Malgré l'arrivée du tandem de casseurs présidentiels aux commandes de Radio France et de France Inter, il paraît que la seconde reste la radio la plus écoutée d'Île-de-France. C'était dit à l'antenne ces jours derniers, et cela m'a donné envie de rire. Dans quelques mois, je suppose que la radio de M. Val, franchisé de l'Élysée, sera la favorite des auditeurs de l'Île de la Cité, et puis l'an prochain, la plus prisée sur le chemin de campagne où j'habite. À par moi, j'ai l'impression que personne n'ouvre la moindre radio par ici, et pour des raisons d'horaires France Inter me convient mieux que d'autres radios.
C'est ainsi qu'au journal de treize heures, la réponse d'Éva Joly aux artifices débités par le procureur Courroye a retenu mon intérêt… Le bonhomme, confirmant son intention de garder le contrôle du dossier, renvoyait Mme Joly au Lac des cygnes, dans un trait d'humour hilarant comme un amendement à la Constitution… L'ex magistrat du pôle financier, sollicitée de répondre, s'est bornée avec sa sobriété coutumière à rappeler pourquoi l'enquête sur les multiples aspects de l'affaire Bettencourt n'est pas en de bonnes mains avec M. Courroye. Notamment pour des raisons d'efficacité: un juge d'instruction est à même d'obtenir des informations des banques suisses qui seront refusées à un représentant de l'État —en l'occurrence le procureur.
Il fait trop chaud pour me passionner sur le sujet et rechercher les propos exacts d'Éva Joly, mais je pense qu'elle ne faisait que reprendre une argumentation déjà connue et péremptoire —du moins pour des esprits moins retors que ceux du procureur et de la Maison Sarkozy…
Plus reposante et drolatique me semble l'évocation des scénarios de polars politico-judiciaires à éclore bientôt, inspirés par cette histoire. Dans un roman, on n'est nullement obligé de respecter la présomption d'innocence. On voit bien l'intrigue qui peut naître d'une situation comparable, rendue plus offensive pour retenir d'emblée l'attention du lecteur.
Un procureur sommé par le pouvoir d'empêcher la mise sous tutelle d'une riche donatrice un tantinet gaga… Il obtempère, puisqu'il a été nommé pour ça: protéger le président de toute mauvaise surprise. Au départ, il s'agit simplement de garder sous la main un filon précieux de financement des campagnes électorales à venir, mais patatras!
Un traître a enregistré des conversations compromettantes, à l'hôtel particulier de la donatrice, et les enregistrements se retrouvent sur internet… Le procureur et les conseillers de la présidence, d'abord sonnés, mettent au point une parade: bloquer toute enquête indépendante aussi longtemps qu'il le faudra. Le procureur brassera du vent jusqu'à ce que l'intérêt de l'opinion publique s'émousse. Le moment venu, il classera l'affaire sans suite.
Sauf que ce n'est que le début, car se pose ensuite la question de l'évolution du roman. Vers quelle fin irons-nous, à travers des péripéties haletantes: édifiante? Démasqué, le procureur juge et partie, est révoqué ; le gouvernement, le président de la république compromis, démissionnent… Noire? Un témoin chope la scarlatine et meurt, une autre fait une chute de vélib' dans les escaliers de Montmartre, un avocat se noie dans le bassin des Tuileries, les troupes françaises envahissent la Suisse, le procureur rend une ordonnance de non-lieu général, et le président est réélu pour cinq ans.
C'est ainsi qu'au journal de treize heures, la réponse d'Éva Joly aux artifices débités par le procureur Courroye a retenu mon intérêt… Le bonhomme, confirmant son intention de garder le contrôle du dossier, renvoyait Mme Joly au Lac des cygnes, dans un trait d'humour hilarant comme un amendement à la Constitution… L'ex magistrat du pôle financier, sollicitée de répondre, s'est bornée avec sa sobriété coutumière à rappeler pourquoi l'enquête sur les multiples aspects de l'affaire Bettencourt n'est pas en de bonnes mains avec M. Courroye. Notamment pour des raisons d'efficacité: un juge d'instruction est à même d'obtenir des informations des banques suisses qui seront refusées à un représentant de l'État —en l'occurrence le procureur.
Il fait trop chaud pour me passionner sur le sujet et rechercher les propos exacts d'Éva Joly, mais je pense qu'elle ne faisait que reprendre une argumentation déjà connue et péremptoire —du moins pour des esprits moins retors que ceux du procureur et de la Maison Sarkozy…
Plus reposante et drolatique me semble l'évocation des scénarios de polars politico-judiciaires à éclore bientôt, inspirés par cette histoire. Dans un roman, on n'est nullement obligé de respecter la présomption d'innocence. On voit bien l'intrigue qui peut naître d'une situation comparable, rendue plus offensive pour retenir d'emblée l'attention du lecteur.
