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vendredi 25 avril 2008

Cirque olympique.

Le cercle fermé des anciens médaillés vient de s'opposer à toute politisation des jeux par les nouveaux concurrents. Défense même d'y penser ! N'en déplaise aux sportifs vétérans des jeux olympiques, le sport —celui du moins qui envahit les écrans de télévision, dévore le temps de parole des informations à la radio, encombre les pages des journaux—, le sport-spectacle est d'abord un phénomène politique. Ensuite c'est une question d'argent. En dernier lieu c'est un instrument de plaisir, de délassement de l'esprit, c'est à dire encore un outil politique. Car ce n'est pas pour rien, si les sports ont pris une telle importance au fil des années, qu'il est devenu indispensable aux personnalités politiques de premier plan d'apparaître sur un stade à un moment quelconque, comme il leur arrive de s'afficher encore à la messe malgré la perte d'influence de la religion —un opium chasse l'autre. On nous abrutit littéralement de sport. Nous revenons au temps de l'empire romain avec un succédané des jeux du cirque et une version affadie des tyrans posant leurs augustes fesses sur les gradins, au milieu de leur peuple stupide. Loin de moi l'idée de stigmatiser l'idéal d'un esprit sain dans un corps sain, l'exercice physique, le plaisir de jouer au tennis, au foot, à ce que l'on voudra entre amis, ou celui de vibrer aux exploits des athlètes ! Cela n'a rien de commun avec le vidage de crâne accéléré que subit la société. Les patrons des médias ne sont pas seulement englués dans une logique d'audience, ils satisfont aussi l'attente implicite de gouvernants qui préfèrent avoir des sujets béats plutôt que se posant des questions, ou rêvant, simplement. Qui sait où nous mènerait le rêve !
Le sport est politique : aujourd'hui, la Chine se sert des jeux olympiques, ponctuellement pour étouffer sous une liesse artificielle les voix de ses opposants, plus généralement pour faire étalage aux yeux du monde de sa puissance naissante. La Chine n'est pas un pays démocratique, on le sait, mais un état sans vergogne qui écrase ses faibles, spolie ses paysans, persécute ceux qui demandent justice. Parce qu'il n'y existe aucun contre-pouvoir, ses dirigeants, sans doute ni plus ni moins cyniques que les nôtres, se croient tout permis. Ils ne peuvent comprendre ni admettre les critiques qui s'élèvent du monde entier. Chez nous, il arrive aussi que notre pays soit épinglé dans quelque rapport international sur le chapitre des droits de l'homme —par exemple, à propos de la situation dans les prisons—, mais pour autant, le gouvernement ne peut y faire couper internet du jour au lendemain et orchestrer des manifestations de protestation : il soulèverait un tollé républicain général, de la gauche à la droite.
N'en déplaise aux athlètes vétérans des JO et aux esprits complaisants, le geste politique d'un boycott de la cérémonie d'ouverture s'impose. Parce que les démocraties n'ont pas à cautionner l'état oppresseur qui utilise ces jeux comme un outil politique.

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