mercredi 31 mars 2010

La Déclaration des Droits de l'Internaute pour demain?

En lisant le blog de Boris Manenti, journaliste du Nouvelobs.com, j'ai découvert qu'une «Déclaration des droits de l'internaute» est en préparation… Pas d'inquiétude à avoir, ça ne se passe pas dans l'arrière-cuisine du gouvernement, sinon l'intitulé aurait été: Déclaration des obligations de l'internaute.

D'après Boris Manenti, cette initiative est à mettre au crédit du Parti Pirate. Le texte de cette déclaration est provisoire. Un site invite d'ailleurs les «partisans de la liberté» à en discuter les termes, et à enrichir un débat qui se veut ouvert à d'autres formations politiques… Simultanément, une pétition a été mise en ligne, réclamant aux députés français l'adoption d'un texte régissant les droits et devoirs des utilisateurs du réseau. Voici le texte de la Déclaration des Droits de l'Internaute, copié sur le site du même nom

«Depuis l'avènement de l'informatique, une communauté numérique internationale a vu le jour.
 Toute la technologie et la diversité culturelle sur lesquelles s'appuient Internet doivent s'accompagner du respect de droits inaliénables.
 Conscients de nos devoirs et de l'importance de la défense sur Internet de nos droits et libertés que traités, conventions et déclarations consacrent déjà, et pour nous prémunir de toutes atteintes à ceux-ci, à l'aube de cette ère de paix et de révolution numérique, nous, Internautes, déclarons ici :

Article 0 : L'accès à Internet est un droit inaliénable.
Article 0.1 : Chaque individu est libre d'accéder ou non à Internet et de choisir les moyens d'accès qui lui conviennent.
Article 0.2 : Les Internautes sont égaux en droits et en devoirs.

Article 1 : Internet est un réseau ouvert, neutre et décentralisé.

Article 1.1 : Les données y transitent de manière égale et indifférenciée, aucune information n'a priorité sur une autre.

Article 1.2 : Seul le pouvoir judiciaire peut autoriser la surveillance, l'interception ou l'interdiction d'un flux ou d'une donnée.

Article 2 : Nul ne peut être arbitrairement privé de l'accès à Internet.

Article 2.1 : Le droit à la communication est un droit inaliénable au titre de la liberté d'expression et du droit à l'information, qui garantissent le droit de partager le savoir, les idées et la culture.

Article 2.2 : Tout individu dispose d'une protection égale de ses droits sur Internet afin que la liberté de consultation et de diffusion de contenus des uns ne porte atteinte à l'intégrité physique ou morale des autres.

Article 3 : Internet est un espace universel ouvert à tous, et nulle entité ne peut se l'approprier dans sa globalité.

Article 3.1 : Le déploiement de ses infrastructures doit favoriser la communication et l'échange pour tous.

Article 3.2 : Nulle entité, privée ou publique, ne peut s'approprier arbitrairement les données ou les contenus qui y transitent pour servir ses intérêts.

Article 4 : Chaque individu a droit au respect de sa vie privée.

Article 4.1 : Toutes les communications électroniques et leur contenu, à l'exception des publications, font partie intégrante de la sphère privée. Nulle autorité, qu'elle soit privée ou publique, ne peut surveiller ces communications privées, en dehors du pouvoir judiciaire.

Article 4.2 : Les données de connexion à Internet et les enregistrements d'activité ne peuvent être conservées de manière systématique. Les organismes privés ou publics dont l'activité nécessite la rétention de certaines données doivent en avertir leurs clients et leurs usagers.
Seul le pouvoir judiciaire peut, dans le cadre d'une enquête, en exiger la rétention.

(en suspens) 4.3 : Dans le cas où une entité privée ou publique rattachée à Internet n'est pas le propriétaire légal ou le créateur des informations qu'elle stocke, elle doit obtenir le consentement de ses usagers avant toute utilisation de leurs données.

Article 5 : Chaque individu a droit à l'anonymat.

Article 5.1 : L'utilisation de pseudonymes et d'identités virtuelles non croisées avec l'identité réelle est reconnu comme un moyen de protection de la liberté d'expression et, donc, comme droit à l'Internaute.

Article 6 : Nul ne peut imposer l'usage ni la possession d'une technologie numérique particulière, tant pour le matériel que pour les logiciels.

Article 6.1 : L'utilisation des méthodes de chiffrement est libre au titre de la protection de la vie privée.

Article 6.2 : Chacun est libre de choisir le degré d'ouverture de sa connexion et d'adapter à ce choix une sécurisation qui lui semble la plus appropriée sans aucune forme de restriction.

Article 6.3 : Chaque Internaute a droit à l'information sur les bonnes pratiques inhérentes à l'utilisation d'Internet, tant pour ses interactions avec les autres utilisateurs que pour sa sécurité et celle de ses informations personnelles.

Article 7 : Internet est un bien commun.

Article 7.1 : L'évolution technologique, les ressources et les bienfaits éducatifs et culturels qu'Internet engendre doivent profiter à tous.

Article 7.2 : Le système éducatif doit disposer d'outils informatiques et pédagogiques, sans prédominance d'une technologie sur une autre, pour consulter, partager et enrichir les connaissances diffusées sur Internet.

(Article en suspens)
Article 8 : La garantie des droits de l'internaute est assurée par l'autorité publique.

Article 8.1 : Cette autorité publique est indépendante de tout intérêt particulier et statue dans
l'intérêt de tous.

Article 8.2 : Toute personne morale ou physique peut saisir l'autorité publique s'il estime que ses droits ont été bafoués.»

Personnellement, il me semble voir une contradiction entre l'article 3.2 «Nulle entité, privée ou publique, ne peut s'approprier arbitrairement les données ou les contenus qui y transitent pour servir ses intérêts.»
et l'article 7.1 « L'évolution technologique, les ressources et les bienfaits éducatifs et culturels qu'Internet engendre doivent profiter à tous.» Si nul ne peut s'approprier arbitrairement les données qui y transitent, le fait de décréter que les mêmes contenus rebaptisés «ressources» et «bienfaits éducatifs et culturels» doivent profiter à tous revient à permettre cette appropriation, pour ne pas dire spoliation. J'offre mes contenus à lire, mais pas à utiliser à votre guise: ils m'appartiennent.

P-S. Et si les bénéficiaires du bouclier fiscal avaient du souci à se faire? À lire chez Elmone… Chez Yann Savidan, le billet est chaud… J'avais envie de parler du LHC, ce sera pour un autre jour, mais Seb Musset salue à sa façon le succès de la machine dans un texte cruel appliqué à l'économie politique: Recréer les conditions du KO économique…

mardi 30 mars 2010

La lecture des jeunes en péril dans le 9-3

Parlons un peu du neuf-trois… Cette façon de désigner les départements de je ne sais plus quelle couronne parisienne, reflète bien l'appauvrissement de la langue engendré par le triomphe de la culture banlieusarde. Autrefois, le plouc avait le cul terreux, ou bien il se prenait pour un bourgeois et sentait la naphtaline, il était provincial. Aujourd'hui, qu'il porte ou non casquette à l'envers, il sait à peine lire, ou du moins frôle l'évanouissement s'il est obligé de déchiffrer plus de trois phrases enchaînées, sujet, verbe, complément. Il appelle l'endroit où il vit, mettons la Seine-Saint-Denis, le neuf-trois. Seine-Saint-Denis, ça a pourtant une autre gueule!

J'ai commencé ce billet par ces considérations certainement oiseuses aux yeux de beaucoup, parce que je veux parler de culture et de thune. Deux choses qui occupent de la place sur internet, mais chacune dans son ghetto, le plus souvent. Et pourtant, n'en déplaise aux internautes, du neuf-trois jusqu'au neuf-sept-quatre, sans argent pas, ou peu, de culture —même en Seine-Saint-Denis où le Conseil général va sabrer dans les subventions à la lecture publique.

D'habitude, quand la culture a des ennuis c'est plutôt du fait de la droite; aussi ai-je eu un doute sur le positionnement de cette assemblée que je ne connaissais pas. Une visite de son site officiel a dissipé mes incertitudes: le Conseil de Seine-Saint-Denis est à gauche… Président: Claude Bartolone, figure importante du PS, et député de la 6e circonscription. Une tomate d'or mou au passage, pour son cumul des mandats. L'assemblée compte 13 communistes, 17 socialistes, et 10 UMP…

Tout ce beau monde, en proie sans doute aux mêmes affres budgétaires que tous les conseils généraux de France par ces temps de crise, a décidé de mettre au régime son soutien à la lecture, dont tant de ses jeunes administrés ont pourtant besoin (voir au début). L'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis a rendu public un communiqué qui expose l'étendue des dégâts projetés par un budget dont le vote aura lieu le 8 avril.

