Pages

lundi 26 octobre 2009

La légende dorée de Saint Jehan Sans Défense


Sainct Jehan Seharkozy preschoit enz Hautal de Seine
De mémoire, la légende dorée de Saint Jean Sans Défense débutait à peu près ainsi, dans un très ancien manuscrit aujourd'hui perdu. Pourtant, au commencement, Saint Jean Sans Défense n'était pas encore saint, on l'appelait juste Jehan.
Jehan était fils du roy des Franchois, c'était un vif et blond garçon qui aimait par dessus tout à jouer à la politique avec ses amis. Il était mauvais élève, aussi aurait-on pu lui appliquer en son jeune âge, ces vers fameux de Maître François Villon:
«…Mais quoi ? Je fuyaie l’école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
À peu que le cœur ne me fend…»
Toujours à chevaler sur son fier destrier nommé Scooter, de-ci de-là, à droite et à droite, il politiquait du matin au soir avec ses copains et même des vieux débauchés passionnés par les joutes électorales.
Or, un jour, le roy Nicholas son père en eut assez de ces fantaisies. Il lui dit quelque chose du genre: «Maintenant ça suffit, Jehan, faut travailler dur comme moi!» Et il l'envoya siéger au parlement des Hautals de Seine. Il n'y avait plus assez de sièges là-bas pour que Jehan puisse poser son séant, alors on coupa la tête d'un vieux conseiller, et il eut son tabouret.
À quelque temps de là, Jehan qui s'ennuyait un peu à la place subalterne qui lui était échue, et qui trouvait le tabouret trop dur pour ses fesses, Jehan voulut une meilleure place. Il en dit quelques mots au roy, et l'on expédia aux galères le capitaine des conseillers royaux, afin que les autres conseillers puissent choisir Jehan comme nouveau capitaine, selon leur coutume. Jehan prit goût à ses nouvelles occupations, mais il se trouva bientôt que le tabouret de capitaine lui parut aussi ingrat pour son séant que l'ancien…
C'est alors qu'il songea à la place de Sénéchal de la Défense, laquelle jouissait d'un large fauteuil, à l'assise réputée plus moelleuse qu'un giron de femme. Jehan confia cette songerie au roy, à l'occasion d'une poule au pot dominicale au palais, et le roy lui dit: «tope là, mon fils!»
Dès le lendemain, Jehan fit part aux conseillers des Hautals de Seine de son désir de servir le royaume et siéger en leur nom à la Défense, si personne d'autre ne désirait se sacrifier aussi. Ils furent tous d'accord, comprenant que le roy voulait qu'il en soit ainsi.

Mais alors, il se raconta par tout le royaume Franchois que le prince Jehan était bien trop jeune pour occuper ce siège important. Un si large fauteuil ne sentirait même pas le poids de ses fesses de damoiseau, et puis, il n'avait récolté que des mauvaises notes à l'école… Bref, on murmurait de réprobation de tous côtés.
Jehan était furieux, mais il ne pouvait tout de même pas demander à son père que l'on coupât toutes les langues du royaume! Il partit à la chasse avec Scooter, afin de se calmer, et c'est là, sur une piste au fond des bois, qu'il fut soudain désarçonné par une vive lueur. Alors qu'il gisait à terre, douloureux, son heaume cabossé, une voix divine lui murmura doucement à l'oreille: «Jehan, les gens sont méchants, mais toi, tu es bon, et tu es trop jeune pour affronter tant de haine. Renonce à devenir Sénéchal, et va partout disant que tu veux seulement le bien du royaume!»
Jehan, dit-on, remonta sur Scooter et s'en retourna au palais, bouleversé. Il eut une longue conversation avec son papa, et le lendemain soir, il annonça à tous les sujets Franchois qu'il ne voulait plus devenir Sénéchal de la Défense. C'est vers la fin de son discours, en le regardant mieux, qu'on aperçut une lueur dorée rayonner en couronne autour de son crâne blond. Au cours de la nuit suivante, trois aveugles recouvrèrent la vue (mais ils ne s'en aperçurent qu'au lever du soleil) et deux paralytiques firent soudain l'amour à leur femme. La nouvelle se répandit, des lépreux accoururent pour baiser les chausses de Jehan, et ils furent guéris. Des femmes infertiles vinrent le trouver afin qu'il leur toucha le ventre, et elles accouchèrent dans l'heure de beaux jumeaux Franchois… Ce fut une telle succession de miracles que le bruit s'en répandit jusqu'à Rome.
C'est ainsi que Jehan devint Saint Jehan Sans Défense, premier homme canonisé de son jeune vivant!
P-S: Faute de temps pour lire mes consœurs et confrères aujourd'hui, je vous conseille de visiter des blogs où j'ai pris hier beaucoup de plaisir: Les peuples du soleil, Perséphone, et la maison Poison-Social

10 commentaires:

  1. BA, c'est en effet une explication beaucoup plus crédible que les fausses confidences serviles du Point, essayant de donner crédit à une décision personnelle de Jean Sarkozy qui aurait imposé le choix du retrait à son père…

    RépondreSupprimer
  2. En lisant ce splendide morceau d'anthologie, j'ai cru un instant avoir devant les yeux "la légende de Saint Julien l'Hospitalier" version Flaubert...
    Du bel ouvrage, Messire Coucou, du bel ouvrage!

    RépondreSupprimer
  3. Héhéhé !!! Merci le Coucou pour cet escrit fort plaisant !

    RépondreSupprimer
  4. Heureusement Jehan sera sauvé de l'ennui de la jeunesse par moultes impositions des mains et quelques miracles ordinaires. Le royaume franchois est grand et Jehan est son héraut !
    :-))

    RépondreSupprimer
  5. La légende dorée de la douche faramineuse.

    http://veilleur.blog.lemonde.fr/2009/10/27/nicolas-sarkozy-et-sa-douche-faramineuse/

    RépondreSupprimer
  6. Elmone,
    merci ! :-))
    Epamin',
    version Flaubert, heu… Je me suis surtout souvenu de "La légende dorée ", des textes du XVe siècle… Mais j'ai goûté les compliments quand même! :-))
    Gwendal,
    vous este un bon damoiseau (escolier, je pense que c'est terminé) !

    Nicolas,
    merci! :-))

    M. Poireau,
    il va peut-être bien s'amuser ce cochon là! Mais l'avenir lui appartient, hélas! :-)))

    BA,
    Ah, oui, tiens! La fameuse douche de grand-luxe, merci.

    RépondreSupprimer
  7. Le Coucou....
    C'est d'un drôle... et votre humour aidant je me suis régalée tiens, tiens peut-être que mon moral va remonter... si j'avais plus de temps pour vous lire... si seulement....

    RépondreSupprimer
  8. Jeffanne,
    si j'ai pu vous remonter le moral un moment, alors c'est épatant, je n'en demande pas plus!

    RépondreSupprimer

Les commentaires ANONYMES ne sont pas acceptés. Merci de prendre au moins un pseudonyme.