L'ami Romain Blachier m'a posé, ainsi qu'à Nicolas et Yann, une question inattendue. Enfin, inattendue pour moi qui avais jusqu'ici zappé ce sujet pourtant d'actualité —les autres me paraissent plus qualifiés pour donner un avis.
«Faut-il pénaliser les clients et la prostitution en général ?» telle est à peu près la question de Romain. Comme lui et Nicolas, je trouve l'idée répressive de la mission parlementaire d'information sur la prostitution mal venue. Cela n'aboutira qu'à renforcer la clandestinité de ce commerce et aggravera un peu plus la misère sexuelle qui l'alimente en partie. On voit bien que les honorables missionnés n'ont pas étudié le problème sur le terrain…
Et moi, me direz-vous ? Zut, je me suis pris au piège du fil de la plume ! Moi, madame, monsieur, j'ai été en fin de compte d'une fidélité d'airain, je suis presque ignorant en la matière. Presque, notez… En fait, j'ai eu l'occasion d'observer de près la prostitution, il y a longtemps. Il me semble d'ailleurs avoir déjà évoqué ceci sur le blog, mais tant pis si je me répète. À la fin des années 60, entre autre petit boulots, j'ai été veilleur de nuit à Paris dans un respectable hôtel pour voyageurs de commerce.
À cette époque, comme cela arrive régulièrement, le pouvoir piqua sa petite crise de tartuferie qui aboutit à chasser les filles de joie de leurs hôtels de passe, les repoussant vers d'autres quartiers. C'est ainsi que l'une d'elle débarqua une nuit dans mon hôtel avec son miché, mais tout d'abord je les pris pour un couple adultère quelconque (ils étaient sans bagages) et leur louai une chambre. Il y eut un incident, car la dame insista lourdement pour que son compagnon me laisse un pourboire quand j'avais pour principe de les refuser. Je crois qu'elle m'eut à l'usure et qu'ils balancèrent un Pasteur de cinq francs par dessus mon comptoir avant de monter à l'étage.
Ils ressortirent prendre l'air ou souper un petit quart d'heure plus tard… C'est au retour de la dame avec un nouveau bonhomme que la lumière se fit dans ma tête, et j'eus comme un creux, là, en pensant aux explications à fournir le lendemain aux patrons. D'autant plus creusé, le creux, que la dame se mit en devoir de faire raquer son miché pour la chambre. «Voyons, vous avez déjà loué cette chambre : elle est à vous !» lui dis-je niaisement.
Elle me fit un dessin, le type à côté d'elle se marrait, prêt à profiter de l'aubaine, mais le portefeuille toujours à la main parce qu'il ne croyait pas réellement qu'on puisse être aussi con. Il paya, ils passèrent, et la dame repassa une bonne dizaine de fois avant le petit matin. La dernière fois, elle me conseilla d'être enfin raisonnable et d'empocher l'argent sans me prendre la tête (l'expression n'avait pas cours à l'époque, mais l'idée est là).
Quand je fis mes comptes, avant l'arrivée des patrons, je trouvais une jolie somme, laquelle multipliée par le nombre de nuits où la dame serait susceptible de revenir, faisait… Seigneur ! en un mois plus que je ne gagnerais en un an ! J'ai donné cet argent tombé du cul en sueur de la dame plutôt que du ciel, aux patrons, leur racontant en détails mon aventure. J'attendais de fermes consignes, une arme réglementaire pour me tirer d'embarras la prochaine fois. Le croiriez-vous ? Ils me dirent de veiller à ce que cela ne se reproduise pas trop souvent, et voilà tout.
Ma femme et moi avons aussi voisiné, dans un immeuble au cœur de l'ancien quartier des halles, avec une charmante kikinésithérapeute en studio, mais c'est une autre histoire qui rallongerait inutilement ce billet. D'autant plus que cela n'a pas grand chose à voir avec la question de Romain, à laquelle j'ai répondu dès le départ : je suis contre la pénalisation.
Mais qu'en penseront Gildan, Isabelle, Homer, et Olympe (une féministe, tiens) ?
«Faut-il pénaliser les clients et la prostitution en général ?» telle est à peu près la question de Romain. Comme lui et Nicolas, je trouve l'idée répressive de la mission parlementaire d'information sur la prostitution mal venue. Cela n'aboutira qu'à renforcer la clandestinité de ce commerce et aggravera un peu plus la misère sexuelle qui l'alimente en partie. On voit bien que les honorables missionnés n'ont pas étudié le problème sur le terrain…
Et moi, me direz-vous ? Zut, je me suis pris au piège du fil de la plume ! Moi, madame, monsieur, j'ai été en fin de compte d'une fidélité d'airain, je suis presque ignorant en la matière. Presque, notez… En fait, j'ai eu l'occasion d'observer de près la prostitution, il y a longtemps. Il me semble d'ailleurs avoir déjà évoqué ceci sur le blog, mais tant pis si je me répète. À la fin des années 60, entre autre petit boulots, j'ai été veilleur de nuit à Paris dans un respectable hôtel pour voyageurs de commerce.
À cette époque, comme cela arrive régulièrement, le pouvoir piqua sa petite crise de tartuferie qui aboutit à chasser les filles de joie de leurs hôtels de passe, les repoussant vers d'autres quartiers. C'est ainsi que l'une d'elle débarqua une nuit dans mon hôtel avec son miché, mais tout d'abord je les pris pour un couple adultère quelconque (ils étaient sans bagages) et leur louai une chambre. Il y eut un incident, car la dame insista lourdement pour que son compagnon me laisse un pourboire quand j'avais pour principe de les refuser. Je crois qu'elle m'eut à l'usure et qu'ils balancèrent un Pasteur de cinq francs par dessus mon comptoir avant de monter à l'étage.
