J'aime la démocratie, pas ce vomi de la république que vous baptisez ainsi, escrocs politiques, niais du marais, petits ambitieux qui, nous payant de mots, n'attendez que le moment d'y ramasser un fragment de pouvoir. La démocratie commence et s'achève dans les limites où un peuple s'associe à l'exercice du pouvoir par ses représentants. Il ne sert à rien d'espérer de nos élus qu'ils en ouvriront un jour le chemin pour nous, cela ne s'est jamais vu. Lorsque les citoyens d'un pays accèdent à la démocratie, c'est toujours à la faveur d'événements exceptionnels leur permettant d'écarter les anciens gouvernants et de créer de nouvelles règles.
La Suisse, pour dire un mot du modèle habituel en la matière, a vu son organisation évoluer à travers de nombreux conflits. On a coutume de nous la présenter comme une fantaisie, une sorte de vieux bijou de la famille européenne qu'on se montre en souriant avec condescendance, mais qui ne se porte plus. De gauche à droite, pour exorciser le spectre représenté par le droit du citoyen d'ouvrir son caquet, on en souligne volontiers les défauts et l'incommodité qu'il y aurait de nos jours à s'embarrasser d'un colifichet démocratique. Laissons donc la Suisse de côté pour cette fois.
Heureusement, désormais elle n'est plus le seul pays auquel on puisse se référer afin d'illustrer l'étendue de notre dénuement de citoyens français. L'ami Poireau vient d'attirer mon attention sur ce qu'il s'est passé en Islande ces dernières années, dans l'étrange silence de nos médias —et bien entendu de nos politiciens.
J'avais lu à quelques reprises des allusions à ces événements, lesquels étaient toujours présentés d'une manière trop embryonnaire pour les comprendre. Mediapart rompt aujourd'hui cette quarantaine politico-sanitaire en publiant un article dont l'essentiel a d'ailleurs déjà été mis en ligne, fin décembre, sur le site du NPA O6. De quoi s'agit-il ? Pour résumer : d'une révolution pacifique, ni plus ni moins.
En 2008, dans la débâcle du système bancaire, les Islandais sont descendus en masse dans la rue. La droite fut éjectée du pouvoir, au bénéfice de la gauche, laquelle nationalisa les banques… Un écueil ne tarda pas à se présenter avec le projet du nouveau gouvernement de rembourser la dette des banques envers la Grande-Bretagne et le Danemark. Un retour du peuple dans la rue imposa l'organisation d'un référendum sur le sujet, qui vit 93% des voix refuser cette proposition.
Ce n'est pas tout : du bouillonnement révolutionnaire est né, le 27 novembre 2010, une Assemblée constituante chargée de modifier la vieille constitution de 1944… Cette Assemblée est composée de 25 citoyens ordinaires, choisis parmi 522 candidates et candidats dont étaient exclus les élus nationaux. On peut appeler l'Islande une démocratie naissante.
On comprend bien pourquoi nous avons si peu entendu parler de l'Islande : c'est que ce serait un très mauvais exemple à nous donner, aux yeux de la caste politique toute préoccupée de terminer paisiblement son fromage de cinq ans, ou d'être en bonne position pour en rafler la part suivante. Vous ne voyez pas qu'il nous vienne l'idée salubre d'enlever la nappe avant la fin du service ?
source illustration
P-S: Eric met son blog en mode «Curator»… Vous ne savez pas ce que c'est ? Moi non plus, avant de le lire ! Stef est passé à la pompe : il n'en revient pas !
La Suisse, pour dire un mot du modèle habituel en la matière, a vu son organisation évoluer à travers de nombreux conflits. On a coutume de nous la présenter comme une fantaisie, une sorte de vieux bijou de la famille européenne qu'on se montre en souriant avec condescendance, mais qui ne se porte plus. De gauche à droite, pour exorciser le spectre représenté par le droit du citoyen d'ouvrir son caquet, on en souligne volontiers les défauts et l'incommodité qu'il y aurait de nos jours à s'embarrasser d'un colifichet démocratique. Laissons donc la Suisse de côté pour cette fois.
Heureusement, désormais elle n'est plus le seul pays auquel on puisse se référer afin d'illustrer l'étendue de notre dénuement de citoyens français. L'ami Poireau vient d'attirer mon attention sur ce qu'il s'est passé en Islande ces dernières années, dans l'étrange silence de nos médias —et bien entendu de nos politiciens.
