vendredi 12 décembre 2008

Malaise à la grecque.

La révolte des jeunes grecs préoccupe Brice Hortefeux et d'autres membres du gouvernement, Nicolas Sarkozy lui-même s'en soucie. Il a raison, le président, et je n'ai pas l'impression qu'une explosion de violence arrangerait la situation de notre pays. La France est fragilisée avant tout par une année et demie de mise à sac sarkozyste de ses biens sociaux, sources d'un minimum de protection pour les citoyens. Faut-il le rappeler? Les dégradations les plus flagrantes ont porté sur le système de santé, sur la réglementation du travail, sur les retraites, sur le sort des chômeurs, sur l'enseignement. S'y ajoutent les impudents cadeaux fiscaux adressés à la clientèle électorale du président, alors que les signes avant-coureurs de la crise financières étaient là. Une faute majeure, signe d'incompétence. Chacun de ces mauvais coups aurait dû faire déborder nos rues de manifestants en colère, mais cela n'a pas été vraiment le cas. Pourtant, on le devine, une grande partie de la population, si elle rentre la tête dans les épaules, a les nerfs à vif et rumine sa rancœur.
La crise financière et économique mondiale, enfantée par une engeance dont M. Sarkozy fait partie, a des effets qui commencent à se faire sentir et il n'est pas impossible que la rage éclate. Le président aurait dit que : «les Français adorent quand je suis avec Carla dans le carrosse, mais en même temps ils ont guillotiné le roi. C'est un pays régicide. Au nom d'une mesure symbolique, ils peuvent renverser le pays, regardez ce qui se passe en Grèce.» J'avoue être médusé par autant de niaiserie et d'incompréhension de notre histoire chez un homme d'état. Bien des français soupirent ou rêvent de lui balancer des tomates quand il croit parader en carrosse royal. Le pays ne se sent pas régicide, terme qui sous-entend un meurtre, non: il a fait un jour justice de la trahison d'un souverain et mis fin à des siècles d'oppression. Dans un de mes anciens billets, j'avais qualifié Paris de fille des fièvres au communard dormant, mais je crois qu'il s'agit d'un état propre à l'ensemble de notre peuple, nourri d'un passé tumultueux et capable de colères difficiles à endiguer. Dans les temps que nous traversons, ce qui provoquerait une telle éruption ne se résumerait pas à un symbole, ce serait simplement une mesure impopulaire de trop.
Personne de sensé ne peut pourtant se réjouir d'une telle éventualité. M. Sarkozy n'a ni l'envergure d'un De Gaule ni le sang-froid d'un Pompidou, mais il devrait être assez intelligent pour comprendre que les jours ne sont plus à la démolition de nos acquis. La sagesse voudrait qu'il se préoccupe en priorité de l'immense majorité des français modestes et œuvre de son mieux à nous sortir de la crise. En attendant le jugement des urnes, le seul qui vaille.

Photo pour le temps des cerises du site raf-photos

4 commentaires:

Serge a dit…

Oui, Coucou, je suis toujours étonné que la "rue" qui a fait craquer De Gaulle pour des raisons, à mon sens moins impérieuses que celles d'aujourd'hui, bouge certes, mais pas assez..à croire que la fatalité s'est installée, que l'égoisme s'est institutionnalisé, que les gens regardent la star'ac, que les querelles de la gauche ont refroidit la France entière, qu'ils ont peur,que le pouvoir n'a pas encore poussé le bouchon assez loin, quoi d'autre?

Anonyme a dit…

Bien évidement que walkingthedog à raisons, nous nous sommes laissé "endormir" et nous sommes toujours sous l'effet des somnifères (l'égoisme, l'individualisme, la peur du lendemain... etc)
Il est évident que "la Gauche" (ce qu'il en reste peuchère...) a sa part de responsabilité mais les syndicats aussi. Ils sont dans l'incapacité de mobiliser les salariés autour de revendications fortes... La période étant difficile, les salariés regardent a deux fois pour s'engager dans des luttes qui vont leur faire perdre des jours de salaires et ça... le gouvernement le sait parfaitement... alors oui, je suis d'accord, le pouvoir n'a pas encore poussé le bouchon assez loin...pour nous faire ouvrir les yeux et crier notre colère.

Anonyme a dit…

"Les dégradations les plus flagrantes ont porté sur le système de santé, sur la réglementation du travail, sur les retraites, sur le sort des chômeurs, sur l'enseignement. S'y ajoutent les impudents cadeaux fiscaux adressés à la clientèle électorale du président, alors que les signes avant-coureurs de la crise financières étaient là. Une faute majeure, signe d'incompétence. Chacun de ces mauvais coups aurait dû faire déborder nos rues de manifestants en colère, mais cela n'a pas été vraiment le cas. "

Il y a un tempo en histoire, qu'il faut respecter. la coupe n'est pas encore pleine, le fruit pas encore mûr (pas encore pourri). Le sarkozysme n'est pas encore digéré, donc pas encore vomis.

Le coucou a dit…

Walk, Philippe, Eric, nous sommes tous à peu près d'accord sur le fond je pense : le rejet absolu n'est pas encore là. Il n'empêche qu'à la lumière de 1968, je suis méfiant sur les conséquences d'une explosion sociale. Comment réagirait un impulsif vaniteux tel que N.Sarkozy, et quel serait l'effet réel sur la population? En 68, la France s'est fait peur autant qu'elle s'est amusée, et a donné une majorité presque "introuvable" aux gaullistes, aux législatives suivantes… Merci de vos visites!