Le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil, une des manifestations littéraires pour la jeunesse les plus importantes en Europe, subirait une amputation mettant en péril toutes les actions auprès de l'enfance associées à cet événement.
Livres au trésor, un centre de ressources sur le livre de jeunesse qui anime le réseau des bibliothèques, perdrait la totalité de sa subvention. Ce qui entraînerait la disparition d'un acteur présent dans le département depuis 20 ans.
L'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis enregistrerait une baisse de 20% des subventions…

Vous pouvez soutenir «l'Appel: le pouvoir des livres» en le faisant connaître, ou en signant la lettre ouverte au Président du Conseil Général, ou encore, si vous habitez ce département, en signant le Manifeste 93…

P-S: je n'avais pas encore fait de pub pour le concours de billets d'amour organisé par See Mee, mais puisqu'il est question aujourd'hui de lecture, c'est l'occasion de vous inviter à lire les finalistes…
Le blog de Rimbus a fêté ses trois ans, bon anniversaire! Hermes a été au SarkoCircus… Arf ajoute une quatrième page à ses Caractères… Je ne sais plus sur quelle lettre planche encore l'Académie, mais Epamin' en est au R…

lundi 29 mars 2010

Blog de Lala: bon baisers d'Amérique

Coucou, Franchoises et Franchois, vous ne devinerez jamais où je suis! Ah, vous le savez déjà? Par Télé-Nicolas et Le Journal, bien sûr! Je suis étourdie parfois, mais je vais vous le dire quand même, sinon je ne saurais pas quoi écrire sur mon blog impérial. Donc, Nicou the first et moi, nous sommes en Amérique, et savez-vous quoi? Demain nous dînons private chez les Obama.

Et comme me l'a fait remarquer Nicou: «attention, eh! pas dans la salle à manger officielle de the white house, non, mais intou the life intimitate of the big président, pas son bedroum, mais presque…» C'est vous dire tout le chemin que le Bien Aimé Empereur de nos cœurs a parcouru. Vous n'êtes pas au courant de certains détails, parce que l'on ne vous dit pas tout dans Le Journal, par égards diplomatiques, mais ça n'a pas été toujours facile entre mon homme et le président des states.

Au début, mister Obama avait tendance à snober mon Nicou the first, because il trouvait l'Empire franchois trop petit. Pourtant, peu à peu, il s'est rendu compte de la supériorité du Bien Aimé. Quand il perdait de son côté trois élections partielles, Nicolas 1er désignait qui lui plaisait pour siéger à l'Assemblée impériale et à l'Amicale Œuropéenne. Mais je ne vous ferai pas la liste de toutes les occasions où le génie de notre empereur a étincelé aux yeux du monde.

En guise d'exemple unique, je vous rapporterai ce que mon Nicou a raconté ce matin devant un amphithéâtre d'étudiants bourré à craquer. En réponse à une question, comparant l'ampleur des réformes réalisées chez nous depuis son couronnement à l'unique chantier ouvert par l'américain sur la santé, l'Empereur a dit sobrement: «Qu'on change un truc dans un pays où qu'on en foute cinquante en l'air, la pression du populo c'est du pareil au même.» Et il a ajouté avec ce petit air malicieux qui le rend à croquer: «Excusez-moi, mais nous, ça fait belle lurette qu'on a résolu le problème.» Ça c'était envoyé!

À mon avis, il aurait dû préciser que c'est surtout depuis son accession au trône que la santé, est une affaire qui roule dans l'Empire franchois. N'oublions pas que c'est Nicou qui a réorganisé l'hôpital, grâce aux soins à la chaîne et à la fermeture de tous les centres qui ne servaient à rien. C'est lui qui a trouvé le moyen d'empêcher tous les faux malades de coûter si cher au pays en les obligeant à ouvrir sérieusement leur porte-monnaie… Mais je bavarde, je bavarde, et l'aiguille tourne sur ma Rogex! Je dois vous quitter, car nous avons un drink à l'ambassade dans vingt minutes à peine. À bientôt, mes amis, et vive Nicolas 1er!

P-S, après avoir bataillé en vain avec blogger pour insérer l'illustration de ce billet, j'ai renoncé à faire des liens vers mes lectures du jour…

dimanche 28 mars 2010

Fin de partie

Il ne faudrait pas croire que c'est facile de faire un rébus, et que vous, qui en cherchez la clef, vous écopez la part la plus dure. En dehors du casse-tête pour trouver une idée qui tienne à peu près la route, et de son exécution, il y a l'incertitude de sa lisibilité… À plusieurs reprises, j'ai craint de rester sans la moindre réponse, et pire: sans la bonne réponse, malgré un nombre de visiteurs satisfaisant. J'aime bien qu'il y ait des gagnants.
Aujourd'hui, c'est presque le cas: il y a une seule proposition à retenir comme valable, quoique incomplète. C'est la Mère Castor qui nous l'a donnée, au flair comme on en jugera. Heureusement qu'il y a le flair de la famille Castor, loués soient-ils jusqu'à dimanche prochain!

P-S. Ça n'a strictement aucun rapport, mais j'ai reçu en mail un lien vers une vidéo qui fait froid dans le dos sur l'état réel de notre agriculture… Regardez ça!

Le rébus du dimanche




C'est dimanche : trouvez dans ce rébus le prénom et le nom d'une personnalité politique —d'ici ou d'ailleurs, d'hier ou d'aujourd'hui… (Cliquez sur l'image pour l'agrandir).
Solution dans la soirée, la modération des commentaires sera activée jusqu'à 20H30.

samedi 27 mars 2010

Une foule de rêve au N.S.D.

Bon, il est temps pour moi d'évoquer ici ce No Sarkozy Day que j'ai défendu bec et ongles… À l'heure où je m'attaque à ce billet j'ignore encore l'inconsistance exacte de la mobilisation nationale. Si j'en juge par le coup d'œil jeté sur Twitter où les blogueurs sérieux qui savent ce que démocratie veut dire, ont la dent dure et l'ironie véloce, il a été grand, le désintérêt pour la manifestation. On verra bien ce qu'il en est, quand les participants des villes importantes livreront leur sentiment…

Quoi qu'il en soit, je peux témoigner que chez moi ce fut un triomphe. Jugez en plutôt, à la vue de ces deux photos prises avec mon téléphone mobile… Voici d'abord le rond-point devant la sous-préfecture de Draguignan, qui tient lieu de place les jours où se forment les cortèges de protestation. À mon arrivée, il était deux heures moins dix, les lieux étaient absolument vides.


Vous souriez? Vous vous moquez peut-être, mais vous avez tort, car quelques poignées de minutes plus tard, à deux heures cinq, le même endroit était noir de monde. Une foule bon enfant et gouailleuse, qui gueulait «Sarko démission!» —ce qui était très mal, car contraire aux buts de cette journée, laquelle devait se limiter à dire non à Nicolas Sarkozy. Donc une masse compacte de nonistes, dont j'étais, qui devait bien comprendre cinq à six mille personnes se pressait là. En voici la preuve:


Je me demande quelle évaluation en fera la police, et c'est avec curiosité que je lirai la presse locale demain.

vendredi 26 mars 2010

Les godillots montent au front contre le N.S.D.*


Demain ce sera le No Sarkozy Day, partout où l'organisation en aura été possible en France. La plupart des premiers opposants à ce mouvement l'ayant en définitive rallié, dès lors que ses ambiguïtés furent dissipées, on croyait sa nature de protestation républicaine admise. Erreur! Voici que les zélateurs du sarkozisme primaire montent au créneau, à la rescousse de leur idole.

Dans l'espoir de doucher l'enthousiasme noniste à la veille des rassemblements, ils brandissent l'objection démocratique. On ne conspue pas un homme détenteur d'une légitimité remontant à l'an de grâce 2007. Tant pis si la gondole du bon droit se cogne à chaque urne qui passe et fait eau de toutes parts.

Le président est légitime, parce que c'est dans la pratique républicaine de lui laisser le bénéfice du doute entre les deux bornes de son mandat.
Cela ne correspond pas nécessairement à une réalité, ce dont on ne peut juger en l'absence de démocratie digne de ce nom.

Pour s'arroger des pouvoirs jamais égalés chez nous par la réforme constitutionnelle qu'il a imposée, M. Sarkozy avait fait miroiter au pays un troc. D'un côté un renforcement de l'autorité du président, de l'autre la définition de sa responsabilité enfin reconnue devant les représentants du peuple, et la possibilité pour eux de recourir au référendum d'initiative parlementaire.

L'autorité de Nicolas Sarkozy est acquise au-delà de tout ce que l'on pouvait imaginer. Son irresponsabilité arrogante demeure, et l'annonce de l'arlésienne, la promesse du référendum d'initiative est devenue la grosse blague des fins de banquets politiques.

