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mardi 28 avril 2009

M. Rocard : pas encore sorti du métier !

L'entretien que Michel Rocard a accordé hier à lyoncapitale.fr a retenu à juste raison l'attention de Rue89. Le bonhomme a mal vieilli, ses petites trahisons et son flirt poussé avec Nicolas Sarkozy, inspirent colère et dégoût. Il n'en reste pas moins vrai que sa mécanique intellectuelle fonctionne toujours admirablement. Les constatations désabusées qu'il tire de la crise actuelle et de ce qu'il appelle la démocratie, mise à mal par l'influence de la télévision, sont pleines d'intérêt. On peut simplement regretter qu'il soit devenu inapte à proposer de brillantes solutions, et se borne à souligner le besoin généralisé de plus d'état. Personnellement, c'est sa conception technocratique de la politique, sa vision de la démocratie qui me dérangent et que j'ai surtout retenues.
«Tout le système est répulsif à l'idée d'examiner et de présenter les compétences, les choses faites. C'est un drame absolu. Il est mondial. Il concerne maintenant la totalité des démocraties, et commence à toucher même les dictatures qui voudraient paraître un peu moins brutales. Le professionnalisme est disqualifié, c'est terrible !» dit-il, par exemple. Et un peu plus loin, j'ai encore noté ceci: «le message de désintellectualisation de la télévision […] casse l'idée que le métier d'homme politique puisse être un métier sérieux.»
Certes, le propos de M. Rocard était de dénoncer l'espèce de «peoplelisation» de la politique nationale —en quoi on remarquera que les contradictions le gênent peu, étant donné les liens complaisants qu'il entretient avec M. Sarkozy, pétri et nourri de sous-culture people… C'est toutefois ce professionnalisme allant de soi dans le discours rocardien qui m'agace.
La politique, pour être estimable et rapprocher notre république de la démocratie, ne saurait être un métier. Un élu respectable, ouvrant dans son existence une parenthèse au service de ses concitoyens, se devrait de refermer celle-ci à l'issue de son second mandat au plus tard. Dans le cadre de la députation ou de la présidence, son activité ne dépasserait donc pas une dizaine d'année, ce qui ne suffit pas à qualifier cette activité de métier. Les médias et la télévision en particulier ont sans doute une grosse responsabilité dans la légèreté et versatilité de l'opinion publique (celle-ci n'était pas forcément plus mûre autrefois), mais le carriérisme des élus n'arrange rien.

PS. À lire: le billet du jour de Ruminances, et la critique littéraire de Mtislav

9 commentaires:

  1. toma, merci du conseil, je vais m'appliquer… :-D

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  2. Dans ton papier je devine un profond respect pour cet homme brillant Michel Rocard et, une légère excuse pour ses travaux Sarkosien!Ai-je deviné cette petite faille dans ton propos à son égard?

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  3. "Un élu respectable" il y en a forcément et heureusement ...

    "le carriérisme des élus n'arrange rien" à Mulhouse Jean-Marie BOCKEL fête 20 ans de mandat, il lui en reste au minimum 5 !

    Bésitos

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  4. Macao, j'ai suivi le parcours politique de M. Rocard depuis le PSU, et son évolution. Je le trouvais brillant, intègre, presque l'archétype de l'homme politique idéal. Et puis, il est devenu ce que l'on sait, et j'ai perdu tout respect pour lui.

    Eric, oui, il y en a, dans tous les camps… Mais combien?
    À bientôt.

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  5. Je l'admire encore un peu mais, j'ai peur aujourd'hui de devenir "vieux"et finir comme lui!

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  6. Pourtant, avant, au risque de vous déplaire, Le coucou, j'appréciais beaucoup Rocard... mais j'avoue qu'aujourd'hui j'ai perdu sa trace et ignore donc ses travers...

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  7. Macao, il n'est pas fatal de se renier en vieillissant, heureusement !

    Bérénice,je n'ai pas dit autre chose : je l'ai apprécié, moi aussi, puis rejeté ces dernières années —à la mesure de ma déception.

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  8. Ah oui, je rappelle toujours aussi les fondamentaux de la démocratie. Toujours redire qu'ils sont nos représentants et pas nos dirigeants !
    Mais la démocratie, c'est un mythe, non ?
    :-))

    [J'aimais bien Rocard aussi mais j'emploie le passé. Il fait partie de ces types brillants qui, ne sachant que faire de leur intelligence, finissent par la gâcher !].

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  9. M. Poireau, la démocratie est un rêve accessible, plutôt. Nous pourrions commencer par l'atteindre en suivant le modèle Suisse…
    :-))

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