Ils ressortirent prendre l'air ou souper un petit quart d'heure plus tard… C'est au retour de la dame avec un nouveau bonhomme que la lumière se fit dans ma tête, et j'eus comme un creux, là, en pensant aux explications à fournir le lendemain aux patrons. D'autant plus creusé, le creux, que la dame se mit en devoir de faire raquer son miché pour la chambre. «Voyons, vous avez déjà loué cette chambre : elle est à vous !» lui dis-je niaisement.
Elle me fit un dessin, le type à côté d'elle se marrait, prêt à profiter de l'aubaine, mais le portefeuille toujours à la main parce qu'il ne croyait pas réellement qu'on puisse être aussi con. Il paya, ils passèrent, et la dame repassa une bonne dizaine de fois avant le petit matin. La dernière fois, elle me conseilla d'être enfin raisonnable et d'empocher l'argent sans me prendre la tête (l'expression n'avait pas cours à l'époque, mais l'idée est là).
Quand je fis mes comptes, avant l'arrivée des patrons, je trouvais une jolie somme, laquelle multipliée par le nombre de nuits où la dame serait susceptible de revenir, faisait… Seigneur ! en un mois plus que je ne gagnerais en un an ! J'ai donné cet argent tombé du cul en sueur de la dame plutôt que du ciel, aux patrons, leur racontant en détails mon aventure. J'attendais de fermes consignes, une arme réglementaire pour me tirer d'embarras la prochaine fois. Le croiriez-vous ? Ils me dirent de veiller à ce que cela ne se reproduise pas trop souvent, et voilà tout.
Ma femme et moi avons aussi voisiné, dans un immeuble au cœur de l'ancien quartier des halles, avec une charmante kikinésithérapeute en studio, mais c'est une autre histoire qui rallongerait inutilement ce billet. D'autant plus que cela n'a pas grand chose à voir avec la question de Romain, à laquelle j'ai répondu dès le départ : je suis contre la pénalisation.
Mais qu'en penseront Gildan, Isabelle, Homer, et Olympe (une féministe, tiens) ?
Il ne faut pas la pénaliser mais la pénisaliser...
RépondreSupprimerHermes,
RépondreSupprimeret ça se passe comment ?
drôle ton histoire ! t'as loupé une occasion de te faire un bas de soie pour ta retraite, si t'avais su ;-) je vais te préparer mon avis de ce pas !
RépondreSupprimerJoli billet !
RépondreSupprimerIl faut interdire les hôtels.
RépondreSupprimerAccepter un pourboire d'une prostituée, c'est du proxénétisme. Et tu appelles ça un "petit boulot" ? Ah ben, bravo. ;)
RépondreSupprimerCe qui m'étonne, dans cette histoire de pénalisation, c'est que je croyais que la prostitution n'était pas interdite en droit français, que seuls le proxénétisme, justement, et le racolage l'étaient. Donc comment pénaliser une activité licite ?
p.s. : je ne sais pas pourquoi tu t'es mis à me vouvoyer dernièrement. Certes, on ne se connaît pas mais, avec ta permission, je continuerai à privilégier le "tu".
Vous avez VRAIMENT refilé le fric à vos patrons ?
RépondreSupprimerPutain d'Adèle ! même moi j'ai jamais été aussi con !
Flûte, j'ai perdu mes réponses, je dois tout recommencer !
RépondreSupprimerIboux,
bas de soie, ou une expérience de la tôle ! Tiens, mon récit est incomplet : il y avait aussi une jeune prostituée qui habitait l'hôtel à demeure, tout en haut. J'avais droit certains soirs (elle bossait de jour) à ses confidences, ses peines de cœur à cause de son mac, tout ça…
Suzanne,
merci !
Nicolas,
elles iront au bois, comme tu sais :-)
Omnibus,
ce n'était pas la pute, mais le client qui donnait le pourboire, nuance :) La pute me faisait juste la leçon. Le plus bizarre dans ce projet, c'est qu'il ne prévoit pas du tout l'interdiction franche de la prostitution, puisque les femmes (ou leur équivalent mâle) ne seront pas poursuivies…
Pour le vouvoiement, tu voudras bien m'excuser : parfois je m'embrouille dans la clientèle :-) Par exemple, je dois faire attention : après toi, j'ai Didier Goux, voussoiement de rigueur !
Didier,
oui, je leur ai vraiment refilé le fric, à trois reprises si je me souviens bien. Ensuite, la dame a disparu et de toute façon, quelques semaines plus tard j'ai démissionné, j'avais mieux à faire.
Alors vous étiez moins con, même jeune ? Ça ne m'étonne pas que vous ayez si mal tourné ! (smiley)
La logique du gouvernement envisage donc la poursuite des clients visionneurs de film porno? bah oui, des femmes qui font du sexe pour de l'argent, ça y ressemble un peu...Allez tous les abonnés canal en taule! lol
RépondreSupprimerWon, Philippe et Raphael,
RépondreSupprimerlogiquement, ça devrait suivre.
Alors qu'il faudrait, plutôt que pénaliser, réguler le marché, proposer un tarif social pour les plus démunis. Outre la création d'emploi, le financement de la sécu par l'adjonction d'une taxe, ça remettrait du mouvement dans ce pays. En plus, on arrêterait de se faire baiser tout le temps ! :-)
RépondreSupprimer[Clairement la droite s'en est pris au pouvoir d'achat pour pénaliser les clients des prostituées. La vérité éclate ! :-) ].
**Beau billet ! :-)
M. Poireau,
RépondreSupprimerbeau programme ! Je me demande ce qu'attend la gauche pour le reprendre à son compte ?
Et merci :-) !