Il y aurait largement de quoi se poser des questions sur la pétition de principe d'une légitimité que l'on refuse de mettre à l'épreuve. Les Français sont pourtant bons enfants, ils n'en demandent pas encore autant, mais simplement se saisir d'une occasion de manifester tout le mal qu'ils pensent d'un président pesant. C'est la raison d'être du No Sarkozy Day, un mouvement de défiance démocratique.
billet également publié sur Le Post

*titre du billet corrigé grâce à la participation de Didier Goux

jeudi 25 mars 2010

Dernières nouvelles de Nicolas 1er



Ma chère maman, mon cher papa,
Ça y est, j'en ai une! Vous pouvez dire à monsieur Biscochu que, s'il est toujours intéressé, on peut arranger l'affaire. C'est une belle, alors faudra lui demander un max. Ici, à la capitale, je les place jamais pour moins de 1500, des fois plus. Le de cujus (c'est le Bon Saint-Henri qui les appelle comme ça, pour rire), le de cujus était commandant du guet, c'est pas rien!
J'étais dans un coin de la cour avec mon seau et mes serpillières quand notre Bien Aimé Empereur l'a fait décapiter. Pendant que le bourrel aiguisait sa hache, Nicolas 1er a fait un petit speech à ceux qui étaient là:

«J'ai décidé que le guet serait désormais placé sous l'autorité du sapir des Choses du dedans, comme ma police. Ça n'a pas plu au commandant, qui s'est permis de critiquer ma décision en public… Vous vous rendez-compte? Dire du mal de son Empereur! Fallait qu'il aye perdu la tête, non? Eh bien, comme ça, il va la perdre pour de bon, sa tête!»


Le bourrel a bien travaillé, elle a pas été du tout abîmée et je l'ai mise dans mon panier spécial avec de la glace dès que j'ai fini de tout nettoyer. Prête pour le voyage, s'il faut… Alors donc, je compte sur vous, le Biscochu a les moyens de lâcher de la thune, avec son apothicairerie qu'est toujours pleine de clients…

À part ça, y a eu du rififi au palais, hier… L'Empereur, qui avait dû se lever tôt pour le Conseil des sapirs, était de mauvaise humeur. Normalement, il se lève vers dix heures, après son câlin avec l'impératrice Lala, alors 9 heures, vous imaginez… En tout cas, à la sortie du Conseil, il a fait le discours que vous avez forcément écouté, vu que c'est obligatoire, puis il a pris le Premier sapir mange-couleuvre à part.

«Qu'est-ce que Riton m'apprend, dis-donc: tu t'es invité au journal de ce soir sur Télé-Nicolas? Non, mais, pour qui tu te prends? Je cause dans le poste à midi, et toi, tu voudrais faire le beau le même jour? Pas de ça, mon saligaud! Tu crois que je te vois pas venir, avec ta petite gueule de faux cul? Je te laisserai pas cirer les pompes de ces connards de Franchois pour me préparer un coup d'état!
—Mais Sire, je vous assure qu'il n'y a aucune malice dans cette intervention télévisée! C'était prévu depuis une semaine, alors que ni moi, ni Télé-Nicolas à plus forte raison, ne savions que vous parleriez aujourd'hui.
—En tout cas, tu m'annules ça ou je te remanie… Je te trouve un peu long, si tu vois ça que je veux dire…»

Moi, j'étais pas loin, je ramassais les canettes de bière dans la salle du Conseil. J'ai vu l'empereur qui promenait un doigt autour du cou du sapir mange-couleuvre. Le sapir est devenu tout blanc. Il a dit avec une chèvre dans le gosier: «Vouii… vouii… Votre Majesté… J'a j'a, j'annule… Promis juré!» Et il a craché une petite anguille sur le tapis.
En résumé, pour la tête, faites-moi savoir assez vite, j'aurai peut-être d'autres clients si ça tarde trop. Y en a au palais qui font collection.
Bisous de votre fille affectionnée,
Adèle
Sans rapport, mais sur un thème voisin

P-S. J'ai lu chez Mathieu un bon billet sur «l'affaire Zemmour», comme du reste ceux de Falconhill et de Nicolas… Après Balmolok et pas mal d'autres blogueurs, Éric nous offre sa version du Jeu d'écriture n°3, dont les textes sont rassemblés sur le Blog à 1000 mains

mercredi 24 mars 2010

La bagnole de Nicolas Sarkozy

La république est pacificatrice, sans quoi notre pays serait régulièrement en proie à des guerres civiles entre les deux partis qui composent sommairement sa population. Il y a ceux qui tiennent pour essentiels les derniers termes de sa devise, égalité, fraternité, et rêvent d'une société protectrice pour tous. En face, on trouve ceux qui s'intéressent en priorité au mot liberté, et voient dans celle-ci licence de s'enrichir en ayant le moins possible de comptes à rendre à leurs concitoyens. Aux franges des deux camps croupissent les rangs des indécis, sans opinion solidement établie, qui, selon qu'ils inclinent momentanément d'un côté ou de l'autre en assurent la prépondérance.

Grâce aux élections qui permettent en quelque sorte d'en découdre sans drame, et en tout cas d'évacuer le trop plein de rancœurs en laissant les vaincus provisoirement abasourdis, notre république tient le coup. Sans cet espoir que les Français en nombre finiront par ouvrir les yeux et congédieront Nicolas Sarkozy à la prochaine échéance, il n'est pas certain que la vie publique resterait paisible.

Au cours de son dernier sketch devant la presse, le président a fait part de son intention de poursuivre les réformes, afin de «moderniser la France». Inutile de revenir ici une fois de plus sur la manière dont M. Sarkozy modernise. Le pays est comme une voiture en panne d'essence que son propriétaire trop bigleux pour lire la jauge a confiée à un garagiste incapable. Après avoir arraché les ceintures de sécurité, démonté les sièges, les essuie-glace, et nombre d'équipements superflus, le garagiste annonce qu'il va si bien poursuivre la modernisation de la bagnole que le client ne la reconnaîtra plus…

C'est un peu ce que M. Sarkozy appelle construire une «République irréprochable, une démocratie exemplaire»… Notre république est loin d'être sans reproche, régime bâtard qui impose à la souveraineté du peuple la férule d'un chef plus ou moins répugnant. Quant à la démocratie, on aimerait qu'une Justice immanente fasse s'étrangler d'un mot trop beau pour elles ces bouches qui le remâchent en vain.

Nicolas Sarkozy qui, évoquant l'ouverture de son gouvernement, après le remaniement, prétend vouloir que «tous les leviers de l'État ne soient pas confisqués par un parti», a raison sur ce point. Les leviers de l'État ne sont pas confiés à quelque parti que ce soit, il les a accaparés pour ses seules mains. La démocratie, en le renvoyant à son néant lors de la future présidentielle, fera peut-être chez nous un tout petit pas de danse, avant de disparaître comme d'habitude. Cela paraît aujourd'hui envisageable, mais c'est bien loin au regard de tout ce que l'autocrate peut encore démolir de la société dans l'intervalle.

P-S. Samedi 27 c'est le No Sarkozy Day, même Public Sénat en parle… Côté littéraires, Arf nous propose un texte étrange sur l'addiction au web, et Dedalus une critique théâtrale d'une mise en scène de la pièce de Camus, Les Justes…

mardi 23 mars 2010

Obama arrive Sarkozy s'en va


Les médias européens sont unanimes pour saluer dans le succès de Barak Obama avec sa réforme de la santé, une victoire historique. Tant de présidents s'y sont cassés les dents avant lui que l'on admire la ténacité dont il fait preuve dans son projet de rendre la société américaine un peu plus juste. Voilà un domaine où les États-Unis se rapprochent de la vieille Europe… Il est paradoxal qu'à la même époque, la France s'écarte de la route pour aller à contre-courant.

Ce que Nicolas Sarkozy est en train de faire petit à petit, c'est livrer notre société, protectrice jusqu'à son arrivée au pouvoir, à la loi du plus fort. On sait que M. Sarkozy est le président de sa famille et de ses amis, parmi lesquels se cachent les ogres de l'assurance. Si on le laisse faire, bientôt il n'existera plus chez nous qu'une Caisse de Malassurance Maladie et d'Insécurité Sociale, pour soigner les plus pauvres au rabais. Les autres devront avoir recours aux assurances privées.

Si on le laisse faire, la retraite par répartition sera vidée de sa substance sans que l'on y prenne garde, et servira à juste maintenir en vie des vieux démunis de tout. Les autres devront miser sur les assurances et les divers systèmes de capitalisation privés qui se préparent dans l'ombre. Il est parfaitement possible, même pas de sauver, mais de conserver l'efficacité de la retraite par répartition. On peut pour cela augmenter les recettes —les cotisations et leur assiette.

