Hier, Nicolas Sarkozy s'est fendu d'un hommage à sa manière aux 675 fusillés pour l'exemple de la guerre de 14. Côté français bien entendu, puisqu'il y eut des mutineries au sein de toutes les armées impliquées dans le conflit. Lorsqu'il n'était que le secrétaire général du RPR, il avait pourtant critiqué sévèrement Lionel Jospin, premier ministre, alors tenté de passer enfin l'éponge sur cette tache de notre histoire. Je ne compte pas revenir là-dessus, d'autres l'ont fait très bien. Je voudrais simplement relever que, aujourd'hui Président de la République, M. Sarkozy est en position inconfortable pour effacer réellement ce passé, autrement que par quelques propos de compassion destinés aux descendants de fusillés. Je me demande qui pourrait prendre l'initiative d'une véritable amnistie, sachant que demain comme hier, «la discipline sera la force principale des armées». Autrement dit : sans faire injure aux boucheries futures et à la nécessité de perpétuer le souvenir, sinon la réalité, des valeurs du patriotisme, du sacrifice, de l'abnégation… Ça peut toujours servir. Bref, là-dessus, je me rends compte qu'un chef d'état doit porter un autre regard que le mien sur ce passé.
Ne devant rien à personne, je peux me permettre de penser que les paroles de M. Sarkozy sur «ces hommes qui n'ont plus eu la force de se battre […] avec leurs forces et leurs faiblesses…» ces paroles étaient à côté de la plaque. Les faibles, les résignés, étaient ceux qui, jour après jour, allaient se faire tuer, sans oser seulement murmurer leur écœurement. Il y avait bien sûr des vaillants disposés à se battre jusqu'à la dernière goutte de sang, des types qui savaient ce qu'ils faisaient là, mais ils n'étaient pas les plus nombreux. Comme toujours, les plus nombreux maudissaient la guerre et fermaient leur gueule par peur. Il a fallu un sacré courage, au contraire, à tous les hommes qui se révoltèrent par régiments entiers au cours de l'année 1917. Des hommes qui ont eu la force de dire non.
PS: en rapport plus ou moins direct avec la guerre de 14, je vous signale un billet et une belle vidéo de Gaël : «Quelle connerie la guerre», ainsi que les réflexions de Mathieu à propos des commémorations et du rôle des historiens.
Ne devant rien à personne, je peux me permettre de penser que les paroles de M. Sarkozy sur «ces hommes qui n'ont plus eu la force de se battre […] avec leurs forces et leurs faiblesses…» ces paroles étaient à côté de la plaque. Les faibles, les résignés, étaient ceux qui, jour après jour, allaient se faire tuer, sans oser seulement murmurer leur écœurement. Il y avait bien sûr des vaillants disposés à se battre jusqu'à la dernière goutte de sang, des types qui savaient ce qu'ils faisaient là, mais ils n'étaient pas les plus nombreux. Comme toujours, les plus nombreux maudissaient la guerre et fermaient leur gueule par peur. Il a fallu un sacré courage, au contraire, à tous les hommes qui se révoltèrent par régiments entiers au cours de l'année 1917. Des hommes qui ont eu la force de dire non.
PS: en rapport plus ou moins direct avec la guerre de 14, je vous signale un billet et une belle vidéo de Gaël : «Quelle connerie la guerre», ainsi que les réflexions de Mathieu à propos des commémorations et du rôle des historiens.
Sarko est à côté de la plaque, mais pas que là-dessus, malheureusement...
RépondreSupprimerMerci pour le lien.
bonsoir jean louis,
RépondreSupprimerj'ai beaucoup aimé la remarque «la discipline sera la force principale des armées». un beau texte avec une sensibilité remarquable.
merci
je pense que ça lui permettait d'en mettre encore un petit coup sur le museau des "incapables", ce mec a un problème avec l'armée et il ne s'en cache pas
RépondreSupprimerEn lisant ce texte, je ne peux m'empêcher de penser à mon grand-père, combattant de cette "grande guerre". Il n'en parlait jamais sauf quand l'occasion se présentait de clamer sa haine de l'allemand(pour rester correct). A chaque fois, je le regardais, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire. Aujourd'hui, je sais qu'il n'a jamais rien compris à tout cela. J'en suis profondément attristé.
RépondreSupprimerle mien de grand_père nous racontait Verdun et le ticket de métro trouvé dans sa poche, sur un chemin ensoleillé.
RépondreSupprimerJe regarde tjrs les monuments aux morts sur les places de villages et les noms d ceux qui sont morts pour la patrie, mais comme je le disais ailleurs, cette guerre a fait aussi, pour la première fois, énormément de victimes civiles. Les plus nombreuses aujourd'hui dans ces autres guerres qui ne sont pas chez nous.
Et personne n'inscrit leurs noms sur la pierre.
Quant aux survivants, blessés,mutilés, femmes violées, enfants soldats, enfants sans enfance, enfants martyrs...
Tous les moyens sont bons pour critiquer Sarko ?
RépondreSupprimer;-)
Les propos étaient peut être à côté de la plaque mais "leur esprit" était peut-être nécessaire.
Mathieu, pas de quoi! Sur ce point précis, communication mise à part, on n'est plus tout à fait dans la politique.
RépondreSupprimerPeuples, c'est une demi-pirouette, une ellipse aussi pour aller à l'essentiel de mon propos. Parce que ce n'est pas en quelques lignes que l'on peut résoudre toutes ses contradictions. Sauf à nier la nécessité des armées —angélisme vain—, pour qu'elles remplissent leur rôle, la fameuse discipline s'impose… Il me semble qu'il n'y a pas La guerre, mais Des guerres. Celles plus ou moins fomentées par les pouvoirs pour des motifs condamnables, comme 14/18, d'autres qui s'imposaient à tous, comme la lutte contre le nazisme…
Gaël, c'est possible, aussi!
Walkingthedog, je crois qu'il nous est presque impossible de comprendre les motivations et le contexte familial de nos grands-parents, le monde a trop changé.
Martine, la guerre faite aux civils, partout et de plus en plus, n'est finalement qu'un retour à sa barbarie première, quand on mettait les villes à sac…
Nicolas, objection : je n'ai pas été suffisamment clair ? J'ai dit que Sarkozy, en qualité de président de la république, est dans une situation inconfortable à ce sujet, et douté qu'il soit possible de prononcer une véritable amnistie. Mon point de vue est celui de quelqu'un qui n'engage personne d'autre que lui-même. :-))