Un beau matin d'été, le ciel déployant sur le palais impérial sa robe de madone, d'une virginité mariale, le bon Saint Henri entra dans la chambre de Leurs Majestés. Il posa le plateau du petit déjeuner sur un guéridon et ouvrit les doubles-rideaux, tandis que l'impératrice Lala cachait sa noble tête sous l'oreiller et que l'empereur se dressait en sursaut.
Nicolas 1er cligna des yeux et lança un jovial: «Putain, Riton! Tu pourrais frapper avant d'entrer!» À quoi son fidèle conseiller répondit: «J'avais les mains prises, j'ai donné un coup de pied dans la porte, sire.» L'empereur fit une moue dubitative, et dans un silence magnanime, s'adossa à la tête du lit pour recevoir le plateau du petit déjeuner sur les genoux.
«Bon, t'as lu la presse? reprit-il avant d'attaquer un croissant avec un génial appétit. —Oui, sire: la Une entière du Journal est consacrée au triomphe prévisible de votre Grand Emprunt National. —Ouais, bon! tu diras au journaliste que je suis content, mais je parlais pas du paillasson… La presse de l'étranger, ça dit quoi? —Ah! Il n'y a rien sur nous, sire… Les gazettes œuropéennes n'ont d'intérêt que pour les soucis du président Français avec l'affaire de Karachi. —Tant mieux alors! Pendant ce temps, ils ne médisent pas de moi… Et y a du nouveau? —Pas grand chose, sire, juste une déclaration de l'ancien premier sapir…, heu, ministre, je veux dire. Chez eux on dit: ministre.—Ouais, j'avais pigé, enchaîne. —Eh bien, M. Balladur dément avoir bénéficié de la moindre rétro-commission pour sa campagne électorale. Il est disposé à le répéter devant la justice, s'il le faut…»
Le Bien Aimé avala une bouchée de croissant avec le fond de sa tasse de café, reposa celle-ci, et dit, essuyant une moustache brune à sa lèvre: «Remets-moi du café, Riton… T'y crois, toi, à ce mensonge? —Si je puis me permettre, Votre Majesté… Avec un homme politique, surtout Français, le risque existe toujours qu'il dise la vérité. —On sait! Mais t'y crois? —Ben, il se peut que ça soit vrai, sire… Que son directeur de campagne, hem, votre homonyme, si je puis me permettre… —C'est fait, tu t'es permis, alors continue. —Il se peut que son directeur de campagne, Nicolas Sarkozy, ait eu assez d'argent à sa disposition pour se passer de financements occultes… —Ça arrive en France, ça? —Nulle part, à vrai dire! Souvenez-vous, sire, chez nous, du temps de la république, les candidats à la présidence dépensaient des sommes si folles, qu'ils devaient contracter des emprunts et partir à la pêche aux fonds sans trop se soucier de leur origine. —Alors? —Alors, il se peut aussi que ça soit faux… Ces jours derniers, les médias français disaient que le contrat avec le Pakistan était une mauvaise affaire. Le marché s'est soldé par d'énormes pertes pour les Français, 70 millions d'euros, par là… Ceux qui l'avaient étudié et préparé en avaient averti leur hiérarchie. Et pourtant, un mauvais contrat a été signé par la France! Étrange, non? On pourrait presque penser qu'ils ont pris cette décision parce qu'il fallait rapidement détourner de l'argent vers la caisse de campagne électorale. —Ouais, il y avait une clause qui les obligeait à verser les pots de vin dans l'année de la signature, hein? —La mémoire de votre majesté est magnifique! Quant à moi, je l'avais oubliée, cette clause… —Tu penses quoi, alors? —Sire, je ne juge jamais les puissants! se récria le bon Saint Henri, la main sur le cœur. —Ouais, mais là, c'est un ordre, Riton. —Soit, votre majesté: M. Balladur porte toujours des chaussettes rouges… —Mais encore? —Rien d'autre, sire. Ses chaussettes sont très belles, et je pense que j'aimerais connaître l'adresse de son fournisseur.»
PS. Après mes lectures de ce jour, je recommande le billet d'Hermes, «Mort aux profs!» , et celui de Ruminances, «Le back-slide penche à droite !»
Nicolas 1er cligna des yeux et lança un jovial: «Putain, Riton! Tu pourrais frapper avant d'entrer!» À quoi son fidèle conseiller répondit: «J'avais les mains prises, j'ai donné un coup de pied dans la porte, sire.» L'empereur fit une moue dubitative, et dans un silence magnanime, s'adossa à la tête du lit pour recevoir le plateau du petit déjeuner sur les genoux.
