L'histoire de cette adolescente de 14 ans placée en garde à vue, m'a choqué comme tout le monde. Cela m'apparaît comme une aberration, dont la responsabilité incombe d'abord à la personne ayant décidé d'utiliser une telle procédure. Je n'ai rien lu ni entendu à ce sujet. On peut évidemment élargir la responsabilité au ministre de l'intérieur et au président, dont le rôle conjoint est certainement déterminant dans l'explosion des gardes à vue.
Il n'empêche qu'il y a quelque chose de tordu dans la manière dont la police a accompli son boulot. J'ai beau me douter que les galères à subir jour après jour dans le maintien de l'ordre ne prédisposent pas à la bénignité, je n'en suis pas moins étonné du manque d'initiative et de mesure des fonctionnaires en cause. Toutes les étapes de la procédure sont définies clairement, je suppose, et ils sont tenus de les respecter, mais un règlement doit-il être suivi à la lettre lorsqu'il est manifestement abusif?
L'anecdote du pyjama ou du jogging ne me choque pas outre mesure: la fillette a été jugée dans une tenue convenable pour sortir, et les policiers pouvaient éventuellement craindre qu'elle ne profite de l'habillage pour compliquer la situation. Le jeune âge ne signifie pas obligatoirement que l'on perd la tête dans une situation dramatique.
Tenez, j'ai connu une fillette surprise au réveil en petite tenue, comme toute la famille, par un incendie menaçant. Sa mère lui dit: «enfile vite quelque chose et va te mettre à l'abri chez les voisins…» La gamine jeta un regard dépité aux nippes du porte-manteau et répliqua d'un ton buté: «j'ai rien à me mettre, ici!» Placée en état de légitime brusquerie, elle partit furieuse en serrant sur sa poitrine les pans d'un vieux ciré fendu dans le dos, toute de dignité outragée par devant, les fesses à l'air par derrière…
Cette digression close, je trouve en revanche d'une brutalité inutile le fait d'avoir menotté l'adolescente dont il est question dans ce billet, ainsi que ses amies, lors du transfert chez un médecin. C'était rajouter une humiliation gratuite à celle de l'arrestation. Quel danger pouvaient représenter trois adolescentes pour les policiers? Le règlement le prévoyait? S'il leur est impossible de prendre une initiative, c'est que la garde à vue est une procédure excessive dans toutes les situations de ce genre.
À lire, sur «Police et cetera», les actions prévisibles dès le mois prochain, du fait de la réforme constitutionnelle, contre le maintien de la garde à vue dans ses formes actuelles.
Il n'empêche qu'il y a quelque chose de tordu dans la manière dont la police a accompli son boulot. J'ai beau me douter que les galères à subir jour après jour dans le maintien de l'ordre ne prédisposent pas à la bénignité, je n'en suis pas moins étonné du manque d'initiative et de mesure des fonctionnaires en cause. Toutes les étapes de la procédure sont définies clairement, je suppose, et ils sont tenus de les respecter, mais un règlement doit-il être suivi à la lettre lorsqu'il est manifestement abusif?
L'anecdote du pyjama ou du jogging ne me choque pas outre mesure: la fillette a été jugée dans une tenue convenable pour sortir, et les policiers pouvaient éventuellement craindre qu'elle ne profite de l'habillage pour compliquer la situation. Le jeune âge ne signifie pas obligatoirement que l'on perd la tête dans une situation dramatique.
Tenez, j'ai connu une fillette surprise au réveil en petite tenue, comme toute la famille, par un incendie menaçant. Sa mère lui dit: «enfile vite quelque chose et va te mettre à l'abri chez les voisins…» La gamine jeta un regard dépité aux nippes du porte-manteau et répliqua d'un ton buté: «j'ai rien à me mettre, ici!» Placée en état de légitime brusquerie, elle partit furieuse en serrant sur sa poitrine les pans d'un vieux ciré fendu dans le dos, toute de dignité outragée par devant, les fesses à l'air par derrière…
Cette digression close, je trouve en revanche d'une brutalité inutile le fait d'avoir menotté l'adolescente dont il est question dans ce billet, ainsi que ses amies, lors du transfert chez un médecin. C'était rajouter une humiliation gratuite à celle de l'arrestation. Quel danger pouvaient représenter trois adolescentes pour les policiers? Le règlement le prévoyait? S'il leur est impossible de prendre une initiative, c'est que la garde à vue est une procédure excessive dans toutes les situations de ce genre.
À lire, sur «Police et cetera», les actions prévisibles dès le mois prochain, du fait de la réforme constitutionnelle, contre le maintien de la garde à vue dans ses formes actuelles.
le cauchemard sécuritaire est bien là... A nous d'agir.
RépondreSupprimerAi-je participé du façon(jog.) ou d'une autre(pyj.) à ce billet ?
