Dire que Nicolas Sarkozy est un cas ressemble fort à un truisme. À peu près tout le monde partage cet avis, même si les sentiments contenus dans le mot «cas» varient considérablement selon les critères d'appréciation de chacun. Personnellement, il y a une question que je me pose presque quotidiennement à son sujet, bien qu'elle soit à vrai dire très accessoire. Quel jugement sera porté sur cet homme par l'Histoire?
Dans un siècle, si la France est toujours là, les historiens auront-ils forgé un terme nouveau pour définir son règne —bref, souhaitons-le? Je ne parle pas ici de l'empreinte qu'aura laissé le passage de M. Sarkozy sur l'économie, mauvaise ou bonne, ni de ce qui restera de son action européenne et internationale, mais de sa figure politique.
Je suppose que la singularité de son parcours lui vaudra un petit paragraphe quelque part —le général boulanger a bien le sien. De quel titre résumera-t-on sa drôle de présidence? Pour ma part, le nez dans les événements, ce qui ne favorise guère l'objectivité, je verrais bien: «Les années Sarkozy, ou l'abâtardissement démocratique». C'est en effet ce qui me semble le trait essentiel dans sa manière d'incarner la fonction présidentielle.
Pour cerner cette manière, on doit évidemment considérer ce que la constitution de la Ve République lui octroyait dès le départ, avec sa dérive monarchique d'un président à l'autre, et à quel point de cette dérive M. Sarkozy a conquis le pouvoir. Il n'est pas le seul responsable des coutumes abusives qui se sont instaurées à la tête de l'état. Néanmoins, il est un peu comme l'enfant mal élevé confronté à des jouets délicats, dont ses prédécesseurs, mieux éduqués, avaient usé avec précaution. Après le passage du jeune Sarkozy, il y aura fort à faire pour réparer les dégâts…
Donc, comment jugera-t-on un jour notre président? Des caudillos latins modernes, et même disons-le carrément, des dictateurs en général, il a l'usage de la démagogie sans complexe. On l'a vu récupérer la libération de Mme Bétancourt par une mise en scène grotesque, mais sans doute efficace. On le voit à la moindre occasion recevoir à l'Élysée les proches de toute victime portée par l'émotion médiatique (notons au passage, que M. Sarkozy, qui s'est empressé d'annoncer son prochain entretien avec les parents d'une joggeuse assassinée, lesquels n'attendaient peut-être rien de tel, fait en revanche le sourd aux demandes d'entrevue répétées des familles endeuillées par l'attentat de Karachi).
Dictateur il n'est pas, cependant, puisqu'il n'est pas encore assuré de gagner systématiquement ses procès en justice. De même qu'il doit compter à l'occasion avec les doutes des parlementaires de sa majorité, et pour autant qu'on le sache, il lui arrive de les écouter. Dictateur il n'est pas, à la fin, puisque tout l'appareil de la république demeure intact autour de la présidence.
M. Sarkozy est donc autre chose, un dirigeant politique qui s'est fait octroyer par le parlement des pouvoirs accrus et qui, par dessus le marché, s'est emparé de la moindre parcelle d'autorité laissée à sa portée. Sa manière de mener une politique d'hyper-droite sans complexe est au service d'une sorte de clan, composé de proches et d'amis des milieux d'affaires. Nicolas Sarkozy tient d'avantage du chef de tribu que du démocrate, c'est un fait. M. Sarkozy est un pur sarkozy.
P-S. Bon anniversaire à Juan de Sarkofrance… Et un grand bravo à l'ami Hermes, pour avoir été choisi «blogue de l'heure» par ToutleMonde Enblogue
Dans un siècle, si la France est toujours là, les historiens auront-ils forgé un terme nouveau pour définir son règne —bref, souhaitons-le? Je ne parle pas ici de l'empreinte qu'aura laissé le passage de M. Sarkozy sur l'économie, mauvaise ou bonne, ni de ce qui restera de son action européenne et internationale, mais de sa figure politique.
