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dimanche 5 octobre 2008

M. Gueant, le G4, et nous

Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée, vient d'appeler la gauche, au lendemain du sommet G4, à «faire preuve d'objectivité renforcée». Il estime aussi que «reprocher à Nicolas Sarkozy et au gouvernement de ne pas avoir prévu il y a un an, alors que personne ne l'a prévu, (...) ce n'est pas bien». En quoi il ne manque pas de culot. On espère bien que la gauche (le P.S. en particulier), fera son boulot d'opposition sans complaisance. Ce sera même l'occasion de juger sur pièces si ses élus se soucient davantage du pays que de leurs luttes internes. Pour ce qui est de l'innocence de nos gouvernants par rapport à la gravité de la situation chez nous, M. Guéant prend les français pour des imbéciles. Le président, son gouvernement, et leurs conseillers, ont négligé l'approche de la crise financière avec une légèreté frisant l'incompétence.
La crise financières des subprimes s'est déclenchée en 2006 aux USA, née de la découverte d'énormes pertes sur les prêts hypothécaires. Dès cette époque, des interrogations sur les conséquences pour notre économie se lisaient dans la presse. La crise couvait donc avant l'élection de M. Sarkozy, mais cela ne l'a nullement dissuadé de songer à importer en France la pratique du prêt hypothécaire… Là-dessus, dans le courant de l'été 2007, le mal américain s'est transformé en crise financière mondiale. Le danger qu'elle représentait pouvait certes nous échapper, à nous simples citoyens, mais était-ce admissible de l'ignorer de la part de personnes qui prétendent gouverner, et gouverner qui plus est avec une soif de pouvoir sans mesure? E. Girardin disait : «gouverner, c'est prévoir», souvent repris par les politiques en guise de profession de foi. Malheureusement, presque sans exception, le personnel politique français gère le pays à la petite semaine, l'œil invariablement fixé sur des échéances proches, d'importance mineure pour le pays, mais toujours jugées essentielles pour la conservation immédiate du pouvoir. Ainsi M. Sarkozy dilapida-t-il les ressources à venir de l'état en créant son paquet fiscal. On ne dira jamais assez combien ce cadeau aux contribuables riches ou simplement aisés fut une faute grave, avec la menace d'une extension de la crise que l'exécutif ne pouvait ignorer. Même sans parler de la crise, c'était inexcusable si l'on songe à l'état d'endettement du pays. Aujourd'hui, si la France est démunie pour résister à l'adversité, c'est à M. Sarkozy qu'elle le doit. Voilà le président réduit à faire les poches des citoyens modestes par le biais d'un détournement de l'épargne sur le livret A, et à imaginer des expédients pour tenir les engagements du pays quant au niveau de l'endettement. Alors non, M. Guéant, «ce n'est pas bien» de nous prendre pour des andouilles et de réclamer notre indulgence.

Source : Le Monde
Résumé de la crise depuis l'origine

7 commentaires:

  1. C'est pas une belle formule, l'objectivité renforcée? Ça doit vouloir dire: passer une camisole de force à l'objectivité…

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  2. C'est vrai que 'positive' avait déjà été accomodée à la sauce laïque... vive la novlangue !

    Sinon, j'ai bien aimé la lecture de l'article suivant : "Dmitri Yakouchev: LA CRISE FINALE DU CAPITALISME MONDIAL ?"

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  3. Ce qui ne signifie pas bien sûr une caution personnelle vis à vis de son contenu.

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  5. Pourquoi pas, Nicolas ? Je m'en occupe.

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  6. Daud, j'ai lu l'article. Intéressant sur la crise actuelle, par son attention à l'endettement des USA. Sur le fond, je suis très sceptique, parce que "le capitalisme" a toujours fait preuve d'étonnantes facultés d'adaptation, qu'on le regrette ou qu'on en soit satisfait…

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