J'avais lu à quelques reprises des allusions à ces événements, lesquels étaient toujours présentés d'une manière trop embryonnaire pour les comprendre. Mediapart rompt aujourd'hui cette quarantaine politico-sanitaire en publiant un article dont l'essentiel a d'ailleurs déjà été mis en ligne, fin décembre, sur le site du NPA O6. De quoi s'agit-il ? Pour résumer : d'une révolution pacifique, ni plus ni moins.
En 2008, dans la débâcle du système bancaire, les Islandais sont descendus en masse dans la rue. La droite fut éjectée du pouvoir, au bénéfice de la gauche, laquelle nationalisa les banques… Un écueil ne tarda pas à se présenter avec le projet du nouveau gouvernement de rembourser la dette des banques envers la Grande-Bretagne et le Danemark. Un retour du peuple dans la rue imposa l'organisation d'un référendum sur le sujet, qui vit 93% des voix refuser cette proposition.
Ce n'est pas tout : du bouillonnement révolutionnaire est né, le 27 novembre 2010, une Assemblée constituante chargée de modifier la vieille constitution de 1944… Cette Assemblée est composée de 25 citoyens ordinaires, choisis parmi 522 candidates et candidats dont étaient exclus les élus nationaux. On peut appeler l'Islande une démocratie naissante.
On comprend bien pourquoi nous avons si peu entendu parler de l'Islande : c'est que ce serait un très mauvais exemple à nous donner, aux yeux de la caste politique toute préoccupée de terminer paisiblement son fromage de cinq ans, ou d'être en bonne position pour en rafler la part suivante. Vous ne voyez pas qu'il nous vienne l'idée salubre d'enlever la nappe avant la fin du service ?
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P-S: Eric met son blog en mode «Curator»… Vous ne savez pas ce que c'est ? Moi non plus, avant de le lire ! Stef est passé à la pompe : il n'en revient pas !
Formidable ! Ils ont donc eu raison de refuser de payer, nationaliser les banques étaient certainement le meilleur choix. Voilà une révolution tranquille qui s'est imposée d'une manière intelligente.
RépondreSupprimerM'enfin, tout le monde le sait, la seule solution c'est :
RépondreSupprimerhttp://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0201068431743-l-envolee-des-banques-propulse-les-bourses.htm
Stef,
RépondreSupprimerla proposition de rembourser les banques étrangères a suivi la nationalisation… Espérons qu'ils tiendront bon contre les pressions prévisibles des milieux financiers européens.
Seb,
ben, je ne savais pas, mais merci ! Dès demain matin, j'achète des portugaises, alors (des obligations sur la dette, pas des sardines ou des huitres, hein)…
moi qui aime l'Islande pour ses paysages et ses chanteuses déjantées je vais finir par aller m'y installer définitivement !
RépondreSupprimerMais non ! Achète de la morue !
RépondreSupprimer:)
Mr Le Poireau est citoyen Français ? :o)Je le croyais Belge
RépondreSupprimerLe Coucou,
RépondreSupprimerPeut-on comparer la France a un pays comme l'Islande, complètement isolé géographiquement et surtout avec environ 195 fois moins d'habitants que la France ? (ou qui a le tiers de la population du Var, si tu préfères...)
Gaël,
RépondreSupprimerj'irais bien aussi… s'il y faisait plus chaud ! Il y a les sources chaudes, certes, mais des bains de pieds confortables me semblent un peu insuffisants…
Gildan :-)
Dominique,
quel rapport ?
Nicolas,
je m'attendais tellement à cette objection classique pour récuser la démocratie que je voulais prier en fin de billet les contradicteurs d'en faire l'économie… Puis j'ai oublié… Est-ce qu'il y a une bonne petite justice valable seulement au niveau du hameau, et une grande justice pourrie applicable à l'échelle d'un pays dont la dimension excuserait les défauts?
Oui, on peut comparer la France à l'Islande, l'échelle physique n'a rien à voir avec la qualité des valeurs d'un pays. Oui, les ordures qui nous dirigent depuis la révolution, les ordures qui veulent nous diriger demain, intoxiquent les citoyens en leur faisant croire que la démocratie est trop délicate pour être laissée (restituée) au peuple.
