J'allais passer par pertes et profits une invitation de l'Hérétique à me pencher sur ce que je ferais en apprenant que je vis mes derniers jours, quand, coïncidence : je reçois sur FaceBook un message de Juan un peu du même tabac. Apparemment on lui a demandé : «si Jean-Louis Fraysse devait mourir dans 5 minutes, que lui dirais-tu ? —Profite», il répond. Une chance que je ne sois pas superstitieux, sinon avec deux attentions de ce genre, je commencerais à me faire du mouron, sans compter que, cinq minutes pour profiter, c'est juste !
En tout cas, me voilà prenant l'affaire au sérieux et, tâtant le clavier, je me tâte sur la chose… On prête à Héraclite, je crois sans en être certain, cette sentence : le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face. Prenons la au plus court, modestement, et retenons que le jeu est vain : je mourrai bientôt, bien sûr, mais je ne sais pas quand. À priori, l'idée de mourir ne me dérange pas pour le moment, alors il serait facile de remplir un dernier post-it des trucs à faire pour ne laisser personne dans l'embarras derrière moi… Un post-it destiné à la galerie, hein, plein de choses qui ne feraient pas tache sur le web, parce que je ne suis pas exhibitionniste au point de livrer mes ultimes préoccupations. Trop intime.
Ce qui serait marrant et utile, par contre, ce serait de préparer pour ma femme tout ce courrier déprimant qui incombe aux proches d'un macchabée: lettres à la sécu, aux impôts, aux organismes professionnels, etc. Elle n'aurait plus qu'à signer et à coller des timbres. Sympa, non? Et puis, comme ce ne serait pas très long, nous pourrions aller choisir ma bière ensemble. La plus simple possible, je ne veux pas qu'elle se fasse arnaquer par les pompiers funèbres. Ces types là sont un peu comme les marchands de salons —je ne sais pas si vous voyez le genre? Vous vous abîmez dans un canapé sans fond, ils vous offrent une coupe de champagne, font des allées et venues entre vous et un bureau éloigné, la calculette en main, et vous annoncent chaque fois une promo étourdissante… Les croque-morts sont du même genre: vous êtes de cul dans le chagrin, ils vous saoulent de condoléances onctueuses, tout en vous fourguant un catalogue complet de saloperies.
Resteraient quelques gros détails à régler, comme le dilemme crémation, concession. La crémation me rebute, mais je ne dirai pas pourquoi ici, c'est une autre affaire, réellement personnelle. Il y a aussi la question du dernier costume : j'en ai un bon, fait par un tailleur sur les deniers de mes grands-parents. Je ne l'ai guère porté dans la vie que pour des funérailles, justement… Il me semble qu'ils seraient fiers que je m'en aille avec, s'ils étaient encore de ce monde. C'est un point sur lequel je suis assez plouc par tradition, mais en fait je m'en contrefiche et on pourrait aussi bien m'emballer dans un vrai suaire (pourvu qu'il soit de coton), comme un moine. Je pense au suaire, parce que Didier Goux, qui se mariait aujourd'hui à l'église, a opté de son côté pour le suaire au cours de sa veillée prénuptiale… Tous mes vœux, du reste !
Maintenant, ce que j'aurais réellement envie de faire, si la trouille ne m'étreignait pas trop —ce dont je ne puis présumer—, ce serait certainement des choses trop poignantes et trop douces pour être balancées sur la toile, comme des cendres mêlées de confettis. Il n'y a qu'une chose qui soit partageable tant elle doit être à peu près universelle : l'espoir de ne pas mourir solitaire, mais le dernier pas se fait seul, internet n'y est pas.
Je passe le goupillon à Juan Sarkofrance, Gildan, Yann Savidan, et Melclalex (s'il trouve le tag légitime)…
En tout cas, me voilà prenant l'affaire au sérieux et, tâtant le clavier, je me tâte sur la chose… On prête à Héraclite, je crois sans en être certain, cette sentence : le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face. Prenons la au plus court, modestement, et retenons que le jeu est vain : je mourrai bientôt, bien sûr, mais je ne sais pas quand. À priori, l'idée de mourir ne me dérange pas pour le moment, alors il serait facile de remplir un dernier post-it des trucs à faire pour ne laisser personne dans l'embarras derrière moi… Un post-it destiné à la galerie, hein, plein de choses qui ne feraient pas tache sur le web, parce que je ne suis pas exhibitionniste au point de livrer mes ultimes préoccupations. Trop intime.