«Bon, t'as lu la presse? reprit-il avant d'attaquer un croissant avec un génial appétit. —Oui, sire: la Une entière du Journal est consacrée au triomphe prévisible de votre Grand Emprunt National. —Ouais, bon! tu diras au journaliste que je suis content, mais je parlais pas du paillasson… La presse de l'étranger, ça dit quoi? —Ah! Il n'y a rien sur nous, sire… Les gazettes œuropéennes n'ont d'intérêt que pour les soucis du président Français avec l'affaire de Karachi. —Tant mieux alors! Pendant ce temps, ils ne médisent pas de moi… Et y a du nouveau? —Pas grand chose, sire, juste une déclaration de l'ancien premier sapir…, heu, ministre, je veux dire. Chez eux on dit: ministre.—Ouais, j'avais pigé, enchaîne. —Eh bien, M. Balladur dément avoir bénéficié de la moindre rétro-commission pour sa campagne électorale. Il est disposé à le répéter devant la justice, s'il le faut…»
Le Bien Aimé avala une bouchée de croissant avec le fond de sa tasse de café, reposa celle-ci, et dit, essuyant une moustache brune à sa lèvre: «Remets-moi du café, Riton… T'y crois, toi, à ce mensonge? —Si je puis me permettre, Votre Majesté… Avec un homme politique, surtout Français, le risque existe toujours qu'il dise la vérité. —On sait! Mais t'y crois? —Ben, il se peut que ça soit vrai, sire… Que son directeur de campagne, hem, votre homonyme, si je puis me permettre… —C'est fait, tu t'es permis, alors continue. —Il se peut que son directeur de campagne, Nicolas Sarkozy, ait eu assez d'argent à sa disposition pour se passer de financements occultes… —Ça arrive en France, ça? —Nulle part, à vrai dire! Souvenez-vous, sire, chez nous, du temps de la république, les candidats à la présidence dépensaient des sommes si folles, qu'ils devaient contracter des emprunts et partir à la pêche aux fonds sans trop se soucier de leur origine. —Alors? —Alors, il se peut aussi que ça soit faux… Ces jours derniers, les médias français disaient que le contrat avec le Pakistan était une mauvaise affaire. Le marché s'est soldé par d'énormes pertes pour les Français, 70 millions d'euros, par là… Ceux qui l'avaient étudié et préparé en avaient averti leur hiérarchie. Et pourtant, un mauvais contrat a été signé par la France! Étrange, non? On pourrait presque penser qu'ils ont pris cette décision parce qu'il fallait rapidement détourner de l'argent vers la caisse de campagne électorale. —Ouais, il y avait une clause qui les obligeait à verser les pots de vin dans l'année de la signature, hein? —La mémoire de votre majesté est magnifique! Quant à moi, je l'avais oubliée, cette clause… —Tu penses quoi, alors? —Sire, je ne juge jamais les puissants! se récria le bon Saint Henri, la main sur le cœur. —Ouais, mais là, c'est un ordre, Riton. —Soit, votre majesté: M. Balladur porte toujours des chaussettes rouges… —Mais encore? —Rien d'autre, sire. Ses chaussettes sont très belles, et je pense que j'aimerais connaître l'adresse de son fournisseur.»
PS. Après mes lectures de ce jour, je recommande le billet d'Hermes, «Mort aux profs!» , et celui de Ruminances, «Le back-slide penche à droite !»
j'aime bien ça ! le libellé exact serait semi-fiction non ?
RépondreSupprimerah je viens de comprendre les chaussettes avec le billet sur Ruminances. Ben oui, me faut du temps !
RépondreSupprimerben voilà. Présenté comme ça, on comprend tout :-)
RépondreSupprimerαяf,
RépondreSupprimerle libellé exact serait: "cherche chaussettes rouge-Balladur…"
hypos,
heu… Dis comme ça, je comprends qu'on peut comprendre, ça me rassure. :-)
Ho! putaing !Je pense à Berbizier qui devait me refiler des places de match pour le tournois des V nations à l'époque et qu'il avait gardé dans sa chaussettes et du coup au Pays de Galles j'ai regardé le match dans un Pub et j'ai complètement oublié la fin de ce match!Par contre une chose que je me souvienne...... "j'avais plus soif"!!!!
RépondreSupprimerTrès bon billet.
RépondreSupprimerMerci pour le lien.
Voilà, tout est dit. Selon que vous serez puissant ou misérable, etc...
RépondreSupprimerBon, je vais manger des cerises.
«—Sire, je ne juge jamais les puissants! se récria le bon Saint Henri, la main sur le cœur.»
RépondreSupprimerHeureusement que nous si !!!
Mais grâce à qui sont-ils puissants devrait se demander le bon Saint Henri ?
;-)))
Est-il possible de penser que, de même, bien qu'on les prévienne de la mauvaise affaire que serait pour le pays un emprunt, financièrement parlant, ils se lancent quand même dans l'aventure ?
RépondreSupprimer:-))
Macao,
RépondreSupprimeril faut se soucier davantage des chaussettes, la preuve!
Mathieu,
merci :)
Homer,
n'avale pas trop de noyaux…
M. Poireau,
ce n'est pas l'envie de les juger qui manque… Mais par contre il faudrait trouver le moyen de faire marcher à l'envers la machine à fabriquer des puissants.
Filaplomb,
les gens de pouvoir n'ont jamais tremblé devant l'emprunt, en repoussant à plus tard le réveil douloureux —ils sont même capables d'enfanter des "produits" délirants pour cela, comme le fameux "emprunt Giscard", autrefois. (un truc dont les intérêts étaient plus ou moins associés au cours de l'or, il me semble, et qui en tout cas, des années après, coûtait à l'état un maximum d'argent en remboursements).
Comment empêcher l’Assemblée Nationale d’enquêter sur l’attentat de Karachi ?
RépondreSupprimerComment étouffer le Watergate français ?
Réponse : il suffit de confier la mission d’information à la commission de la Défense. Le patron des députés PS Jean-Marc Ayrault est d’ailleurs scandalisé de cette décision.
Cette commission de la Défense est constituée de 60 députés en tout. Sur ces 60 députés :
- 36 députés sont membres de l’UMP.
- 3 députés sont membres du Nouveau Centre (le parti du ministre de la Défense Hervé Morin, qui travaillait déjà au ministère de la Défense de 1993 à 1995, quand le contrat de vente des sous-marins a été signé).
- il y a seulement 20 députés de gauche dans cette commission, et 1 député non-inscrit !
Je vous laisse imaginer l’impartialité de la commission de la Défense !
Je parie que la commission de la Défense va conclure que tout s’est passé dans les règles !
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20090630.OBS2518/une_mission_dinformation_sur_lattentat_de_karachi.html
BA,
RépondreSupprimerJean-Marc Ayrault a protesté contre la décision de confier la mission à la commission de la défense.