RépondreSupprimer;^)
Intéressant ce blog de G.Moréas. À suivre !
G.
Tu ne trouves pas choquant que trois policiers n'attendent pas qu'une gamine de 14 ans puisse s'habiller correctement pour l'emmener au poste? Permets à BiBi de ne pas être du tout d'accord.
RépondreSupprimerDe façon plus précise, ce qui est terrible c'est cette ambiance générale qui conduit à la Toute-Puissance policière, cette multiplication d'arrestations hors-cadre, cette (dé)gradation dans les interventions de la Police qui petit à petit va de plus en plus loin. Ce qui est à interroger n'est pas la manière dont les policiers sont intervenus cette fois-ci, c'est de voir que de plus en plus la Police se met hors-normes démocratiques.
Et dans ce cas précis, c'est d'emblée que BiBi, lui, "élargit la responsabilité au ministre de l'intérieur et au président "( ex-Ministre de l'Intérieur).
Gauchedecombat, j'aimerais bien entendre la gauche annoncer qu'elle supprimera ces lois à son retour au pouvoir!
RépondreSupprimerGildan,
c'est vrai que tu avais commenté sur le sujet hier! Mais non: il était trop tard pour regarder les unes de journaux sur le net… Je me suis lancé sur un truc qui m'avait trotté dans la tête, la journée…
Bibi,
non pas vraiment choqué pas ça: on voit tant de gens se montrer hors de chez eux dans cette vilaine tenue!
Ce que tu développes ensuite est d'ailleurs assez proche de ce que j'ai dit :«Ce qui est à interroger n'est pas la manière dont les policiers sont intervenus cette fois-ci, c'est de voir que de plus en plus la Police se met hors-normes démocratiques»
Ce que j'aimerais savoir aussi, c'est le rôle de ces médecins qui font partie de la procédure (qui sont-ils ?)et quelle est la nature de leur collaboration dans ces actes (sont-ils assermentés?) Ont-ils la possibilité de dénoncer parfois les pratiques? Peuvent-ils bloquer la procédure? Peut-on les entendre? Y a t il un médecin dans la sphère de l'honorable oiseau qui pourrait éclairer ?
RépondreSupprimerJe me fais l'avocat du diable mais pour en avoir discuté avec des gens qui ont subi la chose, il semble que les menottes soient également dans la procédure et particulièrement importantes. Evidemment, pour une fillette de 14 ans, c'est limite. Mais quelle est la ... limite d'âge ? Des policiers ont été tués pour avoir oublié des menottes à cause de gestes désespérés des "prévenus".
RépondreSupprimerCaptainhaka,
RépondreSupprimeraucune idée du rôle des médecins, mais je suppose que ce sont ceux qui sont agréés pour la médecine légale… D'après ce que j'ai compris, ils peuvent (et le font parfois) s'opposer aux conditions ordinaires de la garde à vue en raison de l'état de santé de la personne examinée… En cas de décès du gardé à vue leur responsabilité doit pouvoir être engagée s'il y a eu grosse négligence.
Nicolas,
tu as raison, je crois. C'est la mise en garde à vue sans motif grave qui est à dénoncer. À partir du moment où elle est appliquée, les règles de procédure doivent avoir leur raison d'être. On peut imaginer le cas d'une adolescente non menottée qui essaie de filer pendant le transport, ouvre la portière, saute, et se tue…
J'ai encore du mal à comprendre pourquoi elle n'a pas été convoquée avec ses parents aux commissariats pour s'expliquer sur les faits alors qu'elle n'est même pas responsable de la bagarre mais qu'elle est intervenue pour séparer ses camarades.
RépondreSupprimerDans quel pays vivons nous ? A quand une loi pour interdire les bagarres à la sortie des collèges ?
Rassure BiBi : tu ne te balades pas en pyjama à Claviers ? :-)
RépondreSupprimerpazmani,
RépondreSupprimerdans son billet d'aujourd'hui, G.Moréas qualifie ce genre de mission de "piège à con", pour les policiers… À lire!
Bibi,
je ne porte pas de pyjama (sauf à l'hosto: c'est rare :-D), et je n'ai pas de jogging, j'ai ce vêtement en horreur.
D'après Maître Eolas, on est dans le cadre de la loi, sauf justement sur les menottes qui sont un abus de droit afin d'éviter toute blessure en cas de rébellion
RépondreSupprimerhttp://www.maitre-eolas.fr/post/2010/02/09/14-ans%2C-en-garde-%C3%A0-vue-en-pyjama
Je suis d'accord avec lui pour souligner que ce sont justement ces lois qui sont plutôt limite-limite !
:-))
[Une horde de jeunes est à nos portes semble dire le monde politique de droite ! :-)) ].
M. Poireau, merci de signaler Me Eolas, je vais le lire dès que j'ai un moment.
RépondreSupprimer:-))