L'autre jour, l'Empereur recevait au Carton —l'un des palaces de la capitale où il a ses habitudes—, la fine fleur de ses féaux et soutiens de longue date. Quoique sa très haute fonction le dispense de partager les sentiments du commun, le Bien Aimé n'hésite jamais à se montrer reconnaissant. Il n'a pas oublié l'appui que lui apportèrent ces gens, tout au long des rudes années de l'ascension vers le trône impérial. Disons-le sans détour: si le petit Nicolas Duponzy put devenir le grand Nicolas 1er, c'est grâce aux espèces sonnantes et trébuchantes que lui prodiguèrent sans lésiner ces héros de l'Empire.
Ils se pressaient donc nombreux pour accéder aux salons du Carton, et avoir l'honneur d'assister au cocktail de leur idole. Quelques uns faisaient un détour auparavant par un discret vestiaire, afin de déposer, en rougissant un peu, leur calibre entre les mains d'un adjudant de la garde. «Ne perdez pas votre numéro, sinon je vous le rends pas!» recommandait l'accorte adjudant, une blonde aux yeux moqueurs. L'invité empochait son jeton en hochant la tête et allait se mêler à la petite centaine d'élus pressée autour du Bien Aimé.
Il y avait là tout le gratin de l'empire, ducs et barons de la finance, chevaliers d'industrie, spadassins d'affaires, marquis du barreau, hôteliers, cavistes, importateurs de souliers, casinotistes…
Quand la réception fut bien avancée, le champagne pétillant dans tous les regards, Sa Majesté grimpa sur une chaise, puis de là sur la table du buffet.
«Mes chers amis, faut qu'on se marre un peu, on est pas là pour s'embêter…
—Vouiiiii! hurla l'assistance en applaudissant.
—Alors voilà, on est entre nous, hein?
—Vouiiii !
—Donc ça sortira pas d'ici, c'est le principal. On va jouer un peu comme au rébus… Devinez qui je fais là… C'est quelqu'un que je connais bien.»
L'Empereur, avec un admirable naturel et son talent inné en toutes choses, renversa du pied un saladier d'inox sur lequel il se jucha. La tête haute, il se raidit, une main sur le cœur, puis s'inclina profondément, jusqu'à la limite de perdre l'équilibre. Tête basse, il tendit ensuite la main vers un personnage invisible.
«Obama ! s'écrièrent plusieurs voix.
—Bravo, fit l'Empereur, sautant de son perchoir.»
Successivement, Nicolas 1er imita devant ses invités la reine d'Angleterre, Vladimir Poutine, Nicolas Sarkozy, Silvio Berlusconi, et un certain François Fillon —mais comme personne ne connaissait ce dernier ce fut un échec. Déçu, l'Empereur mit fin au jeu et improvisa un discours dans lequel il exhorta ses amis chers à poursuivre leurs dons au Parti impérial. Il acheva en leur renouvelant sa promesse solennelle de ne jamais augmenter leurs impôts.
Tout le monde cria: «Vive l'Empereur ! Longue vie à notre Bien Aimé !»
Et l'on se sépara gaiement, tandis que Nicolas 1er allait retrouver Sa Gracieuse Lala dans un salon privé où elle l'attendait en faisant une partie de scrabble avec une domestique.
P-S, si vous ne connaissez pas encore le blog littéraire de Dedalus, «Un écrivain sur la toile», je vous invite à le découvrir… A voir chez Éric, une vidéo de présentation de Pealtrees à la conférence Le Web…
Ils se pressaient donc nombreux pour accéder aux salons du Carton, et avoir l'honneur d'assister au cocktail de leur idole. Quelques uns faisaient un détour auparavant par un discret vestiaire, afin de déposer, en rougissant un peu, leur calibre entre les mains d'un adjudant de la garde. «Ne perdez pas votre numéro, sinon je vous le rends pas!» recommandait l'accorte adjudant, une blonde aux yeux moqueurs. L'invité empochait son jeton en hochant la tête et allait se mêler à la petite centaine d'élus pressée autour du Bien Aimé.
Il y avait là tout le gratin de l'empire, ducs et barons de la finance, chevaliers d'industrie, spadassins d'affaires, marquis du barreau, hôteliers, cavistes, importateurs de souliers, casinotistes…
Quand la réception fut bien avancée, le champagne pétillant dans tous les regards, Sa Majesté grimpa sur une chaise, puis de là sur la table du buffet.
«Mes chers amis, faut qu'on se marre un peu, on est pas là pour s'embêter…
—Vouiiiii! hurla l'assistance en applaudissant.
—Alors voilà, on est entre nous, hein?
—Vouiiii !
—Donc ça sortira pas d'ici, c'est le principal. On va jouer un peu comme au rébus… Devinez qui je fais là… C'est quelqu'un que je connais bien.»
L'Empereur, avec un admirable naturel et son talent inné en toutes choses, renversa du pied un saladier d'inox sur lequel il se jucha. La tête haute, il se raidit, une main sur le cœur, puis s'inclina profondément, jusqu'à la limite de perdre l'équilibre. Tête basse, il tendit ensuite la main vers un personnage invisible.
«Obama ! s'écrièrent plusieurs voix.
—Bravo, fit l'Empereur, sautant de son perchoir.»
Successivement, Nicolas 1er imita devant ses invités la reine d'Angleterre, Vladimir Poutine, Nicolas Sarkozy, Silvio Berlusconi, et un certain François Fillon —mais comme personne ne connaissait ce dernier ce fut un échec. Déçu, l'Empereur mit fin au jeu et improvisa un discours dans lequel il exhorta ses amis chers à poursuivre leurs dons au Parti impérial. Il acheva en leur renouvelant sa promesse solennelle de ne jamais augmenter leurs impôts.
Tout le monde cria: «Vive l'Empereur ! Longue vie à notre Bien Aimé !»
Et l'on se sépara gaiement, tandis que Nicolas 1er allait retrouver Sa Gracieuse Lala dans un salon privé où elle l'attendait en faisant une partie de scrabble avec une domestique.
P-S, si vous ne connaissez pas encore le blog littéraire de Dedalus, «Un écrivain sur la toile», je vous invite à le découvrir… A voir chez Éric, une vidéo de présentation de Pealtrees à la conférence Le Web…
Ah ! le retour de Nicolas 1er ! :)
RépondreSupprimerαяf,
RépondreSupprimer;-) et merci pour le retwitt!
Juste merci !
RépondreSupprimerS'il n'existait pas, à cause de toi, Nicolas 1er nous manquerait!
RépondreSupprimerC'est Fillon "s'il jette un œil" au blog qui va pas être content!Bonne journée!
RépondreSupprimerArg, si Nicolas Ier se met, lui aussi, à lancer des rébus, je ne pourrais pas suivre ! :-))
RépondreSupprimer[J'ai du mal à imaginer Princesse Lala face à un scrabble®, mais je manque d'imagination, sans doute… :-))) ].
Bérénice, ;-)
RépondreSupprimerHermes,
je me sentirais souvent seul devant l'écran, sans lui.
Macao,
heureusement, je ne crois pas qu'il le jette n'importe où, l'œil. :-))
M. Poireau,
celui n'était pas trop dur: la réponse était donnée… :-))
(je la vois pourtant assez bien tricher au scrabble [quelle touche, le R?] )
ho mais j'avais pas vu !
RépondreSupprimermerci :-)
Dedalus, de rien! :-)
RépondreSupprimer