J'avais appris, voici quelque temps, qu'à l'occasion de la visite du pape, Dieu séjournerait incognito sur sa bonne terre de France. Comme ma cousine connaissait bien le frère du neveu de la femme du chauffeur du Très-Haut, j'ai sollicité par leur intermédiaire, sans trop y croire, une entrevue avec Lui, pour l'interviewer sur notre actualité… Et miracle ! La réponse me parvint, positive. Dieu acceptait de me recevoir deux minutes, pas davantage, en raison d'un agenda aussi rempli que celui de M. Kouchner. Conformément aux instructions de son entourage, je ne peux rien divulguer du lieu de notre entrevue, et d'autre part, en raison du peu de temps dont je disposais, j'ai dû restreindre ma curiosité à deux points essentiels. Pour ma première question, j'avoue sans détour que je me suis inspiré d'un débat qui fait rage sur le web, parmi de plus qualifiés que moi, à propos du salaire minimum. Ébloui par sa gloire je serais incapable de Le décrire au lecteur, je puis tout de même révéler qu'il se montra fort simple et très cordial. Ainsi, m'invita-t-il d'emblée à laisser tomber l'étiquette pour l'appeler monsieur, sans tralala.
« Monsieur, que pensez-vous du smic, faut-il le conserver à tout prix?
— Je suis pour la suppression du smic, sans état d'âme.
— Hem…, vous avez une âme, comme n'importe quel pécheur ?
— Je n'ai même que ça, mon cher : je suis tout âme. Elle me sert de cœur, de jambes, de barbe, de bras, de tête, c'est très pratique. Je me faufile partout sans embarras. En plus, elle est immortelle.
— Vous insinuez que la mienne serait bas de gamme et périssable? Je croyais le contraire… C'est assez injuste.
— Injuste comme la création, coco ! Il y a dans l'univers des tas de saloperies qui ne deviendront jamais étoiles ; des enfants qui naissent aveugles, sourds, muets, noirs, et…
— Oui, bon ça va, je connais ! Je vous imaginais moins cynique.
—Ce n'est pas du cynisme : j'ai fabriqué des tas d'univers, mais je n'ai jamais réussi à faire un truc aussi parfait que moi. C'est de l'incompétence voilà tout ! Hem…, que ça reste entre nous, off the record, n'est-ce pas ?
— Revenons-en à nos smicards… En somme, vous êtes une sorte d'ultra-libéral qui prône la disparition du smic, et tant pis si cela entraîne l'effondrement des bas-salaires avec une explosion de la précarité…
— Ultra-libéral si ça vous amuse, mais vos inquiétudes sont infondées, car je préconise concomitamment à la suppression du Smic, la création d'un Smic.
— C'est de l'humour divin ?
— Salaire Maximum Interprofessionnel de Confiance, mon cher. Il s'agirait d'agir sur l'économie en la moralisant quelque peu : vous fixez au départ, lors du vote du budget, un seuil de rémunération maximale des postes de hautes responsabilités, qui sera par la suite indexé sur l'inflation, et le tour est joué. Une masse de thune se trouvera en quelques années injectée dans l'économie, disponible pour la redistribution aux bas-salaires. Que pensez-vous de ma proposition ?
— Intéressante…, je peux la transmettre à M. Sarkozy de votre part ?
— C'est déjà fait : je lui serine ça toutes les nuits depuis un mois dans ses rêves, mais pour le moment, il se réveille chaque fois en hurlant à Carla qu'il a fait un cauchemar.
— Peut-être que l'intercession du pape…, ils sont très amis, vous savez.
— J'y ai bien pensé, mais avec Benoit c'est pire, il croit entendre la voix de Lucifer et s'écrie : vade retro satanas !
— Bien, passons à ma question suivante, si vous le voulez bien.
— Je vous écoute.
