Pages

mardi 3 février 2009

Les Martiens et l'économie.


Les extraterrestres sont parmi nous, ce sont eux qui tirent les ficelles des marionnettes qui gouvernent la planète. Difficile de dire à quelle époque récente l'invasion s'est produite, mais ils sont bien là, comme on va le voir. Oh, ne croyez pas que vous les croisez chaque jour dans la rue ou le métro! Non, ils ne sont pas assez nombreux pour cela, et se cachent au sein de quelques professions choisies avec soin. De celles qui procurent discrètement une influence décisive sur la marche des affaires du monde. La plupart sont économistes, banquiers, conseillers des gens de pouvoir…
Tenez, il y en a un dont nous parlions ici même voici quelques jours, avec une innocente sympathie. À première vue, il est comme vous et moi —enfin, en plus intelligent quand même—, mais il s'agit selon toute vraisemblance d'un Martien. Il serait aisé de le vérifier au vu de l'immatriculation de sa soucoupe volante, garée sur le toit du journal Le Monde, à Paris… En effet, cet ET, connu sous l'identité terrienne de P.A. Delhommais, tient dans ce quotidien du soir une rubrique hebdomadaire d'économie, excellente dans son genre au demeurant.
A l'examen un tant soit peu attentif des derniers écrits de ce monsieur, il saute aux yeux qu'il ne saurait en aucune façon appartenir au commun des mortels. Que l'on en juge plutôt: «On l'a presque déjà oublié, mais l'économie mondiale a connu pendant deux décennies une sorte d'"âge d'or", pour reprendre l'expression qu'avait employée, en juin 2007, l'ancien directeur général de la Banque des règlements internationaux (BRI), Malcom Knigh, qui en pressentait la fin imminente : une croissance exceptionnellement forte, mieux partagée - le taux de pauvreté dans les pays en développement est revenu de 52 % à 26 % -, des taux d'intérêt et un chômage tombés à des niveaux historiquement bas»…, disait donc M. Delhommais dans le Monde du dernier week-end.
Deux décennies, cela nous ramène à la fin des années 1980… Quelque lecteur de ce blog, je veux dire un citoyen ordinaire de la planète Terre, aurait-il le sentiment d'avoir vécu vingt années d'opulence?
Pour ma part, mon impression est de parvenir aujourd'hui à l'apothéose d'une crise rampante, qui m'aura accompagné la majeure partie de ma vie. J'avais 27 ans lorsqu'en 1973 survint le premier choc pétrolier. Une augmentation foudroyante des cours du pétrole. En riposte au soutien apporté par les USA à Israël, dans la guerre du Kippour, l'Arabie Saoudite fit flamber les prix de 70%. C'est l'année suivante que V. Giscard d'Estaing fut élu président, et que l'on inventa, pour pallier aux conséquences dramatiques de ce choc pétrolier, la notion de «licenciement économique».
Au cours des décennies qui suivirent, les entreprises mirent un nombre grandissant d'employés ayant dépassé la cinquantaine au «chômage économique», ou bien en préretraite, comme ce fut le cas de mon père. Et cela ne s'est plus arrêté. La société telle que je l'ai connue, baigne depuis 1973 dans une atmosphère de crise. Aussi, lorsqu'aujourd'hui on porte à notre connaissance que, pour je ne sais quelle fraction de la population, vingt années de liesse financière et de prospérité viennent de s'écouler, je ne peux que constater qu'il y a dans ce pays des gens très différents de moi, de vous peut-être. Leurs oreilles n'entendent pas ce que j'entends, leurs yeux voient ce que je suis incapable de percevoir. Des extraterrestres.

source image

PS. De beaux billets vous attendent sur un blog qui vient de s'ouvrir: «Femmes engagées»

10 commentaires:

  1. Tout est encore amené dans la plus grande élégance. Beau billet. Ils ne vivent pas dans notre réalité...

    RépondreSupprimer
  2. tout simplement super billet comme tu sais le faire quand tu peux encore rêver sans taxe!Moi j'adore tes rêves et je ne dois pas être le seul!

    RépondreSupprimer
  3. trés beau billet (je sais que tu trouves ces commentaires un peu creux, mais qu'ajouter de plus ?)

    RépondreSupprimer
  4. Homer,
    beau commentaire, élégant et tout, j'en suis ravi! Je crois qu'en effet ces gens vivent sur une autre planète.

    Macao, sincèrement, merci.

    Walk, et Gaël, même réponse! Nous savons tous qu'il est plus facile de décrire un OVNI dans un billet, que d'y déposer un COBI (commentaire obligeant bien identifié)… Et apprendre qu'un texte plaît a de l'importance. ;-)

    RépondreSupprimer
  5. Je suis passée, j'ai lu, j'ai aimé...

    RépondreSupprimer
  6. C'est si vrai... A croire que nous ne vivons pas tous dans le même monde !
    Un régal, votre billet, comme d'habitude...

    RépondreSupprimer
  7. L'opulence dont jouissent les grands n'émerveille même plus les petits. Le monde devient miséreux.

    RépondreSupprimer
  8. J'ai la même impression...

    j'étais jeunette à l'époque, mais je me souviens du fameux: "on n'a pas de pétrole mais on a des idées..."
    début des années 80, je rentrais dans le monde du travail; depuis, j'ai beau chercher, je ne me rappelle pas d'une période faste...
    Je n'ai pourtant jamais abusé de ces produits qui affectent la mémoire...

    A moins que ces extraterrestres ne dispersent dans l'atmosphère des produits de type GHB, qui n'agiraient pas de la même façon sur chacun...
    mais ça m'expliquerait mieux l'état de soumission de la majorité...

    RépondreSupprimer
  9. Bérénice, :-))

    Marie-Georges. Il existe des bulles où la vie et le monde sont différent du nôtre. Vous me comblez ;-)

    Gipé : quand la vie devient trop injuste, le petit peuple dont nous sommes ouvre les yeux.

    Tulipe,
    C'est une chose qui me frappe quand je pense à toutes ces années : le chômage entré dans toutes les conversations, la méfiance envers l'avenir qui pointe le nez… GHB, hou là! Oui, voilà qui expliquerait beaucoup de choses ;-)

    RépondreSupprimer

Les commentaires ANONYMES ne sont pas acceptés. Merci de prendre au moins un pseudonyme.