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jeudi 30 juillet 2009

Moi aussi j'aime bien les montres…


J'ai hésité. Était-il bien raisonnable en ce moment de parler de montres suisses sur un blog de gauche, sans que cela soit immédiatement interprété comme une fine allusion aux déboires de Julien Dray, ou aux goûts clinquants de Nicolas Sarkozy. C'est un problème, cette passion horlogère du monde politique, de droite à gauche: on n'ose plus évoquer un tic-tac, de crainte d'être accusé de médisance. Bon, il se trouve que l'heure tardive, justement, m'incite à passer outre mes scrupules pour avoir la possibilité d'écrire quelques lignes sur le seul sujet léger qui me vienne à l'esprit ce soir. Léger parce que le temps —justement on parle de lui—, le temps presse, et qu'en cette fin de juillet j'ai la tête aux vacances
En fait, on comprend que des gens de tout bord soient attirés par cette petite merveille de l'artisanat européen poussé à la perfection, qu'est une belle montre. Pardon, un garde-temps! Une montre digne de ce nom, s'appelle un garde-temps, car on peut lui faire confiance pour ne pas en perdre une seconde.

Je n'ai jamais aimé les bracelets montres à piles. Il y a quelque chose de trompeur dans ces coquilles parfois élégantes, mais réglées par des mouvements que le recours au plastique moderne n'empêche pas d'être balourds. Déjà, sur le simple plan du respect de l'environnement, n'importe lequel de ces objets industriels est une hérésie, avec son circuit imprimé et sa pile bouton bourrés de poisons assez virulents pour faire crever les chevaux d'un régiment. Sur le plan technique, c'est le niveau zéro du talent et de l'ingéniosité humaine, comparativement au savoir faire minutieux que se sont transmis à travers plusieurs siècles nos horlogers.

Mon premier garde-temps, mécanique forcément, vu mon âge, m'a été offert lors de ma communion, comme cela se pratiquait à l'époque dans nos provinces ( la communion, c'est aussi toute une époque). Il était d'une grande simplicité, plaqué or, et a vaillamment fait tic-tac jusqu'à l'approche de ma trentaine. Je l'ai toujours, en état de marche, dans un tiroir où il tient compagnie à plusieurs oignons qui lui succédèrent alors que je traversais ma période rétro. J'eus ainsi la fierté d'arborer au bout d'une chaîne une montre d'argent ayant appartenu à mon grand-père —abritée dans un boîtier protecteur vitré, car il était mineur de fond—, une autre en acier héritée de mon oncle, la dernière en argent ouvré que m'offrit ma compagne…
C'est joli, une montre de gousset, mais peu pratique et capricieux au fil des années. J'ai donc adopté par la suite des gardes-temps contemporains, automatiques: l'idéal, puisqu'ils se remontent au mouvement du poignet. Pas de pile, des calibres suisses bas de gamme, d'une précision suffisante pour mes besoins, et surtout pour ma bourse, puisque je n'ai pas les moyens de m'offrir une pièce présidentielle…
Aujourd'hui, il paraît que des grands noms de l'horlogerie suisse ont trouvé le moyen de simplifier à l'extrême les composants d'un futur modèle tout public —sans que l'on puisse dire qu'il sera toute bourse… Un garde-temps jouissant à la fois de la qualité helvétique, et peut-être un moyen de réconcilier l'électeur ombrageux avec l'habit du moine qu'il souhaite élire?
source image

6 commentaires:

  1. Moi aussi j'ai eu ma première montre mécanique euh, mon premier garde-temps pour ma première communion.
    Allez, hop! 60 secondes de silence pour entendre le tic-tac de nos petites montres d'autrefois...
    Bonnes vacances!

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  2. Homer,
    tac tic, tactique! ;-)

    Epamin
    … … …
    (c'était la minute de silence, bonne vacances pour toi aussi!)

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  3. Tiens, ça me rappelle que j'ai dans un de mes cahiers, mais lequel, un article endormi à propos de cette mode des montres. Je ne parle pas de l'excellent travail des horloger pour faire entrer autant de mécanique dans un aussi petit volume mais de ces gens qui arborent au poignet un objet dont la valeur suffirait à nourrir une armée de smicard pendant toute une année !
    Il faudrait que je le recherche pour le boucler, peut-être !
    :-))

    [J'admire le travail mécanique mais je n'ai et ne veut aucune montre. J'essaie de vivre le plus souvent détacher d'un temps mesuré artificiellement !].

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  4. M. Poireau,
    tu devrais le sortir, cet article! Je crois que ce que tu appelles la mode des montres est aussi ancien que l'art de leur fabrication. Même dans les milieux modestes, la montre a été longtemps l'objet à la fois utilitaire et luxueux que l'on désirait… Les montres à piles ont effacé cette tradition dans le grand public, tandis que persistait chez les gens aisés le goût des mécanismes authentiques: de moins en moins d'objets simples, davantage de précieux, devenus des signes de réussite indispensables aux cons.

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