Quelque chose dérange dans l'intervention contre Kadhafi que je trouve cependant souhaitable depuis des jours. Un doute, ou plutôt une certitude : Sarkozy se livre à un détournement sans vergogne de la sympathie des Français à l'égard des insurgés libyens. Sa conversion à la défense des peuples opprimés cache mal une fantastique opération de communication aux frais de la république, à nos frais, dont il entend tirer profit. Quand nos militaires et leurs alliés seront à l'œuvre pour sauver des vies et promouvoir la démocratie, il s'agira en réalité pour lui de reconquête intérieure. Le généralissime-président Sarkozy est en campagne électorale : il serait logique d'inclure à terme le coût de cette guerre dans le compte officiel de celle-ci.
Le passé politique de Nicolas Sarkozy démontre combien il est impudent en faux-semblants humanitaires, et cynique dans les actes de gouvernement. «Je veux être le président de la France des Droits de l'homme, je ne crois pas à la realpolitik», disait-il en 2007, avant de se déjuger sans complexes un an plus tard en s'affichant avec les dictateurs chinois. N'oublions pas la lâcheté dont il fit preuve en étant l'un des rares dirigeants occidentaux à refuser de rencontrer le dalaï lama à Paris.
Grand ami de Kadhafi dont il ne pouvait ignorer ni le passé terroriste ni la folie sanguinaire, Sarkozy contribua personnellement à la réinsertion de ce dernier dans le jeu politique international. Bernard Kouchner, son très obéissant ministre des Affaires étrangères (à l'honneur) n'hésita pas à accabler les Suisses de son mépris lorsque ces derniers eurent maille à partir avec la famille Kadhafi qui retenait deux de leurs concitoyens en otages. C'est qu'il y avait les dollars de Kadhafi et de mirifiques contrats d'affaires pour les chers amis du président à la clef !
Beaucoup plus proches dans le temps sont apparus au grand jour les liens choquants unissant la Maison Sarkozy aux dictatures arabes. Le scandale né du comportement de Michèle Alliot-Marie aura été la source médiatique miraculeuse du retournement présidentiel. Souvenons-nous : quand la ministre des Affaires étrangères de Sarkozy proposait l'aide de la France à Ben Ali pour mâter la rébellion, elle ne pouvait le faire sans l'aval du président. À ce moment là, on se fichait complètement à l'Élysée de l'éveil à la démocratie des gueux arabes. C'est le prix lourd à payer en matière de popularité qui poussa Sarkozy à se séparer de la ministre, puis à changer de discours sur les révoltes d'Afrique du nord. Pas un seul instant, l'engagement en leur faveur de Sarkozy ne peut être crédité de sincérité.
Alors, si je me réjouis que notre pays se porte au secours d'un peuple en lutte contre une dictature, j'enrage de voir l'opportunisme du président salué comme une réussite morale. Il est simplement utile, pour une fois, et cela ne doit pas nous détourner de la nécessité de révoquer cet homme à la prochaine occasion électorale. Nous avons nous aussi à nous libérer du sarkozysme.
P-S : le lecteur clavésien (ou du canton de Callas) égaré par ici est invité à se souvenir que demain, on vote chez nous pour les cantonales… J'irai voter à gauche, comme tout le monde…
Le passé politique de Nicolas Sarkozy démontre combien il est impudent en faux-semblants humanitaires, et cynique dans les actes de gouvernement. «Je veux être le président de la France des Droits de l'homme, je ne crois pas à la realpolitik», disait-il en 2007, avant de se déjuger sans complexes un an plus tard en s'affichant avec les dictateurs chinois. N'oublions pas la lâcheté dont il fit preuve en étant l'un des rares dirigeants occidentaux à refuser de rencontrer le dalaï lama à Paris.
Grand ami de Kadhafi dont il ne pouvait ignorer ni le passé terroriste ni la folie sanguinaire, Sarkozy contribua personnellement à la réinsertion de ce dernier dans le jeu politique international. Bernard Kouchner, son très obéissant ministre des Affaires étrangères (à l'honneur) n'hésita pas à accabler les Suisses de son mépris lorsque ces derniers eurent maille à partir avec la famille Kadhafi qui retenait deux de leurs concitoyens en otages. C'est qu'il y avait les dollars de Kadhafi et de mirifiques contrats d'affaires pour les chers amis du président à la clef !
Beaucoup plus proches dans le temps sont apparus au grand jour les liens choquants unissant la Maison Sarkozy aux dictatures arabes. Le scandale né du comportement de Michèle Alliot-Marie aura été la source médiatique miraculeuse du retournement présidentiel. Souvenons-nous : quand la ministre des Affaires étrangères de Sarkozy proposait l'aide de la France à Ben Ali pour mâter la rébellion, elle ne pouvait le faire sans l'aval du président. À ce moment là, on se fichait complètement à l'Élysée de l'éveil à la démocratie des gueux arabes. C'est le prix lourd à payer en matière de popularité qui poussa Sarkozy à se séparer de la ministre, puis à changer de discours sur les révoltes d'Afrique du nord. Pas un seul instant, l'engagement en leur faveur de Sarkozy ne peut être crédité de sincérité.