Sorry, désolé, c’est le site www.pouruneconstituante.fr qui a le premier et le seul en europe a informé les blogeurs de l’événement la veille de celui-ci et produit un communiqué ce même week-end en date du 29 novembre. http://www.pouruneconstituante.fr/spip/spip.php?article349,
RépondreSupprimerVérification immédiatement faite, cette info n’était disponible sur aucun site de l’union européenne dans les langues de base de celle-ci ( Anglais, allemand, italien, espagnol, français) Elle n’était disponible que sur un site canadien et sur des sites islandais en Anglais.
On était donc en face d’un black-out organisé et maintenu plusieurs semaine pour des centaines de millions de personnes, alors même que quelques mois auparavant, ces dernières étaient tenues informées minutes par minutes de l’éruption du volcan islandais. Une véritable police de surveillance des questions constitutionnelles "sensibles"! cordialement Nous maintenons évidemment une telle veille permanente sur ce sujet décisif pour les peuples d’europe, mais aussi sur la progression de cette question en France, y compris avec les associations d’élus. So long!
Bonne année! Et merci encore d'avoir contribué à propager cette information!
On nous dit pas tout! Eh oui!
christian berthier
J'insiste sur mon objection : la démocratie est plus facile à mettre en oeuvre à 320 000 habitants qu'à 62 millions. Ce n'est pas pour autant que j'approuve les ordures dont tu parles.
RépondreSupprimerDe 62 millions, on se retrouve à 500, ça donne l'Europe puis à 6 milliards, ça donne Le Monde. Ingouvernable à part par quelques puissances financières, plus pourrie les unes que les autres.
Tu parles d'une constituantes de 25 personnes. C'est plus facile de se présenter, pour être élu, à 320 000 personnes qu'à 6 milliards et il y a moins de postulants. En France dans les mêmes proportions de représentativité, il faudrait 5000 personnes.
J'aime bien ta colère Coucou. Il s'agit de trouver un moyen d'appliquer ce que propose l'Islande au niveau de nos pays, plus gros, plus peuplés, et surtout situés sur les grands axes économiques.
RépondreSupprimerD'accord ... mais si on ne peut comparer la situation et la démographie de nos deux pays, cela n'explique pas pourquoi l'information de ce qui s'est réellement passé en Islande n'a pas circulé.
RépondreSupprimerOn ne nous croit capables de comprendre que les sautes d'humeur de leurs volcans ?
Ou on a peur que nous ne comprenions que trop bien ...
Berthierch,
RépondreSupprimerje viens de voir… En effet c'est pouruneconstituante.fr qui en a parlé d'abord… Oserai-je avouer que je ne connaissais pas ce site ? Oui, c'est fait… J'y retournerai dès que j'en aurai le temps. Merci de vos réflexions…
Nicolas,
j'insiste lourdement sur la mienne, d'objection. Ce que tu dis reprend les éternels arguments des castes d'hier et d'aujourd'hui qui nous gouvernent, pour décourager le réveil du Souverain. Ça et le péril populiste ! Notre système confiscatoire est bien plus lourd et plus complexe que la démocratie. Laquelle ne demande que de prévoir le référendum d'initiative populaire et le référendum de destitution —temporisés par des contraintes aux dimensions de notre population. Il y aurait (selon moi) une chambre inutile : le Sénat.
D'autre part, en quoi serait-il plus compliqué d'élire au niveau départemental un nombre N de constituants n'ayant aucun mandat jusqu'alors (parrainés par 100 citoyens ou plus) que des députés ? Qui parle de garder le même rapport que les Islandais? On obtiendrait une assemblée constituante numériquement comparable, dans le cas le plus lourd, au Parlement actuel.
De toute façon, la démocratie s'imposera, j'espère que je verrai ça.
Captainhaka,
en fait nous avons davantage besoin de savoir que la démocratie peut exister, que de nous inspirer étroitement de modèles. Je crois que la liberté et le désir de prendre en main ses affaires peuvent rendre un peuple inventif. L'obstacle, la montagne à abattre, c'est la mauvaise foi et l'opposition de la plupart des politiciens en place.
Solveig,
à l'évidence, c'est la peur du mauvais exemple qui a conduit politiques de tous bords et patrons de presse à mettre ces événements sous le boisseau.
Le Coucou,
RépondreSupprimerAu fond, ce qui nous différencie le plus, c'est ton optimisme !
(je voulais commenter ça suite à mon précédent commentaire mais je n'ai pas eu le temps, pris dans la spirale infernale du travail).
Nicolas,
RépondreSupprimerce doit être ça. Il faut que je le dise à mes proches : ils me méconnaissent ! ;-)