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samedi 21 mars 2009

La rondelle fiscale de Nicolas 1er

Ce jour là, dans une forêt impériale proche de la capitale, les deux conseillers favoris de Nicolas 1er faisaient leur trotting matutinal. Comme l'exige le protocole, c'est Cloclo le Béant, Premier valet de la garde-robe qui courait devant, en sa qualité de bras droit de notre Bien-aimé empereur. Le Bon Saint Henri suivait sous ses vents à petites foulées résignées. Ils débouchèrent ainsi dans une clairière circulaire, à peu près inconnue du grand public où se trouvent quelques unes des meilleures niches fiscales de la Nicolée. N'allez pas croire qu'il s'agissait de ces abris à canidés que l'on voit à la campagne, ni de ces cavités voûtées où logent quelques fois des statues de saints et autres pots de géraniums. Non! Cette expression désigne de charmants casiers à chaussures édifiés à leurs frais par des personnes de qualité. C'est une sorte de trésor chaussant qui éloigne de l'Empereur le spectre d'un pays sans souliers. Pour récompenser ces gens d'investir ainsi dans le cuir bien franchois, il est d'usage que le prix des souliers rangés en ce lieu soit retiré de leurs revenus, lorsqu'ils remplissent leur déclaration fiscale.
«Tiens, ça me fait penser que j'ai ma niche ici… Et toi, Riton? dit le Premier valet, qui venait de reprendre haleine au centre de la clairière.
—Seulement la moitié d'une, je suis en société avec ma sous-conseillère, répondit le Bon Saint Henri.
—Tu es fauché, ou con et pingre à la fois?
— Non, tu veux rire! J'ai investi aussi dans une niche flottante aux îles des Pastilles. Sept cabines de luxe qui sont louées plein pot aux touristes américains.
— Alors, mon frère, il faudra que je t'invite un jour à bord de la mienne là-bas!» Ils rirent en se tapant la main droite puis la main gauche.
Cloclo le Béant retrouva ensuite son sérieux de Premier valet et dit d'un ton grave.
«N'empêche qu'il m'arrive de penser que tout ça n'est pas raisonnable!
—Bah! C'est la loi, pourquoi s'en priver?
—Avant hier, j'ai lu un rapport des Grands Éplucheurs… Ça fait un peu honte, quand même… Prenons le cas de Firmin Crésusky: rien que ses plantations de spaghettis lui rapportent 10 millions de Nicolos par an.
— Je sais! Et ses usines à percer les macaronis dégagent encore 5 millions de bénéfice net.
—Ouais… Mais avec ses niches, il arrive à déduire 12 millions. Et sur ce qui reste, grâce à la Rondelle Fiscale que le Bien-aimé a décrétée à son couronnement, quand il paie 2 millions d'impôts, on lui rend ensuite 300 000 Nicolos… Ils sont 700 Franchois comme lui. C'est un peu fort, non?
—Bof, Cloclo! Ils ont aidé le Bien-aimé à remporter le plébiscite, et puis, eux et les quelques dizaines de milliers de Franchois qui profitent du système, ne ménagent jamais leurs applaudissements quand il se déplace quelque part. C'est l'essentiel, non?
—Chut, ne dis pas ça, voyons! Tu sais bien que la raison officielle, c'est d'empêcher la fuite des capitaux!»
Ils se regardèrent en silence, échangèrent un clin d'œil, puis repartirent à petites foulées, Cloclo le Béant, Premier valet de la garde-robe devant, le Bon Saint Henri derrière.

PS. Le concours des Éditions Filaplomb est entré dans sa deuxième phase! À voir aussi chez Gaël, une vidéo des manifestions du 19 Mars, ainsi que chez Romain Blachier

2 commentaires:

  1. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment on peut faire croire qu'une personne riche réinvestit son argent en France. A la limite, si je l'étais je commencerai à la dépenser dans les Caraïbes ;-) Je rappelle que la consommation ne fait pas suite à la forte production, comme le pense peut-être Nicolas 1er, mais à la demande et au besoin de gens - qui ne gagnent pas grand chose - de consommer. Le riche, quand il a mangé, n'a plus faim.

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  2. Homer, d'après ce que j'ai lu, notamment sur Sarkofrance, le côté coup d'arrêt à la fuite des capitaux n'est ni une réussite, ni la raison d'être des mesures fiscale de N. Sarkozy.

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