Demain, bientôt, nous allons enfin pouvoir vivre dans une France sûre. Un nid qui aura un peu l'austère apparence de l'aire de l'aigle, mais dont le sein, capitonné par la laine des moutons, sera réconfortant. Toute l'Europe nous enviera. Que dis-je! Le monde entier en béera d'admiration, comme il le fait déjà devant notre génial président.
Les caméras pulluleront dans nos rues, à un point tel que le fameux avertissement légal: «zone ou établissement, placé sous vidéo-surveillance», sera devenu sans objet. C'est à l'aéroport que les visiteurs étrangers recevront avis qu'ils sont entrés dans un «pays placé sous vidéo-surveillance». Il n'y aura pas que l'état, bien entendu, pour veiller sur nous, n'importe qui pourra implanter ses caméras sur la voie publique. J'espère que ma municipalité en posera une près des bennes à ordures, au bout du chemin. Comme ça, le policier municipal pourra pincer le saligaud qui abandonne régulièrement des gravats.
Comme les pouvoirs de la police municipale auront été augmentés, ils pourront flanquer le saligaud en garde à vue, enfermé dans la remise de la mairie. Et si le pauvre bougre de super-garde-champêtre est débordé, qu'à cela ne tienne: nous aurons la «réserve civile», une milice légale réunissant les citoyens les plus sourcilleux sur la paix publique. Ça sera bien le diable si on ne coince pas le salopard.
En ville, évidemment, ça risque d'être plus remuant… Les interpellations devenant plus nombreuses un problème se posera, au moins pendant le temps qu'il faudra aux petits délinquants pour comprendre que la fête est finie. Que faire de tous ces prévenus, comment les juger, alors que notre justice est déjà si lente? Va-t-on constituer une «réserve civile» de juges volontaires bénévoles? Non, c'est très simple: les magistrats siégeront en vidéoconférence. Le justiciable pourra comparaître du centre de détention, s'il est un sans papiers, du commissariat peut-être, ou, qui sait, de chez lui, par le biais d'internet… La peine sera ainsi prononcée au plus bref: il ne restera plus au contrevenant qu'à payer son amende, à rendre son permis, ou à rejoindre la prison au jour dit, par exemple…
Il ne sera pas question de prétexter une absence à l'audience par une soi-disant panne d'ordinateur qui vous aurait privé de connexion avec le tribunal. La police spécialisée, qui aura toute latitude pour filtrer le web, s'installer dans votre ordinateur à distance, lire vos mails, écouter vos chats parlés, sera parfaitement au parfum. Peut-être même qu'elle observera votre indécision devant l'écran…
Dans un avenir un peu plus lointain (mais faisons confiance à Nicolas Sarkozy pour presser le mouvement du progrès lors de son second quinquennat), les problèmes de financement de la justice seront résolus. Le corps des magistrats de toutes postures, debout comme assise, sera dissout. À la place, un super ordinateur installé au ministère, sous la direction d'un Garde du code informatique, instruira en temps réel, tiendra audience jour et nuit, du nord au sud, d'est en ouest.
Et nous serons heureux, enfin.
Les syndicats de la Magistrature et des Avocats de France ont publié un communiqué commun sur Loppsi 2…
Les caméras pulluleront dans nos rues, à un point tel que le fameux avertissement légal: «zone ou établissement, placé sous vidéo-surveillance», sera devenu sans objet. C'est à l'aéroport que les visiteurs étrangers recevront avis qu'ils sont entrés dans un «pays placé sous vidéo-surveillance». Il n'y aura pas que l'état, bien entendu, pour veiller sur nous, n'importe qui pourra implanter ses caméras sur la voie publique. J'espère que ma municipalité en posera une près des bennes à ordures, au bout du chemin. Comme ça, le policier municipal pourra pincer le saligaud qui abandonne régulièrement des gravats.
Comme les pouvoirs de la police municipale auront été augmentés, ils pourront flanquer le saligaud en garde à vue, enfermé dans la remise de la mairie. Et si le pauvre bougre de super-garde-champêtre est débordé, qu'à cela ne tienne: nous aurons la «réserve civile», une milice légale réunissant les citoyens les plus sourcilleux sur la paix publique. Ça sera bien le diable si on ne coince pas le salopard.