Ce qui serait marrant et utile, par contre, ce serait de préparer pour ma femme tout ce courrier déprimant qui incombe aux proches d'un macchabée: lettres à la sécu, aux impôts, aux organismes professionnels, etc. Elle n'aurait plus qu'à signer et à coller des timbres. Sympa, non? Et puis, comme ce ne serait pas très long, nous pourrions aller choisir ma bière ensemble. La plus simple possible, je ne veux pas qu'elle se fasse arnaquer par les pompiers funèbres. Ces types là sont un peu comme les marchands de salons —je ne sais pas si vous voyez le genre? Vous vous abîmez dans un canapé sans fond, ils vous offrent une coupe de champagne, font des allées et venues entre vous et un bureau éloigné, la calculette en main, et vous annoncent chaque fois une promo étourdissante… Les croque-morts sont du même genre: vous êtes de cul dans le chagrin, ils vous saoulent de condoléances onctueuses, tout en vous fourguant un catalogue complet de saloperies.
Resteraient quelques gros détails à régler, comme le dilemme crémation, concession. La crémation me rebute, mais je ne dirai pas pourquoi ici, c'est une autre affaire, réellement personnelle. Il y a aussi la question du dernier costume : j'en ai un bon, fait par un tailleur sur les deniers de mes grands-parents. Je ne l'ai guère porté dans la vie que pour des funérailles, justement… Il me semble qu'ils seraient fiers que je m'en aille avec, s'ils étaient encore de ce monde. C'est un point sur lequel je suis assez plouc par tradition, mais en fait je m'en contrefiche et on pourrait aussi bien m'emballer dans un vrai suaire (pourvu qu'il soit de coton), comme un moine. Je pense au suaire, parce que Didier Goux, qui se mariait aujourd'hui à l'église, a opté de son côté pour le suaire au cours de sa veillée prénuptiale… Tous mes vœux, du reste !
Maintenant, ce que j'aurais réellement envie de faire, si la trouille ne m'étreignait pas trop —ce dont je ne puis présumer—, ce serait certainement des choses trop poignantes et trop douces pour être balancées sur la toile, comme des cendres mêlées de confettis. Il n'y a qu'une chose qui soit partageable tant elle doit être à peu près universelle : l'espoir de ne pas mourir solitaire, mais le dernier pas se fait seul, internet n'y est pas.
Je passe le goupillon à Juan Sarkofrance, Gildan, Yann Savidan, et Melclalex (s'il trouve le tag légitime)…
on te ferait quand même une cérémonie sur twitter, et puis un hommage en musique sur facebook, et enfin une chaine de blogs " quel est votre meilleur souvenir de blogueur avec le coucou ? " tu vois j'ai pensé à tout ;-)
RépondreSupprimermais bon te presse pas, j'ai pas encore choisi la musique , ni le discours, ni la réponse à la chaine ;-)
C'est pas très drôle, ton truc ! Et du coup, ça semble vrai.
RépondreSupprimerIsabelle,
RépondreSupprimermerci beaucoup, mais prend ton temps, rien ne presse…
Denis,
c'est aussi ce que j'ai pensé du tag. Désolé d'avoir loupé mon coup, j'essaierai d'être plus drôle le jour J.
Merci d'avoir répondu, Coucou. Tout de même : jusque dans les derniers instants, tu vas traquer les fumiers de capitalistes exploiteurs de la misère humaine (pompes funèbres) :-)
RépondreSupprimerJe suis super indiscret, mais j'aurais bien aimé savoir pourquoi la crémation te rebute. C'est curieux, mais figure-toi que moi aussi, je n'aime pas trop l'idée. Je préfère manger la terre et engraisser autant que faire se peut la vermine et la racine...
Tiens je me demande si nudiste de son vivant, on pourrait pousser sa passion pour se faire mettre en terre sans aucun ornement d'aucune sorte ? A poil ! Je me demande si le cercueil est une obligation.
RépondreSupprimerJe sais j'ai l'esprit tordu !
Amusant, j'ai un texte en cours sur ce sujet, commencé bien avant cette chaine. J'ai tout un tas d'article en cours à force de manquer de temps !
:-))
J'ajoute : après avoir été résolu longtemps à cramer dans l'indicible, j'ai finalement changé pour l'enterrement et le devenir engrais traditionnel !
RépondreSupprimer:-)
Ne pas confondre Fraysse et Frêche. Le premier est heureusement vivant.
RépondreSupprimerM. Poireau,
RépondreSupprimeren voilà un drôle de truc : je t'ai répondu vers 21h, et ma réponse n'est plus là! Tu ne l'as pas reçue non plus? Je ne sais plus ce que je disais, sauf qu'il y a des moines qui sont enterrés seulement en linceul —mais leur cimetière est généralement très proche du couvent…
Bibi,
c'était lui qu'il fallait taguer, l'Hérétique a loupé son coup !
Le Coucou : non, rien reçu :-(
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