Seulement, il est impensable d'y parvenir avec un Nicolas Sarkozy au pouvoir.
Au nombre des amis du président figure Lance Armstrong, qui vient de lui offrir le beau vélo qui illustre ce billet, une photographie dénichée sur Twitpic… Tout un symbole, je trouve. On devrait faire pisser le président dans une urne populaire pour vérifier que sa présence est encore légitime dans la course.

lundi 22 mars 2010

Comment en finir avec la crise de la presse


En attendant que l'analyse du remaniement ministériel déferle sur internet ce soir et sur les journaux de demain, j'ai envie de m'étonner un instant d'une nouvelle pratique promotionnelle de la presse. En fait, il ne s'agit pas réellement d'une nouveauté, car cela fait un bon nombre d'années maintenant qu'est apparue cette tendance.

À la maison, nous sommes abonnés notamment au Nouvel-Obs, du groupe Perdriel, et nous recevons régulièrement des offres de découverte d'autres titres du groupe. La dernière fois, c'était le magazine Challenges que l'on nous proposait. 210€ pour 110 numéros au lieu de 275€.

C'est en apparence une promotion intéressante, mais ce n'est pas tout, car il faut y rajouter plusieurs cadeaux:
un ordinateur Ultra portable avec Wifi intégré —valeur 200€ (dont 0,15€ d'éco-participation)—,
une montre chronographe LIP avec bracelet cuir —valeur 43,50€ (0,01€ d'éco-participation)—,
une radio FM avec télécommande —valeur 15€ (0,01€ d'éco-participation)…

Je ne sais pas si vous vous rendez compte de l'ampleur du bénéfice pour le nouvel abonné? 200 + 43,50 + 15 = 258,5€

Si vous répondez sous dix jours, vous avez droit, en outre, à un «stylo Roller gainé cuir avec son étui de protection». À vu de nez, il doit bien atteindre une valeur 20€… Calculons encore: 258,5 + 20 = 278,5€

J'espère que vous m'avez suivi, car il apparaît clairement qu'en faisant grâce à Challenges et au groupe Perdriel de ses cadeaux, nous lui ferions économiser une somme assez conséquente pour qu'il puisse nous servir gratuitement l'abonnement au magazine, accompagné d'un petit chèque de 3,5€ (278,5 - 275) pour nous remercier d'accepter de le lire.

Messieurs de la Presse, pourquoi vous plaignez-vous de perdre des lecteurs? Cessez donc de gaspiller du bon argent et distribuez les journaux gracieusement —avec un petit quelque chose en plus, pour nous encourager, bien sûr!

dimanche 21 mars 2010

L'urne du rébus est ouverte

L'abstention dans les urnes est en baisse, sauf sur mon jeu hebdomadaire où l'on note un léger fléchissement de la participation. Pourtant, il était simple le rébus de ce jour. D'ailleurs, mon fidèle collaborateur des dimanches sans balade, maître Dedalus —qui est un évadé de l'odyssée joycienne, ce qui explique bien des choses—, a su trouver les quelques mots qui dépeignent son côté enfantin:

«Eruption solaire. Couronne de lumière de l'astre éclipsé. Dans la nuit infâme, un vieil homme, front dégarni et toge turquoise. Cyclope déchu, œil enchâssé en la clé, A en l'M inversé, canard palmé par le cou serré, énigme obscure de l'aveugle affamé. Mais en l'aile emplumée, les dents plantées du vieillard à l'œil tombé, aux esprits agiles délivrent du mystère toute la vérité. »

Vous voyez combien c'était facile? Et pourtant, il n'y a pas foule de gagnants aujourd'hui, quelques habitués du podium seulement. Madame.B y figure à la place de choix, puisque arrivée la première avec la bonne réponse. Mtislav, coincé entre l'isoloir et la pluie, s'est échappé un moment dans le dessin à mon grand plaisir. La Mère Castor me reproche de maltraiter les animaux, mais elle est venue, elle a vu, et a inspiré son digne époux Fidel d'un indice déterminant, ouf! Epamin', à qui rien n'échappe, a relevé le problème de coiffure de mon héros qui permettait de laisser tomber son grade… L'ami Hermes s'est mobilisé pour permettre à ce palmarès de respecter un moment la parité: trois femmes, trois hommes. Oui, mais voilà: Philzone est arrivé comme Zoro au dernier instant, et ce sont finalement les hommes qui sont les plus nombreux ce soir. Bref, bravo à tout le monde!

Le rébus du dimanche




Trouverez-vous dans ce rébus facile le prénom et le nom d'une personnalité du monde politique —qui peut être vivante ou décédée, et appartenir à n'importe quelle région du monde? Si nécessaire, cliquez sur l'image pour l'agrandir… À vous de jouer!
(les commentaires sont modérés pour tenir les réponses secrètes jusqu'à ce soir)…

samedi 20 mars 2010

Une semaine magique

C'est le lundi 15 mars au matin que tombait la nouvelle, alors que débutait sans que je le sache encore, ce qui allait se révéler pour moi une merveilleuse semaine. On apprenait que François Fillon venait d'être hospitalisé d'urgence au Val-de-grâce, victime du syndrome de la langue de bois. Selon son entourage, les premières atteintes du mal s'étaient manifestées quelques minutes après sa déclaration du dimanche soir, à la clôture du premier tour des élections régionales: «la faible participation ne permet pas de tirer un enseignement national du scrutin». Au cours de la nuit suivante, son état s'aggravait au fur et à mesure de la lignification de cet organe buccal, justifiant au petit matin son transport à l'hôpital. Les médecins se déclaraient toutefois optimistes…

Mardi 16, dans l'après-midi, j'ai reçu un coup de fil de Jean Ferrat. Oui, un appel posthume; c'est assez rare quoique le phénomène ne date pas d'aujourd'hui, souvenez-vous de Jeanne d'Arc. Comme on ne se connaissait pas de son vivant, j'ai été épaté qu'il m'appelle, mais si j'ai bien compris le hasard y était pour beaucoup. En tout cas, il est bien arrivé, c'est ce qu'il voulait dire, et rien ne pouvait me faire autant de plaisir.

Mercredi 17, coup de théâtre dans la soirée: on nous avait annoncé le Jeu de la mort, sur France 2, et ce fut le Jeu de la vie! Le fameux documentaire sensé nous renvoyer à la figure l'image de notre asservissement à l'ordre établi, fit un flop magistral! Réduit à quelques minutes d'émission, on put y voir la totalité des candidats refuser les uns après les autres d'infliger la moindre souffrance à un être humain, sous prétexte d'obéir au règlement. À la place du jeu, France 2 nous offrit la diffusion en version française de «Noblesse oblige», le chef d'œuvre d'humour noir (et blanc, pendant que nous y sommes), de Robert Hamer, qui date de 1949.

Jeudi 18, réunion en sommet extraordinaire à Bruxelles des chefs d'états de l'Union européenne. Ils décidaient dans un communiqué commun de se tenir fermement aux côtés de nos voisins suisses dans le conflit qui les oppose au sergent-chef Mouammar Kadhafi. D'autre part, tous les journaux publiaient en Une l'extraordinaire photo prise par le télescope spatial. Le cliché de Hubble présente en gros plan une planète rocheuse, compagne d'un astre éloigné de nous de quelques poignées d'années lumière seulement. Comme vous tous sans doute, j'ai été ému aux larmes par cette image d'une verte prairie au bord d'un lac bleu, avec ces jolies filles qui souriaient sous l'objectif de Hubble, en agitant leur banderole «Bienvenue aux terriens!»

Vendredi 19, en conclusion d'un discours prononcé devant l'Internationale philatélique, dont il est un membre éminent, Nicolas Sarkozy annonce qu'il a bien reçu le message des électeurs et des abstentionnistes aux élections régionales. «Si le second tour confirme le désaveu dont je suis été l'objet, y aura pas besoin de me faire un dessin…» Pressé de questions sur la signification des ces propos sibyllins, M. Sarkozy a répondu qu'il songeait sérieusement à occuper dans un proche avenir, à titre régulier, l'une de ses fonctions de chanoine honoraire. Il n'a pas encore décidé s'il occuperait sa stalle de l'abbaye de Cerizay, ou bien s'il irait jusqu'à s'exiler à Saint-Jean-de-Latran: tout dépendra de l'ampleur de la défaite.

Samedi 20, on nous annonce que les troupes chinoises ont été refoulées hors du Tibet lors d'une nouvelle révolte de la population de ce pays. Le dalaï-lama est en route pour Lhassa, alors qu'à Pékin le président Hu Jintao a démissionné devant un soulèvement populaire concomitant. Dans la foulée, Mahmoud Ahmadinejad ainsi privé de l'un ses plus solides soutiens, s'est enfui d'Iran, tandis qu'Oussama Ben Laden se serait livré ce matin aux américains…

Dimanche sera à la hauteur de cette semaine de rêve, je n'en doute pas!