Je suppose que la singularité de son parcours lui vaudra un petit paragraphe quelque part —le général boulanger a bien le sien. De quel titre résumera-t-on sa drôle de présidence? Pour ma part, le nez dans les événements, ce qui ne favorise guère l'objectivité, je verrais bien: «Les années Sarkozy, ou l'abâtardissement démocratique». C'est en effet ce qui me semble le trait essentiel dans sa manière d'incarner la fonction présidentielle.
Pour cerner cette manière, on doit évidemment considérer ce que la constitution de la Ve République lui octroyait dès le départ, avec sa dérive monarchique d'un président à l'autre, et à quel point de cette dérive M. Sarkozy a conquis le pouvoir. Il n'est pas le seul responsable des coutumes abusives qui se sont instaurées à la tête de l'état. Néanmoins, il est un peu comme l'enfant mal élevé confronté à des jouets délicats, dont ses prédécesseurs, mieux éduqués, avaient usé avec précaution. Après le passage du jeune Sarkozy, il y aura fort à faire pour réparer les dégâts…
Donc, comment jugera-t-on un jour notre président? Des caudillos latins modernes, et même disons-le carrément, des dictateurs en général, il a l'usage de la démagogie sans complexe. On l'a vu récupérer la libération de Mme Bétancourt par une mise en scène grotesque, mais sans doute efficace. On le voit à la moindre occasion recevoir à l'Élysée les proches de toute victime portée par l'émotion médiatique (notons au passage, que M. Sarkozy, qui s'est empressé d'annoncer son prochain entretien avec les parents d'une joggeuse assassinée, lesquels n'attendaient peut-être rien de tel, fait en revanche le sourd aux demandes d'entrevue répétées des familles endeuillées par l'attentat de Karachi).
Dictateur il n'est pas, cependant, puisqu'il n'est pas encore assuré de gagner systématiquement ses procès en justice. De même qu'il doit compter à l'occasion avec les doutes des parlementaires de sa majorité, et pour autant qu'on le sache, il lui arrive de les écouter. Dictateur il n'est pas, à la fin, puisque tout l'appareil de la république demeure intact autour de la présidence.
M. Sarkozy est donc autre chose, un dirigeant politique qui s'est fait octroyer par le parlement des pouvoirs accrus et qui, par dessus le marché, s'est emparé de la moindre parcelle d'autorité laissée à sa portée. Sa manière de mener une politique d'hyper-droite sans complexe est au service d'une sorte de clan, composé de proches et d'amis des milieux d'affaires. Nicolas Sarkozy tient d'avantage du chef de tribu que du démocrate, c'est un fait. M. Sarkozy est un pur sarkozy.
P-S. Bon anniversaire à Juan de Sarkofrance… Et un grand bravo à l'ami Hermes, pour avoir été choisi «blogue de l'heure» par ToutleMonde Enblogue
Une sorte de bourgeocratie, le retour du tiers-état et de l'empire ?
RépondreSupprimerEffectivement, il va y avaoir des hèses d'historiens avant de déterminer ce que c'est exactement !
:-))
[Sans oublier son auto-augmentation de salaire qui sent quand même bon l'absolu manque d'honnêteté intellectuelle !].
M. POireau,
RépondreSupprimeril pose en matière d'autocratie le problème éternel de savoir si c'est du lard ou du cochon.
:-))
bonsoir, bonsoir
RépondreSupprimerj'aime beaucoup "un sakozy", l'expression va faire fureur, oh lui, laisse tomber, c'est un sarkozy, dira la jeune fille à sa copine, oh ce prof, quel sarkozy, dira mon petit fils à la récré, tu le connais ? oui, c'est un sarkozy, dira le chien à ason copain chien, ah qu'est ce que vous voulez, c'est un sarkozy dira le fonctionaire en parlant de son chef de service, etc etc. Je vais essayer de glisser cela dans un prochain billet.....
