Claviers ruisselle de bonheur sous un soleil de plomb. Pourtant, ce matin, il manquait quelque chose au mien en allant chercher mon pain au village : je n'ai pas eu droit aux sourires bons enfants de la majorité municipale. Aucun de ses élus en vue aux abords de la place du marché. Auraient-ils renoncé à prodiguer généreusement des risettes aux administrés ? À moins que, convaincus d'avoir gagné la bataille des cœurs, ils n'aient décidé d'arrêter les frais du samedi. Cette victoire, pourtant, reste largement à démontrer. On peut même supposer le contraire. La dite majorité avait une occasion en or de tester l'opinion des clavésiens : il suffisait de les consulter à propos de cette salle de réunion à la mairie refusée aux élus de l'opposition. Était-ce juste ou injuste ? Cette crainte de vérifier si l'on bénéficie du soutien de la population, au delà de sa petite clientèle d'inconditionnels, constitue déjà en soi une réponse. Lors de la dernière réunion publique, j'avais cru comprendre qu'un arrangement satisfaisant avait été trouvé entre les deux équipes, mais il n'en est rien. La situation demeure inchangée à la veille du prochain conseil municipal. La seule chose qui ait progressé sur cette question symbolique, c'est que nous connaissons la raison du refus du maire nouveau : il n'a pas confiance dans l'opposition. Craint-il que les élus de celle-ci piquent la tirelire municipale, qu'ils déménagent nuitamment le mobilier pour aller le fourguer aux greniers dans la rue de Bargemon, ou Callas ? Ou bien qu'ils aillent saupoudrer son bureau et celui des adjoints de poudre à éternuer ? On se demande ce qu'il peut bien avoir à cacher, à peine mal élu, le maire nouveau ! Pourquoi s'obstiner à camper sur une position aussi choquante pour beaucoup plus de gens qu'il ne le croit ? Il ne suffit pas de poser à l'homme affable pour panser toutes les blessures, éloigner tous les orages qui couvent. Il faut aussi vouloir réparer les dégâts, ce qui commence par un réel respect de ses adversaires.
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