Des émeutes viennent de secouer une petite ville chinoise du Guizhou ; ont-elles quelque chose a voir avec le respect des droits de l'homme ? Elles ont éclaté, nous dit-on, à la suite de la mort d'une adolescente qui aurait été violée par le fils d'un notable. Le conditionnel recommandé dans ces affaires s'impose d'autant plus que cela s'est passé au bout du monde. On sait que partout les déshérités, ou ceux qui se jugent tels, sont prompts à laisser libre cours à la haine quand le mépris à leur égard devient intolérable. Que les jeunes chinois acteurs de ces émeutes aient eu tort ou raison sur les faits importe peu. Partout ailleurs, lorsque les gens sont confiants dans les autorités de leur pays —gouvernement, justice, police—, ils n'éprouvent ni suspicion à priori ni tentation de la violence. Ils attendent que justice passe, assurés qu'elle surviendra en temps voulu. Dès lors que l'on croit être tous égaux devant la justice, les pulsions de révolte faiblissent. En Chine, ce sont les abus d'un pouvoir oppresseur qui ont nécessairement engendré ces troubles, parce que l'élémentaire justice a failli à son devoir. Les maîtres de la Chine, au fond, étaient bien naïfs quand ils ont voulu faire des jeux olympiques le sacre laïque de leur régime. Ils nous donnent chaque jour ou presque le spectacle de leur brutalité. Et nous fournissent une occasion de leur administrer la gifle qu'ils méritent. Ce n'est pas si souvent que les peuples libres peuvent embarrasser une dictature. Nos hommes politiques sont toujours prêts à condamner les despotes à la maison, et pressés de les féliciter à l'extérieur. Mais cette fois, la réprobation est si universelle que nous devrions pouvoir empêcher les hommes et les femmes qui parlent en notre nom de s'asseoir à la tribune officielle des jeux olympiques avec les droits de l'homme pour coussin.
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