De lui, ce qu'on retiendra, c'est qu'à l'âge où souvent l'on devient grand-père, il a tout d'un enfant. Mettons à part sa taille plutôt modeste, à laquelle il ne peut rien : encore que ce gabarit semble l'obséder, ce qui n'est pas bon pour l'équilibre psychologique.
RépondreSupprimerPour le reste, il utilise les rouages de l'État comme des jouets que l'on délaisse ensuite, que l'on casse sans y prêter attention. Il compense ses jambes assez courtes par une immense écurie de voitures, d'avions, d'hélicoptères, entièrement à son service. Sa majorité parlementaire est aux petits soins pour lui : une contrariété, une loi. Tout de suite, sans prendre un peu de recul. Il a un niveau en diplômes moins élevé que bien des grands commis de l'État : il tente de s'entourer de personnes pas mieux loties que lui, il démolit l'enseignement des enfants des autres pour les rabaisser à son niveau. Pour asseoir son pouvoir, il tente de circonvenir les hauts responsables des religions, comme un petit qui essaierait de faire ami-ami avec une surveillante de cour d'école.
En revanche, un enfant n'aura pas la patience de fourmi dont il a fait montre pour noyauter l'ordre en France. Son réseau, à l'Intérieur, dans l'enseignement, les transports, l'énergie, la justice, montre bien peu de failles, et lui survivra un bon moment après qu'il ne sera pas réélu. Qui sait, d'ailleurs, combien de temps il tiendra ainsi ? Sept ans ? Douze ans, sous la forme d'un homme de paille ? Plus ?
Une seule chose est certaine : lui parti, notre pays sera en ruine. Il ne se retournera même pas, pour contempler son œuvre. N'a-t-il pas raison ?
Babalouest : bravo, beau commentaire ! Tu devrais le reprendre en article tellement c'est bien dit ! :-))
RépondreSupprimerBiBi s'interroge plutôt sur cette idée communément admise que l'"Histoire jugera". Dans 20, 50, 100 ans, il y aura autour de Chouchou comme autour de Mai 68 ou la Commune, des forces en bataille pour avoir et imposer la légitimité de la réponse.
RépondreSupprimerOn peut avancer sans crainte que ce sera encore un sujet de discorde. La vérité sur Chouchou sera donc toujours un enjeu de luttes politiques dans le champ politique des années futures.
Toujours interessantes tes incises.
A bibientôt
Monsieur Poireau : merci. Mais un tel sujet devrait être encore étoffé, tant il y a à dire.
RépondreSupprimerBibi: le recul de l'Histoire ne retiendra sans doute rien de vraiment spectaculaire, le concernant. Il aura seulement poussé beaucoup plus loin le concept de droite que ses prédécesseurs, qui depuis longtemps lui montrent le chemin.
Marsupilami : un sarkozy, devenu un nom commun ? Ce n'est certainement pas à négliger. Ce ne sera pas, non plus, un compliment !
Le coucou : du lard ou du cochon ? Ou du rôti de dindonneau, tant le contexte religieux l'obsède....
Martine,
RépondreSupprimeramusant! :-)) Le sommet serait de voir, un jour lointain, un journaliste ayant traité de sarkozy un homme politique , poursuivi par celui-ci pour injure ou diffamation.
Babelouest,
Poireau a raison, tu as un billet tout fait, là! Ce qui me fait penser que Dazibaoueb n'est plus dans ton profil… C'est dommage.
Bibi,
sans doute verra-t-on longtemps, comme tu le dis, des gens se crêper le chignon sur le cas Chouchou. À propos de l'intérêt de son héritage, peut-être, mais je doute qu'il se trouve quelqu'un pour contester le caractère autocratique de sa présidence.
À bientôt.
