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samedi 16 juillet 2011

Je n'en parlerai peut-être jamais

« … amis blogueurs, vos interdits, vos réticences, vos sujets casse-gueules, quels sont-ils ? » Telle est la question que pose Marco après avoir pris connaissance des sujets que ne traite pas Sarkofrance. Invité à répondre, je me plie volontiers à l'exercice et j'avoue qu'il y a en effet des matières que je n'aborderai peut-être jamais, sans en être certain.

En tête de ceux-ci, je range ce qui fait partie d'un débat intime pour lequel je n'ai pas de réponse, état de fragilité que la pudeur ou un orgueil élémentaire me retiennent d'exposer, du moins sous la forme hâtive d'un exercice quotidien. Le définir plus précisément ce serait déjà me contredire.

Ensuite viennent des choses sur lesquelles je refuse tout simplement de m'exprimer, tel le conflit iraélo-palestinien qui met tant de gens mal à l'aise, ou ce qui relève du fait divers.

Je m'efforce également d'éviter les attaques à la personne physique d'un adversaire politique —ce qui signifie que je ne suis pas sûr de toujours l'éviter dans l'emballement d'un billet. C'est un procédé qui nous vient de l'extrême droite, je trouve par exemple consternant de voir Sarkozy associé à des qualificatifs ridiculisant ce qu'il est —dont il est innocent—, plutôt que ce qu'il fait —dont il est responsable.

Je parle très peu du sport devenu une arme d'abrutissement massif, et, pour le railler lorsque cela me démange, j'autocensure le dédain qu'il m'inspire.

Par crainte de me faire trop d'ennemis dans la blogosphère, sauf lorsqu'on m'y oblige, j'évite soigneusement de médire du tapage diurne ou nocturne sous forme de chanson.

Enfin, je n'aurais jamais traité le sujet du 14 juillet 2011 un 15 juillet 2011. Mon éthique m'impose de n'y sacrifier qu'un 16 juillet 2011, ce que je m'empresse de faire pour prendre la défense d'Eva Joly. La défense des causes perdues étant une spécificité française, le lecteur y trouvera la preuve de l'authenticité de ma francitude.

Sur le défilé militaire en lui même, je n'aurais rien eu à dire à priori sans la polémique qui a suivi les propos de Mme Joly. Nos troupes défilaient : elles sont éminemment utiles à la nation, alors pourquoi pas ? C'est que je n'avais jamais pris garde au fait que notre pays bombe ainsi le torse avec la Russie, la Chine, et la Corée du Nord… Du coup, j'en suis gêné, mais je n'en ferai tout de même pas une maladie puisque je ne considère pas la France comme une démocratie.

Il faut toutefois noter que la parade militaire est une invention du Sénat et d'un gouvernement qui, en 1880, souhaitaient entretenir l'humeur belliqueuse des Français dans le dessein de reconquérir un jour prochain l'Alsace et la partie de la Lorraine arrachées en 1871 par l'Allemagne. Avant cela, quand on le célébrait (ce qui n'avait pas toujours été le cas depuis la Révolution), le 14 juillet était une fête populaire. La tradition du bal sur toutes les places du pays vient de là, c'est la seule qui me semble mériter de survivre, bien que je ne danse pas…

Restent les attaques xénophobes de la droite sur la jeunesse de la nationalité française d'Eva Joly. 50 ans, ça fait pourtant déjà un joly bail, à peine moins bien que François Fillon qui n'a que 7 ans de francitude en plus (il est né en 1954), et mieux en tout cas que Marine Le Pen. Elles sont évidemment très basses, ces attaques —voyez ce que je disais plus haut—, d'autant plus qu'il s'agit de pure tactique politique pour faire écumer le peuple de droite en période électorale.

Et restent aussi les critiques vertueuses de la gauche, de Mélenchon à Aubry, en passant par Valls (je n'ai pas entendu Montebourg ou Hollande, mais je suis dur de l'oreille gauche)… Là aussi, nous sommes dans la prise de position électoraliste, et ma nausée n'en est pas moins forte.
Il  y a une chose que je ne m'interdis pas sur ce blog, c'est de relever la profonde démagogie du personnel politique, alors qu'il n'a que ce mot à la bouche, démagogie, pour flétrir ceux qui attendent la démocratie.

13 commentaires:

  1. J'ai entendu Hollande, dans le journal de midi sur F3. Il disait des bêtises comme les autres...

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  2. Beau billet, rondement écrit, et comme d'habitude extrêmement étayé.
    Merci pour le lien.
    Tu as deviné mon ultime tabou (JE SUIS UN SPORTIF! Véridique, enfin en partie...)

