Je suis abonné au Nouvel Obs, que je reçois du reste souvent en retard. Ainsi j'ai pris connaissance de l'opération «Nouveau Sarkozy» sur le site de l'hebdomadaire, hier, avant de pouvoir la lire seulement aujourd'hui in extenso.
M. Sarkozy chantait victoire au lendemain des européennes pour avoir remporté le maximum de sièges grâce aux voix d'une infime proportion du corps électoral. Fort bien, c'est une attitude compréhensible. Le bon moutonnier aussi, sait qu'il lui faut tenir son troupeau rassemblé quand le chemin du pâturage est encore long. À l'évidence, cependant, M. Sarkozy n'en a pas moins conscience que 60% de la population ne lui fait aucune confiance et le rejette. On comprend que ses conseillers et lui se soient souciés de travailler à changer cet état de choses.
Comme on sait, Nicolas Sarkozy regrette de n'avoir pas su se tenir dans son beau costume de président. Au début, dit-il. Sans doute ses mauvaises manières ont-elles contribué au désamour des Français à son égard, mais il est regrettable qu'il reste aveugle aux raisons profondes de ce rejet: la totalité de ce qu'il appelle son bilan, et dont il ne regrette rien. Je ne vais pas revenir une fois de plus sur tout ce que l'on peut lui reprocher, et que d'autres rappellent fort bien. Je préfère m'attarder sur cette étonnante interview.
Plusieurs choses me choquent dans ce numéro d'un hebdomadaire que je lis depuis des années. La première, c'est qu'il s'agit d'une opération promotionnelle à laquelle le journal se prête sans avertir le lecteur. Hier et ailleurs, sur le thème de l'argent que peuvent gagner quelques blogueurs en rédigeant de la publicité rédactionnelle, des commentateurs convenaient qu'il n'y a aucun mal à cela du moment que le lecteur est prévenu.
Ici, nous avons un président qui vient se présenter comme une nouvelle lessive dont on aurait changé l'emballage, et le Nouvel Obs s'abstient de signaler à ses lecteurs qu'il s'agit d'une opération de communication. Le baril est peut-être différent, mais les ingrédients sont les mêmes!
Certes, l'interview est introduite par un texte en rouge, qui souligne que cet «entretien est aussi une tribune», mais à moins de prêter attention à ses ambiguïtés dans la formulation, on pourrait presque croire que le journal est à l'origine des confidences du président, et non l'Élysée: «Cela nous a conduits à rencontrer Nicolas Sarkozy. Nous voulions qu'il s'exprime, qu'il dise s'il y avait vraiment un changement et ce qui l'avait motivé, qu'il s'explique sur ce qui nous apparaissait comme une stratégie nouvelle».
Pire, les journalistes politiques de l'hebdomadaire ont été tenus à l'écart d'une opération gardée secrète par le PDG et le directeur de la rédaction. La Société des rédacteurs du Nouvel Observateur peut ainsi parler de «dérive sarkophile»
Par respect pour les lecteurs d'un journal justement choisi le plus souvent parce que d'ordinaire ses «colonnes (…) ne (…) ménagent pas» le pouvoir actuel, on aurait aimé que l'entretien fut d'une part moins complaisant. D'autre part, qu'il soit suivi d'une réponse critique immédiate, accordée à la rédaction politique. La couverture du journal titrant «Nicolas Sarkozy face à l'Obs» y aurait gagné en crédibilité.
P-S. À lire chez Hermes: «De la magie en politique» , et une perle à suivre pour retrouver tous les billets d'Éric sur le «blogging»:
M. Sarkozy chantait victoire au lendemain des européennes pour avoir remporté le maximum de sièges grâce aux voix d'une infime proportion du corps électoral. Fort bien, c'est une attitude compréhensible. Le bon moutonnier aussi, sait qu'il lui faut tenir son troupeau rassemblé quand le chemin du pâturage est encore long. À l'évidence, cependant, M. Sarkozy n'en a pas moins conscience que 60% de la population ne lui fait aucune confiance et le rejette. On comprend que ses conseillers et lui se soient souciés de travailler à changer cet état de choses.
Comme on sait, Nicolas Sarkozy regrette de n'avoir pas su se tenir dans son beau costume de président. Au début, dit-il. Sans doute ses mauvaises manières ont-elles contribué au désamour des Français à son égard, mais il est regrettable qu'il reste aveugle aux raisons profondes de ce rejet: la totalité de ce qu'il appelle son bilan, et dont il ne regrette rien. Je ne vais pas revenir une fois de plus sur tout ce que l'on peut lui reprocher, et que d'autres rappellent fort bien. Je préfère m'attarder sur cette étonnante interview.
Plusieurs choses me choquent dans ce numéro d'un hebdomadaire que je lis depuis des années. La première, c'est qu'il s'agit d'une opération promotionnelle à laquelle le journal se prête sans avertir le lecteur. Hier et ailleurs, sur le thème de l'argent que peuvent gagner quelques blogueurs en rédigeant de la publicité rédactionnelle, des commentateurs convenaient qu'il n'y a aucun mal à cela du moment que le lecteur est prévenu.