Babelouest,
bel enthousiasme! :-D
BiBi ne doute pas du caractère autocratique de notre Chouchou. Il démantèle la France dans tous les domaines. Tout cela n'est possible que parce qu'il a le rapport de force et la base de masse qui va avec. Une dépolitisation de la jeunesse, une habileté manoeuvrière incontestable ( en ce moment sa tâche est d'ecarter Villepin pour qu'il ne lui prenne pas 4 ou 5% si Galouzeau se présente), des partis de gauche qui se déchirent ( encore que BiBi trouve que ça va mieux): tout cela doit etre pris en compte pour le "juger" ( ou plutôt analyser sa place")
RépondreSupprimerMais l'Histoire ne juge pas car le dernier mot n'existe pas : il appartient provisoirement aux forces politiques qui mettent le jugement et le sens commun de leur côté
A regarder de près il existe beaucoup de Sarkozy autour de nous. Tous ces chéfaillons, singes de leur président qui concentrent tous les pouvoirs sur eux-mêmes, récupèrent à leur profit la moindre miette de réussite des autres, vilipendent et humilient ceux qui ne sont pas dans leur droite ligne ou ceux qui ne les adulent pas...
RépondreSupprimer"Dictateur il n'est pas, cependant, puisqu'il n'est pas encore assuré de gagner systématiquement ses procès en justice."
RépondreSupprimerQuels procès ?
Nicolas,
RépondreSupprimeril n'y a que l'embarras du choix. Quand l'image de l'homme le plus puissant de France est défendue en justice, que ce soit par lui-même ou ses zélateurs, c'est toujours un reflet de sa volonté —il n'y a jamais eu de poursuites au nom d'un président indifférent à l'obligation de révérence à son égard.
Bibi,
RépondreSupprimerles jugements de l'Histoire sont indifférents aux plaidoiries des partis qui les portent, ils se forment bel et bien avec une certaine unanimité sur la nature des régimes évoqués. Le débat jamais refermé concerne la qualité d'un gouvernement, l'évaluation de ses mérites.
B. mode,
c'est cela même. Le style Sarkozy n'est que le libre cours laissé aux instincts d'ambition pure, aux pulsions dominatrices partagés par bien des gens. D'ordinaire un fond d'humanisme laissé par la culture, tempère ça, mais N. Sarkozy n'est pas ordinaire…
Coucou,
RépondreSupprimerEn fait cet homme résume ce que peut faire un esprit décomplexé, totalement non canalisé par un fond sociétal, en prise directe et exclusive avec son cerveau reptilien....
Pour résumer, nous avons affaire (reverse engineering ?) à un pithecanthropus erectus authentique. A un détail près : ce sont ses subordonnés qui manient la massue.
Moi j'ai appelé ça la MERDOCRATIE (copyright Trollquirigole), un systeme mis en place par des merdeux, activé par des merdeux et utilisé par des merdeux...
RépondreSupprimerBabelouest, du calme.
RépondreSupprimerTrollquirigole,
vous êtes aux limites de l'injure dans le vide… Je n'aime pas du tout d'avoir à assumer l'emportement des autres. Essayez d'y penser une autre fois, merci.
Sur le site La Tribune.fr, nous pouvons lire le bilan de la semaine : la semaine a été catastrophique.
RépondreSupprimer« le marché a finalement été rattrapé par une série de statistiques américaines décevantes :
- moral des ménages américains mardi 29 septembre,
- indice PMI (directeurs d'achats) de Chicago mercredi,
- indice ISM (directeurs d'achats) manufacturier jeudi,
- l’emploi américain vendredi.
L’économie américaine a détruit 263.000 postes en septembre, soit plus que le mois précédent, alors que les analystes attendaient au contraire une amélioration de la situation. Le chômage aux Etats-Unis se trouve à son plus haut depuis 26 ans avec un taux de 9,8 %. »
http://www.latribune.fr/bourse/actualite/20091002trib000429114/consolidation-a-la-bourse-de-paris-sous-les-3.700-points.html
Christine Lagarde commente ces chiffres, une bouteille de whisky à la main, les yeux exorbités, les cheveux en bataille, en éclatant d’un rire hystérique :
« La récession est finie ! La récession est finiiiiiiiiiiiiiiie ! »
BA,
RépondreSupprimerje ne sais plus quel financier anglo-saxon de haut vol a prophétisé récemment que le pire de la crise était encore à venir…