Melclalex demande : «Et vous ce 10 mai 1981 vécu ou non quel est votre avis sur ce jour entré dans l'histoire de France ?»
Comme la question m'est posée et que j'étais déjà né en ce jour de gloire, je vais essayer de répondre.
Depuis la débâcle de la gauche aux législatives tournant la page de Mai 68, treize ans plus tard, en 81, mon enthousiasme militant avait du plomb dans l'aile. La victoire à la présidentielle nous était déjà passée sous le nez à plusieurs reprises, il y avait de quoi désespérer. Et pourtant, c'était plus fort que nous : à la maison, nous nous mettions à rêver de succès à chaque échéance du mandat présidentiel. C'est long un septennat de droite, on a envie de croire aux miracles.
Aussi, quand le nom de François Mitterrand s'est inscrit sur notre écran, au soir du 10 mai 1981, nous avons sauté de joie. La tête défaite de Jean-Pierre Elkabbach annonçant le résultat était à elle seule un plaisir, tant il avait fini par symboliser une télévision aux ordres de la droite… Notre petit village de la côte n'était pas d'humeur aux réjouissances, c'est donc chez nous, scotchés devant le téléviseur jusqu'à la fin des programmes, que nous avons fêté l'événement, buvant les images de la liesse populaire comme le champagne que nous n'avions pas.
L'ivresse des foules —celle des jeunes surtout, dont nous étions encore—, l'émotion des gens âgés qui versaient parfois des larmes de bonheur sur un triomphe de la gauche attendu pendant toute une vie, faisaient de cette nuit une grande nuit de l'Histoire.
Cela dépassait largement le personnage de notre héros, François Mitterrand. Du reste, j'ai toujours regretté ce je ne sais quoi de constipé qu'il afficha dans ces moments bouleversants, déjà happé sans doute par la majesté de sa future fonction. Mais c'est une autre histoire ; l'important, ce fut le bonheur d'une nuit du peuple de gauche, le témoignage d'estime et de gratitude qu'il offrait à son champion. C'était comme si François Mitterrand recevait un mandat supplémentaire, un mandat d'espérance.
"...C'est long un septennat de droite..."
RépondreSupprimerMême un quinquennat de droite c'est long !
:)
C'était un grand jour et une belle nuit :))
RépondreSupprimerl'espérance... c'est bien ça le hic... il est difficile de voir pour l'instant qui est capable de porter un réel message d'espoir (mais il reste du temps... pour que les caractères s'affirment au cours de la campagne...)
RépondreSupprimerm'enfin,
@+
PS ou alors peut-être sommes-nous totalement désabusés ? incapables de rêve ou d'espérance ?
Oui, l'espérance ...
RépondreSupprimerGildan,
RépondreSupprimer1 quinquennat x 2 c'est pire !
Melclalex,
voilà, résumé complet de l'essentiel ;-)
Nap,
de la déception est passé par là (mais pas La déception), donc on a du mal à espérer avec la même confiance.
Nicolas,
je crois que c'était le plus important dans l'esprit des gens. Une attente confuse qui ne reposait pas seulement sur le programme commun de la gauche.
Tout à fait d'accord, j'avais environ 12 ans et j'ai RÉELLEMENT senti ça.
RépondreSupprimerDussé-je en ressentir rien que le quart de cette sensation l'année prochaine, déjà...
Orage! Ô des espoirs...
RépondreSupprimerJ'espère qu'ils ont cassé la machine à perdre pendant (le droit) 'inventaire...
Mike, Bembelly, je vous avais répondu ce matin, mais mon commentaire s'est envolé avec la panne de Blogger, et je ne sais plus ce que je vous disais. Sans doute que j'aimerais bien revivre ça, même en moins fantastique…
RépondreSupprimerJ'espère que nous ne sommes pas retombés, après la parenthèse Mitterrand, dans une nouvelle période de 30 ans sans président de gauche !
RépondreSupprimer;-)
Mike, Bembelly,
RépondreSupprimeron ne revivra pas deux fois la même sensation d'événement exceptionnel…
Poireau,
… par contre si les jeunes attendent 30 ans ou plus, alors en 2040 ils pourront faire une sacrée fête !