Un procureur sommé par le pouvoir d'empêcher la mise sous tutelle d'une riche donatrice un tantinet gaga… Il obtempère, puisqu'il a été nommé pour ça: protéger le président de toute mauvaise surprise. Au départ, il s'agit simplement de garder sous la main un filon précieux de financement des campagnes électorales à venir, mais patatras!
Un traître a enregistré des conversations compromettantes, à l'hôtel particulier de la donatrice, et les enregistrements se retrouvent sur internet… Le procureur et les conseillers de la présidence, d'abord sonnés, mettent au point une parade: bloquer toute enquête indépendante aussi longtemps qu'il le faudra. Le procureur brassera du vent jusqu'à ce que l'intérêt de l'opinion publique s'émousse. Le moment venu, il classera l'affaire sans suite.
Sauf que ce n'est que le début, car se pose ensuite la question de l'évolution du roman. Vers quelle fin irons-nous, à travers des péripéties haletantes: édifiante? Démasqué, le procureur juge et partie, est révoqué ; le gouvernement, le président de la république compromis, démissionnent… Noire? Un témoin chope la scarlatine et meurt, une autre fait une chute de vélib' dans les escaliers de Montmartre, un avocat se noie dans le bassin des Tuileries, les troupes françaises envahissent la Suisse, le procureur rend une ordonnance de non-lieu général, et le président est réélu pour cinq ans.
Quelle aventure, on dirait du Tolkien.
RépondreSupprimerLa scarlatine ? C'est pas trop branché comme maladie ?
RépondreSupprimerLa scarlatine est une maladie devenue rare en France et touche très peu les adultes.
RépondreSupprimerJ'aurais plutôt parié sur un ictère foudroyant...
RépondreSupprimerSinon en ce qui concerne France Inter, quelle tristesse quand même...10 ans que je l'écoutais!
Daniel Schneidermann, sur Arrêts sur Images.net il y a un an environ, commentait l'arrivée du "sinistre individu" Philippe Val à la tête de la radio de Service Public. Et il avait eu des mots quasi prophétiques sur le risque délétère que ne manquerait pas de faire peser sur France Inter l'arrivée de ce sinistre individu. Il n'avait pas tort, à peine un an plus tard nous l'avons vu à l'œuvre. Encore un beau coup du locataire de l'Élysée.
Pour ma part, il n'y a plus que Mermet qui trouve grâce à mes yeux, tout le reste a disparu ou est en voie de l'être. Espérons qu'avec l'alternance, un jour, les choses évoluent dans le bon sens.
Homer, c'est gentil pour moi, mais pas trop pour Tolkien. ;-)
RépondreSupprimerNicolas, c'est mieux que la grippe A, pour liquider un témoin: plus personne ne sait de quoi il s'agit.
Cath, je ne m'attendais pas à devoir comparer la virulence de la scarlatine et de la rougeole.:-))
Toff, l'important dans ce cas, c'est un clystère pour purger la vérité.
Pour France Inter et P. Val, moi j'espérais qu'il n'oserait pas se renier à ce point… Mais le pouvoir doit avoir décidément un attrait irrésistible…
Je crains que comme d'habitude, les politiques aient pris le pas sur la Justice et étoufferont l'affaire. Il y aura sans doute un procés, ce sera celui du majordome parce qu'il avait emprunté l'enregistreur audio à une copine et oublié de le lui rendre…
RépondreSupprimer:-))
M Poireau, ça semble en effet parti pour quelque chose de ce genre. Une chose m'étonne, c'est qu'il ne semble pas exister un moyen de contrer l'obstruction du procureur… Pourquoi ne peut-on saisir le doyen des juges d'instruction, comme on le voit parfois en d'autres affaires, par exemple? Ou bien, pourquoi ne peut-on attaquer directement P. Courroye en demandant son dessaisissement devant une instance judiciaire indépendante, supérieure?
RépondreSupprimerLe Coucou : je ne sais pas. Je pense que Courroye mène cette "enquête" à un rythme de sénateur et qu'à la fin, arrivant devant la véritable justice, toute l'affaire s'effondrera parce que les écoutes à la base de l'affaire seront déclarées illégales et d'autre part, Courroye étant impliqué personnellement (cité dans les enregistrements), la Cour annulera tout son travail de recherche de vérité !
RépondreSupprimer:-))
[C'est une spéculation, voyons ce qu'en fait la réalité ! :-)) ].
M. Poireau,
RépondreSupprimeret si, tout simplement, il s'agissait de laisser traîner l'affaire jusqu'à ce qu'une actualité plus chaude détourne l'opinion publique du sujet? À ce moment là, il suffirait au proc de renvoyer un bouc émissaire devant un juge (Banier par expl.) sur un motif étroitement circonscrit pour empêcher toute mauvaise surprise, et d'autre part de rendre une ordonnance de non-lieu sur tout le reste. On pourrait toujours hurler au scandale, je suppose que ce serait imparable, et que la justice "normale" n'aurait rien à dire.