À Bruxelles, au cours d'une conférence de presse, comme on demandait à Sarkozy ce qu'il pense des vols commis aux dépends de trois journalistes enquêtant sur les dessous de l'affaire Bettencourt, celui-ci a éludé la question.
«Je ne vois pas en quoi cela me concerne. Je ne vois pas en quoi cela peut concerner le chef de l'État.»
On ne peut pas espérer d'un journaliste français qu'il ait le goût du risque au point d'enfoncer le clou à l'américaine, en faisant poliment remarquer au président qu'il est plus concerné que tout autre par ce scandale… Et pourtant, cette repartie devait être dans toutes les têtes de ceux qui ont entendu cette réponse. L'affaire Bettencourt et ses séquelles politiques dont Éric Woerth a été le premier atteint, est aussi une affaire Sarkozy —c'est même à peu près la seule à motiver le déballage public que l'on sait.
Imagine-t-on que pour l'honneur d'un ministre, on aurait assisté au blocage ahurissant de la justice par un procureur ami du président, au vu et au su du pays entier? Pour laisser croître l'atmosphère de pourriture répandue par ce scandale dans la vie publique, il faut une raison impérieuse. Et quelle est la nature de cette sanie qui vaudrait mieux que la vérité? Le soupçon précisément ! Ce soupçon que la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle a été financée illégalement. Le soupçon que son élection est entachée de tricherie.
Mediapart, qui consacre un article à la non-réponse de Sarkozy, trouve que «les indices s'accumulent sur les méthodes d'un pouvoir aux abois», qu'il suppose prêt à tout «pour se sauver»…
Cette dernière expression me semble malheureusement poser un problème. Se sauver de quoi? Que risque le potentat d'opérette de la Ve République? Rien. Quand bien même parviendrait-on, malgré l'utilisation «des pires ressources de l'État», à prouver que Sarkozy a bénéficié des largesses illicites des Bettencourt, il ne serait pas destitué. Le Parlement n'a aucune possibilité de le faire —et d'ailleurs, le voudrait-il, en étant majoritairement à la botte de Sarkozy? Le président de cette république pervertie est protégé par la fiction de sa seule responsabilité devant le peuple: une fois tous les cinq ans.
C'est une singularité de notre pays, où en ce cas seulement, un éventuel délinquant disposerait sans jugement d'un droit de sursis, avec la possibilité de montrer dans l'intervalle ses capacités de réinsertion politique.
P-S: n'oubliez pas que demain nous aurons une heure de Sarkozy en plus pendant six mois. À 3h du matin, il sera en effet 2h et il gagnera une heure sur son mandat.
«Je ne vois pas en quoi cela me concerne. Je ne vois pas en quoi cela peut concerner le chef de l'État.»
On ne peut pas espérer d'un journaliste français qu'il ait le goût du risque au point d'enfoncer le clou à l'américaine, en faisant poliment remarquer au président qu'il est plus concerné que tout autre par ce scandale… Et pourtant, cette repartie devait être dans toutes les têtes de ceux qui ont entendu cette réponse. L'affaire Bettencourt et ses séquelles politiques dont Éric Woerth a été le premier atteint, est aussi une affaire Sarkozy —c'est même à peu près la seule à motiver le déballage public que l'on sait.
Imagine-t-on que pour l'honneur d'un ministre, on aurait assisté au blocage ahurissant de la justice par un procureur ami du président, au vu et au su du pays entier? Pour laisser croître l'atmosphère de pourriture répandue par ce scandale dans la vie publique, il faut une raison impérieuse. Et quelle est la nature de cette sanie qui vaudrait mieux que la vérité? Le soupçon précisément ! Ce soupçon que la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle a été financée illégalement. Le soupçon que son élection est entachée de tricherie.
Mediapart, qui consacre un article à la non-réponse de Sarkozy, trouve que «les indices s'accumulent sur les méthodes d'un pouvoir aux abois», qu'il suppose prêt à tout «pour se sauver»…
Cette dernière expression me semble malheureusement poser un problème. Se sauver de quoi? Que risque le potentat d'opérette de la Ve République? Rien. Quand bien même parviendrait-on, malgré l'utilisation «des pires ressources de l'État», à prouver que Sarkozy a bénéficié des largesses illicites des Bettencourt, il ne serait pas destitué. Le Parlement n'a aucune possibilité de le faire —et d'ailleurs, le voudrait-il, en étant majoritairement à la botte de Sarkozy? Le président de cette république pervertie est protégé par la fiction de sa seule responsabilité devant le peuple: une fois tous les cinq ans.
