Pages

lundi 18 octobre 2010

Vespa sur le toit

Vespa crabro, le frelon est une brave bête : l'ami Nicolas nous l'a juré cet été, quand nous nous plaignions du gros jaunas qui tournait autour de la table, sous le platane. Il le tenait de La Hulotte, ce merveilleux journal dont tous les amis de la nature ont au moins entendu parler. Le frelon est un type pacifique qui n'attaque pas, à plus de trois mètres de son chez-lui, pourvu qu'on lui fiche la paix. La sale réputation de son venin est très surfaite, à moins, je suppose que vous n'ayez l'essaim complet sur le dos. Bref, telle était la situation lorsque Nicolas nous a quittés pour voler vers d'autres ruches: un frelon ou deux nous faisaient un coucou aimable en vaquant à leurs affaires. Nous avons fini par les oublier.

Et puis, l'automne approchant, il y avait de temps en temps un de ces couillons de jaunas, attiré par la lumière, qui se faufilait dans la maison. À ce moment là, je n'avais pas encore lu les conseils de La Hulotte, comme je l'ai fait ce matin sur le Web. J'ignorais qu'il faut retourner un verre sur le brave frelon, glisser une feuille de papier dessous, et aller libérer la bestiole dehors. Comme une brute épaisse, je me jetais à sa poursuite armé de la tapette à mouche, grimpant sur les chaises, essayant de l'atteindre au coin des poutres, faisant teinter l'opaline des suspensions… Avant de l'occire avec une odieuse satisfaction dont j'aurai quelque jour à m'expliquer devant Dieu, surtout si Dieu est un frelon, ce qui n'est pas plus ridicule qu'un barbu, après tout.

Les jours ont passé, et, je ne sais plus à quel moment exactement, nous avons constaté à la maison qu'il y avait chaque soir un ou deux frelons pour se présenter à table à l'heure du dîner. Chassant le frelon, je repensais aux propos de Nicolas quant à la bénignité de leur piqûre. Faut-il l'avouer ? Cela me rendait plus hardi à la chasse.

D'autant que bientôt, il m'arriva de plus en plus souvent le matin de trouver un jaunas rampant sur le sol, comme abruti, alors qu'abruti moi-même, je débarquais dans la cuisine pour faire le café. Comme vous le pensez, j'avais depuis longtemps exploré du regard les souches de cheminées sur le toit, sans remarquer d'activité suspecte de la gent bourdonnante…

Enfin, ces derniers jours, le rythme des frelons échouant dans la maison s'accélérant, les bourdonnements du côté de la cuisinière aussi, l'illumination nous vint : la hotte ! Chaque fois que ma femme allumait la lumière au-dessus du fourneau, puis mettait le moteur de la hotte en route, il se passait quelque chose là-haut. Un, deux, trois parfois, de nos squatters ne tardaient pas à descendre dans le filtre voir ce qui se passait, ou peut-être manger un morceau. En tout cas, ils se retrouvaient ensuite pris au piège, bien obligés de chercher une voie de sortie, laquelle nous valait de les voir surgir en piqué sur nos assiettes avant d'amorcer une chandelle vrombissante vers la lampe.

Ce matin, j'ai appelé l'exterminateur d'essaims à la première heure, et comme il ne pouvait pas venir avant 18 heures, j'ai pris patience en me documentant sur internet… J'ai bien compris que c'est très mal de leur faire ça, qu'il valait mieux déplacer le nid dans un endroit moins gênant. J'imagine la tête de l'homme qui est arrivé ce soir avec son équipement et son pulvérisateur, si ma femme et moi lui avions demandé d'attraper du haut du toit le nid de frelons afin de le déplacer, hem… disons, chez les voisins.

Il a fait son travail, puis il est reparti. Ça bourdonne encore beaucoup dans la hotte, mais il paraît qu'ils n'en ont plus pour longtemps. D'ailleurs, quand il faisait encore jour, on voyait plein de frelons mal fichus qui se traînaient, hagards, sur les tuiles.
C'est moche, mais le filtre de la hotte était bon à changer depuis quinze jours au moins, et ils étaient foutus de rester chez nous jusqu'au printemps.
illustration

P-S Gildan en pince pour Tina ; le blog de Mtislav est occupé ; CC décortique le bouquin de Razzi Hammadi ; Fidel Castor remue l'aqueux ; Christophe chante des volutes vénéneuses…

21 commentaires:

  1. BZZZZZ Bzzzzzzz zz zzzz………… Gargll rhaaaa……… !

    RépondreSupprimer
  2. j'ai très peur des frelons, moi j'aurai foutu le feu à la hotte ;-)

    RépondreSupprimer
  3. Il paraît que maintenant les pompiers font payer l'intervention. Les gens essayent de se débrouiller seuls. Et en fin de compte, ils appellent les pompiers !

    RépondreSupprimer
  4. Jean,
    splach !

    Isabelle,
    ben, autant leur laisser la place jusqu'à ce qu'ils se lassent alors. Plutôt que de brûler la maison.

    Mtislav,
    ici, les pompiers n'interviennent plus chez les particuliers, ils renvoient aux spécialistes… Quant à me débrouiller moi-même, je le fais quand le nid est accessible et pas trop peuplé. Là, ils étaient vraiment trop nombreux, et je ne me voyais pas approcher de la cheminée sans équipement, ni possibilité de battre en retraite en courant.