— Demain, dimanche, auront lieu en France des élections sénatoriales. Comme vous ne pouvez l'ignorer, les sénateurs sont élus au suffrage indirect, et de telle manière que certains d'entre eux tiennent leur mandat de quelques poignées de ruraux conservateurs, alors que d'autres doivent obtenir leur élection de collectivités urbaines bien plus importantes. C'est une situation inique puisque la cambrousse dépeuplée envoie davantage de sénateurs à Paris que les citadins pressés comme des sardines dans leur circonscription. Pensez-vous qu'il soit possible de réformer un jour l'institution du sénat ?
— Ah, le sénat ! J'aime bien le sénat. Ils sont presque tous pour moi, là-bas, vous savez ? Je ne veux pas vous décourager, mon ami, mais je crois que pour obtenir la réforme du sénat, il vous faudra attendre les trompettes du jugement dernier ! »
« Monsieur, que pensez-vous du smic, faut-il le conserver à tout prix?
— Je suis pour la suppression du smic, sans état d'âme.
— Hem…, vous avez une âme, comme n'importe quel pécheur ?
— Je n'ai même que ça, mon cher : je suis tout âme. Elle me sert de cœur, de jambes, de barbe, de bras, de tête, c'est très pratique. Je me faufile partout sans embarras. En plus, elle est immortelle.
— Vous insinuez que la mienne serait bas de gamme et périssable? Je croyais le contraire… C'est assez injuste.
— Injuste comme la création, coco ! Il y a dans l'univers des tas de saloperies qui ne deviendront jamais étoiles ; des enfants qui naissent aveugles, sourds, muets, noirs, et…
— Oui, bon ça va, je connais ! Je vous imaginais moins cynique.
—Ce n'est pas du cynisme : j'ai fabriqué des tas d'univers, mais je n'ai jamais réussi à faire un truc aussi parfait que moi. C'est de l'incompétence voilà tout ! Hem…, que ça reste entre nous, off the record, n'est-ce pas ?
— Revenons-en à nos smicards… En somme, vous êtes une sorte d'ultra-libéral qui prône la disparition du smic, et tant pis si cela entraîne l'effondrement des bas-salaires avec une explosion de la précarité…
— Ultra-libéral si ça vous amuse, mais vos inquiétudes sont infondées, car je préconise concomitamment à la suppression du Smic, la création d'un Smic.
— C'est de l'humour divin ?
— Salaire Maximum Interprofessionnel de Confiance, mon cher. Il s'agirait d'agir sur l'économie en la moralisant quelque peu : vous fixez au départ, lors du vote du budget, un seuil de rémunération maximale des postes de hautes responsabilités, qui sera par la suite indexé sur l'inflation, et le tour est joué. Une masse de thune se trouvera en quelques années injectée dans l'économie, disponible pour la redistribution aux bas-salaires. Que pensez-vous de ma proposition ?
— Intéressante…, je peux la transmettre à M. Sarkozy de votre part ?
— C'est déjà fait : je lui serine ça toutes les nuits depuis un mois dans ses rêves, mais pour le moment, il se réveille chaque fois en hurlant à Carla qu'il a fait un cauchemar.
— Peut-être que l'intercession du pape…, ils sont très amis, vous savez.
— J'y ai bien pensé, mais avec Benoit c'est pire, il croit entendre la voix de Lucifer et s'écrie : vade retro satanas !
— Bien, passons à ma question suivante, si vous le voulez bien.
— Je vous écoute.
— Demain, dimanche, auront lieu en France des élections sénatoriales. Comme vous ne pouvez l'ignorer, les sénateurs sont élus au suffrage indirect, et de telle manière que certains d'entre eux tiennent leur mandat de quelques poignées de ruraux conservateurs, alors que d'autres doivent obtenir leur élection de collectivités urbaines bien plus importantes. C'est une situation inique puisque la cambrousse dépeuplée envoie davantage de sénateurs à Paris que les citadins pressés comme des sardines dans leur circonscription. Pensez-vous qu'il soit possible de réformer un jour l'institution du sénat ?
— Ah, le sénat ! J'aime bien le sénat. Ils sont presque tous pour moi, là-bas, vous savez ? Je ne veux pas vous décourager, mon ami, mais je crois que pour obtenir la réforme du sénat, il vous faudra attendre les trompettes du jugement dernier ! »
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