Nul n'a oublié ni n'oubliera de sitôt, je suppose, le jour de liesse populaire qui suivit la formation du gouvernement, au lendemain de l'érection de Nicolas 1er (le Bien-aimé) à la nicotée suprême, l'an deux mille septre. Le choix de figures adulées du public, assignées à des postes ministériels d'une modernité volontariste, annonçait clairement la rupture promise à la veille du plébiscite. Le peuple franchois en ressentit une commotion voluptueuse qui emplit chacun d'étonnement —étonnement qui tenait moins à la jouissance éprouvée qu'à son siège, présenté jusque là comme inconvenant par la tradition.
Le Bien-aimé qui, de son propre aveu, ne craint rien davantage que de passer pour «un roi fainéant», se fit un devoir de se mettre aussitôt à l'ouvrage. Escorté du Premier sapir mange-couleuvre, en charge du tout dans le rien, et de la sémillante Mangeline Rachalot, sapir de la bien-portance, il se rendit, comme il l'avait annoncé, pour une visite surprise dans un hôpital éloigné au fin fond de ses états.
Le comité d'accueil, on ne peut le cacher, lui fit tout d'abord la gueule.
«Voyez, sire: nous manquons si cruellement de lits, qu'il y a dans le couloir, sur cette civière, une patiente à la jambe brisée dont on ne sait que faire!
—Voyons, un peu de jugeote! répartit Nicolas 1er. Quelle intervention réservez-vous à ce jeune homme, que je vois mollement couché sur la table d'opération?
—Une trépanation, sire…
—Alors, opérez-le assis, vous n'avez nul besoin d'admirer son ventre!»
Les infirmières et chirurgiens s'empressèrent d'obéir au monarque; le jeune homme bientôt arrimé dans un fauteuil, le Bien-aimé reprit:
«Maintenant, installez-moi cette dame sur le billard, et le couloir sera libéré.»
On s'exécuta, tandis que le grand Nicolas disait d'un ton magnanime:
«Vous voyez bien: les moyens sont là, ce n'est qu'une question d'organisation!»
Le Bien-aimé qui, de son propre aveu, ne craint rien davantage que de passer pour «un roi fainéant», se fit un devoir de se mettre aussitôt à l'ouvrage. Escorté du Premier sapir mange-couleuvre, en charge du tout dans le rien, et de la sémillante Mangeline Rachalot, sapir de la bien-portance, il se rendit, comme il l'avait annoncé, pour une visite surprise dans un hôpital éloigné au fin fond de ses états.
Le comité d'accueil, on ne peut le cacher, lui fit tout d'abord la gueule.
«Voyez, sire: nous manquons si cruellement de lits, qu'il y a dans le couloir, sur cette civière, une patiente à la jambe brisée dont on ne sait que faire!
—Voyons, un peu de jugeote! répartit Nicolas 1er. Quelle intervention réservez-vous à ce jeune homme, que je vois mollement couché sur la table d'opération?
—Une trépanation, sire…
—Alors, opérez-le assis, vous n'avez nul besoin d'admirer son ventre!»
Les infirmières et chirurgiens s'empressèrent d'obéir au monarque; le jeune homme bientôt arrimé dans un fauteuil, le Bien-aimé reprit:
«Maintenant, installez-moi cette dame sur le billard, et le couloir sera libéré.»
On s'exécuta, tandis que le grand Nicolas disait d'un ton magnanime:
«Vous voyez bien: les moyens sont là, ce n'est qu'une question d'organisation!»
Très drôle!
RépondreSupprimerExcellent.
RépondreSupprimerL'histoire ne dit pas comment va le cerveau du trépané...
:D
quel plaisir de lire, sourire et rire malgré tout!
RépondreSupprimeret merci...
Excellente fable ! Dans le genre j'aime bien ça aussi
RépondreSupprimerhttp://pangloss.blog.lemonde.fr/2009/01/08/le-petit-joueur-de-pipeau/
Et il s'y connait en ogranisation du pouvoir !!!
RépondreSupprimer:-))
Ahahah, bravo ! Je réclame d'autres fables !
RépondreSupprimerMange couleuvre et Mangeline Rachalot :)))
Eric, CC, Tulipe, merci !
RépondreSupprimerb.mode, je vais lire tout à l'heure ! Merci de l'adresse.
M. Poireau, joli, ogranisation!
Marie-Georges, ah, j'aime bien les fables,! On peut y essayer des bottes de sept lieues pour arpenter l'actualité en s'amusant.
Bonjour le coucou, je suis passé sur votre blog, histoire de voir quel genre d'ecrivain pouvait lire le mien. je suis flatté, croyez moi. Je me souviens parfaitement de ce que vous relatez dans ce billet. et pour cause : a l'époque j'etais militaire, et 7 de mes collegues etaient morts dans un crash, au Sinai. A la ceremonie d'hommage qui s'est deroulée dans ma base deux jours apres la mise en place du gouvernement, aucun politico n'a daigné faire le deplacement, aucun. Les familles et nous memes étions outrés. Mais que voulez vous, force est de constater, que pour des galas aux etats unis, toute cette petite foule s'empresse d'en avoir un bristol, seulement pour des militaires de l'armée de l'air, ca ne vaut pas la peine, nous ne sommes que vulgaire populasse.
RépondreSupprimerBien a vous, Partisan.
Partisan, cette désinvolture s'est répétée, d'une manière différente il est vrai, en Afghanistan… Merci de votre visite !
RépondreSupprimer