vendredi 6 mars 2009

De l'influence en pyjamas

Le Monde en ligne nous fait l'honneur d'un article —à nous, blogueurs—, et s'interroge sur ce que nous représentons: de l'info ou de l'influence? Dans l'ensemble, Xavier Ternisien, l'auteur de l'article, et les professionnels de la presse qu'il cite, ont plutôt la dent dure. Que nous soyons «journalistes citoyens» ou «journaliste en pyjama» (celle-là est jolie, j'aurais aimé l'inventer), nous avons beaucoup de défauts, que je résumerai à ma façon en disant qu'on nous trouve brouillons. Trop subjectifs, passionnels, et peu portés à vérifier nos sources. Ces critiques ne m'étonnent pas vraiment, et je les crois souvent fondées, mais il y a erreur me semble-t-il, à confondre blogueurs et journalistes amateurs. On devine dans les jugements émis l'agacement de professionnels qui sentent plus ou moins confusément leur métier menacé par le phénomène des blogs, et ne voient dans ces derniers qu'une concurrence presque déloyale…
Pourtant, la grande majorité des blogs n'a pas grand chose à voir avec la presse, si ce n'est que ses contenus sont souvent inspirés par elle. Laissons de côté les blogs de cuisine, de tricot, de jardinage, qui font certainement de l'ombre aux magazines spécialisés: je les connais mal. Les blogs étiquetés «divers» ou littéraires, ne concurrencent à priori personne, au moins pour le moment. Il reste les blogs d'humeur, presque toujours colorés politiquement, comme Le Coucou. Celui-la, je le connais, c'est le mien. J'y réagis à l'actualité qui m'interpelle, non pour la propager en parasite de la presse, mais plutôt pour exprimer les opinions qu'elle m'inspire. En citoyen heureux de disposer de cette agora pour dire… Dire quoi, au fait? Ce que pense un citoyen ordinaire des choses du monde, et qui mêle sa voix critique —en bien ou en mal—, à beaucoup d'autres, dans l'espoir fragile d'être entendu des politiques. Je le fais en m'amusant, si possible au moyen de billets satyriques ou absurdes parce que j'aime bien ça… Ce faisant, je n'ai pas la sensation d'être journaliste, ni de «dévaloriser ce métier ». Et quant à être influent… Je vous laisse sur un sourire.

Source photo: une belle fille en pyjama, piquée chez Pacoborel (blogueur depuis 2006!), en l'honneur du n° spécial de Vendredi sur les blogs féminins.

PS. Un article à lire : «Ce que l’Europe peut apprendre des institutions Helvétiques»

5 commentaires:

Anonyme a dit…

les blogs littéraires qui font de la littérature c'est une chose, mais les blogs culturels qui parlent de littérature, de théâtre etc font semble-t-il concurrence à la presse, pour ce que j'en entends, car leurs auteurs se font parait-il (je n'ai pas enquêté d'où mes précautions d'usage)agresser par les critiques. Cela ne me concerne pas, sans doue parce que mon blog est un blog de journaliste sans journal, mais d'autres en ont fait la désagréable expérience.
L'avantage des blogs c'est effectivement leur liberté de ton. La presse à l'ancienne est un peu ankylosée.

Rimbus a dit…

salut
je crois qu'on sert à quelque chose quand même, nous les blogueurs...
au niveau de l'info, j'avais été un des premiers à signaler gulbuddin Hekmatyar comme le commanditaire de l'attaque contre les paras français de cet été, et ce un mois avant la revendication officielle d'hekmatyar lui-même. En ce qui concerne la guerre a Gaza, l'histoire du gaz a assez peu été relayée par la presse nationale, voire pas du tout, comme s'en étonne lui aussi Michel Beuret de l'hebdo.ch, ainsi qu'il me l'a écrit en réponse à un commentaire.
Tout ça pour dire que on peut balancer de l'info pertinente sur un blog, même si celui-ci est éclectique. Et puis si on ne disait rien de ce qu'on pense, est-ce qu'on se sentirait mieux pour autant ? Si on ne laissait que l'information-propagande s'exprimer, le monde serait-il meilleur ?
Bonne idée d'avoir rebondi sur cet article du Monde.

Le coucou a dit…

Martine, on conçoit en effet qu'un auteur de blog culturel dérange la presse, puisque rien ne l'empêche d'accéder directement à la source, aux œuvres dont il parle —simplement entravé par le coût de cet accès, n'ayant pas la carte de journaliste… Pour ce qui est de la presse "à l'ancienne", je n'aimerais pas le monde où elle aurait disparu, elle est irremplaçable, ne serait-ce que pour exposer des faits.
Rimbus, je crois me souvenir de ça, mais une hirondelle ne fait pas le printemps. Que tu aies eu accès une fois à une information d'importance ne t'ouvres malheureusement pas le robinet des dépêches d'agence: tous ces gens sur le terrain, payés pour recueillir l'information (sauf si tu es proche des milieux de la presse, ce qui doit être le cas). Pour que ce système éprouvé perdure il faut de gros moyens. Enfin, peux-tu me dire si pour l'info dont tu parles tu as été en mesure de la recouper trois fois pour vérifier sa validité? Ce n'est quand même pas à la portée (ni même le réflexe) du blogueur moyen…
Je trouve que sur l'information pure, nous ne comptons guère, par contre nous donnons un écho crédible aux réactions, interrogations du pays.

Merci de vos commentaires.

Anonyme a dit…

Interessant ton article Coucou... Reste que BiBi se demande qui est ce " nous" qui semble être sous ta plume un Collectif... Introuvable ce "nous les bloggeurs", et c'est heureux pour BiBi qui cherche la singularité chez les autres bloggeurs.
Quant aux journaux, BiBi en fait sa potion dominicale (avec le JDD) brocardant les Journaleux de la Niche Lagardère et soutenant les journalistes du même journal qui font entendre leurs voix pour protester contre la ligne directoriale pro-Little Nikos.
Rappel : les Journalistes du Monde ne sont pas le Monde du journalisme. Et il n'y a pas que Le Monde au monde.
Autrement, BiBi lit les blogs à droite et à gauche et chez les bloggeurs, il y en a d'insupportables et d'autres inventifs. BiBi s'est mis à apprécier Coucou mais a déjà dit son mot sur certains Left-blaggeurs à qui il oppose des soupirs un tantinet moqueurs.
A bibientôt.

Le coucou a dit…

Bibi, "nous" les blogueurs, sommes difficiles à cerner, c'est exact… Et je lis moi aussi la presse assez largement, tout comme je ne me cantonne pas aux blogueurs de gauche… Evidemment, je ne lis pas tout le monde chaque jour —même toi, que je lis aussi.