P-S, je me demande ce que pourrait être la semaine rêvée de Nicolas, Romain, et Trublyonne?

vendredi 19 mars 2010

D'un sondage exclusif et du vote obligatoire

La publication des sondages sera interdite à partir de ce soir minuit. J'en profite donc pour faire part à mes lecteurs d'une étude d'opinion dont le Coucou a l'exclusivité.
Le sujet portait sur le second tour des régionales en PACA…
75% des électeurs interrogés se déclarent absolument totalement certains de voter pour la liste d'union rassemblant le Parti Socialiste, Europe Écologie, et le Front de gauche.
L'enquête a porté sur un échantillon représentatif de la proche famille de l'auteur de ce blog, parmi les personnes en âge de voter et inscrites sur les listes de la région PACA. Sur un total de 4 personnes interrogées, 1 se déclare «trop vieille pour aller jusqu'en bas et d'ailleurs elle n'a même pas reçu tous les papiers faut pas l'embêter avec ces histoires» —et donc devrait probablement s'abstenir. En revanche, le reste des sondés, soit les trois quarts, déclare avoir fait un choix définitif: «la question se pose pas ouste je vote pour l'union de l'opposition».

Dans un article qu'il signe dans Libération, Alain Duhamel se déclare en faveur du vote obligatoire, pour en finir avec l'abstention galopante. Il considère que «la citoyenneté (est) à la fois un droit et un devoir». C'est très à la mode ces dernières années, à droite surtout, d'insister lourdement sur le fait qu'avoir des droits implique des devoirs. On entend du reste plus souvent et plus lourdement rappeler les devoirs que les droits.

Pourquoi pas, au fond? Beaucoup estiment que voter doit rester une liberté pour des citoyens libres. La question qui se pose est de savoir si l'on est encore un citoyen lorsque l'on n'use pas de la liberté de choisir ses représentants. Payer ses impôts ne suffit pas (et d'ailleurs en paie-t-on?) à vous rendre partie prenante dans la fameuse souveraineté que l'on prête au peuple français. Même dans cette république que je n'aime pas beaucoup, lui préférant une vraie démocratie, l'exercice du pouvoir d'élire ses représentants me paraît essentiel.

De quel droit débattre, proposer, réclamer, contester, lorsqu'on ne s'implique pas dans la vie politique au moment d'une élection? Toutes proportions gardées, voter est s'acquitter d'un impôt de base du citoyen, un peu comme la noblesse d'autrefois se prévalait de l'impôt du sang (pour n'en payer point d'autre). On conçoit qu'il n'y aurait pas de vie collective possible si nous ne payions aucune sorte d'impôt, de même, si personne ne votait ou seule une minorité de Français, que resterait-il de la république? Alors, oui, quelles que soient les réserves que m'inspire la personne d'Alain Duhamel par ailleurs, je trouve que sa suggestion mérite au moins d'être discutée sérieusement.

P-S, le Jeu d'écriture n°3 se passe aussi chez Arf, et il vaut le voyage!

jeudi 18 mars 2010

En Malle volante dans le temps*


Il semble bien que l'invention du billet à voyager dans le temps soit à mettre au crédit de Didier Goux. Je ne sais pas combien de blogueurs se seront risqués sur le fardier gouxien, et s'ils pourront revenir s'en vanter. Moi, je tiens mon invitation à essayer l'engin de l'ami Dedalus, juste avant qu'il ne s'embarque pour un futur sans fleurs ni couronnes… On s'assoit, on choisit l'époque, les gens que l'on aimerait rencontrer, et en avant! Il y a quand même un hic, c'est que l'on ne pourra pas revenir, théoriquement. Il faut donc réfléchir à deux fois aux compagnons que l'on va trouver à l'arrivée… Il y a beaucoup de périodes historiques qui m'attireraient en pareil cas, mais plus on s'éloigne des temps modernes plus elles étaient troublées et sans doute source de déconvenues.

À la réflexion, c'est donc pour Copenhague en 1819 que j'aimerais partir. Je ne parle pas le Danois, mais je ne doute pas que la merveilleuse invention de M. Goux ne soit à même d'infuser toutes les subtilités de cette langue dans ma tête durant les quelques minutes ou secondes du voyage. J'arriverai donc dans la capitale au cours de l'hiver 1819, après le mois de décembre, de façon à ce que la page salie du pogrom antisémite de septembre soit définitivement tournée. Je me mettrai en quête du jeune Hans Christian Andersen et je deviendrai son ami.

Je ne pense pas que ce sera difficile: c'était alors un jeune homme simple, un peu ridicule, mais dans l'esprit duquel couvait un égocentrisme destiné à devenir aussi connu que son œuvre. Conquérir son amitié ne prendra que le temps de vider une ou deux pintes d'ale, ou un grog s'il est enrhumé. Il me suffira de lui raconter l'histoire magique de sa vie d'écrivain, la célébrité qui l'attend d'ici peu d'années… Je crois qu'il versera des larmes de reconnaissance et me donnera l'accolade en sortant de l'auberge. Pourquoi aller se foutre dans la neige ou la gadoue auprès ce drôle de bonhomme qui n'a écrit que des contes pour enfants, me direz-vous?

Eh bien, je commence à me faire vieux et je suis fatigué. L'univers des contes me repose, c'est même un de mes refuges favoris depuis longtemps. Ensuite, si vous lisez un texte original d'Andersen à la suite de l'une ou l'autre de ses adaptations contemporaines, vous verrez que ça n'a pas grand chose à voir. Chaque conte est généralement beaucoup plus riche en événements, en paysages et développements que ce que l'on connaît d'habitude: ces textes s'adressaient à tous les âges. Andersen enverrait-il aujourd'hui «La Reine des neiges» à un éditeur, on ne lui répondrait peut-être même pas… Je prendrai certainement un grand plaisir à parler avec lui de ses projets, de ses merveilleux personnages. Découvrir jusqu'à quel point il a vécu sa vie comme son propre conte, et qui sait, y gagner sa manière de voir la vie souriante et fabuleuse… Mais il est temps pour moi de m'asseoir sur la machine, je vous quitte.
La Malle volante est un conte d'Andersen*
Source photo

Pour prendre place dans le fardier gouxien, j'offre un billet à Homer, Hermes, Gaël, et Jean

Jeu de la mort et jeu de cons

Peuples, qui a apprécié «Le jeu de la mort», fait semblant de croire que j'aurais avec d'autres «conspué le principe même de cette émission». Il n'a pas lu mon billet, reprise de celui consacré à cette opération médiatique en 2009. Je ne portais strictement aucun jugement sur le documentaire en question —puisque documentaire il y avait—, ni d'ailleurs sur la télévision en tant que telle. Je méprise la télévision et les téléspectateurs, c'est un fait, mais je n'avais aucune raison de partir en guerre contre ce programme. Et je m'en suis donc abstenu. Mon billet prétendait simplement relever que nous sommes immergés dans une société où les lâches et les salauds potentiels pullulent. Ce n'est pas la télé qui en est responsable, même si elle n'arrange rien.

mercredi 17 mars 2010

Debout les désobéissants!

C'est ce soir que France 2 diffusera son documentaire «Le jeu de la mort»… Ils ont mis le temps: j'en avais fait le sujet d'un billet en Avril 2009. Je viens de le relire, et je vois que je n'ai pas grand-chose à y changer, sinon que mon dégoût de la télé, ma piètre estime pour ses spectateurs ont encore augmenté. La proportion de tortionnaires assassins en puissance est aussi plus forte que je ne l'imaginais à l'époque: près de 80%, semble-t-il. Cela ne m'étonne pas, au fond. Qu'ils soient aux commandes d'un appareil de torture, ou assis derrière un guichet, à l'abri des ordres reçus et des règlements à appliquer aveuglément, les gens sans courage ni réelle humanité font la pourriture dominante du monde. Voici le billet du 25 avril 2009:

Que les désobéissants lèvent le doigt!

Il paraît que France 2 prépare un documentaire qui se présentera comme un «jeu» de télé-réalité d'un nouveau genre. Ce sera basé sur une expérience de psychologie des années 60, conduite par Stanley Milgram, et qui fit grand bruit à l'époque.

Dans le documentaire comme dans l'expérience scientifique, le candidat principal posera des questions à un autre candidat que l'on pourrait appeler «l'élève*», en simplifiant. Chaque fois que ce dernier se trompera, le candidat devra lui infliger une décharge électrique —avec la bonne conscience que donne le respect de la règle du jeu et la bénédiction de l'autorité télévisuelle. Au départ relativement faible, l'intensité de la punition reçue par l'élève augmentera avec le nombre des erreurs… Bon, on nous annonce déjà que l'élève ne sentira rien en réalité, parce qu'il s'agira d'un comédien, tandis que le candidat sera, lui, volontaire pour participer à un jeu télé en toute innocence. Un quelconque pékin comme vous et moi. Enfin, c'est une façon de parler: vous, je ne sais pas, mais moi, je ne me vois pas participer à une émission de télé-réalité, ce qui n'a aucune importance.

