mercredi 25 mars 2009

La république, ses valeurs, et lui…

Hier, le président Sarkozy a voulu poser des valeurs. Il a voulu rappeler des repères.
On comprend tout de suite au choix des mots qu'il s'agissait, sur ces deux points, d'une communication de portée symbolique plutôt que concrète, comme l'on en raffole chez nous. En somme, pris dans la tempête économique, le capitaine du bateau France voulait nous désigner les phares solides, grâce auxquels il se fait fort de nous mener à bon port. Quels sont-ils?
Un capitalisme moral…
Mais le capitalisme peut-il être moral? Sans argent, vous n'aurez pas d'usines, pas d'outils, ni d'entreprises. Dans le monde tel qu'il est, le capitaliste est à peu près incontournable. Béni soit-il…
Maintenant, sans ouvriers, sans employés, rien, absolument rien ne sort d'une usine, d'une entreprise. Le travailleur est à peu près incontournable aussi. Béni soit-il…
Le capitaliste, le travailleur ne pouvant rien l'un sans l'autre, sont d'égale valeur: la logique et la morale voudraient donc que le bénéfice final d'une activité soit partagé à parts égales entre capital et travail. Soit des capitalistes moins fortunés que ceux que nous connaissons, mais encore largement à l'aise, puisqu'ils sont moins nombreux que leur personnel. Dans la réalité, c'est un rapport de forces qui décide du partage, c'est à dire un état de fait immoral.
Vouloir qu'il en soit autrement relève de l'utopie. Parler de capitalisme moral relève de l'imposture.
Une République réelle et non pas virtuelle dans ses principes…
Voilà une formule qui sonne bien, mais qui suppose que notre république est encore imparfaite. Et puis, qu'est-ce que cela signifie, exactement?
Dans une république moderne, le pouvoir n'est pas héréditaire, à la différence de la monarchie, et il est exercé par les représentants du peuple. À priori, sa définition ne va pas beaucoup plus loin… En interprétant ceci, on pourrait imaginer que dans une république réelle il serait mal venu que le fils du président se taille un fief avec les dents, il serait impensable d'assister à l'émergence de dynasties de députés, de maires, ou encore qu'un bénéficiaire de puissants intérêts privés, comme il en va de M. Dassaut, se retrouve parmi les gardiens de l'intérêt public… Malheureusement une république réelle n'a aucune raison valable de barrer la route du pouvoir à un citoyen à priori honorable. C'est le sens moral de l'électeur qui, seul, peut rétablir le principe républicain.
Si notre république manque de réalité, ne serait-ce pas que le rôle des élus du peuple est magnifiquement campé dans les textes officiels, et rendu totalement virtuel par un pouvoir présidentiel et gouvernemental exercé sans partage? Notre république est de fait entre les mains de Nicolas Sarkozy et de son entourage de conseillers, ainsi qu'il l'a voulu. Est-ce en cela qu'ils la trouvent réelle? Une république tenue en laisse par un maître électif, un sarkote dont une histoire prochaine aura à préciser l'originalité et le degré de nuisance dans la lignée de nos autocrates.
une démocratie irréprochable
Sortie de la bouche de M. Sarkozy, cette expression sonne comme une incongruité. Voilà l'homme qui a fait en sorte que la prétendue réforme des institutions accouche d'un «référendum d'initiative parlementaire» dont le nom seul est une insulte à la démocratie.
Ségoléniste, j'ai rêvé un moment que notre société pourrait se rapprocher d'une meilleure démocratie… Nous nous en sommes éloignés!
Nos valeurs c’est le respect, la responsabilité, la justice, et la liberté.
Respect comme un président qui insulte celui qui ne l'aime pas. Responsable, juste, et libre, comme un président qui s'octroie des revenus déjà choquants en période de prospérité, qui s'arroge des moyens matériels ruineux —avions, personnel, train de vie, etc.—, au nez de ses concitoyens en difficulté ou inquiets de l'avenir. Qui réactive l'intolérable délit d'outrage au chef de l'état, hérité de l'absolutisme royal. Un président qui s'efforce de miner le droit de grève, se moque des manifestants, efface toute contestation de son chemin par la force. Un président qui ne partage en rien les difficultés de la population, et dit pourtant que les souffrances engendrées par cette crise nous concernent tous. Je dis bien «tous».

PS. Sur le sujet, par d'autres voies, il y a aussi le billet de PMA. D'autre part, voici une adresse à retenir: celle du nouveau blog de CC

5 commentaires:

Nicolas Jégou a dit…

Ouais, ça a un parfum de fin de démocratie...

Ruminances a dit…

"Je me fais taper dessus mais j'ai la banane, s'est-il encore écrié, devant sa majorité. C'est dur pour moi aussi mais en même temps, je rêvais d'être président de la République et je le suis, donc ça va". EDIFIANT !
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/03/25/nicolas-sarkozy-veut-redonner-confiance-aux-deputes-ump_1172622_823448.html#ens_id=1171576

Le coucou a dit…

Nicolas, fin de démocratie probable s'il est élu pour un second mandat!

b.mode, il devait dormir avec des posters de Napoléon III, et des présidents de la Cinquième, dans sa chambre.

CC a dit…

Merci d'avoir indiqué ma nouvelle adresse !

:)
CC

Le coucou a dit…

CC, c'était normal!