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  3. #OMG comme on dit sur Twitter, je serai bien incapable de dire ce que je n'aborde pas sur le blog ! L'impression que plus un sujet est tordu, plus j'ai envie de mettre les pieds dans le plat !
    :-))

    [Merci pour l'origine historique du défilé, je l'ignorais. Ça me conforte dans mon anti-militarisme. Je doit être un costa-ricien (??) qui s'ignore !
    :-)) ].

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  4. Moi, je dis juste bravo...
    Et merci d'avoir répondu !

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  5. Nicolas,
    m'étonne pas de lui. En fait je n'ai pas entendu les informations de la journée. Du coup, Hollande manquait à ma collection.

    Mike,
    merci, mais comme je le dis chez toi, j'avais suspendu ma lecture de ton billet trop tôt. D'où ce lien sur le mot sport qui ne lui rend pas justice. Ton billet va bien au delà de cette chaîne.

    M. Poireau,
    bon sang, encore un truc à apprendre, qu'est-ce que c'est que cet #hachetague encore #OMG, un tweet transgénique ?
    L'envie de mettre les pieds dans le plat est une chose : si tu l'éprouves mais que tu te tiens bien à table, c'est que tu as encore des limites…
    Pour le défilé, dans sa forme moderne, c'est bien 1880. Auparavant, je ne sais plus trop à quelles occasions, il y a eu quelques parades martiales, vite disparues. Il y avait eu aussi une Fête de la Nation, peu après la Révolution, avec un défilé de la Garde Nationale organisé pas La Fayette. La Garde Nationale n'était pas l'armée, mais le peuple en armes (enfin, plutôt les bourgeois en armes)…

    Marco,
    merci à toi du tag, bonne idée !

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  6. comme vous ce défilé ne m'avait pas posé de question jusqu'ici. donc mme Joly mérite notre estime pour avoir osé regarder plus loin que le bout de notre nez, et réveillé nos politiques béats d'admiration devant cette parade d'un autre âge. En même temps ce sont nos politiques qui sont d'un autre âge, donc ceci doit expliquer cela.

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  7. Exercice très réussi et billet excellent!

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  8. La graula,
    le défilé du 14 juillet avait tout de même une utilité : il fournissait autrefois une distraction aux vieux cons et aux adolescents chieurs qui traquaient parmi les badauds ceux qui ne se découvraient pas au passage du drapeau… Encore une tradition perdue !

    El Camino,
    heu… Si tu le dis… merci :)

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  9. on ne fait ps toujours selon ses convictions; si je vous disais que j'ai passé 1 an "sous les drapeaux" du temps du Service National, à faire plus de défilés que vous ne pouvez en cauchemarder. Bien habillé, droit comme 1 I, je soufflais dans mon saxo au pas cadencé de marches napoléoniennes. Mais on n'y prêtait même plus attention, on était jeunes, et notre vie c'était surtout après 17 h lorsqu'on franchissait les grilles de la caserne...et là je vous dirai pas ce qu'on faisait :-D. quoique depuis le temps, doit y avoir prescription.

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  10. La graula,
    j'ai 65 ans, j'ai donc vécu le temps du service militaire. La fin de mon adolescence a été marquée par une valse hésitation dans ce domaine : j'ai failli m'engager à l'école des mousses, pour finalement devancer l'appel un an et demi plus tard, non pas attiré par la condition militaire (qui était celle de mon père dans ma petite enfance), mais poussé par le désir d'échapper à l'emprise familiale. Un classique aussi…

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  11. désolé mon comm vs a été envoyé en mess perso(n'étais pas très réveillé)
    je découvre que vous avez quasi les mm interdits que moi.ce pb des limites est intéressant et je me le pose souvent même derrière un anonymat relatif.
    je file lire marco (le taggueur )mais je m'aperçois qu'il y a plein de billets passionnants ici !

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  12. Zigmund,
    pas grave… Allez lire Marco, bonne idée.

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  13. Bravo, le coucou, pour ton billet très intéressant à lire... et sur lequel on a de quoi méditer (le contenu de chaque paragraphe m'interpelle...).

    Le défilé militaire du 14 juillet: un simple souvenir de vacances car mes grands-parents qui avaient connu les deux guerres mondiales semblaient "rassurés" en voyant soldats et engins parader ainsi aux yeux du monde. Comme le 1er janvier pour le concert du nouvel an (mais pour d'autres raisons!!), le 14 juillet, on était devant la télé!
    Que l'on supprime ou non le défilé du 14 juillet, peu me chaut!

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