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vendredi 20 février 2009

Le silence par la peur?

Le boulot du policier est certainement pénible et souvent ingrat. En outre, il est dangereux, comme nous le savons tous. Et pourtant, malgré le risque, il y a des hommes et des femmes qui le choisissent, non seulement parce qu'il faut bien avoir un métier, mais aussi parce qu'ils aiment l'ordre, indispensable pour vivre en société, et ressentent sans doute d'autres motivations, comme le désir de protéger leurs semblables, pimenté de goût du risque. Ils savent que face à des malfrats, ils risquent leur peau, et dans ces cas là, ils ne rigolent pas, on les comprend.
Maintenant, il y a aussi dans leur travail des tâches moins consensuelles, où le pouvoir leur fourgue sa honte à manger. Tenir à bonne distance des manifestants anti-Sarkozy, pour qu'ils ne fassent pas désordre sur les images de sa télévision, par exemple. Ou encore expulser les étrangers en situation irrégulière. Dans ce dernier cas, lorsqu'ils se heurtent à des témoins indignés, leur vie n'est pas en danger. Le seul risque qu'ils courent est de ne pouvoir remplir leur mission, et de se sentir éventuellement mal dans leur peau sans avoir le droit de le montrer.
Je pensais à ça, en lisant dans Le Monde le récit de la comparution en justice d'un membre éminent d'une organisation en faveur des droits de l'homme, André Barthélémy, pour avoir, selon la police, crié «c'est inadmissible, une honte», et «vous ne respectez pas les droits de l'homme», à bord d'un avion, alors que deux congolais allaient être expulsés.
Qu'il ne soit plus permis d'exprimer son indignation en présence d'une situation choquante en dit long sur la dérive autoritariste du pouvoir actuel. Tout citoyen, homme libre a le droit de dire ce qu'il pense à un détenteur de l'autorité. Pouvoir interpeller quelqu'un qui fait son devoir d'humanité, supérieur à tout autre, rabaisse la loi qui l'a permis à pas grand chose.
Un commentaire accompagnait l'article qui m'a inspiré plus ou moins ce billet. Son auteur disait : «Si la loi ne plait pas il faut s'adresser à son député. Les policiers font leur travail, difficile et peu agréable.»
Si j'ai bien compris, au moment des faits, il ne s'agissait pas cependant pour M. Barthélémy de contester la loi permettant l'expulsion, mais les conditions d'exécution de celle-ci.
Il faut tout de même une certaine dose de courage pour sortir de son cocon de voyageur, et prendre publiquement la défense du faible. En serais-je capable? Je l'espère, mais à vrai dire, je n'en sais rien.

source image
détail du Péché originel, Michel-Ange

PS. Si vous ne connaissez pas encore ce blog, je vous invite à découvrir ce soir l'atmosphère étonnante d'Eaux dormantes

6 commentaires:

  1. hier, plein de flics partout dans là rue, dans le 13e, dans le 6e, partout...mais de anif, nib d nab, à un moment je m'arrête et je demande à un groupe de crs désœuvrés "c'est la guerre?", " et l'un me répond "non, c'est paris, c'est normal"...
    ps je demande tjrs si c'est la guerre aux flics, j'aime bien. Une autre fois, devant la bastille, ils m'ont dit "on est là pour vous rassurer" ( ya avait six cars un dimanche d'été après midi et pas un chat)
    c'est nul comme commentaire, mon cher coucou, mais j'espère juste vous faire sourire dans ce monde cul par dessus tête (quoique les centurions..?)

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  2. Euh, tu as fini de faire des bons billets ? Tu m'énerves !
    :-)

    [Il m'est arrivé plein de fois, du haut de mon passé adolo-anarchiste et fort de ma nationalité bien cartée dans le portefeuille, d'interpeler la force publique et métropolitaine lorsque la peur au ventre et les couilles en raisins de Corinthe, elle se permettait de tutoyer un citoyen ordinaire [la différence est dans les yeux de celui qui regarde…]. Figure-toi que la maréchaussée, dans ce tout petit cas d'intervention solidaire, tout à fait cordiale et légale, se montre pour le moins agressive.
    _Laissez-nous travailler monsieur, lancé sur un ton très ferme et franchement militaire…
    :-)) ].

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  3. Martine, j'aime beaucoup "c'est paris, c'est normal"! Merci pour ces sourires en passant !

    Poireau, zut, je n'ai pas fait exprès! Je ferai attention la prochaine fois.
    (Si tout le monde réagissait comme toi, bien des comportements ne seraient plus possible!)

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  4. les droits de l'homme filent un mauvais coton ces temps-ci

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  5. peuples, oui c'est mal parti on peut dire, mis à part de rares sursauts, comme la relaxe de Lounis Ibadioune, cette semaine…

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