Il y a cent ans, le 31 mai 1911 une nouvelle maison d'édition publiait ses premiers ouvrages : Isabelle, d'André Gide, L'Otage, de Paul Claudel. Les éditions de la Nouvelle Revue française venaient d'être fondées par Gaston Gallimard, André Gide et Jean Schlumberger. On connaît la suite : la petite maison d'hier deviendra le groupe Gallimard d'aujourd'hui. Curieusement, je n'ai vu de rappel de cet anniversaire que sur un site de presse suisse, Le Temps.
Mon intention n'est pas de retracer sur ce blog politique la croissance de cette prestigieuse entreprise d'édition, mais de m'arrêter brièvement sur la personne de Gaston Gallimard. Il était né coiffé, en quelque sorte, dans une famille de riches bourgeois. Rien ne le prédestinait à donner naissance à l'une de ces dynasties du monde de la culture, comme il en existe quelques unes chez nous —les Casadesus, dans la musique et les arts de la scène, par exemple. Rien, sauf son éducation, son attirance pour les lettres, et la fréquentation du milieu littéraire de son époque. Son argent a fait le reste, et franchement, je ne trouve pas qu'il ait été mal employé ou que notre pays ait eu à s'en plaindre.
Sur le site du Point, Jacques Séguéla, fleuron d'un autre genre, ami des Sarkozy, dresse sa liste des signes extérieurs de la réussite. Il le fait dans le cadre d'un inventaire où se déverse tout le dépit qu'il a retiré du tapage suscité par sa fameuse maxime : «Enfin, tout le monde a une Rolex ! Si à cinquante ans, on n'a pas une Rolex, on a raté sa vie». Sa liste utilise bien entendu le registre de la dérision pour illustrer sa conception de la vulgarité. En 1970, Jacques Séguéla a co-fondé la célèbre agence de communication RSCG. Qui sait si en 2070 on ne célébrera pas M. Séguéla et la création de cette entreprise de pub, dans un monde où le goût de chiotte serait devenu dominant ?
Enfin, à propos d'argent, je ne voudrais pas terminer cette note sans recommander la lecture d'un remarquable billet que j'ai lu ce matin sur Variae : DSK, Hamon et l'argent qui choque.
P-S: Nicolas nous rappelle quelques vérités sur la présidentielle de 2012 que l'on aurait tort de comparer par avance à la funeste élection de 2002. Il a raison, de même que de rappeler le chemin du site Unite2012 sur lequel figure la lettre ouverte d'un électeur en faveur de l'unité de la gauche : à lire d'urgence si ce n'est déjà fait !
J'aime bien ce billet... Et plus d'une fois je me suis insurgé contre cette confusion entre la morale et l'argent. On peut être riche et de gauche. L'inverse, bien sûr aussi!
RépondreSupprimerPar exemple j'aime bien Pierre Berger. Alors qu'il est riche, défenseur de minorités, etc. Quand moi je défends la majorité. Mais il est VRAI. Ce qui est rare.
Et on peut aussi être de droite et suivre une trajectoire qui sera saluée de gauche à droite… Je ne serais pas étonné que Gaston Gallimard ait été plus proche des idées de droite que l'inverse —en fait on n'en sait rien, ses idées personnelles n'apparaissaient pas dans ses choix éditoriaux, il n'était à l'affut que du talent.
RépondreSupprimerTu voudrais que Séguéla devienne le candidat de Unité2012 ?
RépondreSupprimerJ'avais vu par hasard tout un documentaire sur Arte sur la création de la Nrf et sur G.Gallimard, c'était vraiment intéressant. Vivement qu'ils fassent de même avec Séguéla !
RépondreSupprimerZut, j'ai oublié de répondre !
RépondreSupprimerNicolas,
non, Séguéla, ce sera la bouée de secours de l'UMP, si Sarkozy ne se représente pas. À part lui, ils sont tout nus, à droite —parce que Borloo, il n'a pas la stature de Séguéla.
Vallenain,
je n'ai pas vu ce documentaire, dommage. Séguéla en dans la légende dorée des saints de télé ? Berk !
Jacques Séguéla sera-t-il notre Voltaire de dans 150 ans ? J'ai des doutes… :-))
RépondreSupprimerPoireau,
RépondreSupprimerau train de la culture aujourd'hui, il a ses chances.