Dans Le Monde de ce week-end, deux articles étaient particulièrement intéressants. La chronique de Pierre-Antoine Delhommais en dernière page, d'abord. Il y rend hommage à la lucidité d'un Français prix Nobel d'économie, Maurice Allais, qui, bien avant tout le monde avait vu poindre dès 1998 la crise financière mondiale. M. Allais pointait déjà du doigt les aberrations qui, aujourd'hui, nous explosent à la figure. Les économistes partagent avec les météorologues l'art de savoir commenter savamment le mauvais temps de la veille et de se tromper sur celui du lendemain. Pas toujours cependant: la tempête dans le sud-ouest était bel et bien prévue par Météofrance et M. Allais avait annoncé celle qui ravage l'économie.
C'est la leçon qui m'intéresse, car si «gouverner c'est prévoir», ceux qui nous gouvernent n'ont rien prévu. Et de longue date, ceux qui nous gouvernent se sont octroyés des privilèges exorbitants au motif qu'ils assurent de lourdes responsabilités. Un peu à la manière dont les pilotes de lignes reçoivent un salaire important eu égard, notamment, à ces quelques secondes cruciales du décollage et de l'atterrissage, où la vie des passagers dépend de leur maîtrise. Généralement, ils font bien leur boulot, sinon ils meurent avec les autres.
En politique, on meurt le plus souvent dans son lit, accompagné d'éloges funèbres longs comme ça, rarement mérités, après avoir bénéficié des faveurs de la république aussi longtemps que l'on a pu s'accrocher.
M. Sarkozy ne peut pas dire que la crise était imprévisible: s'il n'avait aucun soupçon de sa latence c'est que son incompétence le rendait inapte à gouverner. Ce président qui exige aujourd'hui du patronat et de ses actionnaires qu'ils fassent preuve de pudeur dans leurs appétits d'argent —avec raison—, devrait commencer par montrer le chemin. À l'imitation de Barack Obama annonçant le gel des salaires de ses collaborateurs à la Maison Blanche, il pourrait restituer à la nation française les augmentations de budget qu'il n'a cessé de s'octroyer, et diminuer largement, très largement, son train de vie.
Dans un autre article du Monde, Patrick Roger s'arrête pour sa part sur la révolte de l'opposition, à l'Assemblée nationale, et souligne que, si Nicolas Sarkozy «se flatte d'être celui qui a le plus renforcé les pouvoirs du Parlement», il est aussi celui qui a «écarté d'autorité toute discussion sur les modes de scrutin, le cumul des mandats, l'irresponsabilité du chef de l'Etat et son droit de dissolution de l'Assemblée nationale».
Depuis le début du «règne» de M. Sarkozy, c'est bien là ce contre quoi s'insurge une part grandissante des Français: l'autoritarisme d'un président irresponsable. En plus d'avoir ignoré l'éclatement inévitable de la crise, il n'a cessé de multiplier des dispositions qui ne pourront qu'aggraver ses effets sur la population. Les ressentiments s'accumulent, sans que l'on puisse observer chez ce président un souci plus profond que celui d'étouffer toute contradiction afin d'augmenter son emprise sur notre société.
Il y a fort à parier que les rangs des manifestants, le Jeudi 29 Janvier, jour de la grève générale, seront serrés! Moi, j'irai pour crier: démocratie!
Image: Rimbus le blog
PS. À lire chez Gaël, un feuilleton plein de suspense…
Nous irons aussi grossir les rangs, en famille. Car c'est l'affaire de tous de montrer son mécontentement.
RépondreSupprimerLe 29 janvier d'accord ... mais le 30 ... tous au taf ... y a les crédits à payer !
RépondreSupprimerBésitos
Oui tous ensemble !! Tous !!! ^^;o)
RépondreSupprimerUne journée pour taper du poing et encore d'autres à venir pour les faire frémir ...
Bonne journée ...
Les plus importantes avancées sociales se sont obtenues au rythme des pas des grèves. Un mal pour un bien, il faut défendre ses acquis, et se battre pour l'avenir. Très bon article. Tu devrais le mailer à N.S. himself.
RépondreSupprimerTrès très bon papier!!!
RépondreSupprimerStef,
RépondreSupprimerc'est l'affaire de tous, tu as raison. Si nous voulons voir les choses changer, il faut est temps de le montrer!
Eric,
oui, mais le 32 ce sera Dimanche, on fera la grasse, et des bésitos à nos moitiés…
Marie,
En effet, ce ne sera sans doute que la première journée de colère d'un long réveil.
Homer,
En effet, on l'a un peu trop oublié, mais tous nos acquis sociaux sont le résultat de luttes souvent très dures de nos grands-parents et parents. Rien ne leur a été accordé par simple respect de la justice.
Macao, merci!
Moi j'ai l'impression qu'on entre seulement dans la crise !
RépondreSupprimerParis bar: Ma foi… peut-être est-ce une question d'âge?
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