Alors, si je me réjouis que notre pays se porte au secours d'un peuple en lutte contre une dictature, j'enrage de voir l'opportunisme du président salué comme une réussite morale. Il est simplement utile, pour une fois, et cela ne doit pas nous détourner de la nécessité de révoquer cet homme à la prochaine occasion électorale. Nous avons nous aussi à nous libérer du sarkozysme.
P-S : le lecteur clavésien (ou du canton de Callas) égaré par ici est invité à se souvenir que demain, on vote chez nous pour les cantonales… J'irai voter à gauche, comme tout le monde…
Oui, il faut qu'on se libère nous aussi. Et il faudrait y penser avant de libérer les autres.
RépondreSupprimerC'est exactement l'impression que j'ai, merci pour ce billet!
RépondreSupprimerc'était prévisible de sa part :-) faire feu de tout bois ! cependant cette opération "marketing" ne suffira pas, à mon sens, à redorer son blason...
RépondreSupprimerOui, j'y ai bien sûr pensé aussi.
RépondreSupprimerMais en même temps, ça fait le bonheur des Lybiens ...
A quoi ça tient la libération d'un peuple.
On est peu de chose.
Nicolas,
RépondreSupprimerchiche, on se libère lundi matin !
El Camino,
espérons que nous sommes nombreux à partager cette impression.
Isabelle,
son impopularité pourrait bien être plus solide que la sympathie retirée de ce volontarisme facile (les forces de Kadhafi n'apparaissent pas comme redoutables, à première vue, mais il n'est pas dit que de mauvaises surprises soient exclues).
Elmone,
oui, cela fera au moins le bonheur des Libyens, espérons-le, parce que tout cela est en plus d'une lenteur affligeante.
beau billet cher coucou, qui décrit bien ce sentiment diffus qui nous saisit tous, depuis quelque temps déjà...sentiment qui se renforce quand on voit Sarkollissimus Ier décréter qu' "il faut libérer le peuple libyen du tyran et l'aider dans ses légitimes aspirations" LOOL
RépondreSupprimerd'ailleurs je trouve que les autres ne sont pas en reste (USA et consorts membres de la "coalition") quelle bande d'hypocrites quand même! Vous devez tous avoir vu cette photo d'un quelconque sommet genre G8 ou on voit la belle brochette Sarkozy, Obama, Merkel etc et...Mouammar, à côté d'eux, qui pose pour la postérité. C'est vraiment la lâcheté qui anime nos gouvernants : si les Libyens ne s'étaient pas révoltés, ils auraient continué à laisser agir ce sinistre Khadafi et sa clique de malfaisants...
Coucou, je suis d'accord pour lui comptabiliser l'intervention en frais de campagne car c'est à mon point de vue l'unique objectif de toute cette mascarade. Je suis comme toi, je ne crois pas que l'homme ait à ce point changé pour soudainement s'inquiéter du sort de quelques milliers de libyens. Pour ce qui est de faire tomber son ancien pote, il n'en est pas question dans les résolutions de l'ONU car pour ce faire, il faudra aller au charbon à terre et ça c'est une toute autre paire de manche.
RépondreSupprimerAlors une fois qu'on a exprimé sa compassion envers un peuple, qu'on a cloué l'aviation de Kadafi au sol, il reste quoi ?
Sur la même longueur d'onde !
RépondreSupprimersarkozy c'est un peu notre bush, mais en beaucoup de plus petit.
Moi, ici, ça sera dans un an !
RépondreSupprimerMais toi ? As-tu bien voté ?
:)
Bon, Bettencourt, c'est fini, Kadhafi, c'est mal barré, qui va financer Sarkozy en 2012 ?
RépondreSupprimer:-)
Ouille, je suis en retard! Bon je repasse répondre ici tout à l'heure…
RépondreSupprimerToff,
RépondreSupprimerles autres, je ne sais pas: je ne suis pas d'assez près leur politique intérieure. En revanche, le cas de Sarkozy, dans sa quête éperdue de la confiance des futurs électeurs, est clair.
Captainhaka,
nous sommes d'accord sur Sarkozy, on diverge sur le fond de cette intervention. Pour avoir entendu à la radio les appels angoissés à l'aide des habitants de Benghazi, je pense que parvenir à stopper les troupes de Kadhafi sera déjà un résultat louable… Restera à dénouer vraiment la situation, ce qui passe par la chute du dictateur, et ne coule pas de source. Je ne serais pas étonné que cela se règle en semi-guerre civile (dans la mesure où les forces de Kadhafi sont essentiellement mercenaires, il n'est pas évident que ce soit une guerre civile): les insurgés tirés en partie d'affaire seront armés ("conseillés") par les alliés extérieurs…
Eric,
oui.
Gildan,
j'ai voté aussi bien que possible, mais je ne sais pas si cela aura été efficace… Nous avons comme conseiller général Pierre-Yves Collombat, sénateur PS, le seul élu national du PS dans le département (ou quasiment le seul : j'ai un trou de mémoire pour l'instant)…
M Poireau,
Bonne question ! J'ai l'impression que les riches amis restant à Sarkozy vont se faire prier.
Absolument sur la même longueur d'onde que le Coucou.
RépondreSupprimerAlcibiade,
RépondreSupprimertant mieux !