Ici, nous avons un président qui vient se présenter comme une nouvelle lessive dont on aurait changé l'emballage, et le Nouvel Obs s'abstient de signaler à ses lecteurs qu'il s'agit d'une opération de communication. Le baril est peut-être différent, mais les ingrédients sont les mêmes!
Certes, l'interview est introduite par un texte en rouge, qui souligne que cet «entretien est aussi une tribune», mais à moins de prêter attention à ses ambiguïtés dans la formulation, on pourrait presque croire que le journal est à l'origine des confidences du président, et non l'Élysée: «Cela nous a conduits à rencontrer Nicolas Sarkozy. Nous voulions qu'il s'exprime, qu'il dise s'il y avait vraiment un changement et ce qui l'avait motivé, qu'il s'explique sur ce qui nous apparaissait comme une stratégie nouvelle».
Pire, les journalistes politiques de l'hebdomadaire ont été tenus à l'écart d'une opération gardée secrète par le PDG et le directeur de la rédaction. La Société des rédacteurs du Nouvel Observateur peut ainsi parler de «dérive sarkophile»
Par respect pour les lecteurs d'un journal justement choisi le plus souvent parce que d'ordinaire ses «colonnes (…) ne (…) ménagent pas» le pouvoir actuel, on aurait aimé que l'entretien fut d'une part moins complaisant. D'autre part, qu'il soit suivi d'une réponse critique immédiate, accordée à la rédaction politique. La couverture du journal titrant «Nicolas Sarkozy face à l'Obs» y aurait gagné en crédibilité.
P-S. À lire chez Hermes: «De la magie en politique» , et une perle à suivre pour retrouver tous les billets d'Éric sur le «blogging»:
mon cher coucou,
RépondreSupprimerfaîtes comme moi, lisez des livres. (triste à dire pour une journalistes)
amitiés caniculaires
pardon pour le s en trop, un effet gnamakoudji
RépondreSupprimerTu peux peut-être demander le remboursement de cet exemplaire qui est un faux Nouvel Observateur !
RépondreSupprimer:-))
un vieil observateur en quelque sorte
RépondreSupprimerbonsoir tout le monde, désolé, j'ai oublié de répondre!
RépondreSupprimerMartine, merci, c'est un excellent conseil en effet!
M. Poireau,
c'est une bonne idée à creuser ça!
Bernard,
allons, allons! Pas si vieux que cela tout de même!
le nouvel observateur serait de droite? nooooon
RépondreSupprimerliquide,
RépondreSupprimersiiiiii!
Merci pour le lien!
RépondreSupprimerEt pour le Nouvel Obs, je rappelle qu'il suit le "Cohn-Bendit rédacteur en chef"...
On voit bien quelle est la stratégie politique de ce journal qui, comme Libération, viennent de ce 68 fasciné aujourd'hui par Sarkozy.
Parce que Sarkozy a quelque chose de libertaire, de pipole, de showbizz -tout ce qui n'a cessé de travailler Mai 68 .
Je redis donc que 68 n'a cessé de se foutre de la gueule des ouvriers et des pauvres qui continuent à en être victimes.
Sarkozy c'est ça, ce mélange de fascination et de répulsion pour cette période.
Sarkozy ou Johnny c'est donc un peu pareil.
C'est tristement ça notre identité nationale: notre incapacité à regarder devant nous brouille jusqu'à ce passé devenu un mythe. A ne pas analyser l'Histoire, on se fait manipuler... Et le Nouvel Obs - pas seulement lui - est coupé de la réalité. Aveugle, il prétend nous guider...
Hermes : ah tu vois toi aussi cet effet de grossissement sur certaines périodes de notre Histoire collective et ce silence "officiel" sur d'autres dont nous sommes pourtant issus !
RépondreSupprimerMai 1936 et la rue qui prend le pas sur les politiciens, les mensonges de la crise pétrolière de 1973 pour tuer l'esprit de mai 68, …
Dans les médias, c'est tout la faute au nazisme des autres et à mai 68. Entre deux, il y a de sacrées zones d'ombre !
:-))
Hermes,
RépondreSupprimertu lis mes billets de juillet? C'est l'inverse: Cohn-Bendit vient après Sarkozy rédacteur en chef (par l'importance de la mise en valeur).
Personne à gauche ne s'est foutu des ouvriers en soixante-huit; pour nous, naïvement, ils étaient des exemples vénérés… C'est le pouvoir gaulliste qui les a dupés avec des accords de Grenelle, dont les avantages ont été réduits à néant en un rien de temps par l'inflation. Ne pas se tromper d'adversaires.
M. Poireau,
1936 avait engendré de sacrés progrès pour la classe ouvrière. 1968 aurait voulu abattre la droite, et portait l'espérance de nouvelles conquêtes sociales. Il reste que 68, comme 36, a été une fête inoubliable.