«Que proposeriez-vous immédiatement au peuple français, si la démocratie [directe] existait»… Tel est le sujet que Nicolas m'a donné, dans le cadre d'une chaîne propagée notamment par Lomig, blogueur partisan du libéralisme économique. Comme Nicolas, j'ai trouvé cet énoncé intéressant, tout en me permettant d'y mettre des crochets destinés à souligner que nous ne sommes pas en démocratie. Voici ma participation.
Jusqu'à ce jour, l'initiative d'appeler les citoyens aux urnes dans le cadre du référendum, appartenait seulement au Président de la République et à son gouvernement. Une disposition décorative de la Constitution prévoyait cependant de concéder à un cinquième des membres du Parlement la faculté de prendre l'initiative d'un référendum, dès lors que 4,447 millions de Français les appuyaient…
Sur le point de fêter son nonantième anniversaire de pouvoir, le président Sarkozy vient, comme on sait, de donner réalité à cet ornement républicain. Un cadeau pour son successeur, puisqu'il annonce simultanément sa retraite. Le vote de la loi organique étant inscrit en urgence à l'ordre du jour de l'Assemblée, le référendum d'initiative parlementaire va donc voir le jour. Or, il se trouve que par bonheur un peu plus de 180 députés —soit éméchés, soit touchés par la grâce démocratique—, se sont entendus pour étrenner au plus tôt le droit nouveau qui leur est accordé. Si tout va bien, ils souhaitent poser au peuple français cette question:
«Êtes vous favorables à la proposition suivante :
Le passage à une Sixième république est devenu nécessaire. Il est confié aux parlementaires des deux chambres le soin d'en rédiger la Constitution, laquelle devra obligatoirement faire droit aux attentes des citoyens énumérées ci-dessous.
1—création d'un référendum d'initiative populaire, qui sera organisé dès lors qu'une pétition en ce sens recueillera 2 millions de signatures en l'espace d'un trimestre.
2 —l'exécutif sera dirigé par le Premier ministre, responsable devant l'Assemblée nationale qui l'aura désigné par un vote.
3 — le Président de la république, élu par le Sénat, recevra une paire de ciseaux d'or, symbole de sa fonction. Il sera chargé de couper les rubans des inaugurations officielles et d'ouvrir le bal au nom de la France dans les festivités internationales.
4 — les salaires du président et des membres du gouvernement seront laissés à l'appréciation des citoyens, par le biais de collectes mensuelles dont le rapport reflètera par conséquent le degré de satisfaction de la population. À cet effet, une mission sera confiée à M. Kouchner, aujourd'hui retraité, ou, en cas de défaillance de celui-ci, à qui se portera volontaire bénévole, de fonder une ONG chargée d'orchestrer la générosité de la nation envers son personnel politique?»
Pour prendre la suite, je tague Gwendal, Manuel, Rimbus, CC, et Bibi
Jusqu'à ce jour, l'initiative d'appeler les citoyens aux urnes dans le cadre du référendum, appartenait seulement au Président de la République et à son gouvernement. Une disposition décorative de la Constitution prévoyait cependant de concéder à un cinquième des membres du Parlement la faculté de prendre l'initiative d'un référendum, dès lors que 4,447 millions de Français les appuyaient…
Sur le point de fêter son nonantième anniversaire de pouvoir, le président Sarkozy vient, comme on sait, de donner réalité à cet ornement républicain. Un cadeau pour son successeur, puisqu'il annonce simultanément sa retraite. Le vote de la loi organique étant inscrit en urgence à l'ordre du jour de l'Assemblée, le référendum d'initiative parlementaire va donc voir le jour. Or, il se trouve que par bonheur un peu plus de 180 députés —soit éméchés, soit touchés par la grâce démocratique—, se sont entendus pour étrenner au plus tôt le droit nouveau qui leur est accordé. Si tout va bien, ils souhaitent poser au peuple français cette question:
«Êtes vous favorables à la proposition suivante :
Le passage à une Sixième république est devenu nécessaire. Il est confié aux parlementaires des deux chambres le soin d'en rédiger la Constitution, laquelle devra obligatoirement faire droit aux attentes des citoyens énumérées ci-dessous.
1—création d'un référendum d'initiative populaire, qui sera organisé dès lors qu'une pétition en ce sens recueillera 2 millions de signatures en l'espace d'un trimestre.
2 —l'exécutif sera dirigé par le Premier ministre, responsable devant l'Assemblée nationale qui l'aura désigné par un vote.