En ville, évidemment, ça risque d'être plus remuant… Les interpellations devenant plus nombreuses un problème se posera, au moins pendant le temps qu'il faudra aux petits délinquants pour comprendre que la fête est finie. Que faire de tous ces prévenus, comment les juger, alors que notre justice est déjà si lente? Va-t-on constituer une «réserve civile» de juges volontaires bénévoles? Non, c'est très simple: les magistrats siégeront en vidéoconférence. Le justiciable pourra comparaître du centre de détention, s'il est un sans papiers, du commissariat peut-être, ou, qui sait, de chez lui, par le biais d'internet… La peine sera ainsi prononcée au plus bref: il ne restera plus au contrevenant qu'à payer son amende, à rendre son permis, ou à rejoindre la prison au jour dit, par exemple…
Il ne sera pas question de prétexter une absence à l'audience par une soi-disant panne d'ordinateur qui vous aurait privé de connexion avec le tribunal. La police spécialisée, qui aura toute latitude pour filtrer le web, s'installer dans votre ordinateur à distance, lire vos mails, écouter vos chats parlés, sera parfaitement au parfum. Peut-être même qu'elle observera votre indécision devant l'écran…
Dans un avenir un peu plus lointain (mais faisons confiance à Nicolas Sarkozy pour presser le mouvement du progrès lors de son second quinquennat), les problèmes de financement de la justice seront résolus. Le corps des magistrats de toutes postures, debout comme assise, sera dissout. À la place, un super ordinateur installé au ministère, sous la direction d'un Garde du code informatique, instruira en temps réel, tiendra audience jour et nuit, du nord au sud, d'est en ouest.
Et nous serons heureux, enfin.
Les syndicats de la Magistrature et des Avocats de France ont publié un communiqué commun sur Loppsi 2…
je voulais bien te mettre en lien mais tu as dégainé trop tard :-)
RépondreSupprimerOuhhhh! ça fait peur, disait-on en souriant il y a une quinzaine d'années!!!
RépondreSupprimerAaahhhh! j'ai peur ! dit-on aujourd'hui, en scrutant la camera intégrée de notre machine...
Belle soirée! au fait Jogging ou pyjama ? ;^)))
Rimbus,
RépondreSupprimereh oui! j'étais à la traîne, comme souvent, pour faire mon billet. J'ai découvert le tien au moment de publier (je passe en général plus de temps à chercher qui parle du même sujet, au dernier moment, qu'à rédiger)…
Gildan,
je fais des vœux pour que tout baigne pour moi, parce que je ne suis ni jogging (horreur de ça) ni pyjama: à poil. :-D
Arg ! Ma webcam s'est déclenchée automatiquement quand j'ai ouvert ce blog.
RépondreSupprimerTu fous les jetons, là...
RépondreSupprimerOn dirait le bouquin 1984...
Nicolas,
RépondreSupprimertiens, je ne te vois pas… Tu es déjà parti au bistrot, je parie!
Homer,
oui, on dirait Big Brother, mais j'ai simplement pris trois ou quatre points de loppsi 2 dénoncés par les syndicats. J'ai simplement un peu accentué le trait, bien sûr.
A propos de ce lycéen qui s'est fait poignarder dans son établissement d'enseignement secondaire et sur un plateau de télé, face au politique qui préconisait la video-surveillance, cette réponse d'un prof : "et quoi ? Qu'est ce que ça changerait ? Vous auriez le film d'un gamin poignardé" !!!
RépondreSupprimer:-))
[La droite doit avoir un beau-frère qui vend des cameras, je ne vois pas d'autre explication possible ! :-)) ].
Y'a des jours, quand j'entends certaines informations, j'aimerais être la Vieille dame et habiter à Célesteville, au pays de Babar...
RépondreSupprimerAu moins, là-bas, je saurais pourquoi il arrive des trucs étranges et j'aurais bien conscience de vivre dans un pays qui n'existe pas vraiment!
relayons, relayons, relayons !!!!
RépondreSupprimerEt vive la résistance !!!!
No sarkozy day !
M. Poireau,
RépondreSupprimerquelle réplique! Tout est dit, en effet. Le business de la vidéo surveillance est certainement derrière cette obsession, mais aussi la volonté de nous préparer à un monde de liberté conditionnelle pour tous, demain, ou après…
Epamin',
si le pays de Babar existait, je crois que j'aurais moi aussi une envie folle d'y faire un séjour (mais pas d'y passer ma vie, trop de vertu ou d'innocence étouffe à la longue!)
Gauche,
à bientôt le No Sarkozy day!