Merci à Daniel Cohn-Bendit pour son intervention au Parlement européen, pleine de colère contenue et d'émotion, adressée au président Sarkosy au lendemain de sa capitulation devant la Chine. Aux paroles trompeuses, aux discours vides auxquels M.Sarkosy nous a habitués depuis sa campagne électorale, le député des Verts a opposé la sincérité et la vérité du langage. Il a rappelé l'existence de ces milliers de prisonniers politiques chinois dont le sort a pesé si peu dans la prise de décision du président français. Je ne crois pas qu'il ait dit que la comédie des hésitations à laquelle M. Sarkosy se livrait depuis plusieurs mois, s'achevait en mauvaise farce dont il sortait déconsidéré, mais il aurait pu… Il fut un temps où le candidat Sarkosy nous assurait que le temps de la "realpolitik", le cynisme politique, serait bientôt terminé grâce à son élection. Il fut un temps où il affirmait que les intérêts commerciaux ne pouvaient éclipser les droits de l'homme ; et un temps encore où il faisait dépendre sa présence à Pékin, pour les J.O., des progrès enregistrés dans un dialogue sino-tibétain… Tout cela était mensonger, comme tant de choses que M. Sarkosy affirme. Il devait changer la politique : il en a simplement rendu la brutalité plus voyante. Il se targuait de courage : il se couche devant les dictateurs chinois. Et ce faisant, non seulement il déçoit l'attente de tous ceux qui espéraient un geste fort des européens en faveur des droits de l'homme, mais il commet une faute politique en contribuant à conforter chez les dirigeants chinois le sentiment de leur nouvelle puissance. Aujourd'hui, la force de leur économie est réelle, au point que même les États Unis doivent compter avec eux. Tout comme leur pouvoir de nuisance est manifeste lorsqu'on les voit soutenir tous les régimes oppresseurs à travers le monde et faire régulièrement obstacle aux résolutions du Conseil de sécurité à l'ONU. On peut se demander pour quelle raison Mme Merkel en Allemagne, M. Brown en Grande-Bretagne, M. Harper au Canada, qui boycotteront la cérémonie d'ouverture, ne font pas l'objet des mêmes démarches d'intimidation de la part de la Chine ? Ils sont plus discrets dans leurs méthodes de gouvernement, plus clairs, et moins portés à vouloir le beurre, l'argent du beurre, et la laitière, peut-être ?
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