Les parlementaires socialistes ont donc décidé d'aller recevoir la bonne parole de Nicolas Sarkozy au congrès. Cela par respect pour la présidence, mais ils ne s'exprimeront pas dans le débat qui succédera au départ du maître de la république, «en signe de protestation», ainsi que l'a expliqué Arnaud Montebourg. Je ne sais pas ce qu'en penseront leurs autres électeurs, il y en a tout de même beaucoup, mais j'en connais au moins un qui est écœuré par ce mélange d'hypocrisie et de lâcheté —moi.
Hier, j'avais commencé mon billet sur le boycott éventuel de N. Sarkozy, car c'est bien lui la cible, et non l'institution présidentielle, en écrivant qu'il avait sifflé «ses meutes de cabots». Puis j'ai regretté l'aigreur excessive de cette expression, et je l'ai amendée. À tort, en définitive, parce que c'est bien l'image d'une docilité incompréhensible que s'apprêtent à donner ces femmes et ces hommes politiques qui prétendent nous représenter.
L'hypocrisie de leur tentative de justification saute aux yeux lorsqu'on relit les propos de Jean-Marc Ayrault, hier: «Ce qui nous intéresse, c'est d'être le plus utiles. Il faut qu'on ait l'occasion de défendre nos propres positions»…
Non seulement ce déplacement sera inutile, mais ils ne défendront en rien leurs propres positions puisqu'ils se tairont. Évidemment, on pourra m'objecter qu'ils y vont avec l'intention de réserver à l'autocrate une bronca mémorable, comme le souhaitaient Dedalus sur son blog, et Hermes en commentaire ici même… Mais alors, que deviendra le respect de l'institution, cher à M. Montebourg?
Lâche enfin, cette attitude l'est jusqu'à la nausée, car elle reflète la peur de ne pas être compris des Français. Quand on ne peut pas se faire comprendre en politique, c'est que l'on répugne à parler clairement, à appeler un chat un chat. Il y a déjà plusieurs mois que j'ai lu l'excellente réflexion d'un sénateur socialiste sur la nature du régime sarkozyste. Il concluait que M. Sarkozy nous avait entraînés dans un régime consulaire, c'est à dire, d'un point de vue historique, à la charnière du système parlementaire et de l'empire. Messieurs les élus de l'opposition, la plupart d'entre vous partageant à l'évidence cette façon de voir, que ne l'avez-vous crié sur les toits!? Le peuple aurait fini par vous entendre, et vous n'en seriez pas à craindre d'être incompris.
La fatalité veut de toute façon que, quel que soit le choix retenu, une partie de l'opinion ne le comprenne pas. Dans le cas présent, ce sera moi et les sympathisants du PS partageant cet avis.
Les occasions de dénoncer avec toute la vigueur nécessaire dans un régime antidémocratique, la politique d'agression sociale de Nicolas Sarkozy n'ont certes pas manqué! Que ce soit dans le domaine du travail, des retraites, de la santé, ou des services publics, l'étendue des dégâts est déjà révoltante. Et que dire de ces à-côtés ludiques, mineurs en apparence, mais si révélateurs, de la manière d'exercer le pouvoir de M. Sarkozy… Les têtes de préfets qui volent, comme sous l'ordre d'une Reine de cœur échappée d'Alice au pays des merveilles, pour avoir laissé conspuer le président, ou faute d'avoir su accélérer la création du tout-à-l'égout dans la résidence de la belle-famille régnante (du moins, c'est ce que prétend aujourd'hui Mediapart); la pelouse des favoris protégée par la justice des pieds sacrilèges… Il ne se passe guère de semaine sans qu'un nouveau caprice du maître ne soit rapporté, avec plus ou moins de discrétion par la presse. Le champ d'une rude guérilla parlementaire est vaste, que ce soit dans l'hémicycle ou hors de celui-ci. Pour ne citer qu'un dernier exemple, afin de me limiter en longueur, les observations de M. Dosière, apparenté PS, sur les dépenses de l'Élysée qui ont encore augmentées de 21,7% en 2008, mériteraient d'être amplifiées par son groupe. Il ne serait pas inutile de faire mieux savoir au pays que tandis qu'il se serre la ceinture, il y a un dépensier compulsif à sa tête.
