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vendredi 8 octobre 2010

Sarkozy sur les pas de Charlemagne

Je ne sais pas pourquoi, la visite de pénitence rendue par Nicolas Sarkozy à Benoit XVI a immédiatement fait surgir dans mon esprit le début d'une lettre de Rimbaud à son ami Delahaye. «Verlaine est arrivé ici l'autre jour, un chapelet aux pinces… Trois heures après on avait renié son dieu et fait saigner les 98 plaies de N.S.»
Évidemment, c'est un rapprochement absurde et un tantinet sacrilège pour les ouailles du Saint-Père. Vous l'imaginez, écrivant à son copain d'enfance Gunther quelque chose de ce genre à propos de Sarkozy ? Il aurait fallu que l'audience soit sacrément arrosée !

Non, ce n'est pas crédible. En fait, ce souvenir de lecture m'est revenu en entendant le correspondant de France-Inter à Rome décrire l'échange de cadeaux entre les deux hommes. Nicolas Sarkozy, comme ce rituel s'achevait, a demandé un petit supplément à voix basse au Saint-Père : un rosaire pour sa nièce, qu'on lui a immédiatement sorti d'une armoire… Ce n'est pas grand-chose, mais c'est tout Sarkozy quand même. Il est reparti avec le chapelet aux pinces, puis dans la fouille…

Ensuite, le président a rendu une visite protocolaire aux mânes de Sainte Pétronille en sa chapelle. Si vous ne la connaissez pas, c'est une honte : tout bon Français, au moins de souche, devrait la connaître. Sainte Pétronille et nous, avons des atomes crochus —enfin, vu ce qui doit lui rester d'atomes, disons plutôt du fluide crochu—, depuis que Charlemagne fut saisi d'adoration pour elle, dans le temps.

D'après la «Légende dorée», c'était la fille de Saint Pierre et elle souffrait de migraines terribles du matin au soir. Son père aurait très bien pu faire un miracle pour la soulager, mais il avait ses idées, il devait déjà songer pour elle à une carrière de sainte. En tout cas, il ne la guérissait que le temps de servir la soupe aux invités, après ça : privée de miracle. On ne sait ce qui a ému Charlemagne au point de s'attacher à son culte, est-ce parce qu'elle se laissa mourir de faim en trois jours pour rester vierge, ou autre chose? Quoi qu'il en soit, après l'Empereur à la barbe fleurie nos rois firent de Sainte Pétronille leur patronne, et comme elle était fille du premier pape de fait, c'est ainsi que la France devint la Fille aînée de l'Église. C'est très logique.

Donc, Nicolas Sarkozy est allé se recueillir à la Chapelle Sainte-Pétronille, sur les pas de Charlemagne. D'après un certain père Verdin dont Libération rapporte les propos, il s'agissait là de la clôture de la «quinzaine spirituelle» du président. Reste à savoir si la pêche aux suffrages des catholiques sera pour autant miraculeuse, et si Sainte Pétronille volera au secours du dernier successeur des rois de France pour éloigner de lui le péril des affaires Bettencourt et Karachi?
source illustration

P-S «Beau ou laid», c'est le dernier texte de Christophe… Gwendal hisse la grand voile sur «La Boiteuse»

9 commentaires:

  1. C'est sûr, Dimanche, tout sera pardonné ! Mais cela ne changera pas le sondage du JDD. Il faudra attendre la semaine prochaine pour voir la remontée.
    ...
    Moi, Dimanche, entre 10 et midi, je cherche un rébus !
    ;^)

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  2. Soyez gentil, ne dites pas que Nicolas Sarkozy est allé se recueillir, dites qu'il est allé faire le guignol devant les caméras.

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  3. En réalité, c'est à Pépin le Bref que la France doit de s'appeler "fille aînée de l'Église", titre sans valeur qui lui fut octroyé par le pape Etienne II en 754, cerise sur le gâteau des divers avantages consentis (reconnaissance de sa dynastie, soutien politique contre les Mérovingiens) en échange de la donation de divers territoires (Ravenne, Corse, Sardaigne, Sicile).

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  4. Gildan,
    … et si tu trouves le rébus, tu gagneras des indulgences pour tes fautes et la file d'attente au paradis.

    Didier,
    votre reproche est justifié, mais je craignais d'être taxé d'anti-sarkozisme primaire.

    ZapPow,
    ce serait donc avant Charlemagne… Mais en fait de titre je n'ai trouvé dans le Mourre que celui de "patrice des Romains", il est vrai attribué à Pépin et non à la France.

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  5. Cher Coucou,
    Sa nièce ? On la connaît ? C'est quel genre ? Fille du Couvent ou Fille du Fouquet's ?

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  6. Bibi,
    aucune idée de la nièce, le correspondant d'Inter ne s'est pas étendu…

    Nicolas,
    quand on sait tout sur Sainte-Pétronille (dix lignes environ), on est armé pour la vie.

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  7. Dis donc, je comprend qu'on n'appelle plus personne Pétronille de nos jours. La vie qu'elle a eu, c'est terrrrible. Ce qu'il ne faut pas faire pour être sainte, tout de même… :-))

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  8. M.Poireau,
    oui, on ne rigole pas tous les jours quand on veut faire saint ou sainte. C'était d'autant plus dur à l'époque, que l'on se formait sur le tas, à la romaine, il n'y avait pas de filière comme de nos jours.

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