Dans Le Monde de Dimanche-Lundi, Sophie Wahnich, historienne, signait un article évoquant, à la lumière de la Révolution de 1789, les ferments de révolte dans la France actuelle. Cet extrême raccourci ne donne qu'une idée caricaturale de son analyse (à lire), mais il correspond à mes propres questionnements sur les temps que nous vivons.
Nous sommes sans doute nombreux à nous demander si, aujourd'hui, la dégradation des valeurs de la république, telles que résumées par la devise: Liberté, Égalité, Fraternité, ne va pas déboucher sur une explosion, la crise aidant.
Dégradation, puisque la malchance a voulu qu'à la veille du séisme économique s'installe au pouvoir un Nicolas Sarkozy résolu à faire une adaptation très personnelle des dites valeurs. Il fallait une belle dose d'inconséquence pour mener une politique favorisant les plus aisés, vite perçue comme un retour des privilèges. Et autant d'aveuglement pour camper au fil des mois une image de plus en plus choquante de chef d'état abusif. M Sarkozy a réussi l'exploit d'apparaître plus gravement atteint qu'aucun de ses prédécesseurs du syndrome du monarque républicain, en un temps où l'humeur des citoyens n'est plus à l'indulgence. Cette expression paradoxale, monarque républicain, a un mérite: on voit d'emblée que l'un des deux termes est illégitimement associé à l'autre. Par conséquent, qu'il y a quelque chose de pourri en démocratie… En des temps moins difficiles, sinon prospères, les Français étant ce qu'ils sont, se seraient peut-être accommodés pendant dix ans d'un agité se prenant pour le roi. Seulement, la crise, la grimpée du chômage, l'appauvrissement ressenti par la majorité des gens depuis trop longtemps, changent les choses…
Lorsque certains Français ont choisi M. Sarkozy, ils ne savaient pas qu'il allait s'attaquer à tout ce qui rendait notre pays moins injuste et brutal que beaucoup d'autres. Ils ne connaissaient pas son admiration bouffonne pour le rodéo social américain. À présent qu'ils déchantent, rien n'autorise le président à se prévaloir de leur confiance passée dans la poursuite obstinée de sa politique. Si un élu s'engage à servir le peuple, le peuple ne s'engage jamais à l'obéissance, elle lui est imposée. Une contrainte qui devient insupportable quand s'installe le sentiment que l'élu se sert du peuple.
Dessin: Honoré (merci à lui)
PS: à lire chez Mathieu: La dame perdue de l'avenue Gambetta, et L’OTAN sert-elle encore à quelque chose ?
Dégradation, puisque la malchance a voulu qu'à la veille du séisme économique s'installe au pouvoir un Nicolas Sarkozy résolu à faire une adaptation très personnelle des dites valeurs. Il fallait une belle dose d'inconséquence pour mener une politique favorisant les plus aisés, vite perçue comme un retour des privilèges. Et autant d'aveuglement pour camper au fil des mois une image de plus en plus choquante de chef d'état abusif. M Sarkozy a réussi l'exploit d'apparaître plus gravement atteint qu'aucun de ses prédécesseurs du syndrome du monarque républicain, en un temps où l'humeur des citoyens n'est plus à l'indulgence. Cette expression paradoxale, monarque républicain, a un mérite: on voit d'emblée que l'un des deux termes est illégitimement associé à l'autre. Par conséquent, qu'il y a quelque chose de pourri en démocratie… En des temps moins difficiles, sinon prospères, les Français étant ce qu'ils sont, se seraient peut-être accommodés pendant dix ans d'un agité se prenant pour le roi. Seulement, la crise, la grimpée du chômage, l'appauvrissement ressenti par la majorité des gens depuis trop longtemps, changent les choses…
Lorsque certains Français ont choisi M. Sarkozy, ils ne savaient pas qu'il allait s'attaquer à tout ce qui rendait notre pays moins injuste et brutal que beaucoup d'autres. Ils ne connaissaient pas son admiration bouffonne pour le rodéo social américain. À présent qu'ils déchantent, rien n'autorise le président à se prévaloir de leur confiance passée dans la poursuite obstinée de sa politique. Si un élu s'engage à servir le peuple, le peuple ne s'engage jamais à l'obéissance, elle lui est imposée. Une contrainte qui devient insupportable quand s'installe le sentiment que l'élu se sert du peuple.
