«Ecoute ça, Lala, dit-il à son
épouse: Y avait
grève générale et ces connards du populo envahissent le palais, alors je me casse par derrière…
—T'as bien fait mon Nicou…
—Laisse-moi parler! Au fond du jardin, je veux me planquer dans la cabane du jardinier, je tire la porte, et boum!
—Oh Nicou! Ça explose?
—Non, laisse-moi parler. Je me retrouve au même endroit dans trois cents ans! Un jardin public et plus de palais… Oui, oui, plus une pierre, j'te dis! J'vois un type avec un rateau, j'y demande quelle année on est. 2310 qu'il me répond. Hou! que je dis, c'est plus comme au bon temps de Nicolas le Bien-aimé, alors!
—Qui c'est çuila? qu'il fait.
—Mon pauvre chéri, le cauchemar, quoi…
—Pire: la mère des cauchemars, Lala. Écoute ça: y connaissait Louis XIV, y connaissait Napoléon, y connaissait de Gaulle, y connaissait même Mitterrand…»
SA Gracieuse impératrice-consort poussa un cri d'effroi.
«Et pas toi, quelle horreur!
—Ouais, j'ai eu beau insister, y voyait pas qui j'étais.»
Notre couple régnant resta quelques instants muet, abasourdi, puis Nicolas 1er sonna le bon Saint Henri qui accourut à l'impérial chevet. Le Bien-aimé lui narra son rêve et le dévoué conseiller en versa des larmes de compassion.
«Il faut faire quelque chose, Riton, tu vois pas qu'on m'oublie quand j'y serai plus?
—Vous ne mourrez jamais, sire!
—Ouais, mais t'aurais pas une idée, au cas où?
—Si, majesté: fondez un musée… Les anciens dirigeants de la Nicolie l'ont tous fait, même en France les présidents ont toujours pris soin de marquer leur territoire dans l'histoire…
—Tiens j'aime bien cette idée! On renifle pour trouver le coin qui appartient à personne, et hop, on lève la patte et on pisse un coup sur l'histoire, eh, eh!
—Voilà, sire!
—Bon, aide-moi encore un peu Riton: je vais pisser où?
—Mmm… Pas évident, il y a déjà des musées pour la plupart des arts.
—Ouais, puis
l'art, moi, tu vois… Ah, tiens! Si je créais un musée de la
chanson, avec les tubes, les posters des interprêtes, tout ça…
—Pas évident que ça tienne trois cents ans, sire.
—J'ai trouvé: un musée de l'Histoire avec un grand H! Là, je baise tout le monde c'est sûr, impossible de passer à côté de Moi!
—Magnifique majesté… Nous avons déjà une poignée de musées sur le même thème, mais il suffira de leur piquer les meilleures pièces pour le vôtre. Je mets immédiatement le projet en chantier.
—Merci, mon brave Riton! Et pendant que tu y seras, tu vas me mitonner une loi
anti-grève féroce… Faut que ça saigne, hein! Tous ces salopards qui me fichent des cauchemars, qu'on me les pende à des crocs de boucher!»
PS. source image, sources d'inspiration: Le Monde ,
La croixJe vous recommande «Les jolies colonies», à lire chez Marie-Georges!