mardi 21 octobre 2008

Les valeurs du capitalisme

Ce matin, Nicolas Sarkozy a évoqué la «refondation du capitalisme» devant le parlement européen. Voici la dernière insanité qu'il a proférée, en attendant la prochaine : «Ce qui s'est passé, c'est la trahison des valeurs du capitalisme, ce n'est pas une remise en cause de l'économie de marché»… Bon, nous savons, ou nous devrions maintenant savoir tous qu'il s'agit d'un homme pétri de trivialité, guère plus regardant sur la politique qu'un marchand de voitures d'occasion. Pourtant, ce propos m'a fait sursauter. Valeur, au sens où M. Sarkozy utilise ici le mot, désigne la qualité de ce qui a le caractère du beau, du vrai, du bien, du juste.
Le capitalisme a-t-il d'autres valeurs que celles cotées en bourse ?
Selon moi, le capitalisme, perçu universellement, ou presque, comme un monstre sans visage, n'est pas beau. On imagine mal qu'il puisse être à l'origine de ces élans de l'esprit et du cœur qui fondent un idéal. C'est au contraire généralement par calcul et froide conjecture d'en retirer un bénéfice personnel qu'on l'adopte. Les acteurs du capitalisme sont rivaux, rêvent de se «détruire» commercialement, mentent par tactique, trichent. On ne peut donc qualifier le capitalisme de vrai.
Par contre, le fait qu'il soit le principal pourvoyeur de travail, et partant, source de revenu, doit répondre pour certains à la définition du bien. Mais c'est oublier que quel que soit le système politico-économique en vigueur, il faut de toute façon produire, adopter une organisation du travail. Le capitalisme serait-il enterré ou châtré, l'activité de l'humanité demeurerait.
Quand à le trouver juste… Dois-je vraiment prendre la peine d'en illustrer l'injustice ? Sans ouvriers, techniciens, ou employés de toutes spécialités, pas un bien, pas une richesse ne se crée. Sans actionnaires et administrateurs, la société fonctionnerait encore. Et pourtant, ces derniers s'enrichissent au-delà de toute pudeur, tandis que les premiers sont sous-payés.
Qui pourrait encore ajouter foi dans ce pays aux paroles de M. Sarkozy? Le voici aujourd'hui promettant de "refonder" le capitalisme. Qu'a t-il fait pour cela, dans l'urgence et alors qu'il tenait un moyen d'action efficace? Il distribue notre argent aux banques, mais se garde d'imposer la présence de représentants de l'état parmi les administrateurs. Donc les banques pourront bientôt se livrer à nouveau sans contrôle à des activités douteuses sans utilité pour la collectivité nationale. Il prétend vouloir en finir avec les paradis fiscaux, véritable vérole financière, mais se montre incapable d'amener le Luxembourg, l'Autriche, la Suisse, le Liechtenstein, à la table des négociations. Il ne parle même pas des repaires de fraudeurs sur lesquels la France a autorité : Andorre, Saint-Barthélemy —ou possibilité d'agir : Monaco.
Si l'on doit refonder le capitalisme, peut-être faudrait-il tout ramener au niveau des fondations, c'est à dire des entreprises qui produisent des biens ou aident à les produire. Et mettre hors la loi ceux qui s'enrichissent avec du vent, les spéculateurs de tout poil.

2 commentaires:

Nicolas Jégou a dit…

Tu veux dire qu'il fait et dit n'importe quoi ?

Le coucou a dit…

Pas tout à fait n'importe quoi : il claironne que grâce à lui les choses vont changer, se met en avant pour bluffer les gogos, mais au moment de passer aux actes, il vide de sens les mesures qu'il adopte. C'est certainement volontaire, ou alors la marque d'une faiblesse de caractère bien dissimulée.