C'est une singularité de notre pays, où en ce cas seulement, un éventuel délinquant disposerait sans jugement d'un droit de sursis, avec la possibilité de montrer dans l'intervalle ses capacités de réinsertion politique.
P-S: n'oubliez pas que demain nous aurons une heure de Sarkozy en plus pendant six mois. À 3h du matin, il sera en effet 2h et il gagnera une heure sur son mandat.
prem's !
RépondreSupprimerPas étonnant qu'ils aient choisi 2012, pour s'occuper de cette affaire. Et ce ne sera probablement pas avant l'été.
RépondreSupprimerCe n'est qu'une preuve de plus qu'il y a anguille sous roche, sans quoi cette affaire serait réglée au plus vite, pour blanchir tous ces honnêtes gens...
Le problème du parlement est qu'il est à la botte du Président, ce qui est contraire à l'esprit de la cinquième (critiquable par ailleurs), pas la non possibilité de virer le président.
RépondreSupprimerEn même temps, quand on connait l'attitude entre le PS et l'UMP, pourrait-il y avoir ne serait-ce qu'un ersatz d'amendement possible de fait si le parlement n'était pas majoritairement derrière ele président ? Je ne crois pas.
RépondreSupprimerDonnez la même force à l'opposition et au gouvernement dans ce pays, et vous n'aurez jamais une seule décision de prise...
Nicolas, bravo !
RépondreSupprimer@desenfumage,
manifestement, Sarkozy et son entourage estime que le soupçon est moins dangereux que la vérité… Et en effet, faire traîner l'affaire jusqu'en 2012 ou plus (ça doit être possible) lui laisse une chance de réélection…
Nicolas,
oui, l'esprit de la Ve voudrait que ce soit différent, mais cela n'a jamais été le cas, dès le départ. Et la non possibilité de destituer le président est la première preuve de l'essence dictatoriale de cette constitution.
Vallenain,
RépondreSupprimerqu'il faille un fait majoritaire pour pouvoir gouverner, soit. Mais rien ne devrait empêcher le parlement d'exercer son contrôle sur le gouvernement (et ce n'est pas le cas). Mais les pouvoirs du président sont excessifs, intolérables. Le président est en trop, le peuple manque par voie référendaire.
"Je ne vois pas en quoi cela me concerne. Je ne vois pas en quoi cela peut concerner le chef de l'État."
RépondreSupprimerça veut dire qu'il est schizo, le Sarko ;-)
On va finir par avoir pitié de lui, devant autant de médiocrité
Que les autres dirigeants du monde doivent bien se foutre de lui, en coulisse...
La France via Sarkozy est devenue en 3 ans la risée du monde. Pathétique.
C'est tout le problème de Sarkozy, il ne voit pas en quoi ça le concerne tous nos problèmes !
RépondreSupprimer;-)
cpolitic,
RépondreSupprimerle regard des étrangers sur Sarkozy doit en effet être plutôt méprisant, mais ce qui est moins drôle c'est qu'un pays qui supporte ce genre d'affaires sans se révolter doit aussi être très méprisé.
M Poireau,
bien vu, il n'y a que la jouissance du pouvoir qui le concerne.
Vous voyez le mal partout et les complications là où il n 'y en a pas ! On voit bien que ce garçon a perdu l'habitude de se faire "violenter" par un journaliste et qu'il a été pris au dépourvu. Il n'avait pas sur lui les éléments de langage concoctés par les conseillers à cet effet.
RépondreSupprimerPourquoi croyez vous qu'il s'exprime si mal spontanément ?
Au fait, quelqu'un sait-il si l'ordinateur de JP Pernaut a été volé ?
captainhaka,
RépondreSupprimeril ne peut pas s'offrir une oreillette connectée sur un souffleur? Mince, il n'est pas assez payé, alors!
pourquoi cet étrange sentiment que la maffia est au pouvoir ?
RépondreSupprimerGdeC,
RépondreSupprimermafia d'opérette, alors : pour que la parenté soit vraiment établie, il faudrait quelques cadavres… On reste plutôt dans l'abus de pouvoir d'une autocratie, c'est déjà pas mal !