L'important résidera plutôt dans le nombre de candidats qui se soumettront à la loi pour torturer leurs semblables. Parce que cela revient à ça: il est interdit de se tromper, sous peine de sanction. Je dois vous punir, alors je punis, et tant pis si vous souffrez. Jusqu'où iront-ils avant de se rappeler qu'ils sont des êtres humains civilisés et qu'il est des cas où l'honneur impose de désobéir?

L'article 5 de la Déclaration universelle des droits de l'homme dit ceci:
«Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.»

En 1960, Stanley Milgram avait fait l'effrayant constat que 62,5% des sujets de son expérience étaient capables de pousser l'intensité des chocs électriques au maximum, gravissant avec plus ou moins de bonne volonté tous les degrés de la cruauté.
62,5% de lâches potentiellement malfaisants, à vue de nez, cela fait une proportion crédible. Cela fait 4,190 milliards d'individus sur terre. Et l'on se prend à rêver d'une arithmétique anarchiste: sans eux, il resterait 2,514 milliards de citoyens du monde indociles, mais respectueux d'autrui, à priori. La plupart des affamés de pouvoir aurait disparu. La surpopulation, ses nuisances, la crise du logement, tout ça…, deviendraient de l'histoire ancienne. Il y a juste un hic: c'est qu'il faudrait sans doute appartenir aux 62,5% pour nettoyer le monde…

*c'était le cas dans l'expérience de Stanley Milgram

mardi 16 mars 2010

Les médias aimeraient-ils Kadhafi?

Il y a tout juste une semaine, Éric, de «Crise dans les médias», relevait que le vrai pouvoir des médias est de taire un sujet. Leur silence est en effet souvent assassin, et c'est juste dans tous les domaines, à commencer par la culture où il n'est pas rare, par exemple, de les voir enterrer des bouquins qui dérangent.

En ce moment, on parle peu dans nos médias du bras de fer en cours entre nos voisins suisses et le maréchal Kadhafi… Pourtant, parmi les sujets concernant l'Europe, celui-ci n'est pas sans intérêt ni importance. L'Europe y est impliquée du fait des accords régissant l'Espace Schengen, dont fait partie la Suisse.

En mesure de rétorsion à la prise en otage d'un citoyen Suisse, Max Göldi, retenu à Tripoli depuis 2008 —je rappelle, qu'il s'agit pour le dictateur Libyen de venger la brève interpellation à Genève de son fil Hannibal—, la Suisse a interdit d'accès à l'Europe plus d'une centaine de personnalités libyennes.

Or, cette situation compromet les juteuses relations que les hommes d'affaires et les gouvernements des 27 pays de l'Espace Schengen étaient en train d'établir avec le maître de Tripoli. Ils ont beau se prêter à toutes les bassesses pour amadouer Mouammar Kadhafi, celui-ci menace de distribuer ailleurs qu'en Europe ses merveilleux dollars…

L'Italie, dont on connaît les relations anciennes avec la Libye, avait offert sa médiation. Son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, s'est rendu à Tripoli pour négocier sous la tente du despote. Et surprise: le médiateur en ramène un ultimatum qu'il fixe lui-même à la Suisse: lever le blocage des visas libyens d'ici au 5 avril, sous peine de voir les autres pays de l'Espace Schengen ne plus tenir compte de l'interdiction helvétique.

L'Italie, l'Espagne, le Portugal, Malte, seront les pays les plus empressés à servir des visas aux libyens, mais on peut compter sur la France pour ne pas traîner à suivre l'exemple. Il s'agira non seulement du viol flagrant d'accords entre états, mais en plus d'une rupture répugnante de la solidarité européenne.

De cette affaire scandaleuse, nos médias ne parlent presque pas. Les consignes du pouvoir sarkoziste pourraient bien être passées par là. Et c'est comme si toutes les rédactions se joignaient à messieurs Kouchner, Frattini, et quelques autres pour lécher le cul vieillissant du caporal des sables.

P-S, je vous invite à lire le beau texte de Dedalus pour le «Jeu d'écriture», objet du billet d'hier.
J'ai bien aimé aussi les billets chez Le-goût-des-autres, Le temps suspendu, et Lait d'Beu

lundi 15 mars 2010

P-S pour une Abstention

En découvrant l'excellent texte de Seb Musset pour le jeu littéraire de Madame Kevin, je me suis aperçu que j'ai oublié de passer le relais… J'invite donc Le Privilégié, Rimbus, Epamin, Arf, et Balmolok à prendre la suite.

Abstention

Elle dormait quand il est entré dans la chambre avec le café et des croissants sur un plateau. L'arôme du café la réveille, son regard coule à travers les cils à peine soulevés et l'observe. Il pose le plateau au bord du lit, tire les doubles rideaux. C'est comme s'il lui avait jeté une pleine bassine de soleil à la figure. Elle plisse les paupières douloureusement, résiste à l'envie de donner un coup de pied au plateau, à l'envoyer au diable, lui, son petit déjeuner d'amoureux transi et ses fausses bonnes intentions. C'est le parfum subtil des croissants frais mêlé à la senteur plus forte du café qui la retient. Elle aime trop les croissants, il le sait, ce salaud. Prudemment, elle le regarde ôter sa veste et relâcher son nœud de cravate. Quelle heure est-il? Assez tard pour qu'il soit douché, rasé, habillé, et qu'il ait envoyé un garde à la boulangerie.

«Allez hop! Il va être dix heures, Douce, on se réveille, il est temps de faire son devoir…» Elle s'étire, s'adosse à la tête de lit, assise, sans répondre ni le regarder. Faire son devoir, qu'est-ce qui lui prend? Quand il avait envie de baiser, avant, il ne parlait jamais de cette manière… Oui, mais c'était avant justement. Maintenant, il n'aurait pas tout a fait tort d'invoquer la loi conjugale. Pff! est-ce qu'il y a une loi, seulement? De toute façon ça ne lui ressemble pas.

Et puis, ça lui revient d'un coup: les élections bien sûr, c'est aujourd'hui! D'ailleurs, dans le bourdonnement des paroles qu'il prononce et qu'elle n'écoute pas, tandis qu'il s'installe près d'elle avec le plateau, tout habillé, ses Richelieu luisantes sur le lit, elle saisit quelques mots: vote, participation en baisse, sondage… Elle attrape un croissant et croque une pointe pendant qu'il dévide son baratin, comme s'il s'adressait à ses électeurs.

Elle prend la tasse de café qu'il vient de lui servir et trempe le croissant dedans. Il n'aime pas qu'elle trempe, surtout en public, quand ça arrive, mais c'est justement ce qu'elle aime, tremper. Il dit qu'il l'a attendue pour aller voter, qu'il y aura la presse. «J'irai pas», dit-elle la bouche pleine. Il la regarde, fronce les sourcils d'un air peiné, et repart dans une tirade sur le civisme, l'importance pour une citoyenne de participer à la vie de la nation. Mon cul, elle pense. La vie de la nation, c'est comme notre vie de couple, connard. Tu décides de tout, et quand tu fais semblant de demander mon avis, si ce que je dis ne te plaît pas, tu me soûles de reproches et d'arguments contraires avant de choisir à ta guise.

Finalement, le café est bu, les croissants sont mangés. Il se lève et arpente la chambre nerveusement, remet dix fois son nœud de cravate en place en passant devant le miroir. «Tu te douches et on y va, d'accord? —Je veux prendre un bain, et je n'irai pas voter. Cette fois, je m'abstiens. —Pas toi, c'est impensable! Tu peux voter blanc, si ça t'amuse, ou gribouiller sur ton bulletin… Mais ça ne serait pas malin, le parti n'a pas de voix à perdre, Douce, même la tienne! —La prochaine fois que j'approcherai d'une urne, ça sera pour un référendum populaire…» Il lève les yeux au ciel, et dit d'un ton mauvais: «Ça n'arrivera jamais, idiote, t'es bien une blonde, tiens! —Alors, ça sera pour tous les politiques comme pour toi: bientôt, plus personne ne vous aimera.» Il lui jette un regard glacial, ramasse sa veste. «Je t'attendrai dans mon bureau jusqu'à onze heures et demie, pas une minute de plus».

Après son départ, elle s'est levée nonchalamment et s'est livrée à tous les soins de sa toilette. Il est midi moins le quart lorsque, vêtue de blanc, elle écarte le rideau pour suivre des yeux sa voiture qui part. Après quoi, sourire aux lèvres, elle jette quelques affaires indispensables dans une petite valise, avant de descendre jusqu'au bureau. Sur une carte à l'angle frappé des armes de la République, elle écrit à l'encre noire: «je t'emmerde, Douce».

