L'heure est venue d'annoncer les gagnants du rébus, dont le héros, quoi que vous ayez pu en penser, n'était pas von Opel.
Quand vous achetez une voiture neuve, une Opel Corsa avec une boite de vitesses semi-automatique par exemple, dans les six mois qui suivent vous recevez un questionnaire d'enquête de satisfaction. L'auto sent encore le neuf la moquette est épaisse, les sièges moelleux, le volant sport doux dans les mains, le moteur a l'air conçu par Rolex tellement son silence est chic : des fois, vous ouvrez les vitres en roulant pour vous assurer qu'il tourne vraiment. On est un peu couillon dans une nouvelle bagnole. Alors vous y allez de votre pleinement satisfait à chaque ligne du questionnaire, ou presque —une note très moyenne pour le saligaud de commercial qui vous a fourgué un modèle que vous ne recherchiez pas au départ ; de toute façon, par principe moral vous notez toujours mal un commercial. Même si vous ne savez pas pourquoi, lui le sait.
Croyez-vous que la maison Opel vous enverra un autre questionnaire de satisfaction quand votre Corsa aura huit ans, plus de 90 000 kms, et la fraîcheur d'une poubelle ? Non, bien entendu, ne soyez pas naïfs ! Vous croyez qu'ils ont envie de savoir que les coutures de votre volant sport ont commencé à s'effilocher et à vous faire loucher en conduisant dès la troisième année ? Vous croyez que ça les intéressera d'apprendre que les deux boutons en caoutchouc du klaxon incorporés à ce volant, se sont déchiquetés et sont à présent revêtus de ruban adhésif ? Il ne fallait pas klaxonner comme à Beyrouth ! rétorqueraient-ils peut-être. Voyons un peu… Il y a trois virages dans mon chemin à voie unique, plus un autre sur la route départementale, franchement dangereux, où il est recommandé de s'annoncer. Disons deux aller-retour par jour pour compter large : 16 coups de klaxon par jour, tantôt avec le bouton de gauche, tantôt avec celui de droite ; 5840 par an ; 46720 en huit ans ( tantôt avec le bouton de gauche, tantôt avec celui de droite). Ce n'est pas énorme, sur la même durée je parie qu'un beyrouthin aurait klaxonné dix fois plus —d'autant plus que je n'use systématiquement de l'avertisseur que les jours pairs, et depuis un accrochage sur le chemin.
Croyez-vous qu'il auront envie d'entendre parler du plus beau, le noyau de cerise sur les reliefs de gâteau ? Le plus beau, c'est la boite semi-automatique qui conditionne le démarrage électronique… Depuis des jours, au bout de huit ans et de 90 000 km, la boite en question refuse de s'enclencher chaque matin quand il me faut partir. Jusqu'à présent, après deux remorquages inutiles chez Opel, j'avais trouvé une parade : j'ouvrais le capot puis tournais sept fois autour de la voiture dans le sens des aiguilles d'une montre en criant : «putain de saloperie de Corsa !», puis sept fois encore en sens opposé. Ensuite, je claquais le capot, elle démarrait.
Ce matin vers 10 heures, après un coup d'œil au blog pour vérifier que le rébus était bien sorti, que je n'avais pas oublié de modérer les commentaires, je me suis préparé à partir au village chercher le pain et vider la poubelle du tri sélectif qui déborde… La voiture a refusé de démarrer, même après que j'eus longuement sacrifié au rite d'exorcisme. Au bout d'une heure d'impuissance, dévoré de male rage, j'ai regonflé les pneus de mon vélo chinois et je suis monté à Claviers sous un soleil assassin. Il y a cinq ou six ans, je parvenais encore à gravir la côte d'une traite, mon chien trottant près de moi… Là, j'ai mis pied à terre avant la première épingle à cheveux, dépassé régulièrement par des échappés du Tour de France qui jetaient un coup d'œil goguenard sur ma dégaine de sortie d'usine : jean rapiécé, tee-shirt, mocassins, vélocipède gris-bleu à guidon droit. Il ne manquait qu'une épingle à linge à la jambe de mon pantalon.
Pantalon qui m'amène naturellement à dévoiler pour conclure les noms des gagnants au rébus de ce dimanche : Omnibus, La Mère Castor, ElZede, Claribelle, Solveig, Boronali, Philzone, Elia, Olympe, Epamin',
Qu'est-ce que tu racontes bien le Tour de France à Claviers....version coucoutesque!
RépondreSupprimer(Je ris! Je ris!)
Je regrette de pas me l'être mis sous le coude ce matin, et je ne regrette pas d'être venue ce soir, le paragraphe sur le questionnaire de satisfaction est une pure merveille!
RépondreSupprimerEt dire que j'y ai pensé! Et sans la moindre idée pourquoi. Je me disais cotte de maille, etc. Et j'ai eu le mot dague. Mais ça s'est arrêté là. je me suis dit GAGobert. Et que j'allais errer autour d'erreurs en errant erratique.Et j'ai perdu! (snif)
RépondreSupprimerCa te fait faire du sport...
RépondreSupprimerMoi, monsieur, je vous le dit tout net, monsieur ...
RépondreSupprimeret ben moi, monsieur, j'achète français, monsieur !
Opel ... non mais j'vous jure ...
Epamin,
RépondreSupprimermerci, mais je viens à peine de me remettre de mon Tourmalet d'hier.
Zette,
tant mieux, merci :))
Hermes,
difficile de faire plus facile, pourtant !
Nicolas,
oui, j'aime le sport.
Solveig,
Madame, pour qui me prenez-vous ? Ceci n'était qu'une fiction, en réalité je suis patriote et, depuis aujourd'hui, je pilote une Twingo (passablement cabossée par ma mère).