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mercredi 20 janvier 2010

Un petit coin de parapluie pour l'Élysée

La commission des finances de l'Assemblée nationale, a bricolé aujourd'hui un amendement restreignant la portée d'une future commission d'enquête réclamée par le PS, sur les sondages de l'exécutif. L'opposition bénéficie en principe du droit de demander une enquête une fois par session. Sa précédente demande qui visait l'utilisation des sondages par l'Élysée, ayant été refusée, le PS avait déposé une nouvelle demande. Celle-ci, élargie, portait sur l'ensemble des crédits votés par le parlement, dépensés en études d'opinion.

Malheureusement, l'amendement de l'UMP limitera l'enquête au seul gouvernement. Les pratiques de Nicolas Sarkozy avec les sondages demeureront donc tabou, il sera impossible de démontrer les manipulations de l'opinion publique dont on le soupçonne. L'argument des godillots de l'Élysée n'a pas changé: l'enquête voulue par les socialistes ne peut inclure la présidence, en vertu du principe de séparation des pouvoirs.

L'hypocrisie politique, mal chronique, n'est pas mortelle, on ne peut que le constater, sans quoi, nous aurions bientôt une majorité décimée et de nouvelles élections en perspective. Qui peut croire que cette manœuvre de la majorité au Palais Bourbon n'a pas été ordonnée par Nicolas Sarkozy? Personne. Dans la Ve République depuis l'origine, et singulièrement depuis l'élection de M. Sarkozy, la séparation des pouvoirs est une fiction grossière. Les empiétements du président sur la justice ou les prérogatives du parlement sont monnaie courante. En voici un de plus, dissimulé comme toujours.

Nicolas Sarkozy peut tout se permettre, il reste intouchable, même par les représentants du peuple français. Il est à noter que récemment, les sénateurs de la majorité appuyés par Mme Alliot-Marie avaient repoussé au siècle prochain la définition légale de la responsabilité du président. On s'en occupera sans doute en même temps que des modalités de mise en œuvre du référendum d'initiative parlementaire —vous savez ce machin que les menteurs, approuvés par les niais, appellent initiative populaire…
L'une et l'autre de ces dispositions étaient pourtant prévues par les modifications de la constitution votées par le congrès. En revanche, Nicolas Sarkozy a déjà pris de celles-ci tout ce qui étendait ses pouvoirs, si bien que nous nous retrouvons indiscutablement avec un autocrate à la tête du pays. Et les moyens de lui demander des comptes pour tous les abus auxquels il se livre n'existent pas. Nicolas Sarkozy a tous les droits d'un citoyen français, plus celui de les diriger selon son bon plaisir, mais aucun de ses actes ne peut être pesé, encore moins contrarié.

Heureusement que le 27 mars nous aurons la possibilité de lui dire non. On pourra rêver que nous sommes en démocratie, mais ça ne sera qu'un rêve, n'en déplaise aux faux culs de tous horizons politiques.

P-S, quoique son analyse ne me convainque pas vraiment, j'ai beaucoup apprécié «De la différence entre action et acte…» sur le Pavé. Je le cite en contrepoint au No Sarkozy day que je soutiens, mais il s'agit pour moi de contrepoint au sens littéraire: un cheminement parallèle, plutôt que contraire.

source Libération

14 commentaires:

  1. Un gros paquet d'argent (public) pour les copains de l'Elysée : Albert Frère était un des 55 invités au Fouquet's le 6 mai 2007.

    Après Henri Proglio, Albert Frère est lui-aussi engraissé par les contribuables français. Louis XVI et sa cour sont des parasites.

    http://www.performancebourse.com/actualites/albert-frere-voit-s-obscurcir-le-dossier-de-la-vente-de-quick-a-cdcci,1579.html

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  2. BA,
    qu'est-ce qu'il a comme amis, c'est pas croyable! Il est sur Facebook, notre roi?

    Nicolas,
    et les réveils sont frustrants.

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  3. Chirac avait lui aussi bénéficié de cette espèce d'immunité qui faisait de lui un "irresponsable" du point de vue de la justice. Seulement voilà, il continue à échapper à cette justice comme le fera certainement NS après son (ses) mandats. Il existe en France un grave problème de justice et de dépendance vis-à-vis des politiques et c'est là que tout se trame. La démocratie ne se joue pas uniquement, et loin s'en faut, dans les assemblées et les élections. Elle dépend également d'un système judiciaire égalitaire et loyal envers tous les citoyens.
    Faut pas s'étonner que ce gouvernement veuille mettre la justice à genoux.

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  4. Entre des élections vérolées par l'impact de la politique spectacle et du discours résumé à des slogans et des recours légaux qui n'existent pas, il va bien falloir trouver une porte de sortie à ce système !
    Le 27 mars ?
    :-))

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  5. Captainhaka,
    tous les présidents en ont bénéficié… Simplement, avec les deux derniers, c'est devenu particulièrement choquant. Quant à la dépendance de la justice qui va se renforcer avec la disparition du juge d'instruction, nous sommes d'accord.

    M. Poireau,
    comment sortir du système? Le 27 mars? J'aimerais qu'au PS des voix se fassent entendre pour proposer d'en sortir à la prochaine échéance électorale présidentielle… Mais, je n'entends rien. Il faudra sans doute beaucoup de 27 mars…

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  6. Les petits fleuves font… ce qu'ils peuvent !
    :-))

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  7. M.Poireau,
    des tas de petits ruisseaux avec les grandes rivières? ;-)

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  8. Bah, on ne sait jamais où commencent les courants qui font les océans !
    :-))

    [Bon sang, en pleine écriture sur les créateurs de possibles, j'interromps pour commenter ici ! :-)) ].

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  9. M.Poireau,
    tu plaques l'UMP pour le Coucou? Ben dis donc,je suis flatté! :-D

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  10. Me Olivier Morice, avocat de parties civiles dans l'enquête sur l'attentat de Karachi en 2002, a accusé vendredi le ministère de la Défense d'avoir "caché" l'existence de documents secret-défense alors que les autorités françaises assuraient que tout avait été transmis à la justice.

    http://www.lesechos.fr/depeches/france/afp_00223939-karachi--un-avocat-accuse-l-etat-d-avoir-cache-des-documents-classifies.htm

    Le ministre de la Défense actuel, Hervé Morin, était lui-même conseiller de François Léotard à l'époque du contrat entre la France et le Pakistan !

    Hervé Morin faisait partie du clan Balladur-Sarkozy à l'époque (1993-1995).

    Tu m'étonnes que le ministère de la Défense cache certains documents concernant l'attentat de Karachi !

    Tout le clan Balladur-Sarkozy est mouillé dans ce Watergate français !

    Le clan Balladur-Sarkozy (1993-1995) :

    - le Premier ministre Edouard Balladur,
    - son directeur de cabinet : Nicolas Bazire,
    - le ministre du Budget Nicolas Sarkozy,
    - le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy : Brice Hortefeux,
    - le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua,
    - le ministre de la Défense François Léotard,
    - le directeur de cabinet de François Léotard : Renaud Donnedieu de Vabres,
    - le conseiller de François Léotard : Hervé Morin.

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  11. BA,
    belle liste que du vieux linge sale !

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  12. J'ai toujours autant de mal à suivre les liens...

    Merci coucou pour le clin d'œil parallèle !

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  13. Jon,
    moi aussi, je peine souvent avec les liens… Et pour celui-ci, j'ai trouvé qu'il s'imposait.

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