s'y trouvent en bas des pages)]

P-S. La sélection par le pouvoir d'achat, à l'université: à lire chez CC. Seb Musset revient sur les menaces contre le statut des fonctionnaires… À lire aussi le billet politique désabusé de Falconhill

mercredi 3 février 2010

Yes he can


Ce qui se passe en ce moment entre l'Amérique d'Obama et la Chine me semble fascinant. Sans faire à Barak Obama l'injure de prétendre qu'en réalité il se fiche complètement du sort des tibétains —son attachement à des valeurs humanistes semble évident—, on peut penser que sa fermeté affichée à l'égard de Pékin a des causes différentes.

Le «yes we can» serrer la main du dalaï lama tombe opportunément pour moucher les prétentions chinoises à se poser en nouveaux maîtres du monde. C'est la domination américaine qui est l'enjeu de ce bras de fer avec une Chine qui se verrait bien reprendre le rôle à la sortie de la crise.

On ne sait combien de siècles encore les pays devront s'accommoder du leadership de la nation la plus puissante, peu importe laquelle. En attendant l'apparition d'un hypothétique gouvernement mondial, nous restons bon gré mal gré sous l'influence des USA…

Au pire, j'aime mieux ça que d'imaginer le China Way of life s'imposant à nous. Donc, les quelques épreuves de force qui se profilent ces jours-ci entre Washington et Pékin me rassurent. Tous les dirigeants occidentaux ne sont pas disposés à ramper devant les despotes chinois, comme le fit Nicolas Sarkozy confronté au même diktat lors des Jeux Olympiques, et de la visite du dalaï lama chez nous. Bonne nouvelle.

Il fut un temps de notre histoire de France, où nos rois et leurs ministres se transmettaient d'un règne à l'autre comme un devoir, la lutte contre la Maison d'Autriche et son «empire universel» (si je dis une bêtise, merci à un prof de rectifier). La monarchie était une saleté, mais du moins, dans l'édification de sa puissance, ses acteurs savaient voir à long terme. Ce n'est plus le cas aujourd'hui où nos politiques sont incapables de penser plus loin que les contrats d'Air-bus, de TGV, ou de centrales nucléaires à signer avant la fin d'un mandat.

Il y a belle lurette que la Chine est une menace économique. En fait, elle est même un cataclysme actif, puisque les trois quarts des biens que nous fabriquions nous-mêmes, le sont aujourd'hui par elle, en moins bien. Avec tous les drames économiques et sociaux que cela a entraîné.

Si Nicolas Machiavel conseillait encore nos gouvernements occidentaux, je suppose qu'il les aurait depuis longtemps incités à serrer la main du dalaï lama, et à ficher la pagaille chez les despotes chinois. Probablement même qu'ils n'auraient pas laissé envahir le Tibet en 1950.

Évidemment, cette vision des choses est très cynique. Il est plus sain et réconfortant de penser qu'en ce moment des milliards de Chinois voient leur niveau de vie s'élever, et que c'est un juste retour des choses. Leur civilisation qui a tant donné à l'humanité dans un lointain passé, en reçoit d'une certaine façon à présent les dividendes.

Il n'empêche qu'un monde dominé par la paranoïa chinoise, sa mentalité policière, et ses valeurs petites-bourgeoises haussées au niveau d'un idéal, fiche la frousse. Demain, un Ubu rouge régnant sur la planète? Vraiment, j'aime bien le sursaut de volonté de M. Obama devant les prétentions chinoises.

P-S. L'événement des derniers jours, c'est le retour de Balmeyer avec «Derrick»!
J'ai brièvement parlé la semaine dernière des manœuvres insidieuses des opposants à l'IVG : Hypos a publié un billet qui relaie efficacement la riposte…
Sarkofrance dresse un constat toujours aussi net des derniers accidents du pouvoir…
Enfin, j'ai beaucoup apprécié aussi le dernier billet d'Hermes : «La police religieuse… en France?»

mardi 2 février 2010

Gordon Brown cherche un pédicure


Il y a des couples d'amants politiques qui étonnent parfois, et l'on se prend à soupçonner qu'à l'instar de certains ménages de la vie courante, l'intérêt a joué un rôle dans l'idylle. Entendons-nous bien: il ne s'agit pas ici de sous-entendre que M. Hu Jintao coucherait avec Mme Pratibha Devisingh Patil, présidente de l'Inde, ni que M. Berlusconi aurait des relations spéciales avec Vladimir Poutine, ou que M. Sarkozy ferait des galipettes avec Angela Merkel. Non, pas du tout! Il s'agit d'autre chose; de la fusion quasi passionnelle d'options politiques à priori fort dissemblables.

À y réfléchir cependant, cela n'a rien que de très naturel, puisque après tout, c'est bien parce que l'homme est différent de la femme qu'ils s'appareillent à la perfection. Un des cas les plus typiques d'accouplement politique inattendu de ces dernières années est celui que formèrent un certain temps Georges W. Bush et Tony Blair —pour le pire, comme l'on sait.

Je pensais à ces deux tourtereaux, parce que l'ex-premier ministre travailliste britannique vient de passer devant une commission d'enquête sur la guerre en Irak. Il s'agissait de revenir sur l'une des plus fantastiques parties de jambes en l'air stratégico-politique à laquelle se soient livrés de grands dirigeants depuis longtemps. Des jambes en l'air, il y en eut en pagaille, des bras aussi, et des têtes, d'ailleurs…

En tout cas, ces jours-ci, les confidences de M. Blair, revenu à la vie ordinaire, étaient très attendues par l'opinion publique britannique. À quels mensonges ne se livreraient pas les amants pour se retrouver sur le champ de bataille? M. Blair en fit, on le sait aujourd'hui, et des gros! Souvenons-nous des armes de destruction massive, soi-disant détenues par Saddam Hussein…

«Les familles des soldats ont traité l'ancien Premier ministre de "menteur" et "d'assassin". Elles étaient venues des quatre coins du pays pour entendre ses excuses», écrit un journaliste de l'Observer, dans un article traduit par Courrier international. Je vous laisse découvrir à la lecture de ce dernier, l'attitude de M. Blair, qui soutient en quelque sorte que sa décision de se joindre à Georges W. Bush «avait permis de faire de la terre un monde plus sûr».

Cet article est intéressant à plus d'un titre, du reste, puisqu'il se penche également sur le cas de l'actuel Premier ministre, Gordon Brown, à qui revient le choix de l'ouverture d'une enquête. À quelques semaines des élections législatives, beaucoup de travaillistes semblent trouver qu'il s'est tiré une balle dans le pied…

Ce n'est pas chez nous qu'on ouvrirait une commission d'enquête sur les sondages de l'Élysée, avec des régionales à l'horizon!
En tout cas, «L'épine irakienne dans le pied de Gordon Brown» est à lire sur Courrier International.

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