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jeudi 21 mai 2009

Après Hadopi, demain Loppsi aussi…

Parmi les raisons que les Français auront de voter aux élections européennes de juin, et de renforcer la gauche au sein du parlement de l'Union, il en est une qui devrait nous interpeller. Nous qui utilisons internet pour nous exprimer en citoyens, nous informer, ou simplement nous distraire. L'Europe, son parlement en particulier, constituent nos ultimes défenses contre les dérives liberticides du régime sarkozyste.
Concernant le Web, il y a la mise en application prochaine d'Hadopi, certes, mais suivra bientôt quelque chose de plus grave encore avec une loi baptisée Loppsi 2, dont l'examen pourrait intervenir à l'automne. De l'avis de ceux qui ont examiné son contenu, cette loi accordera à Nicolas Sarkozy la maîtrise d'Internet, car avec Loppsi 2 débutera le règne des mouchards électroniques —celui d'un flicage invasif, sans contrôle judiciaire, du Net français.
Avant-hier, j'évoquais les menaces dont les animateurs du site DéputésGodillots.info font l'objet de la part d'une députée. Le fait que cette élue appartienne à l'opposition semble avoir tari les capacités d'indignation d'une partie des blogueurs, c'est une lourde erreur. Sans faire preuve d'un excès d'imagination, on peut supposer que la manœuvre d'intimidation de cette élue satisfait la plupart des membres de l'Assemblée. Le regard à la fois curieux et critique des citoyens sur leur travail les indispose au plus haut point, on le devine.
Or, dans cette république qui n'accorde à la population aucun droit de participation démocratique aux affaires du pays, passé les élections, internet est devenu l'agora virtuelle des citoyens. Ils y commentent la politique du pays, approuvent, dénoncent, disputent, organisent des mouvements de protestation: c'est un média d'expression populaire, raisonnable ou délirant, et surtout libre. En matière politique, jusqu'à l'apparition et au développement d'internet, il n'avait guère été donné aux citoyens de jouir réellement de la liberté proclamée par notre devise républicaine. C'est pour cela que Nicolas Sarkozy s'en méfie, et avec lui, tant d'hommes ou de femmes politiques, jaloux de prérogatives pourtant très peu menacées.
Il est permis d'espérer que la crise économique aura une fin, et que notre pays retrouvera tôt ou tard le chemin du progrès social, quand se refermera la parenthèse sarkozienne. Dans l'intervalle, il n'est pas vain de nous opposer avec conviction aux abus d'autorité du pouvoir à tous ses échelons.
Que la volonté d'étouffer un site tel que DéputésGodillots.info soit le fait d'une élue de l'opposition, ne justifie en aucune façon de se taire. On ne peut pas dénoncer un jour les débordements verbaux d'un Frédéric Lefbvre, et le lendemain ignorer une atteinte réelle à la liberté d'expression. Si le droit de savoir et d'apprécier ce que font nos députés à l'Assemblée nous est contesté avec succès, ce sera le maillon d'une chaîne qui, d'Hadopi à Loppsi 2, et au-delà, fera des sujets dociles et non plus des citoyens. Dans l'affaire «godillots», l'impartialité de la justice, sinon notre soutien, peuvent encore faire obstacle à la censure, mais il en va autrement avec des textes de lois assurés de recueillir l'approbation de la majorité de droite.
Ce billet ne prétend pas exposer le contenu du projet Loppsi 2, que l'on retrouvera chez des auteurs plus compétents en la matière, mis en liens ici; il voudrait simplement attirer l'attention du lecteur sur le fait que nous avons encore la possibilité de nous retourner vers l'Europe.

15 commentaires:

  1. Ce qui est ridicule dans tout cela c'est que les vrais pirates/hackers,... n'en ont cure.
    Comme pour la video-surveillance en fait.
    Il s'agit surtout de la réduction des libertés individuelles du citoyen lambda qui découle de ce type de mesure (avec la bénédiction de nombreux citoyens lambdas d'ailleurs qui pour plus de "sécurité" sont prêts à "moins de libertés").

