Avec sa façon éhontée de renvoyer l'ascenseur aux copains mercantis de l'audiovisuel privé, et d'annoncer son désir de mettre le service public à ses ordres, arguant sans vergogne qu'il est normal que «l'actionnaire nomme le président», ceux qui en doutaient encore auront compris que M. Sarkosy considère la France comme une entreprise. Corollaire : il se prend pour son P.D.G., ce qui colle bien mieux, il est vrai, à son personnage despotique, imbu de lui-même, que le titre de président de la république. Sa manière de gérer le pays en détruisant ses assises sociales sous prétexte d'alléger les charges de l'entreprise France, et de refiler aux collectivités locales des responsabilités empoisonnées, comme à de vulgaires sous-traitants, en est encore l'illustration. Dernier exemple en date : par économie, on va trancher dans les armées, fermer des casernes, et donc handicaper des villes demain privées d'écoles, de services public, sans que le Conseil d'Administration du Siège Social français se sente la moindre obligation envers elles. Au contraire : on se frottera les mains de leur déclin, si ces villes sont tenues par la gauche. Bien entendu, et il ne faut surtout pas l'oublier, ces agissements vont de pair avec une conception maquignonnesque de la république, la frugalité imposée aux autres ne concerne pas le P.D.G. Il s'octroie un salaire qui est une véritable provocation, se fait offrir par l'entreprise France la réalisation de tous ses caprices, tel cet avion de ligne privé dont l'acquisition est annoncée. Soyons assurés qu'il ne lui arrivera pas souvent de débourser un centime de dépense personnelle. Ceci est tout sauf anodin de la part d'un homme qui exige des autres effort et volonté, et qui ne cesse de leur imposer des mesures qui les appauvrissent. Un pays n'est pas une quelconque chaîne de production industrielle, n'en déplaise à M. Sarkosy. Bien loin de se constituer afin de produire des richesses, une nation s'assemble pour vivre mieux et en sécurité. Un pays, ce sont des êtres humains, de toutes opinions politiques, qui confient momentanément l'organisation de leur existence à un gouvernement. Les services publics, qui appartiennent exclusivement au peuple, ne doivent pas être placés sous le contrôle étroit de ceux qui détiennent déjà le pouvoir. L'exigence démocratique devrait nous protéger d'un tel abus. Sinon, que deviendrons-nous, lorsqu'un homme tel que M. Sarkosy, autoritaire, brutal, rancunier, et peu regardant sur les méthodes, détiendra la totalité des pouvoirs dans notre république, y compris celui de bâillonner toute critique ?
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