3 — le Président de la république, élu par le Sénat, recevra une paire de ciseaux d'or, symbole de sa fonction. Il sera chargé de couper les rubans des inaugurations officielles et d'ouvrir le bal au nom de la France dans les festivités internationales.
4 — les salaires du président et des membres du gouvernement seront laissés à l'appréciation des citoyens, par le biais de collectes mensuelles dont le rapport reflètera par conséquent le degré de satisfaction de la population. À cet effet, une mission sera confiée à M. Kouchner, aujourd'hui retraité, ou, en cas de défaillance de celui-ci, à qui se portera volontaire bénévole, de fonder une ONG chargée d'orchestrer la générosité de la nation envers son personnel politique?»
Pour prendre la suite, je tague Gwendal, Manuel, Rimbus, CC, et Bibi
Heureusement que tu ne m'as pas tagué, j'aurais du mal à faire mieux. Le salaire du président dépendant du peuple, c'est tellement nécessaire !
RépondreSupprimerElle en est où la côte du président, ce mois-ci ?
Oh trois francs-six-sous !
:-))
[Beau billet, donc ! :-)) ].
Oui, le salaire des élus dépendant des résultats d'une quête serait amusant!
RépondreSupprimerMerci d'avoir fait suivre la chaine.
RépondreSupprimerTa réponse est intéressante, mais m'étonne sur un aspect : pourquoi toujours tout ramener à Sarkozy ? pourquoi cette obession des personnes ? pourquoi cette obsession du pouvoir ? N'y a t'il pas des sujets plus directement reliés à la société qui t'interpellent ?
LOmiG : on pourrait, gentiement inverser ta question, pourquoi ne vouloir jamais impliquer le président en cours ? Par quelle naïveté ?
RépondreSupprimer:-))
Lomig,
RépondreSupprimerLe Coucou répond comme moi (même si je le fais sous forme de boutade). On ne fera pas bouger la société si on ne change pas son organisation.
Par exemple, la question que tu poses sur ton blog... Si les gens disent oui, il est fort probable que l'état UMP dispachera les "ex services publics" entre les copains du chef, ce qui entrainerait encore plus de concentration du capital...
@ Monsieur Poireau : "pourquoi ne vouloir jamais impliquer le président en cours ?"...mais je l'implique, je l'implique. Et je ne me suis jamais retenu de critiquer son manque de cohérence dans l'action. Mais je n'ai aucune fascination ni en bien ni en mal pour le personnage. Le brouhaha médiatique autour des personnes ne m'intéresse que très moyennement. J'ai l'impression qu'une partie des blogs de gauche est littéralement obsédée par Sarkozy.
RépondreSupprimer@ Nicolas : "Si les gens disent oui, il est fort probable que l'état UMP dispachera les "ex services publics" entre les copains du chef, ce qui entrainerait encore plus de concentration du capital..."
répondre oui à ma question (ouvrir tous les secteurs à la concurrence) ne revient pas à un partage entre copains, mais à la possibilité pour chacun de venir concurrencer les actuels "propriétaires" des ces services (monopoleurs, en l'occurence). Je ne fais que mettre en avant que les monopoles obtenus par la contrainte sont une mauvaise chose...Je ne vois pas l'intérêt (sauf peut-être en matière de sécurité) à ces "chasses gardées" étatiques.
Lomig,
RépondreSupprimerJe ne faisais qu'illustrer par un exemple la nécessité de réformer la constitution avant d'espérer de faire des "réformes".
M. Poireau,
RépondreSupprimermerci… Je t'aurais bien tagué, précisément, mais il m'a semblé comprendre en commentaire chez Nicolas que le sujet ne t'emballais pas… On pourrait avoir une sorte de «denier du politique» non obligatoire, comme chez les cathos…
Nicolas,
bon, c'est irréaliste, mais l'idée que leur politique pourrait être immédiatement sanctionnée concrètement, en bien ou en mal, me semble réjouissante.
Lomig,
ma réponse n'est qu'une manière caricaturale de dénoncer l'absence de démocratie chez nous et l'énorme duperie du référendum d'initiative parlementaire. Les défauts de notre république ne datent pas d'hier, ni même de la constitution de la Ve… Simplement, il se trouve qu'à mes yeux aucun président avant N. Sarkozy n'avait autant dévoyé les principes républicains (je ne parle pas de démocratie). Aucun n'a fait autant de dégâts dans notre société, même s'il devait apparaître un jour que tout n'aura peut-être pas été négatif dans son action.