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  2. Le projet sarkozien n'est rien d'autre qu'un projet fascisant, larvé, mais qui rêve de se réaliser. Pierre après pierre, il se construit. Et les français s'y habituent.
    J'en reparlerai ailleurs - mais c'est aussi une dymastie qui veut contrôler aussi le temps -un totalitarisme qui veut absorber l'avenir: la folie des pouvoirs les plus fous.
    Sarkozy est plus dangereux qu'on le croit. Beaucoup en rient en le prenant pour De Funes mais Hitler aussi était ridicule.
    Heureusement, l'Europe nous protège. Sans l'Europe, ni vous ni moi, n'aurions probablement ni le courage nila possibilité de nous exprimer ainsi. Je le redis: Nous sommes des enfants gatés, ne l'oublions pas; critiquons l'Europe, mais sans elle, où serions-nous? Qui nous laisserait parler librement? Qui nous laisserait une porte de sortie? Puisque c'est ça la liberté...

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  3. Ferocias, oui! Mis à part l'intention de faire plaisir aux amis "people" du président, ces lois n'ont d'autre but que de prendre le contrôle d'internet, les pirates ont bon dos.

    Hermes,
    je n'irais pas jusqu'à user du même vocabulaire ("fascisant"), car nous sommes tout de même encore loin d'une telle plaie. Mais d'accord avec toi sur le fait qu'un projet contraire aux libertés se met place, progressivement, impunément.
    Et comme toi, je trouve aussi que nous sommes protégés, pour le moment encore, par l'Europe. S'abstenir en Juin serait de la pure connerie.

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  4. Nous mangeons notre pain blanc. Comme tu dis justement tout "se met place, progressivement, impunément." Quoi voter ?

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  5. Après son élection et pendant un bout de temps, je qualifiais Sarkozy sur mon blog de "proto-fasciste". J'avais finalement bien vu !
    C'est toujours sous couvert de s'occuper des problèmes à la marge (par exemple les chauffards récidivistes) qu'on s'en prend à la liberté de tous pour la contraindre. Vieille technique déjà éprouvée, testée et appliquée.
    Restons vigilants !
    :-))

    [Je vais suivre cette Loi dont j'ignorais tout jusqu'à lors…].

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  6. décidement, j'ai un coup de colère par jour en ce moment et on voit tout a fait vers quels rivages totalitaires on s'oriente :/
    PPour faire dans le plus futile, je viens de ta tagguer ;)

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  7. Avec des lois comme ça, qui passeront surement en douce pendant les vacances, on peut vraiment se demander - passe moi l'expression - si nos élus ont les couilles de s'opposer à ces idées anti-démocratiques, liberticides, et répressives.

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  8. Chaque matin me semble chaque jour un peu plus brun !
    et je n'aime pas cette couleur...

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  9. Je suis un retardataire chronique, désolé!

    Appas,
    pour moi, l'essentiel me semble être de ne pas négliger les élections européennes.
    Les obstacles à la volonté de contrôle du Net de N. Sarkozy ne pourront venir que d'une majorité progressiste, non?
    M. Poireau,
    le fascisme c'est me semble-t-il, un état tout puissant, fortement répressif à l'aide d'une police politique, interventionniste dans l'économie, et nationaliste… La crise aidant, on en trouve des éléments qui s'associent à l'autoritarisme du président, mais tout de même il y a encore de la marge,
    non? Voilà que j'ai l'air de défendre Sarkozy, maintenant! :-)))
    Hypos,
    je te comprends! Et l'on aimerait que tout le monde réagisse au diapason de notre indignation…
    Merci du tag! :-)

    Homer,
    malheureusement, il ne suffit pas à l'opposition d'avoir des couilles. Par définition elle est minoritaire, et son
    rôle ne peut que se limiter à débattre et prendre le pays à témoin.

    Tulipe,
    c'est vrai que l'avenir, tel que de tels projets de loi le font entrevoir, n'est pas rose!
    Mais allez, essayons d'y trouver un vert-rose de l'espérance…

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  10. Le Coucou : tu as raison ! C'est bien pour ça que je parle de proto-fasciste. Pour moi, il est dans la pré-formation de ce régime, je ne dis pas qu'il l'accomplira entièrement.
    La toute-puissance, l'omniprésence et l'omniscience me semble grave.
    Tout comme les opérations qui, discrètement réunissent ensemble tous les services secrets, la police et la gendarmerie, …
    A surveiller, quoi !
    :-))

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  11. M Poireau,
    Là, en effet, je suis entièrement d'accord. Il y quelque chose d'anormal dans la manière dont N. Sarkozy bricole une république à sa main. En fait, nous sommes obnubilés par les exemples sombres du passé, mais c'est sans doute un univers politique nouveau qui s'installe, pas plus rassurant pour autant.

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  12. Merci pour cet article bien senti et sans concession.

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  13. Daud, et merci d'être venu le lire!

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