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vendredi 4 juillet 2008

Communication sur la vague

Ingrid Betancourt à peine libérée et rendue aux siens, à peine passée la première vague d'émotion soulevée par le bonheur de cette famille trop longtemps éprouvée, on se prend déjà à secouer la tête, incrédule, devant l'écume qui accompagne cet événement. Tout le monde veut sa part de la sympathie suscitée par le spectacle de gens heureux. M. Sarkosy en tête, qui, au lieu de se fendre d'une modeste déclaration de satisfaction, a tenu à s'insérer en catastrophe dans la liesse médiatique dont il risquait d'être absent. Pourquoi pas : depuis cinq ans, la France en général, et son dernier président en particulier, n'ont pas ménagé leurs efforts pour tenter de la faire libérer. M. Sarkosy pouvait légitimement s'associer à la bonne surprise. Surprise tout de même, puisqu'il n'y est pour rien, et donc forcément suspect de récupération. Compte tenu de son personnage, on peut le créditer d'un sincère contentement, et aussi de la préoccupation politique de saisir au vol une occasion de figurer dans cet épilogue positif, alors que les sondages lui accordent un pet de chèvre de crédibilité. D'autre part, il y a ces tentatives d'argumentation de l'entourage du pouvoir, visant à faire avaler aux français que l'action officielle de notre pays (totalement opposée à celle de la Colombie), a pu préparer le dénouement. Quelle importance ? C'était une cause humanitaire, et non un enjeu politique. Et puis, il y a encore la prestation de M. Kouchner à Bogota, qui rappelle irrésistiblement son numéro d'antan, lorsqu'il coltinait un sac de riz sous l'objectif des caméras. Là aussi, des dents grincent, mais c'est oublier que Bernard Kouchner est un soutien de longue date d'Ingrid Betancourt. Il n'y avait certainement personne au gouvernement dont la présence auprès d'elle à ce moment aurait été plus justifiée que la sienne. Il y a eu enfin de multiples déclarations d'hommes politiques, plus vertueuses les unes que les autres, de Jack Lang à Raffarin —sauf celle du vilain petit canard Ségolène qui a prononcé tout haut le mot que d'autres, plus prudents, se contentaient de murmurer : récupération. Et bien entendu, ce sont des ennemis mortels de son propre camp qui ont récupéré cette franchise contre elle. Si bien que pour le moment, la libération de Mme Betancourt est utile à tout le monde sauf à Mme Royal. Il reste tout de même la joie authentique de cette famille réunie pour faire de ce coup de théâtre une petite page d'Histoire heureuse.

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