Dessin: Honoré (merci à lui)
PS: à lire chez Mathieu: La dame perdue de l'avenue Gambetta, et L’OTAN sert-elle encore à quelque chose ?
Je persiste à penser que nous avons eu le pire deuxième tour que l'on pouvait imaginer en 2007. Même en 2002, au moins, y avait un échapatoire.
RépondreSupprimerMais sur le fond, évidemment qu'on ne peut que être d'accord avec toi... Et soupirer un buvant un verre de Côtes du Rhone (ou de Faugère, j'en ai ouvert une pour ce soir)
Bonne fin de journée
Le dit "monarque" n'est pas à l'abri d'un Mai 2009 tous les ingrédients sont réunis et la crise internationale peut "jouer" le rôle de détonateur!
RépondreSupprimerFalcon: J'étais chaud partisan de Ségolène Royal… Mais du moment qu'on se retrouve sur le fond, et le Faugère (hem, en fait c'était du Côtes de Provence, par ici), tout va bien!
RépondreSupprimerMacao, bien sûr, mais cela n'a rien de rassurant, vu l'état de l'économie mondiale en général, et de la nôtre en particulier. Pas évident que cela arrangerait quelque chose.
Salut monsieur le coucou! Même si je n'ai aucune opinion politique et que tout ça me passe bien au-dessus de la tête j'ai du mal à adhérer à votre opinion.
RépondreSupprimerD'abord ce qui me choque se sont ces deux phrases:
"Cette expression paradoxale, monarque républicain, a un mérite: on voit d'emblée que l'un des deux termes est illégitimement associé à l'autre. Par conséquent, qu'il y a quelque chose de pourri en démocratie…"
Premièrement je ne vois pas le rapport entre la législation française (si singulière) et la démocratie en général (qui est, rappelons le, le pire régime politique, mais le seul valable).
Ensuite je pense que si les politiciens utilisent l'expression "monarque républicain" c'est parce qu'ils nous croient suffisamment intelligent pour ne pas la prendre au pied de la lettre. Elle fait simplement référence à la position privilégiée et omnipotente d'un président de la Vè République.
Position privilégiée puisqu'avant le président faisait appliquer la politique par le biais du premier ministre et restait ainsi très protégé.
Là où je suis d'accord avec vous c'est que Nicolas Sarkozy a changé les règles présidentielles et bouleversé un équilibre établi depuis une cinquantaine d'années. A priori ça ne joue pas en sa faveur, mais peut on réellement juger une politique sur quelques mois?
Enfin, j'ai du mal à croire qu'actuellement, dans des régimes démocratiques, les décisions d'un seul homme affectent autant l'avenir d'une nation. Certes, le président a une influence considérable. Toutefois l'idée qu'il puisse incarner les efforts politiques, économiques et sociaux d'une nation me semble absurde. Je ne pense pas que se sera Barack Obama qui sauvera les Etats-Unis ou que se sera Nicolas Sarkozy qui mènera la France à sa perte. Ces hommes sont trop encadrés pour "se servir du peuple".
En remarque au com précédent, je me permets, hein, Coucou, concernant l'influence réelle des présidents cités, je pense que même si c'est exact qu'ils ne concentrent pas eux seuls les efforts nommés de toute une nation, leur influence m'apparaît toute fois déterminante car de par leur vision, leur attitude, leurs décisions même si elle ne sont qu'incitantes, ils influent considérablement sur la confiance, de leur peuple respectif, en un avenir meilleur.
RépondreSupprimerPendant ce termps-là, il remonte de six points dans les sondages. G20 quand tu nous tiens !
RépondreSupprimer@falcon Faugères excellent.. Abbaye de Sylva Plana
Je retiendrais surtout ce qui touche le plus directement les gens: la suppression progressive de tout ce qui est considéré comme avancée sociale depuis 50 piges: grève, sécu, éducation...
RépondreSupprimerpeaceelrring,
RépondreSupprimerBonjour et merci de ce commentaire intéressant, quoique à des années lumières de mes opinions…
«Même si je n'ai aucune opinion politique…» dites-vous?