Elle laisse le message en évidence sur le buvard, et quitte la maison. Dans la rue, elle a un instant d'hésitation, puis elle part tranquillement du côté gauche, son fourre-tout à l'épaule, tirant sa valise à roulette. Elle est libre.
Crédit photo : Robert Lubanski (voir le blog de Mme Kevin)

Cette fiction, inspirée de la photo d'illustration, a été écrite après un tag de Gaël, pour la chaîne «Jeu d'écriture n°3». On trouvera d'autres textes de ce jeu chez Mrs Clooney, CC, et Juan, désolé pour ceux que j'ai oubliés…

dimanche 14 mars 2010

Madame .B m'épate

Fin du petit jeu dominical. Il n'est jamais simple de prévoir si le rébus sera facile ou non. Celui de ce dimanche me semblait quand même compliqué, et du coup, je craignais que personne ne trouve la réponse.

Eh bien, je me trompais! Madame. B est arrivée de Normandie, un peu hésitante d'abord, mais avec tout de même la solution de la seconde énigme —très facile, il est vrai. Et dix minutes plus tard, elle me servait une réponse parfaite pour le rébus principal, sans la moindre bavure! Madame. B, championne incontestable de ce petit jeu, devrait ouvrir un blog. Je serais vraiment curieux de la lire!

Aujourd'hui cependant, il y avait donc une seconde énigme à déchiffrer, et 6 personnes sur les 230 et quelques ayant regardé les rébus aujourd'hui, ont donné la bonne solution. Par ordre d'arrivée, en plus de Madame.B, il y avait: Mona, Colibri, Fidel Castor, Bérénice, et MathRo7i. Bravo à tous!

Rébus du dimanche


Cette semaine, le rébus pourrait se révéler plus difficile que d'habitude —bien qu'il soit largement à la portée des championnes et champions habituels… Néanmoins, pour ne décourager personne, un second, plus petit et très facile vous est également proposé.
Donc, pour le premier, il s'agit de trouver le prénom et le nom d'une personnalité politique, d'une quelconque région du monde et de n'importe quelle période historique (vous pouvez cliquer sur l'image pour l'agrandir).


Le personnage du deuxième rébus, dont vous devez trouver le prénom et le nom, n'est pas ce que l'on peut appeler une personnalité du monde politique. Il s'en est même défendu en son temps. On peut cependant affirmer que bien des gouvernants se sont réclamés de lui…

Solution dans la soirée, la modération des commentaires est activée.

samedi 13 mars 2010

La semaine en questions

Sur ce blog, les week-ends sont souvent ludiques dès le samedi… Celui-ci le confirmera puisque je propose au lecteur (fidèle), un petit quiz qui prend l'actualité de la semaine à rebours, telle qu'elle a été traitée sur le Coucou.

Pour une fois, on commencera par le dimanche… Nous n'y sommes pas encore, mais vu son importance, ce jour mérite d'être évoqué. En effet, la publication du rébus dominical permettra au personnel de ce blog d'aller en toute tranquillité:
1- voter pour les élections régionales?
2- voter pour la présidentielle?

Samedi, c'est aujourd'hui. Jean Ferrat est parti, Najlae Lhimer est de retour en fanfare. Monsieur Fillon, qui n'y est pas vraiment pour grand chose, déclare à propos des élections de demain:
1- n'écoutez pas ceux qui disent que les jeux ne sont pas joués d'avance?
2- n'écoutez pas ceux qui disent que l'UMP va gagner?
3- n'écoutez pas ceux qui disent que Nicolas Sarkozy ne s'est pas impliqué personnellement dans la campagne?
4- autre chose?

Vendredi, hier donc, c'était la Journée mondiale contre la cyber-censure. Reporters sans frontières et son partenaire Google, ont décerné le Prix du Net-citoyen à:
1- Mme Parvin Ardalan et un groupe de blogueuses iraniennes?
2- Frédéric Lefebvre?
3- M. Poison-Social (lequel a laissé un commentaire fort intéressant sur le billet relatant l'événement)?

Jeudi, dans le Coucou on s'arrêtait sur les extraits d'un entretien avec Nicolas Sarkozy publié par Le Figaro et Le Monde. M. Sarkozy y déclarait notamment:
1- qu'il est un élu d'Île-de-France depuis 1977?
2- qu'il est le président des Franciliens?
3- qu'il faut voter PS ou Europe écologie dimanche?

Mercredi, Jacques Attali était en vedette sur ce blog, car:
1- il a constaté que nous ne sommes pas en démocratie?
2- il a publié comme étant de sa plume les meilleures phrases de BHL sur Jean-Baptiste Botul?
3- il appelle à un No Sarkozy Day le 27 mars?

Mardi, j'ose à peine en parler, de peur de recevoir encore en commentaire de trop longues critiques, mais bon… Le billet de ce jour-là se gaussait des propos de Mahmoud Amadinejad, président iranien, qui a déclaré:
1- l'ayatollah Khomeini n'est pas mort?
2- être le père de Zohra Dati?
3- les attentats du 11 septembre 2001 sont l'œuvre des services secrets américains?

Lundi, on se réjouissait ici de la déclaration de N. Sarkozy annonçant que Najlae Lhimer allait pouvoir revenir en France. Pour la Journée de la femme, c'était une belle annonce… Cependant on regrettait aussi:
1- que l'essai de mots clignotants dans le billet puisse faire mal aux yeux de CC?
2- que Le Monde ait titré sur le retour de «deux femmes», alors qu'il s'agissait de jeunes filles âgées de 19 et 18 ans?
3- que Rimbus ait publié un billet sur la parité aussi complaisant pour le sexe faible?

P-S, si comme moi vous êtes en retard de lecture chez Arf, je vous signale que cela fait 7 jours qu'il a publié Une force tranquille


vendredi 12 mars 2010

Prix du Net-citoyen à une iranienne


Parvin Ardalan est iranienne, féministe, journaliste et blogueuse. Féministe et iranienne, on imagine tout de suite que ce n'est pas le bonheur chaque jour… Iranienne, féministe, journaliste, et blogueuse: on voit que son cas est grave, presque désespéré. On pourrait la prendre pour un phénomène en son pays, une espèce de kamikaze unique. Mais ce n'est pas le cas, elles sont une vingtaine de femmes comme elle, pour animer le site Changement pour l'égalité (www.we-change.org, si vous lisez l'iranien)…

Ce site créé en 2006 s'efforce de mobiliser la population contre les lois discriminatoires visant les femmes. En quatre ans il est «devenu une source d'information et de référence sur le droit des femmes dans la société iranienne». On imagine à quelles embûches ces femmes et celles qu'elles accompagnent et soutiennent sont quotidiennement exposées. «À ce jour, plus de cinquante militantes ont été convoquées, arrêtées et emprisonnées depuis le lancement du site», nous dit le dossier de presse que j'ai consulté. Bref, il existe des pays où bloguer demande tout simplement du courage, un vrai courage.

C'est pour cela que dans le cadre de la Journée mondiale contre la cyber-censure de ce 12 mars, Reporters sans frontières —partenaire de Google pour l'occasion—, a décerné le premier Prix du Net-citoyen à ces femmes de Changement pour l'égalité, représentées par Parvin Ardalann.
source photo RSF/ tbwa-corporate.com

S'il existait un prix de l'opportunisme médiatique, en revanche, il y aurait pas mal de journalistes qui pourraient concourir en France. Ils font un boulot de moins en moins facile, certes. En témoigne le mépris avec lequel ils sont régulièrement traités par le pouvoir, comme les deux reporters de France 3 retenus en otages depuis 70 jours en Afghanistan.

Cela n'empêche pas certains de faire preuve à l'occasion d'un sacré culot. Ainsi Laurent Jaufrin qui affichait aujourd'hui une vertu de tartufe à propos de la rumeur récente visant le couple Sarkozy. Libération ne mange pas de ce pain là, dit-il en substance, pas de ragots sur la vie privée du président chez nous.

À la lettre, on l'approuve, cette infecte plaisanterie lancée sur internet n'aurait mérité que le silence, sans l'intérêt qu'elle avait suscité à l'étranger. Laurent Jaufrin se targue donc d'avoir refusé d'en parler, «la vie privée des hommes politiques n'est pas pour nous un objet d'investigation»… Mais que faut-il penser alors de l'article consacré le 6 février 2008 au SMS prétendument envoyé par Nicolas Sarkozy à son ex épouse Cécilia?