On nous dit que la France a été huée aujourd'hui au Gabon, à travers M. Sarkozy, en déplacement pour les funérailles d'Omar Bongo… Ils n'ont pas aimé là-bas, que la patrie d'Hadopi soupçonne leur chef de l'état d'avoir piraté l'argent public. Grand bien leur fasse! Quant à moi, je me sens si peu représenté par Nicolas Sarkozy que ces huées me laissent indifférent.
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P-S. Le titre n'est pas une allusion au taulier de PMA, quoiqu'il soit en passe de devenir une institution de la blogosphère!
Trop peu aidé par l'opposition, on en vient à se résigner à assister à une telle mascarade… Quel gâchis…
RépondreSupprimerNombreux sont ceux qui ne reconnaissent pas l'actuel Président. Et c'est tant mieux. Encore aurait-il fallu le faire savoir, sous l'égide de l'opposition qui n'aurait qu'à l'ouvrir en dénoncant les vérités honteuses qui tu nous relates ici... Les français sont eprdus, manquent de points de repères, sont étouffés sous les réformes nombreuses et les annonces soudaines qu'ils ne suivent ni ne comprennent plus.
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RépondreSupprimerTon "excellent" article soulève toute la contradiction d'une opposition en mal d'opposition ...
RépondreSupprimerIncapable de vall-ser sur un pied la lang trop pendue ... lapin dans les phares ... la sarkomobile déboule sans aucun respect pour le code de la route et écrase tout sur son chemin.
C'est la peur qui gouverne et la peur elle se maitrise ... non ?
Amitiés
M. Poireau,
RépondreSupprimerma foi, oui, c'est du gâchis, mais ils ont dû vouloir choisir entre deux maux, le moindre, avec l'idée que le congrès sera bientôt oublié. Le souvenir de leur attitude persistera, malheureusement.
Homer,
N. Sarkozy exaspère de nombreux Français qui seraient prêts à contester sa légitimité. Toutefois, on ne peut tout de même pas attendre de parlementaires de l'opposition qu'ils suivent ce chemin, tant que le président ne dépasse pas les limites de ses prérogatives! Contester sa politique et critiquer avec virulence, éventuellement, n'a rien à voir avec le fait de récuser un président élu par une majorité de Français…
?? Pas de commentaire anonyme, merci!
Eric,
oui, la peur se maîtrise même bien, mais peut-être pas aussi bien que tu jongles avec mots et commentaires! :-))
"Lâche enfin, cette attitude l'est jusqu'à la nausée, car elle reflète la peur de ne pas être compris des Français."
RépondreSupprimerC'est très vrai. Mais ils sont tellement cons (désolé, je n'ai pas d'autre mot) qu'ils ne voient pas que les Français ne les comprennent plus.
Illustration royale : l'odieuse petitesse a-t-elle espéré grandir son aura clinquante au regard d'une histoire dont les jalons lui sont étrangers ? Son autoritarisme a peut-être craint l'ombrage d'une monarque... Elle peut agir tranquille, l'opposition abdique.
RépondreSupprimerDéfendre ses positions en se taisant, c'est un sacré concept, ils sont forts au PS
RépondreSupprimerNicolas,
RépondreSupprimerje ne serais pas étonné que les sondeurs leur décernent un brevet de satisfaction de la part de l'opinion: ils connaissent sur le bout du doigt l'art de poser les questions biaisées. Mais avec ce choix, le PS illustre parfaitement l'accusation d'être un parti de notables, de la merde par définition (désolé, je n'ai pas d'autre mot).
Daud,
si on pouvait lire dans sa tête, on verrait sans nul doute que certains jours il croit avoir la pointure d'un monarque, alors qu'il n'en porte que les pantoufles.
Rébus,
oui, il n'y a qu'une seule chose qui ne leur fait pas peur, c'est le ridicule!