J'ignorais que ce genre de cache-sexe, typique de la droite honteuse, existait encore, je croyais que sous N. Sarkozy cela ne se portait plus. Cela signifie pour moi que vous êtes plus à votre aise avec les idées de droite —ce qui est le droit de chacun, évidemment.
La république ne se résume pas à une constitution et à un appareil légal, la république c'est aussi tout un système de valeurs. On s'est battu dans le passé pour défendre l'idéal républicain, pas une législation. D'autre part, notre république a été depuis son avènement étroitement associée à la démocratie (abusivement, car je pense personnellement que nous n'avons jamais été une démocratie —mais c'est un autre débat).
Ce ne sont pas les politiciens qui ont inventé l'expression de "monarque républicain", mais les observateurs de cette corruption de la vie publique qu'a été de fait la Ve République. En plaçant le président sur un trône d'irresponsabilité, doté de pouvoirs exorbitants —comme le fait de pouvoir dissoudre l'assemblée quand lui-même demeure intouchable—, cette constitution dépossède le peuple de sa souveraineté, la seule admissible, incarnée par la représentation nationale. Il ne s'agit pas d'une simple image, mais d'une réalité.
Le fait que Nicolas Sarkozy ait repoussé les limites de son pouvoir jusqu'aux frontières de l'autocratie devrait être en soi un casus belli pour les démocrates. Et je trouve d'autre part qu'il faut vivre dans une bulle d'irréalité pour ne pas voir les dégâts que par sa seule volonté il a déjà commis dans notre société. Les atteintes au bien public sont réelles, indiscutables. Ce n'est certes pas lui qui va tirer la France de la crise économique, tout seul, mais les conditions de vie faites à la majeure partie de la population pour traverser cette crise ont bel et bien été rendues plus dures par sa politique. Enfin, à l'évidence, le pur jouisseur qu'il est, homme d'état médiocre, s'est servi du peuple pour assouvir son appétit de privilèges. Bien cordialement à vous.
PS. je ne demande pas mieux que d'aller à la pêche aux perles fines, pourvu qu'un sort contraire m'oubliant un peu, j'en retrouve le temps…
Walk, je suis d'accord avec toi, étant entendu que gouverner un pays de façon équitable est déterminant pour entraîner la nation.
B.mode, oui, il remonte. Ce doit être qu'une partie de la France voit avec les yeux de Chimène ce Paillasse costumé en Rodrigue.
Homer, c'est en effet là que se trouve la réalité de son bilan: des destructions.
«Si un élu s'engage à servir le peuple, le peuple ne s'engage jamais à l'obéissance, elle lui est imposée.»
RépondreSupprimerBelle phrase !
Le problème c'est que le peuple, pour signifier à ses gouvernants qu'il n'est plus (du tout) d'accord avec la conduite des affaires en cours n'a d'autres moyens que de manifester sa colère publiquement. Il faudrait inventer un système dans lequel le peuple puisse s'exprimer autrement…
La démocratie reste à faire, donc !
:-))
Non non, quand je dit que je n'ai pas d'opinion politique ce n'est pas pour me cacher de "honteuses" idées de droite. Simplement je ne suis pas du tout la politique et étant à l'étranger je suis vraiment installé dans cette "bulle d'irréalité". J'ai du mal à croire que les choses aient autant changées en quelques mois.
RépondreSupprimerMerci de votre réponse attentive, je comprends mieux votre point de vue.
Bien cordialement à vous aussi.
ps: je suis curieux de savoir pourquoi vous pensez que la France n'a jamais été une démocratie.
Peaceelrring, dans ce cas, votre position devient plus claire…
RépondreSupprimerPour parler simplement, j'estime qu'il n'y a qu'une seule démocratie en Europe, la Suisse. J'ai du mal à appliquer ce terme à la "démocratie représentative", qui est un régime confiscatoire. Mon rêve de citoyen serait une république avec un parlement, certes, indispensable pour que la loi et le contrôle du gouvernement soient confiés à des gens compétents, mais débarrassée du sénat, avec de véritables référendums d'initiative populaire en contrepoint, à tous les niveaux de la vie publique.