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vendredi 10 octobre 2008

Touche pas à mon financier

Moi, je n'ai rien contre les financiers, faut pas croire, d'ailleurs j'aurais pu avoir de très bons amis financiers. Ça ne s'est pas trouvé. Le hasard qui vous fait partager, après un naufrage, la même bouée qu'un type plein aux as, vous voyez. J'aurais été barman ou skipper en second sur son yacht, avant la tempête, vous voyez. On serait devenus amis à vie par trouille de la mort, forcément. Alors, les financiers, je n'ai rien contre, pensez !
Pour être tout à fait franc, quand même, je n'aurais pas aimé que ma fille en épouse un. Bon, je me serais abstenu de la critiquer ouvertement : à notre époque, les enfants sont libres, hein ! Même de s'amouracher du premier trader rencontré dans la file d'attente à l'ANPE. Mais comment vous expliquer ? Ces types là, les financiers, je les sens pas. J'aime bien comprendre à quoi les gens sont utiles, moi.
Prenez mon frère Bébert, un crac dans sa partie. Il rackette tout un secteur de la Côte…, et un petit braquage à l'occasion. On voit tout de suite que ça crée de l'emploi dans la police, que ça stimule les assurances ! Et Charles-Amédé, le concubin d'Henriette, vidangeur de son état… Quand votre fosse septique est colmatée et que le bran vous remonte dans les waters, vous sentez parfaitement à quoi il sert, Charles-Amédé. Je pourrais vous citer des quantités de boulots, des petits et des distingués, respect !
Financier, madame… Ils fabriquent quoi, ces gens là ? Des produits financiers, vous me direz. Moi, madame, je vous répondrai, j'ai débuté dans la vie en vendant de la barbe à papa. Au moins ça vous laissait en fondant un vague goût de sucré dans la bouche. Enfin, bon, je vous parlais des financiers parce que ce sont les galeux dont on cause, en ce moment. Tout le monde leur crache dessus, sauf moi. C'est mon côté chevaleresque, ou mon esprit de contradiction, si vous préférez.
J'aurais pu vous parler aussi des Paradis Fiscaux, remarquez… C'est pas encore à la mode, je me demande pourquoi ? Parce que, je me disais ce matin en me brossant les dents : dis donc, Léon —Léon, c'est moi—, comment se fait-il que Sarkozy veuille punir les pirates de la finance, fauteurs de crise, et qu'il ne parle pas d'attaquer leurs repaires, les paradis fiscaux ? Ça serait facile de montrer l'exemple à tous ses copains chefs d'états en supprimant le secret bancaire et les domiciliations de complaisance dans les dépendances crapoteuses de la France, nos Îles Caïman à nous. Saint Barthélemy par exemple, et puis Andorre, dont il est co-prince avec l'évêque espagnol d'Urgell. Oui, s'il faisait ça, il aurait l'air un peu moins hypocrite sur la question. Un peu, hein Léon ?

Auteur de l'illustration inconnu

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