Nicolas Sarkozy est un authentique autocrate, il n'est pas à sa place à la tête de la république, c'est une aberration du suffrage universel. Il me semble d'une grande importance de le dénoncer sans relâche afin qu'il ne soit pas réélu et de mettre un terme à cette politique désastreuse pour la société.
Enfin, il y a bien entendu quantité d'autres sujets qui m'interpellent: le chômage, la santé, la justice: ils me font régulièrement réagir, mais aucun ne revêt autant d'importance à mes yeux que l'instauration de la démocratie.
Nicolas,
nous répondons en effet la même chose, chacun avec son style de boutade préféré…
M. Poireau,
d'accord avec ta remarque à Lomig.
J'ajoute, avant de vous laisser discuter, qu'il y a deux raisons d'impliquer N. Sarkozy: les effets d'une politique dont il décide personnellement jusque dans les moindres détails —débat classique—, et son accaparement autoritaire du pouvoir, qui mériterait depuis longtemps de voir les Français se dresser contre lui.
Merci à vous tous de vos contributions!
@ le coucou : je ne sais pas si tu réalises ce que tu écris....
RépondreSupprimertu es dans l'exagération la plus complète...
"l'absence de démocratie chez nous"
"Aucun (président) n'a fait autant de dégâts dans notre société,"
"Nicolas Sarkozy est un authentique autocrate"
"c'est une aberration du suffrage universel."
Quel sens de la démocratie ! Tu expliques qu'il fait des dégâts au point que nous ne serions plus en démocratie, et dans la même phrase tu expliques qu'il est issu du suffrage universel (donc légitime comme président à la tête de la démocratie qu'est la France), et tu t'affirmes, toi, comme un authentique anti-démocrate puisque tu refuses le résultat du vote démocratique.
Va lire la définition d'autocrate : "Souverain dont le pouvoir est indépendant et absolu." ou "Souverain qui jouit d'une puissance sans partage et impose arbitrairement et tyranniquement sa domination."
c'est ce qu'on appelle être dans une sorte de délire. Sarkozy - et tu peux en penser tout le mal que tu veux - n'est PAS un autocrate, et est un président LEGITIME, issu du vote démocratique...
Comme Hitler !
RépondreSupprimerAmusant, nous n'allons pas tarder à vérifier la loi de Godwin par ma faute...
Lomig,
RépondreSupprimerje pense que tu n'as pas saisi ce que j'ai écrit, ou plutôt mes ellipses: comme cela fait partie de mes thèmes récurrents ici, j'avoue simplifier souvent. Il ne s'agit pas de dire que N. Sarkozy aurait détruit la démocratie chez nous: elle n'a jamais existé. Nous sommes dans une république représentative, c'est déjà pas mal, je le concède, mais rien de plus.
Il y a eu avec N. Sarkozy, au sein de ce régime, une dérive autoritaire indiscutable. Si nous étions en démocratie, il y a sans doute un moment qu'un référendum aurait été organisé contre certaines évolutions imposées par cet homme, et nous aurions été à même d'apprécier s'il bénéficie toujours de la même légitimité qu'à son élection. J'en doute. Et je me réfère ici à la pratique du pouvoir, telle que de Gaulle —homme intègre, même s'il méprisait son peuple—, l'a illustrée, dans cette constitution bonapartiste taillée pour lui : un président désavoué (ayant perdu sa légitimité), démissionne. Preuve qu'il ne tenait pas la légitimité pour acquise durant tout un mandat! Cette histoire de légitimité acquise une fois pour toute est une pétition de principe que je récuse. Il y a dans toute république un seul souverain —puisque nous n'avons jamais été capables de nous affranchir réellement du folklore de l'Ancien régime—, c'est le peuple. Comme souverain, il a tous les droits, y compris celui de changer d'avis et de reprendre sa confiance quand il lui plaït. Ceci est une réalité historique, puisque, comme l'a dit N. Sarkozy : «au nom du symbole, ils peuvent renverser le pays». Certes, c'est du pur Sarkozy: une formulation de primaire infatué qui se prend pour le pays à lui seul, mais c'est relativement juste. Pour beaucoup plus qu'un symbole, les Français ont renversé des régimes, ce qui démontre qu'à la limite, le peuple peut décider de tout.