    RépondreSupprimer
  5. Le frelon, quand il y en a un, ça va. c'est quand il y en a beaucoup…

    RépondreSupprimer
  6. Oh , fada, ce ne sont que de grosses guêpes, c'est tout. Peuchères !
    ...
    Je te remercie, tout de même !
    ;^)

    RépondreSupprimer
  7. Rien que L'IDEE du frelon me terrorise, je crois que j'aurais été très capable de foutre le feu à la maison et de fuir n'importe où au milieu de la nuit.

    RépondreSupprimer
  8. ZapPow,
    je crois qu'on pouvait dire: beaucoup trop, là.

    Gildan,
    les guêpes ne sont que de grosses mouches, qui ne sont de gros moucherons, qui ne sont de gros poux, qui ne sont que de gros acariens, qui ne sont que de grosses bactéries… Fada toi même, eh !

    MHPA,
    franchement, il n'y avait pas de quoi: on vivait quand même avec eux depuis un bon moment, et ils ne faisaient pas trop de bruit la nuit, rarement des disputes. Mais ils faisaient trop de mômes, ça débordait de plus en plus dans nos assiettes.

    RépondreSupprimer
  9. on dira ce qu'on veut je ne suis pas très à l'aise avec abeilles et autres dérivés, qu'ils piquent ou non.... bon billet !

    RépondreSupprimer
  10. c'est marrant que ce sujet revienne sur le tapis (ou dans la hotte) car pas plus tard qu'hier mes voisins et moi nous faisions la réflexion qu'il y avait beaucoup de frelons cette année (on appelle ça des "cabridans" par chez nous..)
    En effet j'en ai vu deux sur le pas de ma porte pour la première fois en 5 ans, ma soeur en a eu beaucoup cette année à la campagne et ils sont sortis en masse tout l'été...vraiment, une année à frelons..y aurait pas une histoire de réchauffement/dérèglement là-dessous?

    RépondreSupprimer
  11. Hé ho ! J'ai dit qu'il parait qu'ils ne sont pas méchant. Quand j'en vois un, je ne fais pas le fier pour autant.

    RépondreSupprimer
  12. Le frelon est la seule bestiole que j'extermine autant que faire se peut. Parce que j'en ai une trouille bleue, même après avoir lu La Hulotte.

    Ce qu'il faut, c'est guetter les frelons fin avril, début mai : à cette saison, il n'y a encore que des reines. Donc, si vous en flinguez une, vous supprimer d'un coup les cinquante ou soixante saloperies qu'elle aurait dû engendrer dans la saison.

    Et en plus, chaque année, le frelon asiatique gagne du terrain en France ! Et il est encore plus agressif, notamment avec les abeilles.

    RépondreSupprimer
  13. Pareil que ZapPow... :-(

    @ le coucou: juste un petit problème, le nom latin du bestiau, c'est "Vespa crabro", avec un deuxième R (pas "crabo").

    RépondreSupprimer
  14. Homer,
    je ne coucherais pas avec un essaim (il y a des gens qui peuvent), mais tant qu'il n'y a qu'une abeille près de moi, ça va. Un frelon, rien à faire: je n'ai pas confiance.

    Toff,
    nous avons tous les ans des frelons dans notre coin, à un moment quelconque, depuis longtemps… Il a énormément plu au cours de l'hiver et avant l'été: ce temps les a peut-être favorisés? Je ne crois pas à l'incidence du réchauffement, il y avait par exemple moins de mouches cette année, mais c'est sans doute que les frelons les avaient bouffées :-))

    Nicolas,
    en gros, oui, tu as dit ça, et que leur venin n'était pas aussi nocif qu'on le raconte. ;-)

    Didier,
    je vais recopier votre conseil dans mon agenda pour le printemps prochain, merci !
    J'ai lu aussi un article sur la progression du frelon asiatique, j'ai déjà des frissons à l'idée qu'il pourrait se plaire dans le sud…

    Irène,
    … et merci pour la correction, que je viens de faire en rouge… J'ai dû confondre avec la Vespa à moteur et l'équiper par distraction d'un crabotage…

    RépondreSupprimer
  15. Moi j'en avais tous les soirs chez moi de ces bestioles horribles, dès que j'allumais pour faire sortir les chiens, et bien maintenant je ferme mes volets plus tôt et sans allumer la lumière ! Je ne sais pas du tout où est le nid, mais sans doute dehors ! Vive la tapette et l'insecticide à la citronnelle !

    RépondreSupprimer
  16. Marie,
    si tu en avais chaque soir en allumant la lumière, c'est que le nid est proche: sur le toit, dans une cheminée…

    RépondreSupprimer
  17. J'ai eu à faire avec des frelons du côté de Toulouse, je témoigne qu'ils étaient réellement très agressifs. Pas simplement comme la guêpe qui vaque à sa recherche de nourriture mais réellement avec dans l'œil la volonté farouche de piquer l'humain. Or, l'humain c'était moi !
    :-)))

    [J'ai fait de l'apiculture, c'est très amusant et les abeilles sont simplement magnifiques. Mais les frelons, ça ne sert à rien ! :-)) ].

    RépondreSupprimer
  18. M Poireau,
    les nôtres n'étaient pas agressifs, en définitive. Heureusement, parce que nous avons vécu plusieurs mois côte à côte !

    RépondreSupprimer

Les commentaires ANONYMES ne sont pas acceptés. Merci de prendre au moins un pseudonyme.