P-S M. Poireau nous parle aussi, entre autres, des femmes… Je viens de m'apercevoir que le billet de Nicolas parle aussi du Prix Net-citoyen, mais il n'a pas choisi la même photo, tout va bien!

jeudi 11 mars 2010

Nicolas Sarkozy, président d'Île-de-France

Nicolas Sarkozy a accordé un entretien au Figaro Magazine, l'annexe du quotidien, en pire. Le Figaro.fr en a publié chichement quelques extraits aujourd'hui, où l'on n'apprend pas grand chose de vraiment neuf. Le Monde en parle de son côté, et donne une citation utilisée pour titrer sur une pause dans les réformes, à intervenir fin 2011… «Ensuite, au second semestre 2011, le gouvernement fera une pause…» Le Monde doit avoir des journalistes extralucides, parce que ce passage ne figure pas sur le site de son confrère, ce qui m'oblige à jongler entre les deux sources pour en parler.

C'est tout de même une précision intéressante, à rapprocher de l'affirmation du président qu'il ne se livrera pas à un vrai remaniement avant la réforme des retraites. On voit bien se dessiner ainsi sa tactique: faire assumer par François Fillon l'impopularité de ce qui s'annonce comme le bouleversement majeur de son mandat. User le premier ministre jusqu'au slip, puis le remercier enfin pour entamer les manœuvres de reconquête de l'opinion.

À ce moment-là, on proclamera la pause dans le chantier de démolition nationale, on sortira des têtes neuves, on commencera à entonner les promesses de lendemains chantants… Reste à savoir si ça marchera, avec le peuple français tout est possible: veaux qui ne songent qu'à la tétée, ou taureaux qui fichent l'étable sens dessus-dessous.

Dans cet entretien, sous prétexte de se défendre d'avoir pris parti dans la campagne des régionales, Nicolas Sarkozy profère aussi une énormité. À elle seule, elle mérite que l'on fasse l'effort de lire Le Figaro: «Qu'y a t-il d'étonnant à ce que je rencontre des élus d'Ile-de-France, alors que je suis moi-même un élu de cette région depuis 1977?»

Non monsieur Sarkozy, entre 1977 et 2007, vous étiez, certes, un élu de la droite en Ile-de-France —un élu du RPR, puis de l'UMP. En 2007 vous avez été élu par une majorité de citoyens de toutes opinions, dispersée à travers la France, l'avez-vous oublié? En théorie, vous auriez dû être un président au-dessus des partis, celui de tous les Français.
Nous sommes donc gouvernés par un chef de bande. Qui a donc parlé de respect, de légitimité?

mercredi 10 mars 2010

J. Attali appelle le Samu pour la république

Chaque fois, on se laisserait gagner par l'irritation, et pourtant je sais bien que c'est un sujet sans avenir. Chaque fois que des couronnes sont tressées à la démocratie française, je suis effaré. Même quand il s'agit d'une couronne funèbre, comme c'était le cas en lisant un article de Jacques Attali sur Slates. Il veut sauver notre système, preuve qu'il va mal, et feint de diagnostiquer que «nous ne sommes pas en démocratie».

Jacques Attali est un séduisant faux-monnayeur dans tous les domaines, à commencer par celui de l'écriture, où il a été accusé à diverses reprises de plagiat (François Mitterrand, indulgent, disait qu'il avait «le guillemet facile»). Sur le plan des idées sa réputation ne vaut pas énormément mieux. Pour rester sur le sujet de la démocratie, on peut lui accorder de n'être pas le seul faux-monnayeur en la matière. Ils sont innombrables ceux qui partagent son impudence: la quasi totalité des gens qui exercent un petit ou un grand pouvoir de bas en haut de la république, et l'armée de tous les autres, cyniques, carriéristes, adeptes des hiérarchies intransigeantes, naïfs, imbéciles… Bien sûr que nous ne sommes pas en démocratie, puisque nous n'y avons jamais été!

J. Attali énumère de nombreux symptômes qui conduisent à trouver notre régime malade. Je ne vais pas les reprendre un à un, au risque de plagier son article, ce qui serait un comble, mais je m'arrêterai sur l'un des plus significatifs. Pour lui la réduction du mandat présidentiel à cinq ans «interdit [au président] d'être provisoirement impopulaire». Cela signifie donc que dans sa démocratie, le président doit jouir du pouvoir de mécontenter impunément son peuple, afin de mener à bien la politique qu'il a choisie. Les deux ans de rallonge d'un septennat devant lui permettre de reconquérir les esprits, pour obtenir mandat de continuer à régner…

En démocratie au contraire, si l'on tient à conserver un président, dont le rôle pourrait en effet devenir salutaire en cas de péril, on prendrait soin de ne lui concéder aucun pouvoir d'essence monarchique. On commencerait par déloger les hauts responsables de la politique des palais où ils ont cru bon de s'installer au lendemain de la Révolution. De quoi a besoin un président? D'une grande salle à manger pour recevoir les hôtes étrangers, et de ciseaux qui coupent parfaitement les rubans dans les inaugurations.

Toute plaisanterie mise à part, on peut observer que l'impopularité ne paralyse nullement M. Sarkozy dans son obstination à bouleverser la France. On peut même lui reconnaître ce courage. Et je mettrais ma main au feu que dans l'opposition, on se frotte les mains devant la besogne qu'il accomplit en diminuant de façon drastique les effectifs de fonctionnaires. Ça ne sera plus à faire! Voilà des années que l'on entend certains répéter dans tous les camps qu'il faut alléger la fonction publique, qu'elle coûte trop cher…

Dans une démocratie, les gouvernants, les députés, seraient peut-être aussi de cet avis, mais il leur faudrait réellement mouiller leur chemise pour le faire admettre au peuple. Ce dernier aurait en effet la possibilité d'entraver une telle évolution par voie référendaire. Les députés contrôleraient étroitement le gouvernement, même si des mécanismes devaient être imaginés pour assurer à celui-ci une certaine stabilité —il y a des gens payés pour réfléchir à ces choses et inventer des solutions.

M. Attali parle aussi des devoirs des citoyens, celui «de débattre, d'étudier et de voter»… Ces devoirs là seraient sans doute moins négligés si les gens avaient le sentiment que cela sert à quelque chose, et qu'à tout moment de la vie publique ils peuvent prendre une parole décisive. Il n'y a pas de démocratie sans participation directe des citoyens, non pas au gouvernement proprement dit, mais à l'élaboration des décisions et au contrôle des politiques. Cela passe obligatoirement par le référendum d'initiative populaire.

mardi 9 mars 2010

Amadinejad va au pot aux roses

Le président iranien Mahmoud Amadinejad s'est encore illustré dernièrement. Il a rejoint en effet les rangs des cinglés de complots, et plus précisément la secte des plus gratinés d'entre eux: ceux qui nient la réalité des attentats du 11 septembre 2001 aux USA. Pour lui cet «incident» a été fabriqué par les services secrets américains afin de se forger un prétexte pour envahir l'Afghanistan. Comme M. Amadinejad doit se rendre prochainement en Afghanistan, ceci explique sans doute cela…

Quoi qu'il ne soit jamais avare de provocations, on ne peut toutefois exclure sa sincérité lorsqu'il apporte sa caution à l'échafaudage d'un complot. Tout ce que l'on sait de sa personne tend à brosser un portrait d'une extrême rusticité, et s'il paraît douteux que les ayatollahs aient fait d'un parfait crétin un président, cela ne peut être exclu entièrement.

L'un de ses arguments pour réfuter la réalité des attentats d'Al-qaïda, est le chiffre annoncé de 3000 victimes, alors que «les noms des 3000 personnes n'ont jamais été publiés». M. Amadinejad a trop bien verrouillé Internet dans son pays, ou alors il est encore moins doué que moi pour l'utiliser. J'ai trouvé en trois minutes deux «List of Victims from Sept. 11, 2001»: la première sur le site de Foxx News, la seconde sur celui de CNN, intitulée «A Memorial»

Dans la catégorie des grands malades orientaux, il ne faut pas oublier non plus le tambour Kadhafi, dont on entendra sans doute parler bientôt à l'occasion du sommet arabe qu'il organise ce mois-ci. On nous le promet carnavalesque à souhait, comme il sait faire, mais ce n'est pas par ce sommet que je souhaite conclure mon billet. M. Kadhafi garde toujours en otage un citoyen Suisse, Max Göldi, pour se venger des genevois qui ont traité son fils comme un voyou ordinaire. Il a aussi un autre prisonnier dont on parle moins, Jamal al Haji. Un groupe FaceBook leur est consacré: «Bougie en Libye», qui renvoie notamment à une pétition d'Amnesty International pour demander la libération de l'otage suisse… Je l'ai personnellement signée après avoir rejoint ce groupe, bien qu'il s'agisse peut-être d'une démarche spécifique aux citoyens suisses…

Sources: Branchez-vous Matin! et le Nouvel-Obs

P-S, Éric semble avoir du vague à l'âme, et veut changer de maison… J'aurais dû, hier, mettre en lien l'excellent billet de Seb Musset, «Une journée de l'infâme», mais je ne l'avais pas encore lu, alors, je me rattrape…