Je ne ferai pas la liste de toutes les mesures prises par Nicolas Sarkozy qui démontrent que, s'il n'est pas un dictateur (ce que je n'ai jamais écrit), il n'est pas un démocrate (au sens ou tu l'entends). La nature de son gouvernement est ailleurs, à mi-chemin, des deux et certainement plus proche de l'autocratie que d'autre chose.
Nicolas,
RépondreSupprimerheu… mais tu es en train de nous montrer le point! (de Godwin)
Le Coucou,
RépondreSupprimerC'est volontaire. Faut bien rigoler...
Nicolas, je m'en doutais ;-)
RépondreSupprimer"primaire infatué" ?
RépondreSupprimerJe sens qu'une armée de juristes vient de se pencher sur cette expression pour savoir si elle est ou non injurieuse !
:-))
oh, moi j'ai juste dit (définition à l'appui) que parler d'un autocrate est proprement délirant.
RépondreSupprimerM.Poireau,
RépondreSupprimermodère un peu ton langage, ou je m'auto-censure! :-)
Lomig,
RépondreSupprimerpuisque tu citais l'entrée du TLF, il ne fallait pas t'arrêter à la définition stricte, mais ajouter les analogies familière et péjorative:
«P. anal., fam. Personne dont l'autorité absolue est incontestée
pej. P. anal. Personne dont la conduite est comparable à celle d'un souverain tyrannique. Affreux, vieil autocrate»…
Et dans l'historique, cet extrait de J. de Maistre:
«... ce mot d'autocrate est encore un de ces termes magiques qui ont beaucoup d'effet. En lui-même il signifie : Celui qui commande et n'est jamais commandé, celui dont la volonté fait plier toutes les autres. Mais ce privilège appartient à la souveraineté en général. Cependant, l'usage et l'opinion universelle ont attaché à ce mot d'autocratie je ne sais quelle idée vague d'arbitraire.»
Répondu.
RépondreSupprimerUne belle connerie de mec de droite cette chaîne si tu veux mon avis. ça m'étonne pas que ça sorte d'Assas.
La démocratie n'est pas une fin en soi, c'est les gens de droite qui l'utilisent comme dentifrice pour cacher leur mauvaise haleine quand ils se gargarisent de leur paroles nauséabondes.
Rimbus,
RépondreSupprimerheu, "la démocratie pas une fin en soi", me dérange un peu, dans la mesure où cela voudrait dire que des mesures antidémocratiques peuvent se justifier. Je crois que ça n'est jamais le cas.
Sinon, je viens lire !
@ Coucou :
RépondreSupprimerJe reprends les lignes que tu juges bon d'ajouter dans la discussion
"Personne dont l'autorité absolue est incontestée "
1) Sarkozy n'a pas d'autorité absolue : nous sommes en démocratie, justement, et il y a donc des contre-pouvoirs, que tu peux juger insuffisants (c'est mon cas), mais qui n'en sont pas moins réels.
2) l'autorité de Sarkozy est contestée, vous passez votre temps à le faire, et vous n'êtes pas les seuls.
@ Rimbus : Je ne viens pas d'Assas, je ne suis pas de droite, et ton commentaire montre bien l'étendue de ton mépris pour les autres, et pour ceux qui sont différents de toi. Moi je suis là pour discuter, pas pour insulter. Mais tu as le droit d'être con, après tout...
Lomig,
RépondreSupprimerles contre-pouvoirs à l'autorité abusive de N. Sarkozy sont pour le moins affaiblis.
La contestation de son autorité ne dépasse guère le verbe, et il n'existe apparemment pas de recours institutionnel susceptible de la contrarier qu'il ne puisse tout simplement contourner.
Laissons la presse de côté, importante certes, mais fragilisée et de toute façon privée d'autorité autre que morale (ce qui est normal). Que reste-t-il? Le Parlement, les hauts Conseils de l'état et la Cour des comptes qui sont des émanations du régime. En contestant ce dernier je doute forcément de leur capacité à contrer les abus du pouvoir.
Ceci dit, je m'absente: essayez de ne pas déraper dans les échanges de noms d'oiseaux sans intérêt. Merci!
LOmiG : quels contrepouvoirs ? La justice qu'il baffoue ? La presse qu'il rémunère ? L'économie qu'il accapare par ses relations ? Le parlement qu'il muselle ?
RépondreSupprimerLes blogs ne sont que des moucherons !
:-))
M. Poireau,
RépondreSupprimervoilà, c'est bien dit, bonne soirée! ;-)