Sur la question des droits de l'homme au Tibet, on trouve parfois sur certains sites altermondialistes, ou blogs tenus par des personnalités radicales, des critiques féroces à l'égard des tibétains en exil et de leur dalaï-lama. Il n'est même pas besoin, à mon avis, d'entreprendre des vérifications pour se douter que ces critiques sont en partie fondées. Le Tibet, avant l'invasion chinoise, était un pays archaïque qui ne devait guère avoir évolué depuis les récits d'Alexandra David-Néel, voire les voyages plus anciens du Père Huc… On nous dit qu'il y avait des castes supérieures opprimant les plus pauvres du peuple, on nous dit que les moines vivaient sur le dos de la population, et que les chinois ont donné un coup de balai salubre dans un fatras de pratiques moyenâgeuses. Ils ont scolarisé les enfants, amélioré l'hygiène : modernisé, en somme. C'est probable, comme il est probable que la société tibétaine exilée en Inde comporte son lot de profiteurs et de trafiquants. Il reste que l'on ne trouve aucune trace dans les propos du dalaï-lama d'une défense des anciennes structures sociales de son pays perdu, il en reconnaît au contraire les défauts. Par la force des choses ouvert au monde qu'il n'a cessé de parcourir et de découvrir, cet homme s'est toujours montré porteur d'une parole profondément humaniste. S'il était amené —la pression internationale, ainsi que le dialogue avec les autorités chinoise, aidant—, à retrouver son pays, il semble exclu qu'il y puisse jouer encore un véritable rôle de dirigeant politique. Ce ne serait pas une mauvaise chose, d'ailleurs : on ne voit pas pourquoi, à notre époque, un peuple émancipé subirait une théocratie. Que le dalaï-lama puisse retrouver chez lui un rôle d'icône culturelle, ou d'inspirateur religieux, n'est d'ailleurs pas notre affaire : il s'agit simplement de faire reconnaître le droit universel des hommes et des femmes de vivre libres dans leur pays.
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